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Omar Bongo: un discours à la nation ridicule et mensonger

Montclair, NJ (BDP – 3 décembre 2001) – Omar Bongo aurait mieux fait de se taire, et surtout d’épargner aux Gabonais l’insulte qu’il vient de leur faire en délivrant un discours à la nation vague, arrogant et sans substance. Apparemment, le régime Bongo semble prendre le Gabon pour un terrain de jeux, où les gosses se livrent à la satisfaction de leurs petits fantasmes d’enfants gâtés.

Il suffit de regarder le détail de ce discours pour s’en rendre compte:

1) Manque de propositions concrètes

C’est d’abord par l’absence de tout détail sur l’état de délabrement du pays et l’absence de tout projet de développement que ce discours se distingue. En effet, aucun chiffre ni prise de position officielle qui signalerait la possibilité d’un changement des mentalités de la part du régime ne ressortent de ce discours évasif. En gros, Omar Bongo continue à faire de la politique et son projet pour le Gabon reste bassement limité à son désir de pérennité.

2) « Refondation » ou « refonte » de l’opposition au sein du parti unique du bongoïsme

La notion de « Refondation », qui nous rappelle celle de « Rénovation, » laisse entrevoir déjà, de la bouche même de Bongo, un échec. De la même façon que la « Rénovation » n’eut rien à rénover, aboutissant à une « dévolution » plutôt qu’à une « évolution, » l’idée de refondation représente un autre fantasme bongolien qui n’a d’autre but que la « refonte » de l’opposition corrompue au sein du système et l’élimination de toute voix discordante.

Voilà pourquoi, au lieu de parler de réforme, ce qui implique la remise en cause interne du régime et de ses méthodes, Bongo parle d’une refondation qui n’a d’autre but que la fusion au sein du système bongoïste de tous les Gabonais qui auraient pu apporter un semblant de développement au Gabon. Une fois tous « refondus » dans la pourriture du système Bongo, le Gabon sera reparti pour des années de bongoïsme sans heurt car il n’y aura tout simplement plus d’opposition au Gabon. Et notre peuple serait condamné à une misère beaucoup plus abjecte sous Bongo et ses « refondus. » Déjà, l’on peut dire que c’est la refonte de Mba Abessole, commencée par Bongo en 1989, qui a causé l’échec de l’opposition au cours des 12 ans de démocratie hautement conviviale que nous venons de passer. Aujourd’hui, Bongo ambitionne de refondre tout ce beau monde une fois pour toutes afin de se donner une carte si blanche qu’il s’assurera 15 ans de plus au pouvoir, tout en garantissant un avenir impérial à Ali Ben Bongo, le successeur désigné de notre roitelette monarchie façon Gabon.

Et cela, au bout du compte, en dit très long sur les possibilités de réforme réelle au Gabon. Le régime Bongo ne veut pas bien faire. En fait, il refuse de bien faire et va donc de bévues en bévues, semant le désordre et la discorde au sein du peuple, avec l’espoir que de telles discordes finiront par leur laisser le champs libre pour mieux piller le pays. Ainsi, au lieu de profiter des critiques de l’opposition pour mieux faire et développer le pays en utilisant la critique à son profit, Bongo cherche sa suppression, pour faire encore pire, car c’est en faisant pire qu’il alimente ses caisses bancaires en Suisse.

Le consensus que Bongo appelle de « tous ses voeux » nous semble donc être, encore une fois, une illusion. Ce n’est pas après avoir fait un coup d’état envers son peuple qu’il convaincra les Gabonais de son désir d’instaurer le consensus au Gabon. A ce titre, sa prise d’acte, donc sa validation publique des résultats du vote, alors même que le peuple qu’il a appelé à voter l’a désavoué par une abstention sans précédent dans l’histoire politique de notre pays, reste édifiante. Ainsi, le consensus recherché par Bongo semble être un consensus plutôt intéressé. Pour Bongo, il ne peut y avoir de consensus que dès lors que ce consensus va dans le sens de ses aspirations. Quand l’opposition demande le report du vote dans le consensus, Bongo dit « non » au consensus. Quand l’opposition appelle à la transparence électorale, Bongo dit « non » au consensus. Quand l’opposition appelle à l’annulation du vote de décembre 2001, Bongo dit « non » au consensus. Quand le peuple boycotte largement les élections pour montrer qu’il ne peut se rendre aux urnes dans un tel état de cafouillis, Bongo dit « non » au consensus populaire.

