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Expulsion de Français: le Gabon tend un miroir à la France

Omar Bongo a beau être l’un des personnages les plus caricaturaux de la Françafrique, il vient d’offrir à la France un miroir déformant dans lequel il ne fait pas bon de se voir.

Furieux des conditions d’expulsion de France de deux étudiants gabonais en situation administrative irrégulière, il a décrété que tout Français dans la même situation au Gabon serait mis dans le premier avion s’il était découvert au cours d’un contrôle d’identité…

Monsieur tout-le-monde en sera peut-être choqué: on ne peut pas faire ça à un Blanc quand même… Et pourtant, le Français « clandestin », ça existe.
Les autorités gabonaises estiment que sur 10 000 Français résidant sur leur territoire, entre 5 et 10% sont en situation administrative irrégulière, soit entre 500 et 1 000 personnes. Dans un petit pays comme le Gabon (1,2 million d’habitants), c’est beaucoup: entre 30 000 et 60 000 personnes ramenées à l’échelle française.

Les contrôles ont démarré dès l’aéroport. Mardi, selon Le Monde, un cadre pétrolier français a été refoulé à son arrivée à Libreville et remis dans l’avion de Paris… Et il est probable qu’il y en aura d’autres, pour l’exemple.

Faire prendre conscience aux Français de l’inhumanité de leurs pratiques

Les Français clandestins doivent donc raser les murs à Libreville, ne doivent plus oser sortir dans les lieux publics de peur d’être contrôlés, ne doivent plus pouvoir aller travailler de peur d’être dénoncés… Comme des Africains clandestins en France!

C’est là que Bongo a été génial. Comment mieux faire comprendre aux Français le caractère arbitraire, illégal et franchement inhumain de certaines de leurs pratiques si ce n’est en les leur appliquant’

Que dirait-on si un père français d’un enfant de 4 ans était expulsé brutalement du Gabon et renvoyé en France sans son enfant’ C’est ce qui est arrivé à l’un des deux Gabonais expulsés de Reims, et qui provoque cette crise…

Il y a quelques années, un cinéaste africain avait eu la brillante idée d’inverser ainsi les rôles. Dans « Africa Paradis » de Sylvestre Amoussou, situé en 2033, l’Europe est en crise économique, et l’Afrique en pleine prospérité. Et les Européens tentent par tout les moyens d’émigrer dans ce « paradis » du plein emploi et de l’Etat providence.

« J’ai inversé la situation, en disant que les Blancs sont fainéants »

Le cinéaste béninois suit ainsi le parcours de deux Français candidats à cette traversée clandestine… Et dans son film, figure même un ministre de l’Intérieur qui rappellera quelqu’un aux Français.

Sylvestre Amoussou expliquait lors d’un passage à Montréal:

« J’ai inversé la situation, en disant que les Blancs sont fainéants. C’est ce que l’on entend tout le temps sur les Noirs. J’ai eu envie de mettre les Européens dans cette situation. »

Bongo est certes mal placé pour faire la leçon à la France, lui qui a été placé au pouvoir par Paris il y a plus de … quarante ans, et qui y a été maintenu depuis. Mais il a eu cette fois une saine colère dans laquelle de nombreux Africains se reconnaîtront.

En espérant qu’elle fasse réfléchir l’ancienne puissance coloniale dont le Président réaffirmait jeudi dans Le Figaro l' »obligation de résultats quant aux reconduites à la frontière ». Une nouvelle incitation à piétiner les règles les plus élémentaires de notre propre droit, et de l’humanité.

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