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Lettre Ouverte du Dr. Daniel Mengara à Nicolas Sarkozy : « Non, Président Sarkozy: L’Afrique ne veut plus être « aidée »; l’Afrique a besoin qu’on lui fiche la paix »

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(BDP-Gabon Nouveau, 22 mai 2007) 

A Monsieur Nicolas Sarkozy, président de la République française.

Monsieur,

Au nom du mouvement  » Bongo Doit Partir – Pour la construction d’un Gabon Nouveau  » (BDP-Gabon Nouveau), mouvement gabonais d’opposition en exil dont je suis le leader, je vous transmets les salutations du peuple gabonais.

A ce titre, nous félicitons non seulement le peuple français, mais également votre propre personne, pour un scrutin mené selon les règles de l’art, règles qui ont en terre française non seulement garanti le débat démocratique, mais aussi permis l’expression libre du vote populaire qui le 6 mai dernier a fait de vous le nouveau président de France.

Nous vous félicitons, Monsieur, parce que nous croyons fermement aux valeurs inaliénables de la démocratie et de l’état de droit. Dans votre élection au poste de président de la République française, nous voyons la décision souveraine d’une France qui a décidé, librement, de vous confier la direction de sa destinée. Nous nous garderons bien alors, quelles que soient les vues politiques parfois controversées qui ont été les vôtres de par le passé, de vouloir ici remettre en cause le verdict de la démocratie tel qu’il s’est majestueusement exprimé en terre française par le biais du vote populaire libre. En effet, de quel droit nous permettrions-nous de douter de la capacité de vos compatriotes à décider pour eux-mêmes ce qui est bon pour la France ? Les Français ont choisi Nicolas Sarkozy; nous respectons le choix souverain des Français.

Donc, félicitations !

Il est cependant hautement regrettable de constater, Monsieur le président, que la France n’ait jamais voulu rendre à l’Afrique francophone ce genre de politesse souveraine. La France a plutôt mille fois  découragé, et même mille fois compromis, l’éclosion en terre africaine des valeurs cardinales de la démocratie dont la France se clame et se proclame pourtant inspiratrice depuis le 18ème siècle.  Il apparaît en effet que l’action débilitante de ses dirigeants, restés fossilisés comme ils le sont de manière héréditaire dans une vieille conception du monde, ait consisté à systématiquement bafouer toute possibilité d’affirmation des droits de l’Homme en Afrique et à semer chez nous, non pas ces valeurs universelles et démocratiques qui élèvent l’Homme et le libèrent, mais celles-là même qui l’animalisent. La vieille France dont nous parlons ici est celle qui ne voit en l’Afrique nègre qu’incapacité, infantilisme et animalité. Et c’est, en dernière analyse, cette vieille France des de Gaulle, des d’Estaing, des Chirac et autres Mitterrand qui, avec sa vieille vision de l’Afrique, a fait de votre pays une terre de contradictions.

De quelles contradictions parlons-nous ? De celles-là même qui se dessinent déjà dans votre propre discours et qui rappellent aux observateurs avertis que nous sommes la vieille maxime africaine selon laquelle en France, gauche ou droite au pouvoir, c’est bonnet blanc-blanc bonnet.

Vous dites, Monsieur, représenter la jeunesse des idées françaises et une nouvelle manière de faire qui serait une cassure d’avec les paroles en l’air de vos prédécesseurs. Soit !

Mais dans l’équation de drames humains qui lient historiquement la France à l’Afrique, vous nous permettrez de douter. Pour nous Africains en général, et Gabonais en particulier, la France s’est souvent distinguée par le verbe qui crée l’espoir et l’action qui tue immédiatement cet espoir dans l’œuf. Le Général de Gaulle donna jadis aux Africains les indépendances d’une main, mais les reprit immédiatement de l’autre en imposant aux nègres des dirigeants qui, avec l’appui direct de la France, semèrent au sein de leurs peuples la dictature, l’arbitraire et la pauvreté. François-Xavier Verschave, un compatriote à vous, appela  » Françafrique  » cette politique déshumanisante de la France vis-à-vis de l’Afrique. Quelques décennies plus tard, François Mitterrand prononça à La Baule un discours libérateur empli d’espoirs nouveaux pour le continent noir, mais quand déferla sur l’Afrique le tsunami des revendications démocratiques, la France de Mitterrand s’empressa de sauver ses marionnettes, faisant ainsi le choix des compromissions mafieuses qui meurtrissent encore aujourd’hui tout un continent. Votre prédécesseur immédiat, ci-devant Jacques Chirac, a tout simplement fini de tuer en Afrique tout espoir de renouveau, réussissant même l’exploit de s’aliéner toute l’Afrique francophone. Aujourd’hui, vous n’en douterez pas, il y a cassure irrémédiable entre l’Afrique et la France.

Ainsi vont, Monsieur, les paradoxes français. D’une part, on vante à qui veut l’entendre que la France est la terre des droits de l’Homme, mais de l’autre, on viole systématiquement ces droits en refusant, par des actes de subversion organisée, non seulement l’autonomie des nations noires, mais aussi leur démocratisation. Et quand alors, par l’action historique même de la France, la dictature et la pauvreté s’installent dans les pays africains, forçant les peuples ainsi traumatisés et démunis à aller chercher en terre française les répits politiques et économiques que la France leur refuse chez eux, c’est encore cette même France qui se plaindra d’être envahie chez elle par  » toutes les misères du monde « .

Ces paroles de rejet, Monsieur, se sont souvent retrouvées sur vos propres lèvres. Tout au cours de la campagne présidentielle, vous avez, à juste titre, exprimé le désir de ne plus voir la France accueillir chez elles toutes les misères du monde. Si la France avait été un autre pays, nous aurions compris ce sentiment de rejet. Il se trouve, hélas, que la France n’est pas n’importe quel pays. La France est un pays avec un passé colonial, donc un pays qui a des responsabilités historiques dans la débâcle africaine. Il ne vous est donc pas possible de refuser d’accueillir chez vous des immigrés dont la présence en France est le résultat direct de l’action négative de la France en Afrique. Ce serait en effet, Monsieur le Président, une insulte faite aux Africains que d’affirmer ce rejet, surtout quand on sait que les misères dont vous parlez n’ont, en Afrique francophone, aucune autre cause que le rôle triplement déshumanisant que la France a joué dans la déchéance de l’Afrique : ce rôle fut historiquement cruel car la France fut esclavagiste ; ce rôle fut historiquement, socialement, culturellement et économiquement débilitant car  la France fut impérialiste et colonisatrice ; ce rôle continue, de nos jours, à être inhumain car la France de vos prédécesseurs, et celle que vous vous apprêtez déjà à instaurer, Monsieur le Président, se refuse à la repentance.

La France, Monsieur, a besoin de repentance. On ne peut tout simplement pas refuser, comme vous le faites, d’accueillir en France toutes les misères du monde et continuer, dans le même temps, à alimenter ces mêmes misères. Cela s’appelle, non pas langue de bois, mais bel et bien cruauté. Jean-Jacques Rousseau l’avait bien dit : Ce qui distingue les hommes des animaux c’est que les hommes sont naturellement bons et dotés du sentiment de pitié, ce qui veut dire qu’ils sont incapables de cruauté gratuite. Quand donc, pour quelque raison que ce soit, l’on se livre à des actes de cruauté gratuits, donc inhumains, on sort de la catégorie des hommes pour se placer dans celle des animaux.