Mais, après la perpétration de son coup d’état électoral, Bongo devient tout d’un coup, comme transfiguré, le champion du consensus en appelant les Gabonais à la gestion consensuelle du pays sans définir les grandes lignes d’une telle gestion. Vu les problèmes rencontrés chaque jour par le commun des Gabonais, un élève du primaire aurait fait un meilleur discours que celui prononcé par Bongo.

En fait, ce que Bongo veut, c’est la refonte de la société gabonaise tout entière au sein du parti unique nouvelle formule. Mais ce qu;il ne sait pas, c’est que les Gabonais ne sont plus dupes.

Devoir à refaire, Monsieur Bongo.

3) Omar Bongo, champion de la médiocrité

S’il y a une chose qui peut caractériser Omar Bongo dans ce fameux discours de la honte, cette chose se retrouve dans le caractère totalement irresponsable de certains de ses propos. Par exemple, Omar Bongo dit:

« A ceux qui, à l’extérieur comme à l’intérieur, veulent comparer l’âge d’un peuple à celui d’un individu, je répète que 40 ans c’est peu dans la vie d’une nation. Cette réalité nous impose la mesure dans nos jugements. Elle nous impose également d’être toujours conscients de nos responsabilités dans les avancées comme dans les retards. »

Il s’agit là non seulement d’un honteux aveux d’impuissance et d’échec de la part d’Omar Bongo, mais aussi d’un véritable appel à la médiocrité. Ce que l’on doit lire, dans ce type de propos, c’est l’idée basse et totalement dérisoire que se fait Omar Bongo du Gabon. Il n’a aucune ambition autre que de continuer à le piller. Au lieu d’appeler la nation au travail et à la réforme, il appelle les Gabonais à justifier tous les dérapages, tous les vols, tous les crimes commis par la classe politique en prenant comme prétexte le fait que la nation gabonaise n’a que 40 ans. Ainsi, parce le Gabon n’a que 40 ans, tout peut donc être permis et la médiocrité peut, au pays de Bongo, devenir une loi excusable.

Quel manque d’inspiration! Quelle honte!

Non, Monsieur Bongo. Les Gabonais ne veulent plus de la loi de la médiocrité excusable. Cette manie de toujours voir les choses par le bas, et jamais par le haut, fait de vous un homme sans principes et sans honneur. Cela conforte par ailleurs les Gabonais dans leur idée que Bongo doit effectivement partir, et le plus vite possible.

Le manque d’inspiration qui caractérise le bongoïsme aujourd’hui est encore plus incroyable, je dirai même choquant quand on constate que le discours bongoïste n’a pas changé depuis 35 ans. Comme à leur habitude, les hommes du régime, et Bongo lui-même, aiment à brouiller les pistes en se lançant dans le rejet de la faute de leurs échecs sur d’autres. Hier, c’était le FMI et la banque mondiale qui tenaient le Gabon otage en lui imposant de mauvaises mesures qui ont mené à la crise. Aujourd’hui, c’est la faute des opposants et du peuple si tout va mal. Au lieu de parler de ses projets de développement pour le Gabon, Omar Bongo jette l’anathème sur l’opposition en utilisant les mots suivants:

 » Peut-on continuer à aller aux élections avec une infinité de partis sans assise, sans représentativité, et qui viennent réduire les ressources que l’Etat met à la disposition des Partis politiques. Peut-on concevoir, d’autre part, que ces partis viennent au galop toucher le franc électoral et ensuite prônent le boycott’ Qu’a-t-on fait de cet argent’ A-t-on poursuivi ces partis pour détournement de deniers publics ? »

Evidemment, Bongo se croit malin quand il s’engage dans ce type de tactiques ridicules. Il croit encore que les Gabonais s’impressionneront face à ce type de gesticulations. La réalité est tout autre aujourd’hui: le Gabonais ne peut qu’être frappé de dégoût devant la bassesse, mais aussi l’incompétence de ce régime. Car un certain nombre d’idées machiavéliques ressortent des propos de Monsieur Bongo.

