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Quand La France adoube les dictateurs

Quand tout le monde parle des émeutes de la faim, on n’évoque pas les interventions de la France dans ces différents pays pour venir au secours de régimes qui ont leur part de responsabilité dans cette crise. Quand ça craque dans certains pays africains, lorsque la situation sociale ou politique devient trop critique, lorsque les populations se soulèvent contre leurs oppresseurs, étrangement l’Etat français n’est jamais loin… Toujours aux côtés de ses fidèles amis, malgré les morts et la répression.

Qui n’a entendu parler du discours soi-disant novateur de Sarkozy lors de son voyage au Cap en Afrique du Sud en février ? Pour certains journalistes, une remise en cause des relations franco-africaines, une nouvelle rupture… Et pourtant, pas un mot sur les crises profondes qui se déroulaient au même moment sur le même continent et que l’Etat français, par sa parole, ses actes ou ses silences, a géré comme il l’a toujours fait, en soutenant le bâton contre les peuples.

N’Djamena mon amour

Le 27 janvier, Sarkozy ne trouve rien de mieux pour marquer la rupture que d’aller apporter son soutien à Idriss Déby. Il faut dire qu’il a fait fort durant la crise tchadienne de début février, et ce ne sont pas seulement les gauchistes qui le disent, mais l’Etat français via l’AFP : « Selon le ministère français de la Défense, l’aide militaire de la France a pris quatre aspects : le contrôle de l’aéroport de N’Djamena, qui a permis à Idriss Déby de continuer à utiliser ses hélicoptères de combat ; la fourniture de renseignements sur les mouvements des rebelles ; le transport de munitions, notamment pour les chars T55 de fabrication soviétique de l’armée tchadienne ; un soutien logistique sanitaire. »

Et pour comprendre les intérêts que cache cette basse realpolitik meurtrière, laissons la parole au Collectif des Tchadiens de l’étranger : « A peine la bataille de N’Djamena terminée, la France a déjà vendu pour des centaines de millions d’euros d’armes et de matériels de guerre au gouvernement tchadien, des entreprises françaises se sont vu attribuer sans aucune procédure de mise en concurrence de gros marchés pour des ouvrages sans aucun intérêt et sans aucune utilité (des tranchées) pour les populations tchadiennes, qui elles sont dans une extrême misère. Les revenus du pétrole ne profitent qu’au clan au pouvoir et au réseau “Françafrique” […]

En dehors de toute action concourant à un dialogue inclusif, c’est-à-dire le dialogue politique intertchadien sans exclusif, la France n’a pas d’autre rôle à jouer au Tchad ! Or chaque jour, la France donne la preuve que seuls ses intérêts occultes et ceux de ses sous-fifres locaux comptent. Elle soutient aveuglément un dictateur au détriment du peuple tchadien.»

Biya, reste avec moi !

Fin février, c’est au tour du Cameroun voisin de connaître une situation de crise. A l’origine, deux maux : le pouvoir dictatorial de Paul Biya et la cherté de la vie. Là encore, l’Etat français brille par son rôle « exemplaire ». Place au ministère des Affaires étrangères français : « Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, incarne la stabilité.» Soutenir de cette manière un dictateur qui modifie la Constitution pour pouvoir prolonger son mandat jusqu’en 2011 et qui n’a de cesse de faire emprisonner syndicalistes et militants des droits humains, voire tuer en pleine manifestation pacifique tous ceux qui s’opposent à lui, voilà une belle leçon de rupture.

Sans compter que tout le monde tente d’occulter complètement l’autre raison de la colère : l’augmentation du coût de la vie qui a conduit les syndicats de transporteurs à se mettre en grève plusieurs jours à cette même période, et contre laquelle nos camarades syndicalistes de la CSP (Centrale syndicale du secteur public) luttent sans relâche depuis des années. Ils dénoncent aussi la politique désastreuse du FMI qui a fragilisé les agriculteurs et mis à mal les services publics. Et la non-réponse à ses revendications conduit inéluctablement aux mêmes effets : émeutes d’une population excédée et répression par l’armée avec ses cortèges de morts et de syndicalistes arrêtés.

Mais dans ce monde où règnent intérêts économiques, querelles géopolitiques et magouilles néocoloniales, des militants continuent inlassablement d’organiser la lutte sociale. A nous de les épauler, car leur dignité, c’est aussi la nôtre !

AFRIQUE SANS CHAINES n°2 Mai 2008
Cnt-f.org
26/04/2008
Source: TchadVision

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