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Omar Bongo et les enfantillages d’une Refondation avortée

Montclair, 9 septembre 2002 – Quand Omar Bongo, après avoir offert des tripatouillages électoraux à la nation gabonaise, annonça à grandes pompes sa fameuse Refondation lors de son discours à la nation du 31 décembre 2001, certains Gabonais avaient recommencé à espérer.

Cet espoir entrevoyait la possibilité, une fois pour toutes, de remettre toutes les pendules à l’heure à un moment où le Gabon est confronté aux crises les plus graves de son histoire.

Il arrive en effet, dans l’histoire de toute nation, un moment où le peuple tout entier, au travers de sa classe politique, se doit de se réunir pour discuter de ses différends, faire table-rase du passé et formuler une fois pour toutes pour le pays un avenir qui le relance sur la voie du progrès concerté.

Mais au Gabon, rien ne se passe jamais comme ailleurs. Le Gabon a eu le malheur d’hériter à sa tête d’un grand enfant nommé Omar Bongo. Cet enfant Bongo, qui prend le Gabon pour une garderie personnelle, s’est donc fixé comme objectif premier de se livrer à des enfantillages à la tête d’un état qui s’en passerait bien à un moment où le Gabon est au bord d’un gouffre multiforme. Et pour combler le tout, l’enfant Bongo s’est entouré d’autres grands enfants pour jouer à cache-cache avec le peuple gabonais. Le jeu politique gabonais, qui plus que jamais met la politique et le désir de pérennité politique au devant des besoins de développement de la nation, est tellement devenu une maladie au Gabon que le virus de l’enfantillage s’est propagé pour ronger totalement une opposition devenue inexistante.

Il convient donc de conclure que le Gabon est aujourd’hui dirigé par une classe politique totalement infantilisée.

Car comment peut-on se permettre de conduire les affaires d’un état avec autant de légèreté?

On se rend compte aujourd’hui que la fameuse Refondation d’Omar Bongo, annoncée comme une sérieuse exploration des problèmes du Gabon, n’était en fait qu’un autre gros mot sans substance lancé par l’enfant en chef Omar Bongo pour amuser la galerie d’une classe politique habituée à danser la Rumba que Bongo aime à leur chanter de temps en temps, histoire de créer la diversion dans la basse-cour.

L’on aurait d’ailleurs dû s’en douter au vu du flou qui se dégageait du camp bongoïste. Le mot « Refondation » avait tellement changé de forme et de substance au fil des mois que rien de bon ne pouvait en sortir. Ne nous parla-t-on pas d’abord de « Forum de la Refondation' » Puis l’on passa soudain à une insistance sur le mot « forum » sans « refondation », ce qui relégua le terme « refondation » aux oubliettes, avant de finalement l’échanger contre le mot « concertation ». Ce changement de sémantique et de morphologie était le signe que Bongo avait fini par avoir peur de son propre mot. Le Forum de la Refondation, si Bongo l’avait réuni selon l’idée originelle, risquait de devenir une deuxième conférence nationale qui aurait pu aboutir à un détournement des objectifs machiavéliques de Bongo, donc probablement à la fin de son régime. L’idée de la refondation se devait donc de se transformer en simple « concertation » au sein de laquelle Bongo continuirait à dicter les règles du jeu à une opposition totalement atomisée, squelettisée et réduite à la mendicité.

Evidemment, parce que la fameuse Refondation de Bongo se limita finalement, comme on le voit aujourd’hui, à une simple réunion de la classe politique pour discuter du code électoral, l’on ne peut conclure qu’à une perte de temps inutile, car cela n’en valait pas la peine. Ce n’est pas d’une simple révision du code électoral que le Gabon a besoin aujourd’hui. Les maux qui rongent ce pays sont trop profonds pour être résolus par une simple baguette magique.

Croire, donc, qu’une simple réforme isolée du code électoral résoudra les problèmes de notre pays reviendrait à faire croire au propriétaire d’une maison croulante qu’en repeignant les murs de son taudis, la maison serait totalement rénovéee. A quoi sert la révision du code électoral si Omar Bongo conserve toute sa capacité à influencer les institutions de la république? A quoi sert la révision du code électoral si le Ministre de l’intérieur, qui obéit comme un chien à Bongo, est capable d’annoncer à la télévision des résultats tronqués qui ne correspondent en rien au choix des Gabonais’ A quoi sert la révision du code électoral si la Cour constitutionnelle est incapable d’invalider une élection parce que ses membres ont peur de perdre leurs postes’ A quoi sert le code électoral si Omar Bongo peut se permettre de corrompre la Commission électorale et d’utiliser l’argent et tout l’appareil d’état à des fins partisanes pour s’assurer une victoire volée? Enfin, à quoi peut bien servir un code électoral dans un contexte de jungle comme celui du Gabon, où il n’existe aucun état de droit et où Omar Bongo et sa mafia d’état peuvent se permettre toutes sortes d’exactions en toute impunité?