Pourquoi la France semble-t-elle s’obstiner à être cruelle, Monsieur le Président’

Votre discours du 6 mai, Monsieur, a laissé sur nos peaux nègres la chair de poule qui accable les âmes meurtries. Nous avons lu dans votre discours des mots qui semblent indiquer que votre politique envers l’Afrique maintiendra le statut quo des cruautés qui ont, jusque-là, défini la politique africaine de la France.  Il convient donc ici de remettre au plus vite les pendules à l’heure, au cas où certains Français et/ou Africains auraient mal lu ou compris le discours que vous prononçâtes si bellement en la nuit ô combien victorieuse du dimanche 6 mai 2007.

Mais vous nous permettrez au préalable une petite digression sur le sujet de l’immigration qui vous est si cher, Monsieur le Président. Et vous excuserez le fait que de temps en temps, nous nous autorisions à parler de vous à la troisième personne. Les besoins de notre argumentation nous y obligerons parfois, hélas.

Car il nous semble que vous auriez oublié, dans votre déclaration de victoire, de dire aux Français que, plus que tout autre chose, votre victoire aux élections présidentielles françaises fut d’abord et surtout celle de l’immigration. Car on peut en effet se demander si Nicolas Sarkozy aurait eu l’opportunité de devenir président de France s’il y avait eu en face de son père, à l’époque où il immigrait en terre française,  un Le Pen déchaîné ou un Sarkozy militant férocement pour un retour des immigrés chez eux ! Nicolas Sarkozy aurait-il pu devenir président de France si son père avait été refoulé en Hongrie par … Nicolas Sarkozy ? Si donc Nicolas Sarkozy, fils d’immigré, a pu devenir président de France, n’y a-t-il pas lieu de saluer ici les merveilleuses vertus de l’immigration ?

L’immigration en tant que telle n’a, en réalité, aucune propriété intrinsèquement négative. Au contraire, elle n’offre que des vertus pour ceux qui savent en exploiter les inestimables possibilités. L’Amérique domine le monde économiquement, donc politiquement, parce qu’elle a su exploiter les apports de tous ceux qui, ayant quitté leurs pays, se sont installés en terre américaine armés de leur créativité et du farouche désir de réussir. Et ce sont cette créativité et ce désir de réussir qui ont fait d’eux le moteur de la croissance économique américaine. La France, encore ancrée dans ses vieilles conceptions du monde, n’a jamais su exploiter les innombrables vertus de l’immigration.  Ce qu’elle fait pour son équipe nationale de football, elle n’arrive pas à le faire pour son économie. Et quand donc ses dirigeants, incapables de transformer une vieille économie souffrant de son  » trop d’état « , rejettent sur les immigrés la faute du chômage endémique qui frappe le pays, on voit tout de suite la source du retard économique qu’accuse la France par rapport à ses concurrents anglo-saxons. Plutôt que de rechercher de vraies solutions au malaise économique de la France, on préfère semer chez soi le racisme et la xénophobie, comme si l’économie était une affaire de couleur de peau. La France souffre de son étatisme qui freine l’économie en encourageant la paresse, et ce n’est pas le refoulement des Nègres et des Arabes chez eux qui changera l’incapacité chronique des dirigeants français à moderniser leur économie pour la mettre au niveau de celles qui génèrent de vrais niveaux de croissance grâce à une approche véritablement libérale. Moins d’état, plus de libéralisme : voilà la recette qui engendre la richesse des nations. Consultez pour cela le très noble Montesquieu qui, lui, l’avait compris dès le 18ème siècle. Le socialisme, qui ronge et sape les capacités de croissance de l’économie, est aujourd’hui, comme le communisme, une idéologie morte. S’il y a une chose dont la France souffre, c’est bien de son socialisme et non point de son immigration. Au contraire, c’est de cette immigration que la France pourrait tirer son salut si elle savait en exploiter les potentialités tout en rejetant cette politique de préférence nationale qui exclue de certains emplois ou opportunités des étrangers hautement qualifiés au profit de Français moins compétents. Et quand on ajoute à cela une population vieillissante que la France ne pourra rajeunir toute seule sans une forte dose d’immigration, la politique économique de la France devrait plutôt s’articuler autour d’une philosophie qui ferait de l’immigration un élément essentiel du renouveau économique français.

A ce titre, la notion d’  » immigration choisie  » lancée ici et là par Monsieur Sarkozy lors de la campagne présidentielle ne veut strictement rien dire. Toute émigration ou immigration est forcément choisie. Quand on quitte son pays pour quelque raison que ce soit, l’on opère obligatoirement un acte de choix entre continuer à vivre chez soi et partir. Il n’importe alors que très peu si le départ est fait pour des causes ludiques, économiques, politiques ou autres. Quand on part, c’est soit parce qu’on ne trouve pas chez soi les conditions de son accomplissement, soit parce qu’on trouve chez les autres quelque chose de meilleur que ce que l’on a chez soi. C’est ce principe qui explique que le père de Nicolas Sarkozy ait décidé de s’installer en France et que Nicolas Sarkozy, grâce aux opportunités offertes par la France, y soit devenu président de la République. Ce n’est ni sorcier ni difficile à comprendre. Renvoyer ou maltraiter des personnes qui ont, comme les parents de Monsieur Sarkozy, fait le choix de s’installer en France devient donc un acte hautement contradictoire, surtout quand on est soi-même enfant d’immigré. Les parents de Monsieur Sarkozy ont choisi la France, les Nègres d’Afrique qui y viennent ont également fait ce choix. Qui donc, de ce point de vue, est plus digne que l’autre de rechercher en France son salut ? Celui qui s’y installe en quittant sa Hongrie natale ou celui qui s’installe en France parce que la France a appauvri son pays en y encourageant la dictature responsable de toutes les misères du monde ? Ah ! Nous oubliions… Les Africains sont soit trop nègres, soit trop basanés pour être capables de décider pour eux-mêmes leur émigration choisie. C’est donc Monsieur Sarkozy qui décidera pour eux si leur choix est un  » choix bien choisi  » ou un  » choix mal choisi « . En cas de doute, hop ! Retour immédiat à vos noires misères, Africains de l’Afrique des peaux sombres qui noircissez le ciel blanc de France et qui ne parlez pas correctement le français de France !

Mais revenons au centre de notre sujet, dont l’immigration ne constitue que la périphérie.

Ce qui nous préoccupe, en réalité, ce ne sont pas les vues de Monsieur Sarkozy sur l’immigration en France de tous les miséreux du monde. On peut lui concéder, sur ce point, le raisonnement selon lequel les Africains ont besoin de rester chez eux pour y contribuer au développement de leurs propres pays. Cependant, ce qui reste problématique et qui nous pousse à nous interroger, c’est le décalage notoire et historique entre le discours  » humaniste  » des dirigeants de France quand ils arrivent au pouvoir et la duplicité qui semble toujours caractériser leurs actes une fois bien installés au pouvoir. Cette dangereuse duplicité commande aux citoyens éclairés de rester vigilants et de ne jamais se laisser aller à des euphories qui ne manqueront pas, demain, d’être déçues.

