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Une trêve sociale pour quoi faire? Réponse du Dr. Daniel Mengara au discours d’Omar Bongo du 17 août

Chers compatriotes,

Monsieur Bongo vient encore une fois, dans son discours du 17 août 2003, date qui célèbre le 43ème anniversaire de l’indépendance du Gabon, de faire preuve d’irresponsabilité.

Alors que le peuple gabonais se meurt à petit feu sous les rudes assauts d’une pauvreté injustifiable qui garde encore 60% de notre population sous le seuil de pauvreté après 43 ans d’indépendance et 36 ans de bongoïsme, Monsieur Bongo s’est de nouveau répandu dans un discours vide de sens qui, aujourd’hui, représente une insulte à l’intelligence des Gabonais. C?est dire, mes chers compatriotes, que ces 43 ans d’indépendance, au lieu d’être pour nous le signe même de la maturité et du bien-être économique, social et politique, représentent en réalité des années perdues, des chances ratées et de l’argent gaspillé à engraisser le régime Bongo au détriment du peuple gabonais. Ces 43 années, chers compatriotes, symbolisent pour le peuple que nous sommes un deuil, une agonie, sinon l’inévitable mort sociale, économique et politique de notre pays.

Voilà pourquoi, en tant que Premier ministre du gouvernement gabonais de salut national en exil, je me suis retrouvé surpris d’entendre Omar Bongo caractériser comme « nettement positif » le désastreux bilan de son régime manioc illégalement installé au pouvoir depuis 36 ans. Je me demande encore où Omar Bongo est allé chercher le côté positif de son bilan, à un moment où aucun Gabonais véritablement objectif n’en verrait aucun. Que ce soit en matière de santé, d’éducation, d’infrastructures ou de bien-être social, le Gabon accuse un retard honteux au regard des moyens dont il dispose. Et c’est là, chers compatriotes, que le bas blesse et que l’indécence de Monsieur Bongo se fait insupportable.

Car cette indécence, on la voit partout dans le discours de Monsieur Bongo, surtout quand il cite la situation des femmes gabonaises comme ?insuffisamment prises en compte ». Belle observation en vérité, mais que propose Monsieur Bongo pour résoudre les graves problèmes qui frappent les femmes au Gabon ? Eh bien, l’intégration de 150 femmes dans les divers cabinets ministériels ! Allons donc, Monsieur Bongo. Ne trouvez-vous pas en ceci une insulte, je dirais même un outrage révoltant à l’encontre de la femme gabonaise ? En quoi le fait de nommer ou d’intégrer 150 femmes dans les divers cabinets ministériels résoudra-t-il les sérieux problèmes de pauvreté qui frappent des centaines de milliers de ces femmes dans notre pays ? Monsieur Bongo sait-il au moins que dans son pays les femmes sont les plus touchées par le chômage faute d’une formation adéquate, qu’elles sont, avec une prévalence du VIH/SIDA deux fois supérieure à celle des hommes, celles qui subissent le plus directement les défis causés par le VIH/SIDA parce que victimes du vagabondage sexuel des hommes et obligées de se retrouver avec des enfants séropositifs dont ni l’Etat, ni les géniteurs ne s’occupent point ?

Alors même que le VIH/SIDA, avec un taux réel avoisinant les 15% de séropositivité, est en train d’exterminer la population gabonaise?les femmes et les enfants en premier?, n’est-il pas honteux qu’Omar Bongo et son gouvernement manioc soient incapables de présenter au peuple un vrai plan de santé visant à la fois à prévenir, soigner et réduire les taux d’incidence du VIH/SIDA chez nous ? L?Etat Bongo ne voit-il pas, par ailleurs, que les conséquences à long terme de ce fléau sont graves pour le Gabon’ Car si la majorité de nos enfants et de nos femmes finissaient par succomber sous les rudes coups du SIDA et de la mortalité qui en découle, il s’ensuivrait inévitablement un problème de natalité qui condamnerait notre pays à une stagnation en matière de population, stagnation qui compromettrait gravement nos chances de développement économique faute d’une population active conséquente ? Et quand on sait que plus même encore que le SIDA, des pandémies telles le paludisme et autres maladies à grand taux de mortalité continuent à décimer notre population à cause de la faillite en matière de santé du régime Bongo, on ne peut que conclure à un génocide socio-économique du peuple gabonais.