– Omar Bongo veut supprimer les partis politiques, non pas pour les raisons qu’il donne, mais plutôt pour mieux asseoir le Gabon dans le parti unique de la « Refonte ». Mais de quel droit se le permettrait-il’ Au Gabon, le droit d’association est garanti par la constitution et toute restriction à ce niveau ne peut que nuire aux droits fondamentaux du citoyen. Par ailleurs, cette idée ne tient pas la route. Par exemple, l’interdiction des petits partis mettra-t-elle fin à la participation des candidats indépendants’ En d’autres termes, toute loi qui mettrait un terme à l’existence des petits partis politiques n’exclut aucunement la participation individuelle indépendante et serait facilement contournée, à moins que les candidatures indépendantes ne soient supprimées elles-aussi, ce qui ferait du Gabon une dictature constitutionnelle. Voilà pourquoi l’on ne doit voir dans ce type de discours que des gesticulations de la part d’un régime moribond en quête d’un nouveau souffle. Cela n’a pas de sens et cela n’est pas le problème. Ce n’est pas parce qu’il y a trop de partis politiques au Gabon qu’il y a eu des cafouillages. Le problème qui s’est posé au niveau des élections est UNIQUEMENT de la faute du gouvernement qui a fait de l’impréparation une tactique politique car c’était là sa seule chance de gagner. L’on voit donc mal où se trouve la faute des partis politiques dans cette affaire de mauvaise organisation et de cafouillage. Mais comme on le voit, Omar Bongo veut rejeter la faute sur des boucs émissaires et s’attarde sur des idées totalement inutiles dans le cadre actuel. Qu’il y ait deux partis politiques ou 100 au Gabon, rien n’aurait changé la réalité offusquante de cette élection coup d’état, qui restera dans l’histoire du Gabon comme la pire de toutes, et surtout, celle qui vit un régime utiliser la fraude et la corruption de manière officielle pour gagner des élections.

– Omar Bongo se plaint que les partis aient touché le franc électoral tout en ayant appelé au boycott’ Quelle loi électorale gabonaise les en empêche? Le boycott est un droit civique comme tous les autres et n’importe quel parti politique a le droit d’appeler au boycott d’une élection car cela fait partie du droit des citoyens de refuser d’aller voter, car il s’agit là d’un vote abstentionnaire. Omar Bongo est-il en train de nous dire qu’il va instituer au Gabon l’obligation de voter et mettre en prison ceux qui ne votent pas ou boycottent le vote? Ridicule. Mais il y a pire. Bongo ose poser aux opposants et aux petits partis la question de savoir ce qu’ils ont fait du franc électoral. Cela veut-il dire qu’Omar Bongo va enfin devenir transparent et étaler au grand jour tous les milliards que son régime a volé à l’état pour financer la campagne électorale du PDG, le parti de Bongo dont les caisses se confondent avec celles de l’état’ Car si Bongo est prêt à constater les détournements et à les punir, ce n’est pas le peuple qui y verra des inconvénients, dès lors que nous savons qu’Omar Bongo devra alors tout simplement se saborder et se mettre lui-même en prison, étant le principal détourneur de fonds électoraux et non électoraux de la nation. Rendra aussi compte des centaines de milliards engloutis par son régime pour payer les salaires des responsables de son parti? Il nous semble que tous les responsables qui occupent des postes politiques au sein du PDG émargent chaque mois à la fonction publique, alors que leurs postes sont du ressort d’un parti politique qui doit, en fait, être responsable du paiement de leurs salaires, car un parti politique est avant tout une entité privée. Comment alors expliquer que c’est l’état qui paie les salaires des responsables du PDG? Le PDG est-il le seul parti officiel de notre pays’

– Omar Bongo se plaint de l’appel au boycott des opposants car il trouve que:

« …notre pays a besoin de démocratie qui elle-même se construit avec de vrais démocrates. Etre démocrate c’est avant tout reconnaître la souveraineté du peuple. Cela signifie que refuser de se soumettre au verdict populaire ou s’y dérober, c’est avouer que l’on n’est pas démocrate. »

Bravo, Monsieur Bongo, pour cet élan de brillance! Mais doit-on vous rappeler que cela fait 35 ans que vous bafouez cette souveraineté du peuple? Doit-on aussi vous rappeler que vous venez, lors des législatives de décembre 2001, de faire un coup d’état électoral contre ce même peuple en validant une élection hautement anticonstitutionnelle? Vous parlez de la mauvaise organisation comme seule faute? Mais que dites-vous des droits constitutionnels bafoués des Gabonais, un bafouement qui a rendu cette élection illégale et votre nouvelle Assemblée « manioc » illégitime?

Si vous êtes prêts à reconnaître que vous n’êtes pas démocrate, tant mieux, mais de grâce, épargnez au pays ce type de gesticulations qui n’ont aucun sens et aucune dignité. Vous ne servez qu’à renforcer les Gabonais dans leur conviction que votre époque est révolue et que le temps du changement par tous les moyens possibles est venu. La vérité est que vous partirez, et beaucoup plus tôt que vous ne pensez, car le peuple ne vous laissera jamais la possibilité de continuer à le bafouer et à l’insulter comme vous le faites.