La vérité, malheureusement, est beaucoup plus triste. Le Gabon n’est fait que de politiciens manioc. En discutant du code électoral, ce n’est pas la légalité des élections qui les préoccupe, mais plutôt la distribution des postes politiques. Nous savions déjà que le régime Bongo était un régime manioc et que Bongo était le manioc en chef de toute cette cuisine fade et pourrie qu’est le système politique gabonais. Ce qui nous attriste cependant aujourd’hui, c’est de constater que l’opposition gabonaise n’est faite également que d’opposants manioc. Cela revient à dire que le Gabon n’a plus d’opposition. A côté de Bongo Manioc, nous n’avons donc plus que Mba Abessole Manioc, Nzoghe Nguéma Manioc et tous les autres maniocs qui rampent dans les couloirs du palais manioc à chaque fois que le manioc en chef les appelle à la soupe belzébuthienne.

Qu’a donc fait le Gabon aux dieux pour mériter une classe politique manioc corrompue et pourrie qui ne recule devant rien pour conduire tout un pays à la faillite?

Une refondation réellement conséquente demanderait beaucoup plus qu’une simple discussion du code électoral. Discuter uniquement du code électoral est un signe effrayant qui démontre clairement que chaque participant à la « concertation » bongolienne se préoccupait plus de se faire nommer à un poste que de négocier un avenir meilleur pour le pays tout entier. Alors même que notre peuple se meurt à petit feu à cause des méfaits du bongoïsme, la refondation se révèle être une manipulation supplémentaire dont le but est d’universaliser le bongoïsme au Gabon.

Non, chers compatriotes, la concertation bongolienne était tout simplement une réunion de malfrats et de mafiosos prêts à s’entrebouffer et faisant des pieds et des mains pour se garantir un petit poste politique et quelques millions. Après le partage législatif, il ne restait plus que les miettes des élections locales, et ces miettes, quand on n’a pas l’intelligence de pouvoir survivre sans la perfusion d’un salaire garanti par l’état-manioc de Bongo, ont valeur d’or. Comme des vautours, nos politiciens se jettent sur n’importe quel poste politique disponible. Pour cela, ils sont prêts à vendre leur âme au diable car ils sont foncièrement incapables de vivre en dehors du régime Bongo. Comme de grands enfants, ils ne savent survivre que si assistés. Hors du système, ils sont incapables de se prendre en main, de se livrer à d’autres formes d’activités beaucoup plus dignes. D’où l’impératif qui est le leur de rester coûte que coûte dans les couloirs de l’enfer bongolien. Pour cela, ils livrent leurs femmes et leurs filles à Omar Bongo qui s’en délecte vicieusement. Au passage, la politique gabonaise devient un bal des vampires où l’intérêt personnel prime et où l’on oublie ce que c’est que le Gabon. Dans cette valse machiavélique, le fameux refrain « Gabon d’abord » devient un cri de ralliement pour malfrats assoiffés de pouvoir et d’argent.

Discuter des problèmes gabonais avec une telle legèreté ne laisse donc augurer de rien de bon pour notre pays. Ce que le régime Bongo et les opposants manioc oublient c’est que l’irritation des Gabonais atteindra bientôt des niveaux proches de la folie. Car un peuple traumatisé comme le nôtre se réveille souvent avec une violence inattendue, violence qui balaiera comme un ouragan tous les complices du génocide gabonais au jour du jugement dernier.

Car discuter des problèmes du Gabon aurait demandé que l’on s’attache à une réforme généralisée de tout le système politique, économique, social et culturel de notre pays. Toute discussion véritablement sérieuse ne peut que s’articuler autour d’idéaux de réforme tels que ceux articulés par le BDP, autrement dit, une réforme de fond qui garantirait l’intégrité de nos institutions au sein d’un état de droit tout en se préoccupant des besoins de développement de notre pays.

Sur le plan politique, il s’agit principalement de refaire de fond en comble la constitution gabonaise de manière à réduire de manière draconienne les pouvoirs du président de la république, reformuler l’équilibre des pouvoirs entre les diverses branches du gouvernement (Exécutif, judiciaire et législatif), et la réforme, non pas seulement du code électoral en isolation, mais du système électoral tout entier de manière à le rendre totalement indépendant du gouvernement. Ceci devant par la suite aboutir à une dissolution globale des institutions actuelles pour les remplacer, après référendum et des élections générales immédiates, par des institutions nouvelles nées de la réforme et du consensus national. Le Gabon pourrait alors se lancer plus sereinement dans la recherche du bien-être économique pour tous. 

