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Au FMI, les demandes de départ volontaires s’accumulent, malgré la réforme

Le Fonds monétaire international (FMI) croule sous les demandes de départs volontaires, malgré la réforme dans laquelle il s’est engagé et qui a été adoptée à une quasi-unanimité par ses 185 Etats membres. Un employé sur cinq, soit 591 sur un total de 2 900, veut bénéficier du guichet départ ouvert début mars pour réduire la masse salariale du Fonds, qui accumule les déficits, a indiqué mardi 29 avril à l’AFP le directeur général de l’institution, Dominique Strauss-Kahn. C’est une fois et demi de plus que les 380 suppressions de postes visées par l’ancien ministre des finances français dans le cadre d’une réduction de 13,5 % des dépenses de fonctionnement de l’organisation, d’ici à trois ans.

« Au moment où le FMI perd de sa pertinence pour les pays qui en sont membres, il souffre d’un défaut d’attractivité pour son propre personnel », juge Domenico Lombardi, président de l’Institut de politique économique de l’université d’Oxford.

Pour nuancer la portée de ce chiffre, qui suggère une démotivation du personnel, M. Strauss-Kahn a mis en avant les conditions avantageuses qui ont été offertes, et les départs anticipés à la retraite. La direction a proposé des indemnités équivalentes à environ un an et demi de salaire et le FMI compte entre 100 et 150 départs naturels à la retraite chaque année, a-t-on appris de source proche de l’institution.

« La bonne nouvelle, c’est que cela évite toute phase de licenciements secs et que cela donne des marges pour réembaucher dans des qualifications nouvelles », a estimé M. Strauss-Kahn, dans un entretien téléphonique à l’AFP. Le nombre de candidats au départ, qui avaient jusqu’au 21 mars pour se manifester, permettra d’augmenter « substantiellement » le chiffre de 380 suppressions de postes, a-t-il annoncé, sans fournir de nouvel objectif chiffré. Seuls 100 à 125 volontaires, sur le total de 591, seront sommés de rester, a précisé le FMI dans un communiqué. La marge de manoeuvre dégagée servira en particulier à embaucher « dès septembre » des spécialistes de la finance et des marchés, dans le cadre d’un renforcement de l’expertise du Fonds dans ces domaines, a expliqué M. Strauss-Kahn.

UNE RÉFORME LARGEMENT APPROUVÉE

Paradoxalement, l’afflux de candidats au départ survient alors que la réforme de l’institution, bouclée fin mars, rencontre un très grand soutien parmi l’actionnariat. Ce projet, censé donner davantage de pouvoir aux pays émergents, devait être approuvé par 85 % des 185 Etats membres (en droits de votes) : il l’a été à 92,93 %, a indiqué mardi l’institution financière internationale. « Un vote de cette nature, tant par sa participation que par sa majorité écrasante, est un début de renforcement de la légitimité de l’institution », a commenté M. Strauss-Kahn. « Cela réduit à peu de chose la position de ceux qui disaient que la réforme n’était pas intéressante pour les pays en développement ou les pays émergents. Au contraire il sont tous massivement voté, y compris en Amérique Latine, y compris en Afrique, y compris en Asie », a-t-il ajouté.

Cinq pays n’ont pas voté, trois ont voté contre, et deux ont voté blanc, a détaillé, sans plus de précision, un haut responsable du Fonds. Lors de son passage en conseil d’administration, fin mars, trois pays s’y étaient opposés : la Russie, l’Arabie Saoudite et l’Iran.

Beaucoup espéraient davantage de ce compromis qui prône le transfert d’un bloc de droits de vote fixé à 2,7 points des pays du Nord (57,9 %) vers les pays du Sud (42,1 %).

L’architecte de la nouvelle formule de répartition des pouvoirs à la tête de l’organisation, David Burton, fait partie des candidats au départ, a précisé le FMI, dans son communiqué.

AFP | 30.04.08 |

———–

Les pays en développement auront plus de poids au sein du FMI

« La réforme des quotas du Fonds monétaire international (FMI) est un progrès considérable », a déclaré Jean-Claude Masangu Mulungo, président congolais du « Groupe des 24 » pays en développement, où figurent l’Inde, l’Argentine ou le Brésil, vendredi 11 avril à Washington. L’assemblée de printemps du Fonds, qui s’ouvre le samedi 12 avril, devait en débattre.

Pour la première fois depuis la création du Fonds, les pays industrialisés ont accepté une formule de calcul des quotas – donc des voix – de chacun des 185 Etats membres qui avantage les pays en développement. Par exemple, la France et la Grande-Bretagne ont accepté d’y perdre 0,52 point et de revenir à 4,51 % chacune. Les Etats-Unis, le Japon ou l’Allemagne ont admis de ne pas augmenter leur poids comme ils auraient été en droit de le faire. Cela a ainsi permis d’améliorer la représentation de la Chine de 1,02 point, à 4 %. D’autre part, les droits de vote de base des pays les plus pauvres seront triplés.

LICENCIEMENTS

Si elle est acceptée le 28 avril, comme c’est vraisemblable, par 85 % des voix, cette réforme déplacera 2,7 points de quotas des pays riches vers les pays pauvres. Le total des voix de ceux-ci passera à 42,1 % et celles des pays riches à 57,9 %. « Sachant que le bon équilibre tourne autour de 50/50, commente Dominique Strauss-Kahn, le président du FMI, nous aurons fait les deux tiers du chemin, car la formule permettra d’actualiser tous les cinq ans la représentativité des uns et des autres. »

Ce « premier pas dans la bonne direction », selon ses partisans, est considéré comme une mesure « cosmétique » par les ONG et ceux qui jugent que la réforme devrait être autrement ambitieuse pour donner une vraie voix aux pays en développement. « Nous pouvons difficilement parler de réforme, a résumé Elizabeth Stuart, porte-parole de l’ONG Oxfam International, quand 144 pays ne bénéficieront même pas d’une augmentation de leurs droits de vote de 1 %. »

D’autre part, le conseil d’administration du FMI a approuvé à l’unanimité l’assainissement de son budget dont le déficit menaçait de passer de 110 millions de dollars en 2007 (69,7 millions d’euros) à 400 millions de dollars en 2010. On saura, le 21 avril, s’il y aura parmi les 2 634 salariés du Fonds les 380 volontaires au départ requis, faute de quoi les licenciements seront « secs ».

Enfin, il est prévu de vendre 403,3 tonnes d’or sur les 3 217 tonnes du FMI. Cette mesure devra être votée par le Congrès américain, mais le lobby de l’or ne s’y opposera pas : ces cessions seront étalées dans le temps et prendront place dans les quotas des banques centrales.

Le produit de cette vente, soit quelque 12 milliards de dollars, sera placé et rapporterait 300 millions chaque année. Il a été décidé que le FMI ferait payer ses expertises actuellement gratuites en matière de conseils douaniers ou budgétaires. Ses tarifs iront de la totale gratuité pour les pays pauvres jusqu’au juste prix pour les pays solvables.

Ces réformes permettent-elles de dire que le FMI est « de retour sur la scène internationale », comme l’affirme son directeur général ? Pour cela, et comme le lui a demandé le Groupe des 24, il lui faudra « renforcer sa surveillance des économies avancées », puisque ce sont elles et non les pays pauvres qui ont provoqué la crise financière actuelle. Sermonner les Etats-Unis pour leur laxisme financier serait autrement révolutionnaire que de tancer l’Indonésie ou l’Argentine.

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