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Gabon : Comment transformer la malédiction du pétrole en bénédiction’

Le représentant de la Banque africaine de développement (BAD) au Gabon, Bassary Touré, a estimé, en marge du séminaire régional sur la gestion des contrats pétroliers et gaziers, que l’actuel prix élevé du pétrole doit aider les pays africains producteurs à « transformer la malédiction du pétrole en bénédiction ». Selon Bassary Touré c’est jouable, tout est question de la volonté politique.
Avec un prix du baril à 120 dollars, les pays producteurs bénéficient d’une manne inespérée?

R: Les prix sont hauts, c’est vrai. Il y a une manne pétrolière pour les pays africains avec la nuance qu’il faut prendre en compte, l’évolution croisée de l’euro et du dollar. Une certaine partie est proportionnellement perdue, presque 40%, d’après certains experts. Mais cela reste un apport. Il s’agit d’en tirer le meilleur parti, de l’orienter vers des secteurs productifs, d’avoir une vision, de diversifier. Où investir pour savoir ce que l’on fera quand il n’y aura plus de pétrole? Ces nouvelles ressources doivent contribuer au développement économique et social des pays.

Quand on regarde certains pays producteurs, on peut s’étonner du faible niveau de vie

C’est exact, il y a une différence entre l’argent généré par le pétrole et les mines d’un côté, et le développement qu’on aurait pu attendre de l’autre. Au point où, et c’est exagéré à mon sens, certains parlent de la « malédiction du pétrole ». Il faut constater qu’on a eu beaucoup de ressources dans certains pays mais que le niveau de développement de ces pays-là n’est pas très différent des pays très pauvres. Ce qui veut dire dans une certaine mesure que les ressources n’ont pas été utilisées de manière optimale, c’est-à-dire pour réduire la pauvreté dans ces pays-là. Il faut transformer cette malédiction en bénédiction. Les populations locales doivent voir les résultats des produits tirés de leurs sous-sols.

On pointe souvent du doigt les contrats pétroliers mal négociés mais aussi la mal gouvernance des pays.

Il y a quelques décennies, le secteur était complètement opaque. Parfois des ministères des Finances n’avaient pas connaissance des ressources liées au secteur… Mais il y a une exigence croissante de transparence de la part des pays et de leurs populations. Il y a une plus grande voix de la société civile aussi. Cela permet de savoir combien on a, et comment on l’utilise. C’est un grand progrès par rapport au passé. Quant aux contrats, il y a un grand déséquilibre entre les compétences techniques et en ressources humaines des pétroliers et celles des pays.

On peut se référer à l’exemple cité par la Banque mondiale: la capitalisation boursière d’Exxon-Mobil avoisine 500 milliards de dollars contre 10 ou 20 milliards de dollars pour le budget gabonais. Cela indique le rapport de forces dans une certaine mesure. Quand les pays africains vont en négociation, ils sont assez souvent mal préparés, ils manquent de compétences pointues et ne sont pas suffisamment organisés. Il faut corriger cela.

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