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La politique africaine de la France agite l’Assemblée nationale

Député (UMP) du Haut-Rhin, Jean-Louis Christ est mécontent. « C’était chaud, hier, la réunion des membres de notre mission, dit-il. Comme démocrate-chrétien, je suis convaincu qu’un rapport parlementaire sur la politique africaine de la France, sauf à le laisser dormir dans un tiroir, ne peut pas se contenter de considérations mercantiles. Il y a d’autres dimensions qu’on ne peut occulter, qu’il s’agisse des droits de l’homme ou de l’aide au développement. »

Président d’une mission d’information de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale sur la « politique africaine de la France », créée il y a un an, M. Christ ne se retrouve guère dans le document de 82 pages présenté, mercredi 9 juillet, par son rapporteur, Renaud Dutreil, député (UMP) de la Marne.
Ce rapport, dont Le Monde s’est procuré une copie et qui devait être présenté la semaine prochaine devant la commission des affaires étrangères, ne le sera finalement que dans six mois. La situation est exceptionnelle pour ce type de travail. M. Dutreil refuse d’y voir un désaveu de ses conclusions : « La mission, compte tenu de son vif intérêt pour cette question, a décidé de prolonger ses travaux », indique le rapporteur.

« PARI DU PARTENARIAT »
Fruit de multiples auditions, tant de spécialistes français qu’africains, le rapport est consensuel lorsqu’il constate que la « relation singulière » entre la France et l’Afrique est « menacée d’essoufflement » et que l’Afrique, « courtisée, se tourne vers des partenaires diversifiés », qu’il s’agisse des Etats-Unis, à la recherche d’une diversification de leur approvisionnement pétrolier, de l’Union européenne ou des puissances émergentes comme l’Inde ou la Chine.

De même, le tableau que dresse le rapporteur d’une « Afrique en mouvement » n’est pas contesté. C’est celui d’un continent jeune, souvent très pauvre, où la démocratie progresse – malgré les troubles récents au Kenya et au Zimbabwe – sur fond de perspectives économiques « prometteuses » du fait de l’envolée des cours des matières premières.

Intitulée « le pari français du partenariat », c’est la troisième partie du document qui a suscité l’ire de M. Christ, soutenu à cette occasion par les parlementaires de gauche membres de la mission.
Là où le rapport, en conclusion, se contente de préconiser une « relance de la coopération » et l' »affirmation de la présence économique de la France » en Afrique comme piliers du partenariat, le député du Haut-Rhin souhaite afficher une ambition beaucoup plus large. « Le sentiment de l’intérêt pour l’Afrique ne semble se résumer qu’à des considérations économiques, fait-il observer en marge du rapport. Le sentiment qui prévaut est une sorte de « suivisme » d’un mouvement mercantile qui détermine le renouveau d’intérêt pour l’Afrique, et l’abandon des ambitions françaises en termes de droit de l’homme, de solidarité internationale, de démocratie, de lutte contre la pauvreté. »

M. Dutreil balaie ce reproche. « Il y a un regard daté, compassionnel, sur l’Afrique, qui considère que, l’Afrique, c’est le pauvre, relève l’ancien ministre du commerce. J’ai voulu rompre avec un discours d’assistance, abandonner une attitude facile et confortable pour une approche utile. »
De son côté, M. Christ souhaite que « l’engagement politique ne s’inscrive pas sous l’unique aune de l’économique ». Et le parlementaire de s’interroger : « Où sont les valeurs de la France dans l’engagement d’un partenariat renouvelé ? Les préconisations se réduisent en une vague ambition qui ne serait qu’au service de l’économie. »

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