Disons d’abord ceci : si nous avions été français, nous aurions voté pour Sarkozy car nous aimons les personnes qui ne mâchent pas les mots et qui disent toujours ce qu’elles pensent. Par ailleurs, les valeurs de travail, de mérite, de libéralisme économique, d’honneur citoyen et de nationalisme patriotique qu’il défend sont également celles que demain, nous voudrions voir s’instaurer dans un Gabon démocratisé et rénové. Nous sommes donc, au BDP-Gabon Nouveau, alignés avec Nicolas Sarkozy sur les valeurs économiques qu’il semble vouloir pour la France et les Français. Cependant, il subsiste dans le discours de Monsieur Sarkozy des zones d’ombres qu’il est important de clarifier, surtout quand il en vient à l’Afrique.

Pour ceux, donc, qui verraient en l’élection de Nicolas Sarkozy l’annonce d’une  » nouvelle France « , la France des valeurs positives et humanistes, nous disons  » détrompez-vous « . C’est ne pas connaître la France des politiques ambiguës que de supposer qu’un simple discours prononcé à l’occasion d’une euphorie électorale suffirait à faire du président Sarkozy le symbole d’une  » nouvelle France « , celle qui tranchera radicalement d’avec les valeurs anciennes pour asseoir, sur le trône des relations afro-françaises, des manières nouvelles de faire, d’agir et de collaborer. Au contraire, nous dirions aux citoyens moins éclairés de se rappeler toujours du fait que la France fait résolument partie de ce que l’on peut appeler la « vieille Europe » et que, dans cette vieille France, les hommes politiques nouveaux et anciens passent, mais les vieilles habitudes héritées de la vieille France et passées à la postérité de génération en génération demeurent.

Ne soyons donc pas naïfs.

A lire, par exemple, l’interprétation naïvement euphorique faite par le journal mauricien L’Express du 8 mai 2007 à propos de l’élection de Nicolas Sarkozy, on voit à quel point cette naïveté peut se révéler dangereuse. Prenons quelques morceaux choisis de cet article à titre d’édification:

L’article dit :  » La France de Nicolas Sarkozy fait peur. Surtout à ses partenaires africains qui voient dans le nouveau locataire de l’Elysée une menace pour les relations confortables tissées avec ce pays au fil du temps. (…) Nicolas Sarkozy lui-même ne croit pas au « réseautage », si l’on se fie à son discours, notamment lors de sa tournée en Afrique francophone en mai 2006. On se souviendra de cette phrase assassine lâchée à Bamako (Mali) et qui lui a valu l’ire des dirigeants africains francophones : « Economiquement, nous n’avons pas besoin de l’Afrique. » Sarkozy prône des relations plus classiques avec les pays du continent, au même titre qu’avec les autres nations. Lors du débat télévisé à quelques jours du deuxième tour de la présidentielle, il avait insisté sur la réciprocité dans les relations futures de la France avec les autres pays. Les observateurs de la politique française décodent. En somme, Sarkozy sonne le glas pour la « Françafrique », concept cher à Jacques Chirac et qui est un mélange de paternalisme et de réseaux « .

Jane L. O’Neill et Shyama Soondur, auteurs de cet article, semblent dans l’extrait ci-dessus croire à un Nicolas Sarkozy qui viendrait chambouler les vieux rapports entre la France et l’Afrique et ainsi montrer sa différence d’avec ses prédécesseurs. ERREUR !

Certes, Nicolas Sarkozy lui-même, dans ses discours et interviews de campagne, semble avoir voulu conforter cette idée de cassure en se déclarant pour des relations moins personnalisées avec les dirigeants africains, allusion sans doute aux « Papa Giscard » et « Frère Chirac » qui portèrent au zénith de l’absurdité ces rapports de mafia, pardon, de « fraternité » avec des dictateurs africains encore tenus au collier comme des chiens par la France. Et ce sont ces discours qui ont poussé certains à naïvement croire que Nicolas Sarkozy ferait peur aux dictateurs et serait prêt à s’en prendre aux présidents du vieux pré-carré africain de la France.

Mais quand on y pense réellement, une question ne peut s’empêcher de venir à l’esprit : quel intérêt aurait Nicolas Sarkozy à chambouler l’héritage colonial de la France ? Et doit-on le croire sur parole quand il déclara, par exemple, qu’économiquement, la France n’avait pas besoin de l’Afrique ?

Quand on est élève de l’histoire et que l’on a l’aptitude du souvenir, l’on ne doit jamais se laisser aller à une naïveté béate. L’histoire de la France n’a jamais été une histoire de cassures, mais plutôt de continuités. Tout comme la Révolution française ne put totalement briser l’esprit épris de monarchie des Français (le président français est encore aujourd’hui une sorte de monarque avec des pouvoirs à peine limités), les changements de régimes politiques en France n’ont jamais rien changé à la politique africaine de la France. Il suffit pour cela, comme nous l’avons mentionné plus haut, de se rappeler du fameux discours de François Mitterrand à La Baule en juin 1990, discours qui fit rêver l’Afrique des jeunes, tellement il promettait enfin, chose jamais vue jusqu’alors, aux Africains la fin des dictatures et l’avènement de la démocratie. Or, ce discours, se rend-on enfin compte aujourd’hui, ne fut, si l’on ose dire, que du pipeau. Il n’a abouti à aucune conséquence autre que le renforcement paradoxal des dictatures africaines avec … l’aide de cette même France qui n’a jamais cessé, depuis lors, de s’interposer entre les Africains et leurs libertés.

En quoi donc les discours plus que flous de Nicolas Sarkozy sur l’Afrique et ce qu’il déclare vouloir en faire viendraient-ils changer l’équation historiquement paternaliste qui lie la France au continent noir depuis près de 500 ans (oui, 500 ans, et non 200 ans comme on le dit parfois ici et là)?

Il faut par conséquent aborder le discours du 6 mai de Nicolas Sarkozy avec le plus de sang-froid possible, nous dirons même avec la froideur qui s’impose. Cette froideur nous commande de retenir de ce discours deux lignes de pensée qui ne trompent pas et qui dénotent déjà pour nous comme pour ceux qui savent analyser, le statut quo que Nicolas Sarkozy, comme ses prédécesseurs, se prépare à pérenniser.

Les deux lignes de pensée dont il s’agit ici sont les suivantes:

Nicolas Sarkozy, le 6 mai 2007 avait déclaré ceci (les parties en italiques sont soulignées par nous) :  » Je veux rendre aux Français la fierté d’être Français. Je veux en finir avec la repentance qui est une forme de haine de soi, et la concurrence des mémoires qui nourrit la haine des autres (…) J’appelle chacun à ne pas se laisser enfermer dans l’intolérance et dans le sectarisme, mais à s’ouvrir aux autres, à ceux qui ont des idées différentes, à ceux qui ont d’autres convictions « .