Pire, Omar Bongo pousse l’indécence jusqu’à avouer publiquement à la télévision gabonaise qu’il s’est définitivement substitué à l’état Gabonais en matière de développement économique. Aujourd’hui au Gabon, ce n’est plus l’état qui résout les problèmes du peuple, c’est Omar Bongo lui-même. Ainsi, pour qu’il y ait des médicaments dans les hôpitaux, c’est Omar Bongo qui débloque un milliard de F CFA de sa propre poche pour l’achat des médicaments. Pour qu’il y ait des lits dans des hôpitaux, il faut qu’Edith-Lucie Bongo, l’épouse de Bongo, aille dans les caisses personnelles du couple remplies d’argent volé au Gabon pour acheter des lits pour les hôpitaux. Pour que les étudiants et les enseignants obtiennent des ordinateurs à l’université, il faut aller voir Omar Bongo. Pour que les médecins cessent leur juste grève pour des conditions de travail meilleures, il faut aller voir Omar Bongo. Pour obtenir des réformes politiques au Gabon, il faut aller voir Omar Bongo. Pour trouver du travail, il faut faire appel au grand camarade ou connaître quelqu’un qui connaît le grand camarade, Son Excellence El Hadj Omar Bongo.

A la place donc d’un état ayant été poussé à la faillite généralisée, il n’y a plus qu’Omar et Edith-Lucie Bongo pour soigner les Gabonais, pour développer le pays et pour résoudre de manière personnelle tous les problèmes des Gabonais. Cette phagocytation de l’Etat à laquelle se livre Omar Bongo est la cause directe de la mort de l’Etat au Gabon. L?Etat n’existe tout simplement plus dans notre pays, car à sa capacité financière, décisionnelle et fonctionnelle s’est progressivement substituée celle, personnelle, d’Omar Bongo. Et c’est fort de la personnalisation qu’il fait de l’appareil d’état qu’Omar Bongo peut librement dire aux Gabonais que « j?ai eu à prendre sur moi certaines dépenses en ce qui concerne les médicaments ». Ainsi, ce n’est plus le parlement, ni le gouvernement qui débloque les fonds dont le Gabon a besoin pour se développer, c’est Omar Bongo. Et parce qu’Omar Bongo n’a aucune conception réelle de ce que c’est que l’Etat, il n’hésite à aucun moment à demander à l’appareil d’état de s’effacer face à Edith-Lucie Bongo. C?est dans ce cadre qu’il a recommandé au gouvernement de Ntoutoume Emane de « donner des moyens d’action » à l’équipe formée par son épouse, « pour que son travail soit couronné de succès ». Ce qui intéresse Bongo ce n’est donc pas le succès du gouvernement Ntoutoume Emane, mais plutôt la réussite de son épouse qui devient ainsi un gouvernement bis avec son « équipe » parallèle. A la fin, dans l’équation du développement gabonais, seules comptent les actions « salvatrices » d’Omar Bongo et de son épouse, Edith-Lucie Bongo. Bongo est le président autoproclamé du Gabon, son épouse en est devenue le Premier ministre non proclamé.

D?où la médiocrité dans laquelle baigne le système Bongo. Quant aux solutions du couple Bongo, elles se sont révélées aussi durables qu’un éclair sous la pluie. On se contente de panser les plaies infectées du Gabon comme le ferait un médecin incompétent, oubliant que pour soigner une plaie infectée, il faut en plus du pansement imposer un traitement par antibiotiques, sans quoi la plaie s’infecterait davantage. En 36 ans, Bongo a conduit le Gabon de pansements en pansements, de prestidigitations en prestidigitations, d’illusions d’optique en illusions d’optique et de provisoire en provisoire. Rien de bon n’en a jamais découlé. 