L’idée d’un consensus national est très importante pour le Gabon. Si Omar Bongo avait été un véritable homme d’état conscient des nécessités qu’imposent la gestion d’un pays, il aurait dû profiter de l’idée de refondation pour mener le pays au consensus et à la réconciliation nationale. Ceci aurait permis au Gabon non seulement de se pacifier, mais aussi de se détourner du combat politique sans but pour enfin se consacrer de manière concertée à la recherche d’un développement durable et profitable à tous. L’on est hélas forcé de constater aujourd’hui que l’idée de Bongo n’a jamais été d’ouvrir le Gabon à la démocratisation. Son idée est plutôt de finir de taire les quelques voix discordantes qui osaient encore se faire entendre dans le pays. Pour cela, des postes ministériels, des nominations électorales au parlement, les pots-de-vins et dessous de table furent distribués à la classe politique, achevant ainsi de compromettre toute l’opposition gabonaise désormais totalement décrédibilisée aux yeux des Gabonais.

Le pire dans la mascarade politique qui se joue actuellement au Gabon est que le pays se découvre dirigé, au sein du pouvoir comme de l’opposition, par une classe politique totalement pourrie et aveugle. Car comment peut-on se rendre à une réunion politique sans en connaître ni l’organigramme, ni les objectifs’ La refondation de Bongo fut annoncée avec le plus gros flou et la plus grosse précipitation. Jusqu’au dernier moment, personne ne savait de manière précise ce que recouvrirait cette rencontre. Or, l’on vit la classe politique gabonaise s’émouvoir et les divers partis politiques embrasser cette idée alors même que personne ne savait de quoi il s’agissait. Or, une réunion politique d’envergure nationale doit se préparer. Les divers groupes représentés doivent prendre le temps, sur la base d’un organigramme précédement annoncé, de préparer leurs positionnements et leurs idées et propositions de réforme pour pouvoir ensuite aller débattre valablement des intérêts du pays. En d’aurres termes, quand on discute sérieusement d’un pays, la précipitation est à bannir. Ce qu’il aurait fallu c’est exiger que Bongo livrât au préalable les objectifs de la réunion, afin de permettre aux divers groupes d’émettre des réserves qui auraient pu permettre d’élargir le champs de discussion.

Mais il y a pire. C’est sur un coup d’humeur que Bongo se leva le lundi 29 juillet pour convoquer la classe politique corrompue à sa réunion de la trahison. Comme à leur habitude, ceux-là même qui parfois se déclarent opposants se précipitèrent comme des enfants de coeur. Résultat, ils finirent encore une fois par déchanter. Combien de fois faudra-t-il leur répéter que l’on ne peut faire confiance à Omar Bongo et que participer à des réunions décidées par le dictateur gabonais ne pouvait aboutir à rien de bon’ Combien de fois faudra-t-il que Bongo roule la fameuse opposition manioc dans la boue avant que celle-ci ne se rende compte que rien de bon ne peut venir du régime Bongo, et que la seule solution pour un renouveau gabonais serait de balayer ce régime en commençant une révolution immédiate au Gabon’

Le gros flop de la refondation, dans le cadre actuel, ne peut donc vouloir dire qu’une chose: il va se produire au sein de la population et de l’opposition exilée une radicalisation extrême autour de l’urgente nécéssité, plus que jamais, d’en finir avec le régime Bongo. Notre peuple a subi trop de souffrances, trop de déceptions et trop de brimades pour continuer à se laisser faire de manière aussi bestiale. La refondation échouée de Bongo vient donc, encore une fois, de conforter la position de groupes politiques patriotes comme le BDP selon laquelle rien, absolument rien ne peut changer au Gabon tant qu’Omar Bongo et sa clique de mercenaires mafiosos seront au pouvoir.

Et cela, par ailleurs, ne peut vouloir dire qu’une chose: les Gabonais doivent se préparer à chasser le dictateur gabonais et sa troupe de malfrats du pouvoir, par tous les moyens possibles.

Vu que la fameuse refondation avortée de Bongo n’a été qu’une simple réunion de malfrats pourris qui n’y comprennent rien à la gestion de la chose publique et mettent en danger l’intérêt général d’une nation, il y va de l’intérêt de notre pays que cette mafia étatique soit épurée le plus rapidement possible. Parce que nos leaders, en vrais malfrats devenus parlementeurs professionnels, ont décidé de faire du Gabon leur propriété privée, le peuple devra se lever bientôt comme un seul homme pour chasser du pouvoir tous ceux qui auront pactisé avec le bongoïsme diabolique qui sévit actuellement dans notre pays.

Eveillons-nous donc, Gabon!

Dr. Daniel Mengara
Premier Ministre du gouvernement de salut national
Coordinateur du BDP-Gabon Nouveau
Montclair, New Jersey

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