On notera d’abord, sur le plan de la forme, la flagrante contradiction qui se trouve dans cet extrait de discours. D’une part, le président élu déclarait ici vouloir débarrasser la France de l’intolérance et du sectarisme, appelant ainsi les Français à « s’ouvrir aux autres, à ceux qui ont des idées différentes, à ceux qui ont d’autres convictions. » Mais, d’autre part, il invitait les Français à des idées très sectaires comme « la fierté d’être français », le refus de la « repentance » et le rejet de la « concurrence des mémoires ». On peut alors se demander comment on pourrait être tolérant dans une société qui exclue l’autre sur la base d’une francité qui, par essence, vise à l’assimilation de l’autre, donc à la négation de son identité? Peut-on vraiment être tolérant des souffrances et des opinions des autres si l’on se refuse à la repentance et à la concurrence des mémoires, repentance et mémoires étant, pour une société qui se veut diverse et inclusive, des conditions nécessaires à une vraie intégration, à une vraie réconciliation nationale et internationale sur la base de mémoires historiques non seulement partagées, mais également assumées, donc pardonnées ?

Et que peuvent bien vouloir dire, Monsieur le Président, ces refus de la repentance et de la concurrence des mémoires que vous souhaitez instituer en France ?

Nous voyons, hélas, ces idées comme dangereuses car anachroniques par rapport à l’esprit de tolérance dont vous parlez. Tolérance et exclusion ne peuvent aller ensemble. Ce qui se dessine dans ces pensées, Monsieur le Président, nous ramène inexorablement à la vieille France des exclusions et de la préférence nationale, et non à la France des diversités, du progrès et de la réconciliation des mémoires. La France s’est, de tous temps, exactement comme vous le suggérez, refusée à reconnaître ses quatre plus gros crimes contre l’humanité, à savoir l’esclavage des Noirs, la colonisation criminelle du continent africain, le génocide au Rwanda, et ce que Senghor appela jadis la « Kollaboration » à l’époque de l’Allemagne nazie, « Kollaboration » qui se fit complice du supplice des Juifs dans les chambres à gaz de leurs bourreaux allemands. Refuser la repentance et la concurrence des mémoires veut donc dire que Monsieur Sarkozy se refuserait non seulement à reconnaître les responsabilités de la France dans ces crimes contre l’humanité, mais également à réparer les maux historiques causés par la France aux Africains.

Refuser la repentance et la concurrence des mémoires, finalement, Monsieur, c’est aussi nier le pillage économique et humain dont l’Afrique fut l’objet aux mains des nations européennes depuis le 15e siècle. L’Afrique est, certes, pauvre aujourd’hui, mais c’est parce qu’elle a été systématiquement pillée par les Européens, dont la France. Or, par refus de mémoire ou par cécité mémorielle, Monsieur le Président, vous n’arrivez pas à voir le lien névralgique qui existe entre la pauvreté et l’instabilité chronique de l’Afrique aujourd’hui et le rôle hautement néfaste que les nations européennes jouèrent sur le continent noir depuis le Moyen Age.

Monsieur Sarkozy n’est certes pas élève de l’histoire, mais nous dirions quant à nous qu’aucun président français ne peut se permettre d’ignorer l’histoire. Certaines ignorances sont trop dangereuses pour être permises. Une chose est d’ignorer la part de l’électricité d’origine nucléaire dans la consommation d’électricité des Français dans un débat avec Ségolène Royal alors qu’on est membre du gouvernement qui gère la France, une autre est de vouloir comme cela interpréter l’histoire des cruautés faites à l’Afrique à sa manière.

Monsieur Sarkozy ne peut donc se permettre ni le mépris des Africains, ni l’ignorance du lien qui existe entre le pillage systématique de l’Afrique francophone par la France et l’immigration qui en découle. Voir l’immigration africaine en France comme un phénomène isolé qui serait né uniquement de l’animalité des Africains, et non comme la conséquence directe de l’esclavage criminel auquel la France a historiquement soumis l’Afrique, serait en quelque sorte l’expression d’une arrogance qui constituerait, dans ce cas précis, une grave insulte à l’encontre de ces peuples opprimés en Afrique par les dictateurs que la France continue à leur imposer.

Nous osons donc espérer, Monsieur le Président, que vos déclarations de Bamako en 2006 ne furent que les innocentes paroles qui sortent de la bouche d’un homme ignorant de l’histoire de la France. En cela, nous vous pardonnons.

Mais sachez que si vous aviez été élève de l’histoire, vous auriez découvert que:

– Quand un esclavage tel que celui qui fut alimenté en Afrique par les Européens depuis le 15e siècle enlève à un continent plus de 30 millions d’âmes pour les transplanter à l’autre bout du monde, c’est tout un continent qui s’en retrouve déstabilisé politiquement, culturellement et économiquement, et ceci de manière durable vu que le dépeuplement qui en a résulté a mené à un déficit humain conséquent.

– La France n’a pas besoin de l’Afrique, dites-vous, Monsieur Sarkozy? Faux. C’est l’Afrique qui a fait la France au prix de son sang. Savez-vous que  le commerce des esclaves et l’exploitation inhumaine des Africains comme esclaves dans les possessions antillaises de la France représenta, vers la moitié du 18ème siècle, près de 25% de l’économie française, à un moment où cette économie était secouée par des crises financières successives qui en avaient pratiquement vidé les coffres ? Savez-vous que c’est grâce à la traite négrière et à l’exploitation des colonies que la France avait pu se construire une économie capable de rattraper, tant bien que mal, le retard accusé par rapport à l’Angleterre, elle aussi engagée dans le commerce colonial ?

L’économie française, osons-nous affirmer, Monsieur le Président, s’est construite sur le sang des Africains. Nous en voulons pour preuve ces lignes tirées d’un article intitulé  » Dossier : La France qui s’exporte  » publié sur le site du ministère des affaires étrangères diplomatie.gouv.fr par votre propre gouvernement. Cet article dit :  » Au début des années 60, la France n’avait pas ou peu de vocation exportatrice. Longtemps tourné vers ses anciennes colonies d’Afrique et d’Asie qui constituaient un marché captif, son commerce extérieur avec les pays industrialisés ne s’est en effet développé que progressivement avec la décolonisation, puis la suppression du protectionnisme et l’instauration du Marché commun européen. Mais cela n’a pas été sans mal.  »  Comme vous le voyez, cet article reconnaît au moins que les marchés coloniaux  » captifs  » de votre pays furent, jusqu’aux années 1960, la principale source de richesses extérieures pour la France et que la France eut grand mal à se recentrer sur l’Europe après tant d’années de dépendance vis-à-vis des richesses tirées des  » marchés captifs  » coloniaux. Il n’y a aucune raison de croire que les marchés captifs que la France contrôle encore aujourd’hui en terre africaine ne continuent de contribuer à la survie économique de la France, surtout quand on considère les compagnies françaises installées en Afrique et les monopoles mafieux dont ils jouissent encore, sans compter les fuites de capitaux que la mafia françafricaine n’a cessé d’organiser et qui saignent à blanc le continent noir!

Pour bien juger du rôle néfaste qu’ont joué les Occidentaux dans la débâcle de l’Afrique, il suffit de regarder les chiffres suivants :

– L’Afrique sub-saharienne reçoit chaque année une « aide » internationale évaluée à près de 10 milliards de dollars seulement, mais elle dépense chaque année 14 milliards de dollars pour payer la dette qui découle de cette « aide ».

