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SOMMET DU G8: l’Afrique se nourrit encore des promesses occidentales

Le développement de l’Afrique a occupé l’axe central des travaux du G8 qui ont débuté hier après-midi, à Toyako Lake, sur l’île de Hokkaido. Les chefs d’Etat et de gouvernement pays riches du G8 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon, Russie) et ceux des pays africains invités (Afrique du Sud, Algérie, Ethiopie, Ghana, Nigeria, Sénégal, Tanzanie plus l’Union africaine) se sont retrouvés autour de la même table pour discuter de la situation de l’Afrique et des moyens nécessaires pour aider à son développement.

Les pays africains attendent toujours que les grandes puissances respectent leurs engagements. Celui de concrétiser les engagements financiers faits lors du G8 de Gleneagles, en Ecosse, en 2005, en faveur du continent, durement frappé par la crise alimentaire. En 2005, les «Huit» se sont engagés à redoubler leur soutien à l’Afrique et ont promis une aide de 50 milliards de dollars à l’horizon 2010. Sur cette somme, moins d’un quart de 25 milliards de dollars supplémentaires d’aide promise à Gleneagles ont été débloqués. L’ONU et l’UA affirment que 30 milliards manquent encore. Les pays africains et les Nations unies espèrent fermement du G8 que ces promesses d’aide ne restent pas lettre morte.

Dans une déclaration rapportée par l’AFP, Jean Ping, président de la Commission de l’Union africaine (UA), a indiqué que «les dirigeants africains attendent du G8 qu’ils transforment leurs promesses existantes en actions. La crédibilité des engagements internationaux est en jeu». Le point le plus important attendu de ce débat est de savoir si le chiffre de 50 milliards sera réaffirmé dans la déclaration finale (du Sommet) ou non. Les ONG d’aide au développement ont appelé, de leur coté, le Sommet du G8 à tenir ses promesses d’assistance financière et dénoncé les tentatives de la France et de l’Italie de s’en écarter. «Nous sommes très inquiets du contenu de la déclaration finale: tout le débat ces jours-ci est de savoir si oui ou non le chiffre de 50 Mds sera réaffirmé», a indiqué Max Lawson, porte-parole d’Oxfam international.

«Le G8 semble s’écarter graduellement de ses engagements. Nous ne pouvons pas le laisser faire: pour les pays africains c’est une question de vie ou de mort», a insisté M.Lawson. Pessimiste et inquiet, il rappelle que «les pays riches avaient su mobiliser 1000 milliards de dollars pour venir en aide à leurs banques». «Ne pourraient-ils pas en trouver 50 pour venir en aide aux plus pauvres’», s’est-il interrogé. Il enchaîne, qu «au moment où l’Allemagne et le Royaume-Uni font réellement des efforts pour accroître le montant de leur aide, la France a taillé dans la sienne en 2007». Il fait remarquer que pour la première fois depuis 2002, la France a réduit de 66 M USD le montant de son aide en 2007.

Dans le même contexte, José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, présent à Tokyo, a annoncé qu’il proposerait aux pays membres de l’Union la création d’un fonds doté d’un milliard d’euros pour soutenir le secteur agricole dans les pays démunis, financé sur des crédits non dépensés des budgets 2008 et 2009.

Tahar FATTANI

SOMMET G8-UA: divergences persistantes sur le Zimbabwe

La crise zimbabwéenne a figuré en bonne place dans les discussions entre le G8 et les Africains présents au Japon.

Les dirigeants du G8 ont pressé hier les pays africains de durcir le ton envers le régime du président du Zimbabwe, Robert Mugabe, mais l’Union africaine (UA) a maintenu son souhait de voir un gouvernement d’union nationale à Harare.
Cette crise a figuré en bonne place lors d’entretiens à Toyako (Japon) entre les dirigeants des Huit (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon, Russie) et ceux de sept pays africains (Afrique du Sud, Algérie, Ethiopie, Ghana, Nigeria, Sénégal, Tanzanie, plus l’UA). Le président américain, George W.Bush, s’est déclaré «extrêmement déçu» par l’élection «truquée» par laquelle Robert Mugabe compte se maintenir, au grand dam de Washington et des pays occidentaux.

Les dirigeants des grands pays industrialisés souhaitent adresser «un message fort» à M.Mugabe, a indiqué, de son côté, un haut fonctionnaire japonais. Le président Mugabe, 84 ans et au pouvoir depuis 1980, a été investi le 29 juin pour un sixième mandat après un scrutin où il était seul en lice. Son opposant, Morgan Tsvangirai, arrivé en tête au premier tour, s’était retiré de la course en dénonçant le climat de violence entretenu par le pouvoir contre ses partisans.

Le Premier ministre japonais, Yasuo Fukuda, s’est entretenu en tête à tête de ce sujet avec son homologue britannique Gordon Brown, dont le pays, ancienne puissance coloniale dans cette partie de l’Afrique, est l’un des critiques les plus virulents de M.Mugabe. «Au cours de la rencontre, le Premier ministre Brown a dit qu’il était important d’adresser un message fort pour assurer la démocratie au Zimbabwe», a rapporté un responsable japonais sous le couvert de l’anonymat. M.Fukuda a répondu qu’il était «nécessaire que le G8 tienne des discussions fermes sur le sujet et envisage des mesures», toujours selon cette source. La chancelière allemande, Angela Merkel, et son homologue canadien, Stephen Harper, ont également, lors de discussions à Toyako, plaidé pour la fermeté envers M.Mugabe, selon des sources diplomatiques.

Le président de la Tanzanie, Jakaya Kikwete, également président en exercice de l’UA, a toutefois réaffirmé la position de l’organisation panafricaine, favorable à la mise en place d’un gouvernement d’union nationale, une formule qui permettrait à Robert Mugabe de rester aux affaires. «Nous pensons qu’aucun parti ne peut gouverner seul au Zimbabwe, et par conséquent, les protagonistes doivent travailler ensemble dans un gouvernement, et regarder ensemble l’avenir de leur pays», a-t-il déclaré, à l’issue des entretiens de Toyako.

Le président tanzanien a également déclaré «comprendre les inquiétudes» des dirigeants du G8, mais souligné que les divergences portaient sur «la manière d’aller de l’avant» pour résoudre la crise zimbabwéenne. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, également présent au Japon, a exigé dans un entretien à l’AFP le retour «des règles démocratiques, de l’Etat de droit, de la paix et de la stabilité» au Zimbabwe. Ce dossier devrait continuer de figurer au menu des discussions des chefs d’Etat ou de gouvernement du G8 qui se poursuivront aujourd’hui et demain. Les ministres des Affaires étrangères du groupe, réunis le 27 juin dernier à Kyoto (centre-ouest du Japon) avaient déjà adressé une sévère mise en garde au président Mugabe, affirmant qu’ils ne reconnaîtraient pas un gouvernement issu d’une élection «illégitime».

A Harare, le régime zimbabwéen a de nouveau prié l’Occident de cesser de se mêler des affaires du pays. «Nous appelons les étrangers et les forces extérieures à laisser les Zimbabwéens gérer la situation zimbabwéenne», a déclaré le ministre de la Justice, Patrick Chinamasa, cité hier par le quotidien d’Etat The Herald.

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