Si vous voulez convaincre notre peuple de votre sincérité, il n’y a qu’une annulation totale des élections écoulées qui puisse ramener la confiance du peuple. Si vous voulez rassurer le peuple au niveau d’un possible consensus de la classe politique, réformons totalement le système et allons à des élections générales en juin 2002 prochain dans la transparence totale.

En dehors d’une telle procédure, vos propos seront pour le peuple comme le bourdonnement d’une abeille, car cela fait 35 ans que les mêmes discours de rénovation, de progressisme démocratique et concerté, de RSDG et, maintenant, de refondation, sont prononcés et le Gabon connaît aujourd’hui un sort pire que celui de l’époque de Léon Mba.

Vous parlez d’une transition démocratique sans heurts au Gabon’ Vous avez la mémoire courte: votre transition démocratique « sans heurts » s’est soldée en 1990 par des grèves et assassinats d’hommes politiques et des casses. Le multipartisme vous a été arraché dans la violence et vous croyez encore aujourd’hui que le consensus avec vous est possible. Quel meilleur consensus national que celui de la Conférence Nationale? En avez-vous profité pour vous réhabiliter? Non! Aujourd’hui, 10 ans plus tard, la situation politique du Gabon est pire. Non, Monsieur, vous parlez dans des oreilles gabonaises assourdies par 35 ans de bongoïsme. Seuls des animaux, comme nous le disons toujours, se laisseront prendre à ce piège bongoïste déjà tellement surutilisé que cela en devient franchement enfantin. Les actions n’ayant jamais accompagné les discours, vous comprendrez que les Gabonais aujourd’hui ne veuillent plus voir que des actes.

L’on ne peut donc, au vu des ces gesticulations bongoïstes, que conclure au ridicule. Hélas, le ridicule ne tue plus au Gabon et Omar Bongo ne semble éprouver aucune gêne à venir ainsi, devant la nation, étaler des enfantillages sur les écrans de télévision du pays. Quand on se proclame dirigeant d’un pays, l’on a intérêt à montrer un minimum de sérieux.

Non, Monsieur Bongo: le peuple refusera vos souhaits de bonne année et de santé car vous êtes responsables, en 35 ans, de la mort de plus de 500.000 Gabonais qui auraient pu survivre si vous vous étiez engagés dans la voix du développement pour notre pays. Pendant que vous vivez confortablement au bord de mer des fruits du labeur de votre peuple, et prenez l’avion chaque mois pour des « check-ups » parisiens, le peuple lui n’a pas de médicaments ni d’hôpitaux, et chaque année au Gabon, plus de 7250 enfants de moins de 5 ans et 6000 à 7000 femmes meurent lors de l’accouchement à cause du sous-développement criminel auquel vous condamnez notre pays.

Non, Monsieur Bongo: le peuple refusera votre consensus de la « Refondation » car au Gabon, ce n’est une refonte qu’il faut. Il faut une véritable épuration et vous semblez ne pas être prêt à la faire. Il faut donc que le peuple lui-même vous épure, vous et votre régime, de la tête de notre pays, car c’est désormais la seule voie vers un possible développement de notre pays. Et surtout la voie de la paix, car, en réalité, tant que vous et votre régime serez au pouvoir, la paix au Gabon sera toujours menacée.

Non, Monsieur Bongo: le peuple dira non à votre discours car vous mentez. Et vous mentez très mal. Il est possible de faire, en 5 ans, ce que vous n’avez pas pu faire en 35 ans. Arrêtez donc de prendre vos fantasmes de dictateur pour des réalités: il a fallu à un pays comme le Japon et l’Allemagne 50 ans pour partir de l’état de nations épuisées et ravagées par la guerre, pour se retrouver au rang des premières puissances économiques du monde. Oui, vous nous direz que ce sont des pays avancés. Mais, en Afrique, des pays comme le Botswana, la Côte d’Ivoire et le Cameroun sont en avance sur nous sur le plan économique et développemental alors qu’ils n’ont que l’agriculture comme atout. Ils font des progrès économiques alors que nous au Gabon, sommes chaque année relégués à plus de pauvreté. Que ferez-vous lors du prochain écroulement des cours du pétrole? Aller mendier pour endetter un peu plus le Gabon afin de payer des salaires’ Et que proposez-vous comme solution’ Du vent. Vous vous permettez de venir pleurnicher d’incompétence à la télévision alors que vous êtes assis sur le trône pétrôlier d’un pays qui n’a connu ni guerre, ni troubles graves et qui avait donc tous les atouts en main pour devenir la première puissance économique d’Afrique. N’éprouvez-vous donc aucune honte devant un tel constat, Monsieur?