– La corruption et les détournements causés par le mariage entre la classe politique mafieuse africaine et ses associés étrangers ont causé, en 1991, la sortie de 200 milliards de dollars des coffres africains vers des comptes privés à l’étranger. Comparez cela à la dette générale de l’Afrique à l’époque, qui se situait à environ 320 milliards de dollars. Autrement dit sans les réseaux de corruption internationale qui se sont tissés entre les Occidentaux et leurs relais nègres sur le continent, l’Afrique n’aurait pratiquement pas de dette.

– L’Afrique, entre 1970 et 2002, a reçu 540 milliards de dollars en « aide » (qui ne sont en fait que des prêts à taux d’intérêts prohibitifs) ; elle en a remboursé $550 milliards, MAIS est restée à devoir encore près de 295 milliards. Autrement dit, elle a emprunté 540 milliards pour rembourser plus de 845 milliards au moins !!!  Et vu que les 295 milliards restants n’ont cessé d’augmenter avec les intérêts gigantesques que l’Afrique doit payer sur sa dette, et considérant que l’Afrique doit continuer à emprunter pour survivre dans un contexte de ruine économique totale, c’est le cercle vicieux qui s’installe. Le continent est tout simplement condamné à continuer à ne vivre que de la dette et à se vider de ses ressources à cause de la dette. Le parasitisme économique de l’Europe a donc fait de ce continent une vache laitière dont les ressources ne profitent qu’à l’Europe, et non point à ses populations paupérisées. Et ceci ne concerne que les transactions monétaires relatives à la dette ! Or, il y a de nombreux autres circuits par lesquels l’argent africain sort du continent pour aller enrichir les nations occidentales. Il est estimé par exemple que 70% des capitaux privés qui sortent de l’Afrique sont des capitaux fugitifs, c’est-à-dire des capitaux résultant de détournements et de vols en sol africain par ses élites dirigeantes. Ces capitaux se retrouvent légalement investis en Occident, contribuant ainsi à la création d’emplois et à la croissance des économies occidentales au détriment des économies africaines.

Mais Monsieur Sarkozy nous dira que les occidentaux n’ont pas besoin de l’Afrique sur le plan économique ! Il nous semblerait pourtant que la raison pour laquelle la France s’est tant accrochée à son pré carré africain résidait uniquement et surtout dans l’activité économique qu’elle y pratiquait, ayant de par son statut d’ancienne nation colonisatrice joui du monopole le plus absolu sur les économies africaines. Dire l’opposé serait ignorer les lois du capitalisme : on ne reste pas sur une terre dont on ne tire rien et on n’y investit rien qui ne contienne la promesse de retours bénéficiaires. C’est dire, donc, que la présence de compagnies françaises se justifie uniquement par les profits qui se dégagent de leur présence sur le continent.

Il est vrai que Monsieur Sarkozy a déclaré dans ses multiples discours que la colonisation française fut bonne pour l’Afrique. Si tel fut le cas, on ne comprend pas alors pourquoi Monsieur Sarkozy se plaint de l’immigration. Si la colonisation française avait été bonne pour l’Afrique, comment expliquer que les Africains quittent chaque jour leur continent par milliers pour aller en France rechercher leur pitance ? On n’a jamais vu quelqu’un fuir ce qui est bon, ni quitter son pays pour s’installer dans un autre alors que tout est parfait chez soi. L’immigration africaine, Monsieur Sarkozy, est tout simplement le résultat de l’inhumaine histoire de la France en Afrique ; c’est le résultat d’un génocide dont il faudra bien un jour accepter la mémoire. Vous aurez beau refouler ces nègres par containers et charters, mais tant que la France n’aura pas fait sienne cette mémoire qui la déshonore, ces Africains se pointeront continuellement dans votre pays pour encombrer vos narines de leurs odeurs de sueur et de soupes huileuses, vos rues de leurs noirceurs réprobatrices et votre mémoire de la dette qui est la vôtre envers ce continent que la France a contribué à dépecer jusqu’à l’agonie.

Dans votre discours du 6 mai, Monsieur Sarkozy, vous avez lancé  » à tous les Africains un appel fraternel  » pour leur dire que vous vouliez les aider à vaincre la maladie, la famine et la pauvreté et à vivre en paix « . Vous avez également ajouté :  » Je veux leur dire que nous déciderons ensemble d’une politique d’immigration maîtrisée et d’une politique de développement ambitieuse « .

Non, Monsieur Sarkozy, l’Afrique ne veut plus être  » aidée « . L’Afrique n’a besoin ni de l’aide de la France, ni de sa présence. L’Afrique n’a que trop souffert de ces paternalismes qui, sous prétexte d’aide, l’ont enfoncée un peu plus. Ce qu’elle veut, c’est qu’on lui fiche la paix et qu’on arrête de la prendre pour une Afrique mendiante en constante quête d’aumône. Les aumônes de l’Occident ont semé sur le continent encore plus de pauvreté que si on avait laissé ce continent se débattre dans ses propres problèmes et les résoudre par lui-même. Où en sont aujourd’hui les fameux ajustements structurels imposés par le FMI et la Banque mondiale? Où en sont les exigences de démocratisation ? Tout ce qui en a résulté, c’est une dette encore plus débilitante et des sociétés encore plus pauvres.

Et vous savez pourquoi ces ajustements structurels n’ont pas marché ? C’est parce que vous, occidentaux, parlez avec la langue fourchue. Vous aimez appliquer à l’Afrique des solutions au rabais que vous n’accepteriez jamais pour vous-mêmes. Dans vos propres théories économiques, vous avez depuis des siècles démontré qu’aucune économie ne pouvait se développer si elle contient en elle des vices comme la corruption, le népotisme, l’autoritarisme despotique et le manque de libertés politiques et économiques. Or, vous avez voulu faire croire aux Africains que le développement pouvait se passer dans des contextes où la dictature et la corruption règnent et annihilent la créativité citoyenne ; vous avez voulu leur faire croire que dictature et développement pouvaient cohabiter, alors que tout le monde savait que seule la démocratie véritable pouvait créer les conditions pertinentes à un développement durable. Et aujourd’hui, il est clair que la Banque mondiale et le FMI, les porte-voix des nations qui dominent le monde, n’ont fait qu’accentuer les malheurs de l’Afrique en n’insistant pas sur l’obligation de démocratie. Parce que vous saviez toutes ces vérités, on ne peut que conclure à une machination occidentale visant à ruiner ce continent pour en faire le théâtre de la bestialité que vous n’acceptiez plus pour vous-mêmes. Honte à vous, occidentaux, pour avoir agi avec une duplicité criminelle vis-à-vis de ce pauvre continent rendu exsangue par vos soins.

Non, Monsieur Sarkozy. L’Afrique francophone ne veut plus être aidée par la France. Ce dont cette Afrique a besoin, c’est véritablement que la France lui fiche la paix pour que, toute seule, elle retrouve les équilibres politiques et économiques naturels qui lui permettraient de sortir de la pauvreté et de l’instabilité politique grâce à son propre génie. L’aide de la France, dans ce contexte, est une aide empoisonnée. Elle rappelle l’histoire de ce pompier qui provoqua volontairement lui-même un incendie qu’il s’activa par la suite à éteindre, tout cela dans le but de se faire acclamer en héros. La misère de l’Afrique francophone ayant pour cause la France, il nous apparaît contradictoire que cette France continue à vouloir jouer les pompiers sur des terres qu’elle aura elle-même incendiées.