Et c’est ainsi qu’au Gabon la fête du 17 août est devenue l’illusion suprême, c’est-à-dire le seul moyen par lequel les provinces peuvent espérer un semblant de développement. Pour qu’un nouveau bâtiment apparaisse dans une ville gabonaise de l’intérieur, il faut qu’une province attende que le 17 août ait fait le tour du pays avant de lui revenir 9 ans plus tard. Pour qu’un dispensaire apparaisse quelque part, il faut que l’argent en ait été donné par un pays ami, car le gouvernement gabonais est trop occupé à s’engraisser avec l’argent du peuple, un peuple à qui il ne laisse que des miettes. Pour qu’un tronçon de route soit fait, il faut que l’argent ait été prêté par le FMI ou la Banque mondiale, ce qui finit par endetter encore plus notre pays déjà asphyxié par la dette. Et quand on dit publiquement avoir investit 25 milliards pour le « développement » à grande vitesse d’une province en vue du 17 août, on se rend bien vite compte que sur les 25 milliards initiaux, 20 milliards finissent détournés de leur objectif pour atterrir, encore une fois, dans les poches de Bongo et de ses complices eux-mêmes. C?est ainsi que le Gabon finit endetté sans pour autant que le régime Bongo puisse faire la démonstration concrète des résultats de cet endettement. Qu?est donc cette manière de faire les choses, Monsieur Bongo ? N?y a-t-il plus de dignité dans notre pays ?

Il faut, par conséquent, voir dans le discours d’Omar Bongo les paroles d’un homme aux abois qui n’a jamais eu l’honnêteté d’avouer son incapacité flagrante à gérer un petit pays pourtant facile à gérer comme le Gabon. Le constat d’échec, il faut le retrouver dans le discours d’Omar Bongo lui-même quand il dit avoir initié, en 1998, la mise en place d’un « Pacte national de solidarité et de développement » dont le but, à cette époque, était justement de résoudre tous les problèmes qu’il mentionne de nouveau dans son discours du 17 août 2003, problèmes qui se posent toujours avec acuité aux Gabonais. La maladie, la situation des femmes et des enfants, le chômage, les routes, les hôpitaux et l’avancement économique de la nation sont aujourd’hui encore plus préoccupants qu’en 1998 et force est de constater qu’en 2003, c’est-à-dire 5 ans après les promesses bongoïstes 1998, il n’y a eu aucune progression positive et tous les indicateurs économiques du Gabon font état d’une régression désastreuse à tous les niveaux. En quoi le Gabonais devrait-il prendre pour argent comptant les nouvelles vieilles promesses faites par Omar Bongo en ce 17 août 2003 ? Les discours d’Omar Bongo se sont suivis et se sont tous ressemblés par le vague de leurs promesses, et le résultat de ces discours vides de sens est aujourd’hui palpablement absent de la vie quotidienne des Gabonais.

Et c’est à ce peuple gabonais meurtri par la pauvreté, la maladie, le chômage et le désespoir qu’Omar Bongo demande aujourd’hui une trêve sociale.

Non, Monsieur Bongo, vous n’aurez aucune trêve sociale tant que les Gabonais verront votre régime s’engraisser avec l’argent de leur dur labeur, alors que leurs enfants meurent de malnutrition chronique, vivent dans des conditions animalières dans des taudis et n’arrivent même pas à s’éduquer valablement par manque d’infrastructures scolaires adéquates.

Non, Monsieur Bongo, vous n’aurez aucune trêve sociale tant que les femmes gabonaises seront laissées à la traîne de la société, exploitées et avilies par un régime qui les condamne à la mort lente par le SIDA, la prostitution, la discrimination, le manque de protections sociales et le délaissement généralisé.

Non, Monsieur Bongo, vous n’aurez aucune trêve sociale tant que les enfants gabonais mourront par milliers chaque année faute de soins de santé adéquats.