Non, Monsieur Bongo: ce n’est pas par le vague que vous convaincrez les Gabonais. Si vous aviez été démocrate et patriote en soif de consensus, ce n’est pas le discours que vous avez tenu que vous auriez dû tenir.

Voici, pour vous aider à vous en rendre compte, le type de discours que les Gabonais attendaient:

Gabonais,
Gabonaises,
chers compatriotes

Oui, je le sais, en ce 31 décembre 2001, le pays est en pleine déroute économique, politique, sociale et culturelle. Je voudrais aujourd’hui, devant tous et devant la nation, porter seul la responsabilité de cet échec.

Sur le plan économique, je constate le désarroi de notre peuple qui croupit dans une misère inexplicable alors que notre pays a joui de tant de richesses grâce à un sous-sol riche et diversifié. Sur le plan politique, les élections qui viennent de se passer ont montré les limites de notre système et cela ne saurait continuer car aujourd’hui, il y va véritablement de l’intérêt national.

Sur la base de ce constat, j’ai pris acte des plaintes des uns et des autres et j’ai donc décidé, de par les pouvoirs constitutionnels qui me sont dévolus en tant que garant des droits citoyens de notre pays, les mesures qui suivent. J’ai décidé:

– L’annulation en bonne et due forme des élections qui viennent de se dérouler. De nouvelles élections générales (Présidentielles, Législatives, et Locales) se tiendront en juin 2002 après la mise en place de mesures devant assurer la transparence. Parce que le pays ne peut fonctionner sans Assemblée, l’Assemblée sortie des élections de décembre siègera provisoirement et sera dissoute en juin à la suite des élections générales dont nous préparerons, dès maintenant, la transparence.

– La mise en place d’une commission consensuelle de large ouverture qui va se charger de revoir le code électoral de manière indépendante sans intervention aucune du gouvernement. Je garantis personnellement la neutralité de l’état et veillerai à ce que cette neutralité soit préservée.

– la mise en place d’une commission consensuelle de large ouverture qui va se charger de revoir l’équilibre des pouvoirs entre les diverses branches du gouvernement et de faire les réformes nécessaires qui rendront leur autonomie constitutionnelle à la justice, au parlement et au gouvernement. Dorénavant, chaque branche devra faire son travail car c’est le prix à payer si nous voulons nous lancer sur la voie du développement.

– La réforme de la CNE et du CNC qui opéreront désormais de manière autonome et en dehors du gouvernement. Leurs membres seront désormais élus et non nommés, pour assurer leur autonomie. Le ministère de l’intérieur ne jouira plus d’aucune prérogative électorale. Désormais, seule la justice rendue indépendante aura un droit de regard sur les conflits légaux et constitutionnels.

– La mise en place d’un gouvernement de transition neutre et d’union nationale, dont le seul but sera d’accompagner les mesures de réforme, tout en s’activant urgemment sur les possibilités de démarrage économique. Ceci va inclure des mesures urgentes contre la corruption, ce fléau qui tue tous nos efforts de développement. Je donne donc libre cour, à partir d’aujourd’hui, au gouvernement et à la justice, pour qu’ils fassent leur travail. Ceci veut dire que, si à partir d’aujourd’hui, des malhonnêtetés sont constatées, la justice devra faire son travail, même s’il s’agit de mettre en prison un ministre ou moi-même. Je me lave donc les mains de toutes responsabilités dans la gestion des affaires du pays car cela va désormais être le travail du gouvernement. Je reste à mon poste jusqu’aux prochaines élections générales et je déciderai alors si je dois me représenter ou non. Mais d’ici là, je veillerai à ce que le travail de la nation soit fait car je voudrais désormais, en quittant le pouvoir un jour, que l’on se souvienne de moi au Gabon comme le président qui, en fin de compte, s’est rattrapé au dernier moment pour sauver son pays de la débâcle.

Aujourd’hui, je me repends donc solennellement devant la nation et je demande à mes compatriotes l’honneur de prouver à tous que cette repentance est sincère. Je demande le pardon de toutes les personnes à qui j’ai pu, au cours de toutes ces années, causer du mal. Voilà pourquoi, je veux, avant de partir, faire amende honorable et me rattraper devant notre peuple et devant l’histoire.