Voulez-vous des exemples’ En voilà :

– Gabon : La France, après être intervenue militairement en 1964 pour rétablir Léon Mba au pouvoir, tua la jeune démocratie gabonaise en 1967 en imposant aux Gabonais un animal nommé Albert Bernard Bongo. Depuis, la France n’a cessé d’aider Omar Bongo à consolider sa dictature. Pire, depuis le simulacre d’élections qui se tiennent dans ce pays depuis la restauration du multipartisme en 1990, la France n’a cessé de valider les « victoires » électorales pourtant frauduleuses du dictateur. Résultat’ Le Gabon, l’un des plus riches pays d’Afrique, est aujourd’hui ruiné par la mafia bongoïste au pouvoir depuis 40 ans et se retrouve avec des richesses naturelles pillées et plus de 60% de sa population vivant sous le seuil de pauvreté. Ce bilan, Monsieur Sarkozy, est à mettre au passif de la France.

– Afrique : La main à peine invisible de la France est présente non seulement dans les meurtres de leaders politiques africains tels Ruben Um Nyobé  en 1958 (Cameroun), Sylvanus Olympio en 1963 (Togo), Outel Bono en 1973 (Tchad), Thomas Sankara en 1987 (Burkina Faso), pour ne citer que ceux-là, mais aussi dans les crises politiques de Madagascar en 2001-2002, le génocide au Rwanda en 1994, les guerres civiles du Congo-Brazzaville (1997-2003) et de Côte d’Ivoire (1999-2007), sans oublier l’installation de bébé Eyadéma au Togo en 2005 suite au décès de son animal de père, et nous en passons.

Les exemples sont légions qui montrent, Monsieur, que la France est non seulement cause de guerres civiles et d’instabilités politiques en Afrique, mais aussi source de pauvreté.

Vous dites, certes, aux Africains que vous serez différent de vos prédécesseurs, que vous mettrez fin aux relations personnalisées entre leaders français et africains. Pouvez-vous alors expliquer le fait qu’Omar Bongo ait révélé en se vantant le 8 mai dans une interview radio sur RFI que Nicolas Sarkozy, à peine élu, avait pris lui-même le téléphone pour appeler « papa Bongo » et le remercier pour ses « conseils » ?

Dites-nous alors comment, dans ce cas, vous comptez être différent de Jacques Chirac, Monsieur Sarkozy. Si le nouveau président démocratiquement élu de France que vous êtes, avant même que d’avoir pris officiellement le pouvoir, se met déjà à appeler des dictateurs de la trempe d’Omar Bongo (40 ans au pouvoir!) pour les remercier de l’avoir aidé à se faire élire en France, vous comprendrez pourquoi de nombreux Africains peuvent se permettre le doute !

Quel terrible signe, en effet ! N’appartenait-il pas à Nicolas Sarkozy, pour donner le ton, de demander à ce dictateur de foutre le camp du pouvoir, au lieu, comme le firent Giscard, Mitterrand et Chirac, de le « récompenser » par un geste de déférence ? Signe donc, que le virus de la vieille France qui vivait en Jacques Chirac vit également en Nicolas Sarkozy. On peut déjà prédire que Monsieur le Président Sarkozy, qui aime le luxe beaucoup plus que ses prédécesseurs, ira bientôt chercher « sa part » chez « papa Bongo » et sceller ainsi, sur le dos ensanglanté des Gabonais, le pacte de meurtrissures nouvelles.

Voyez-vous enfin, Monsieur le Président, le lien entre l’immigration dont vous vous plaignez tant et l’action de la France qui, en encourageant la dictature, donc la pauvreté, alimente cette immigration ? Vous déclarez être opposé à la concurrence des mémoires. Mais si vous compreniez bien le passé colonial de la France, vous ne vous permettriez pas de dire une telle chose. Il y a tout un bagage de mémoires dont la France ne peut se défaire avec cette manière cavalière dont vous avez le secret, comme cela, du revers de la main. Plutôt que de refuser la repentance et la concurrence des mémoires, la France, au travers de vous, se doit, si votre discours se veut vrai, d’assumer une bonne fois pour toute sa responsabilité historique envers l’Afrique.

Vous dites aussi que vous êtes prêt à défendre les  » valeurs de tolérance, de liberté, de démocratie et d’humanisme  » au profit de tous ceux qui sont  » persécutés par les tyrannies et par les dictatures  » à travers le monde. Nous osons vouloir vous croire. Mais il faudra néanmoins convenir avec nous, Monsieur, que de sérieux doutes subsistent.

Car si pour Jacques Chirac, la démocratie fut un luxe pour les Africains, comme le montre d’ailleurs son manque d’engouement tout au long de son règne à pousser les dictateurs amis à réformer et à démocratiser, nous craignons bien que les liens qui lient déjà Nicolas Sarkozy à ces mêmes dictatures ne viennent contredire les belles paroles du nouveau président. Vis-à-vis des Africains, la France a toujours souffert d’une langue de bois qui frise le paternalisme le plus insupportable.

Nous en voulons pour preuve les flagrantes contradictions suivantes:

– L’Ancien Régime français d’avant la Révolution de 1789 comportait une loi qui disait qu’aucun esclave n’était permis en territoire français. Pourtant, la France, pour justifier l’esclavage des Nègres, autorisa deux types de lois: une loi pour les Français du Royaume (en Europe) et une loi pour ses territoires antillais (le Code Noir). Or, ce Code Noir fut tout ce qu’il y a de plus cruel puisqu’il représentait la négation la plus forte de l’humanité du Noir, qui devenait ainsi un simple objet dont le maître blanc pouvait faire ce qu’il voulait.

– Quand, au 18ème siècle, la Révolution française restaura l’Homme dans sa dignité en proclamant les droits de l’Homme en 1789, les révolutionnaires « oublièrent » les esclaves noirs. Ceux-ci, aux Antilles, durent se révolter pour forcer les révolutionnaires à abolir l’esclavage en 1794. Mais comme personne ne respecta les clauses de ce décret, les esclaves durent maintenir leurs révoltes jusqu’à la proclamation unilatérale de l’indépendance de Saint-Domingue (actuel Haïti) par Toussaint Louverture en 1804. Ce n’est qu’en 1848 que la France finit par réellement abolir l’esclavage.

– Les philosophes français, de Montesquieu à Rousseau et Voltaire, en passant par des abolitionnistes comme Condorcet, l’Abbé Raynal et l’Abbé Grégoire, ne surent jamais reconnaître les Noirs comme des hommes. Condorcet, le plus grand abolitionniste français, proposa même que l’on attendît 70 ans avant que de libérer totalement les esclaves. L’Abbé Grégoire, quant à lui, s’était opposé au décret d’abolition de 1794, trouvant cette abolition trop rapide. Il passait pourtant pour un défenseur des droits des Noirs. Condorcet et l’Abbé Grégoire figurent aujourd’hui au Panthéon français comme de grands humanistes.