Non, Monsieur Bongo, vous n’aurez aucune trêve sociale tant que vous n’aurez pas compris qu’un milliard de F CFA est une somme tout à fait ridicule quand il s’agit de soigner valablement les Gabonais et de résoudre les graves problèmes de santé qui se posent de manière chronique à notre nation.

Non, Monsieur Bongo, vous n’aurez aucune trêve sociale tant que 20% des Gabonais seront frappés de chômage, à un moment où aucune analyse économique digne de ce nom n’entrevoit aucune possibilité d’amélioration dans les années qui viennent vu la ruine actuelle de l’Etat et le manque d’initiatives économiques d’une administration irrémédiablement corrompue comme la vôtre.

Non, Monsieur Bongo, vous n’aurez aucune trêve sociale tant que le pays sera frappé par l’insécurité généralisée, la corruption dégradante, l’injustice et l’abus des biens publiques, crimes dans lesquels excelle votre régime.

Non, Monsieur Bongo, vous n’aurez aucune trêve sociale tant que des familles entières continueront à être décimées par des accidents inacceptables sur les routes gabonaises que vous avez été incapable de bitumer et de sécuriser après 36 ans assis sur la fortune de notre pays confisquée pour servir vos lubies personnelles et familiales.

Non, Monsieur Bongo, vous n’aurez aucune trêve sociale tant que vous vous tromperez d’objectif en croyant que c’est en coupant les bourses des étudiants que vous résoudrez les problèmes économiques du Gabon, et ceci à un moment où notre pays a plus que jamais besoin de former des cadres s’il veut s’assurer une main d’?uvre qualifiée capable de relever les grands défis de la mondialisation.

Non, Monsieur Bongo, vous n’aurez aucune trêve sociale tant que vous ferez du chantage aux provinces en leur faisant miroiter l’organisation des fêtes du 17 août comme seul et unique mode de développement économique.

Non, Monsieur Bongo, vous n’aurez aucune trêve sociale tant que vous censurerez les médias et  mettrez en prison des membres de mouvements politiques d’opposition pour avoir osé vous dire que le temps pour vous de partir était venu.

Non, Monsieur Bongo, vous n’aurez aucune trêve sociale tant que vous vous imposerez aux Gabonais par la fraude électorale, la corruption politique et les modifications illégales de la constitution.

Non, Monsieur Bongo, vous n’aurez aucune trêve sociale tant que vous n’aurez pas compris que vos discours de rénovation refondue et de refondation rénovée n’intéressent plus les Gabonais.

Non, Monsieur Bongo, vous n’aurez aucune trêve sociale tant que vous ne vous rendrez pas compte que les Gabonais ne veulent plus de vous, que rien de bon ne peut plus se passer au Gabon tant que vous êtes au pouvoir et que le temps pour vous et votre régime de partir est venu.

Non, Monsieur Bongo, vous n’aurez aucune trêve sociale parce que ce n’est pas dans les quelques années qu’il vous reste à vivre que vous pourrez faire ce que vous n’avez pas pu faire en 36 ans de pouvoir sans partage, à un moment où le Gabon avait encore les moyens de ses ambitions.

Non, Monsieur Bongo, vous n’aurez aucune trêve sociale parce que vous n’êtes pas bon pour le Gabon.

Cher compatriotes,

Pour le Gabon, donc, une seule solution s’offre désormais : Bongo Doit Partir, par tous les moyens possibles, pour que puisse enfin se construire un Gabon nouveau. Ensemble, travaillons pour que cet objectif soit atteint dans les meilleurs délais.

Je vous remercie.

Vive le Gabon libre.

Vive la nouvelle république.

Fait le 10 septembre 2003, à Montclair, New Jersey, USA

Dr. Daniel Mengara
Coordonnateur
Premier ministre du gouvernement de salut national en exil
BDP-Gabon Nouveau


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P.O. Box 3216 TCB
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Tel: 973-655-5143 / 973-233-1652
Fax: 973-233-1652 / 973-655-7909
Site: https://www.bdpgabon.org

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