Tout ce que je demande en échange, et ceci est pour la paix, est que nous tournions la page du passé car en tant que nation, c’est aujourd’hui ou jamais que nous devons commencer le vrai travail de réforme et de développement. Cela m’a pris du temps, chers compatriotes, mais je vous ai compris, enfin.

Je demande donc aux membres de l’opposition de donner l’exemple en s’associant pleinement à cette initiative de la dernière chance. Aujourd’hui, le temps n’est plus à la politique, mais au sauvetage de notre peuple. Que les 5 ans qui viennent soient pour notre peuple le temps d’une transition démocratique où chacun à son niveau se remettra au travail, pour le bien de tous.

Parce que la paix est plus importante pour nous que toute autre chose, il nous faut nous interdire toute idée de chasse aux sorcières car nous sommes tous Gabonais et personne ne mérite d’être exclu de son pays ou de se sentir en danger. Je propose donc, dans les trois mois qui viennent, la tenue d’un référendum de la paix. Ce référendum donnera l’amnistie populaire à ma personne et à tous ceux qui ont travaillé avec moi dans le passé. Ce référendum viendra aussi légaliser, aux yeux du peuple, les réformes qui vont être mises en place pour que, en juin, les élections se passent dans la transparence totale sans intervention gouvernementale car c’est le meilleur qui, désormais, gagnera au Gabon.

Je convie donc, dès demain, les chefs de l’opposition à des réunions de consultation pour que nous déterminions, ensemble et loin de l’esprit partisan, les actions positives qui sont à poser immédiatement pour que le mois de juin 2002 soit le mois où on dira du Gabon et des Gabonais: Voilà un peuple fier qui a su, grâce à l’élan patriotique de sa classe politique, construire la paix tout en construisant son avenir. Que demain, l’on envie le Gabon de par le monde grâce au travail de développement que nous allons, ensemble, commencer. Que le Gabon devienne l’exemple qui inspirera le reste de l’Afrique.

Que cette nouvelle année soit donc celle de la paix et l’espoir pour tout notre peuple, car des temps meilleurs nous attendent tous, si nous nous y mettons, dès aujourd’hui.

Vive la république.

Vive le Gabon.

Vous voyez, Monsieur Bongo? Ceci aurait été beaucoup plus simple. Cela aurait pris 30 minutes de discours pour réformer le Gabon, au lieu de 5 minutes de pleurnichements sur les 40 années de perdues. Cela aurait également permis d’entrevoir la possibilité de voir les Gabonais, pour la première fois de leur histoire, se réunir autour de leur président pour contempler, avec lui, la possibilité d’un avenir nouveau dans la paix, la prospérité et la dignité. Cela, en dernier recours, aurait redonné la confiance perdue au peuple et mettre la nation au travail de la reconstruction.

A un moment aussi crucial pour notre pays, et à un moment où nous n’avons plus que 5 ans pour redresser totalement la situation du pays, vous préférez continuer à jouer au petit politicien qui croit encore pouvoir tromper son monde. Comme c’est malheureux pour notre pays d’avoir des hommes aussi irresponsables à sa tête, des hommes prêts à tout pour piller leur pays au lieu de partager avec leur peuple les fruits du dur labeur de tout un chacun. Comme c’est pénible de voir que notre pays ne regorge que de vautours sanguinaires qui ne reculeront devant rien pour continuer à se remplir les poches alors que le peuple se meurt de misère.

Comme c’est malheureux pour le Gabon d’avoir Omar Bongo à sa tête.

Monsieur, parce que vous manquez cruellement de sincérité, et votre choix de l’évasion au lieu d’actes et de projets concrets le prouve à suffisance, la seule solution que vous laissez au peuple gabonais demeure celle qui recherchera votre départ, par tous les moyens possibles. Un peuple comme le nôtre ne peut continuer à mourir à cause d’un seul homme incapable de remord et de repentir.

Un jour, le Gabon vivra véritablement. Et cela, les vrais patriotes le promettent à la nation gabonaise.
Dr. Daniel Mengara
Coordinateur
BDP-Gabon Nouveau

P.O. Box 3216 TCB
West Orange, New Jersey 07052, USA
Tel: (973) 655-5143 / Fax: (973) 655-7909
Email: bdp@bdpgabon.org
Site: https://www.bdpgabon.org

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