– Le Général de Gaulle, après avoir pourtant vu la France défaite et conquise par l’Allemagne, ne sut pas tirer de cette expérience la compassion qu’il fallait pour les Africains. Il hésita à donner leurs indépendances aux Africains parce qu’il pensait les Africains incapables d’assumer  » responsablement  » leur liberté. Voilà pourquoi, comme seul héritage, il légua aux Africains les mécanismes d’une Françafrique mafieuse qui continue à appauvrir l’Afrique francophone.

La France s’est historiquement sentie dotée d’une mission  » civilisatrice  » qui permet encore aujourd’hui à Nicolas Sarkozy de voir les Africains comme des enfants ayant besoin d’être aidés, et de saluer la colonisation comme un acte positif.  La France s’est aussi pendant longtemps érigée en parrain de l’Afrique, aboutissant ainsi à un paternalisme qui a permis à Jacques Chirac de penser que l’Afrique n’était pas encore prête pour la démocratie.

C’est cette attitude paternaliste qui avait poussé l’Abbé Raboisson à écrire en 1877 que  » partout où le Français a mis le pied, ne fût-ce qu’un instant, il a rendu français le sol qu’il a foulé. Partout il a laissé des sympathies obstinées qui ont résisté à toutes les destructions, celles des révolutions et des temps « . Et Jean Jaurès de renchérir en 1881 en déclarant que  » Là où la France est établie, on l’aime; là où elle n’a fait que passer, on la regrette; partout où sa lumière resplendit, elle est bienfaisante; là où elle ne brille plus, elle a laissé derrière elle un long et doux crépuscule où les regards et les cœurs restent attachés « . Et Onésime Reclus de conclure:  » En Afrique, nous sommes Rome par la paix française, par la langue, par l’unité des efforts contre la confusion des élans sans but, bref par une supériorité prodigieuse « .

Au vu de telles masturbations nationalistes, comment s’étonner que le virus héréditaire du paternalisme, du préjugé et du racisme ait imprégné des générations de dirigeants français qui n’arrêtent point de proclamer, sans mentionner le crime de l’esclavage et du colonialisme, que la France ne fit que du bien aux Africains, et que ces Africains en seraient donc, à leurs yeux, éternellement reconnaissants’

Non, Monsieur Sarkozy.
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Bongo-Sarkozy: Parasites qui rongent l’Afrique ?
L’Afrique en a marre d’être aidée. De l’aide de la France, elle n’en veut plus. Il n’y a plus aucun pays en Afrique francophone aujourd’hui qui n’ait assez d’intellectuels ou de cadres capables de maîtriser les rouages des économies modernes. Il n’y a aucun pays en Afrique francophone où les citoyens ne veuillent d’une démocratie où l’on respecte les institutions et la voix du peuple. Il n’y a aucun pays en Afrique francophone où l’on ne souhaite la fin de l’hégémonie économique et politique de la France. Ce n’est donc pas de l’aide de la France dont l’Afrique a besoin aujourd’hui, mais de son désengagement.

La solution aux problèmes politiques et économiques de l’Afrique passe nécessairement par un désengagement politique de la France. Pour qu’un vrai partenariat puisse, à l’avenir, s’instaurer entre la France et l’Afrique, les conditions suivantes doivent être remplies :

1) Consignation à bases de l’armée française, de manière à ne plus en faire un instrument de protection et de restauration des régimes dictatoriaux qui seraient mis en difficulté par des révoltes citoyennes; ceci suppose la cessation immédiate de tout soutien politique, économique et militaire aux dictateurs africains ;

2) Laisser les Africains, par des soulèvements populaires ou autres, défaire eux-mêmes les dictatures réfractaires et ériger, à leur place, des institutions plus adaptées aux besoins démocratiques de chacun de nos pays selon un esprit bien africain ;

3) Respecter la souveraineté des peuples, leur droit inaliénable à désigner leurs propres dirigeants et leur capacité à décider pour eux-mêmes de la destinée de leurs pays.

4) Ne plus apporter de soutien politique aux hommes politiques africains en période électorale. La France est connue pour déclarer, et donc, valider, la victoire des dictateurs africains après des élections truquées alors même que de tels résultats ne passeraient pas le test de la démocratie en France. Pourquoi accepter pour l’Afrique ce que la France serait incapable d’accepter pour elle-même?

5) Déclarer la suspension des relations diplomatiques et économiques avec tout pays africain qui aurait à sa tête un président élu dans des conditions douteuses et qui se refuserait à la transparence électorale. Vous en avez une pléthore: Gabon, Togo, Cameroun, Congo Brazza, etc.

6) Déclarer un embargo économique immédiat contre tout pays avec un président ayant passé plus de 15 ans au pouvoir qui se refuserait à le quitter immédiatement et sans conditions. Ceci impose de faire une liste exhaustive de tous les pays incriminés. Nous pourrions vous aider à faire une telle liste si vous le désirez. Mais quoique vous fassiez, commencez par le Gabon où votre cher  » papa Bongo  » est aujourd’hui détenteur du honteux palmarès de plus ancien président du monde (40 ans au pouvoir !). Puisque la France, selon vos propres dire, n’a pas besoin de l’Afrique et n’en tire rien, il ne vous sera pas difficile de faire fermer boutique aux compagnies françaises dans les pays où les dictateurs résisteront aux revendications démocratiques de leurs peuples.

7) Geler les fonds et investissements que les dictateurs ont détournés de leur pays et déposés dans des banques françaises et étrangères. Cet argent appartient aux Africains et il doit être retourné aux gouvernements respectifs de ces pays dès lors que l’alternance démocratique aura été avérée.

Voilà, Monsieur, le type d’aide que l’Afrique attend de la France, c’est-à-dire un désengagement clair et net des affaires africaines tant sur le plan politique qu’économique. Nous en avons assez de voir le continent décrit comme un continent mendiant alors que l’Afrique est tout sauf pauvre. La pauvreté africaine est systémique et non systématique. Elle est conjoncturelle et non structurelle. Tout ce dont l’Afrique a besoin, c’est de démocratie et d’état de droit. Et ceci n’est pas possible tant que la France télécommandera de Paris les affaires africaines.

Si, comme vous le dites, la France ne tire rien de l’Afrique, nous osons croire qu’il vous sera très facile de désengager la France des affaires africaines de la manière que nous venons d’édicter. Vous verrez alors que ceux que vous avez longtemps pris pour des enfants seront capables de se prendre en main tous seuls et de développer pour eux-mêmes les sociétés qui correspondent à leurs aspirations.

Et peut-être vous rendrez-vous alors compte des vraies vertus de la démocratie. La démocratie, Monsieur, n’est pas un vain mot. Parce que c’est le seul système politique qui, tout en garantissant et protégeant les droits des citoyens, galvanise les énergies qui travaillent et le génie qui innove, la démocratie ne peut que transformer positivement l’Afrique. En 10 ans, l’Afrique sera capable, si démocratisée, d’éliminer par ses propres forces la corruption, le militarisme, la dictature, les détournements, le sectarisme, le tribalisme, et poser les jalons qui diminueront les misères, la maladie et la pauvreté, donc réduiront les émigrations en terre française qui vous irritent tant.

Monsieur Sarkozy, cette Afrique peut éclore sous vos propres yeux, dès la fin de votre présidence. Et alors que vous ne voyez rien de positif aujourd’hui dans ce que l’Afrique peut apporter à la France, vous seriez surpris de découvrir que le seul capital humain de l’Afrique francophone est en fait, pour la France, la plus grosse ressource qui soit, celle-là même qui n’a jamais été réellement vue à sa juste valeur et qui pourtant demain pourrait sauver la France.

Monsieur, les économistes vous diront que les 300 millions de personnes qui vivent dans l’aire francophone aujourd’hui, une aire dont l’Afrique représente le plus gros morceau, sont une mine d’or inexploitée pour l’économie française. Au jour d’aujourd’hui, l’Afrique francophone n’est pas solvable, donc elle est en effet économiquement inutile à la France non pas parce qu’elle ne lui apporte rien (ce qui est faux), mais parce qu’elle est incapable de consommer français.

Imaginez pourtant demain une Afrique francophone débarrassée de ses dictateurs, grisée par ses nouvelles libertés et lancée à la conquête des nouvelles opportunités nationales et internationales qui en découleraient; imaginez demain cette Afrique devenir solvable, réduire ses dettes et commencer à consommer les productions françaises à des niveaux non seulement individuels, mais aussi industriels; imaginez demain ses économies grandir, devenir soutenables et porter une Afrique francophone économiquement forte vers une mondialisation dont elle saura, comme d’autres, tirer les dividendes. Monsieur, cette Afrique libre qui se lèverait pour devenir un partenaire valable est celle qui enrichira la France car il y a un marché de 300 millions de francophones à développer.

Oubliez, Monsieur Sarkozy, l’Europe dans laquelle la France se débat péniblement aujourd’hui. C’est dans une Afrique libre et rénovée que se trouve le salut économique de la France, pas ailleurs.

Mais pour parvenir à créer cette Afrique des renouveaux et des espoirs, il n’y a qu’une seule chose à faire, Monsieur Sarkozy: Lâchez les dictateurs et les faux démocrates que la France a contribué à fabriquer un peu partout dans son ancienne chasse gardée et n’intervenez plus dans les affaires africaines, ni pour apporter de l’aide, ni pour vous impliquer dans ses affaires politiques.

Au Gabon, les patriotes s’apprêtent à lancer l’assaut révolutionnaire contre les courants anti-démocratiques qui maintiennent le Gabon sous dictature depuis 40 ans. Et comme l’implication démesurée de la France dans la politique gabonaise crée chez nous une situation où s’attaquer au régime Bongo devient obligatoirement synonyme de s’attaquer à la France et à ses intérêts au Gabon, une seule question reste posée: la France saura-t-elle se désengager de son soutien inconditionnel à la dictature d’Omar Bongo pour laisser les Gabonais reconquérir librement leurs libertés confisquées, sans craindre une intervention militaire française? La France se gardera-t-elle, comme elle le fait souvent, de mettre son armée dans les rues du Gabon pour prévenir la chute du régime et ainsi compromettre l’accès des Gabonais à une démocratie similaire à celle que vit la France?

Nous voulons des garanties, Monsieur Sarkozy, pas des mots. Ce n’est pas à la France que les Gabonais veulent faire la guerre, mais au régime Bongo. La France est-elle prête, à cause de son entêtement auprès des dictateurs, à porter sur elle la responsabilité d’un Gabon instable et ensanglanté par la guerre, comme en Côte d’Ivoire? Combien de Côte d’Ivoires la France est-elle prête à voir exploser en Afrique avant de comprendre qu’il est temps désormais de se plier aux exigences démocratiques des jeunes africains déroutés par les misères politiques et économiques qui paralysent leurs pays, une paralysie dont la plus grande responsabilité incombe à la France des racismes fossilisés’ Le crime commis par vos prédécesseurs, Monsieur Sarkozy, fut de croire que parce qu’elle est noire, l’Afrique n’a pas droit à la démocratie, démocratie qui serait ainsi la seule prérogative, et le seul luxe, des nations blanches d’Europe. Cette vision de l’Afrique doit cesser.

Nous savons l’Afrique capable de se prendre elle-même en charge. Il y a aujourd’hui en Afrique des richesses économiques et humaines qui pourraient lui assurer, dès les premières dix années d’autonomie et de démocratie réelles, la stabilité et les transformations nécessaires à sa brave évolution vers le développement durable. Bref, Monsieur le Président Sarkozy, nous sommes optimistes pour l’Afrique. Ce n’est pas, comme l’ont dit, l’Afrique qui retarde l’Afrique. Ce sont les occidentaux qui la retardent, à l’instar de l’action nocive de la France en Afrique francophone. Mais pour que la nouvelle Afrique voulue par les jeunes francophones puisse éclore, elle a besoin que la France lui fiche la paix.

Serez-vous alors, Monsieur, le premier président français à réellement sortir des discours creux sur la France des droits de l’homme, pour enfin, par de vrais actes et des paroles claires, mener le combat qui s’impose auprès des forces réformatrices qui aujourd’hui sont persécutées un peu partout sur le continent africain par l’action conjuguée des forces anti-démocratiques occidentales et celles qui, en Afrique, leur servent de relais.

C’est donc au mot que l’Afrique vous prendra, Monsieur Sarkozy. La France vient de connaître son renouveau démocratique, l’Afrique a désormais droit au sien. Nous saluons votre élection à la présidence de la république française parce que nous reconnaissons le droit des Français à vous choisir comme président de la république.

Mais accordez-nous que nous voulions pour le Gabon et les autres pays d’Afrique ce que la France vous a permis, c’est-à-dire votre élection sans ambiguïté dans un contexte démocratique avéré. Et en cela, votre légitimité ne fait aucun doute. En Afrique francophone, des régimes soutenus par la France bafouent chaque jour les droits les plus élémentaires de leurs citoyens et pervertissent l’esprit démocratique au profit d’intérêts machiavéliques. Ne nous dites donc plus que nous n’avons droit qu’à des simulacres de démocratie parce que la démocratie est incompatible avec l’Afrique. Ce serait une insulte que les jeunes africains ne peuvent plus, ne veulent plus accepter.

Monsieur le Président, l’Afrique est prête pour un nouveau partenariat que vos prédécesseurs ni su ni voulu respecter. La France que vous allez désormais incarner en sera-t-elle capable?

Fait à Montclair, le 22 mai 2007.

Dr. Daniel Mengara
Président, BDP-Gabon Nouveau.
BDP-Gabon Nouveau
P.O. Box 3216 TCB
West Orange, New Jersey, 07052, USA
Tel: 973-447-9763 / 973-655-5143
Fax: 973-447-9763 / 973-655-7909
Site: https://www.bdpgabon.org

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Le BDP-Gabon Nouveau (« Bongo Doit Partir, pour la Construction d’un Gabon Nouveau ») est un mouvement politique gabonais de libération nationale en exil dont le siège se trouve dans le New Jersey aux Etats-Unis. Le BDP-Gabon Nouveau (https://www.bdpgabon.org) recherche la suppression du régime Bongo et le départ d’Omar Bongo du pouvoir par tous les moyens possibles. Le Mamba (https://www.lemamba.org) en est la branche armée.

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