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Les fêtes tournantes de l’Indépendance au Gabon: une escroquerie à l’échelle nationale? Par Fred NTOUTOUME

L’organisation des fêtes tournantes de l’indépendance est une idée ancienne en Afrique francophone. Le principe, qui consiste à organiser le grand défilé militaire et civil dans chacune des capitales provinciales d’un pays, à tour de rôle, en édifiant au passage routes, écoles, hôpitaux, structures administratives dans la province visitée, date en effet des indépendances. Déjà en 1960, le premier président de la Cote d’Ivoire, Félix Houphouet Boigny, instaurait le principe des célébrations tournantes de l’indépendance dans son pays. Le cycle ivoirien a tenu jusqu’à l’étape de Katiola dans le Nord du pays du cacao, en 1979, avant d’être brusquement interrompu. Depuis lors, le succès du principe associé à ces célébrations rotatives semble se propager. De nombreux pays africains l’ont en effet adopté et le pratiquent encore aujourd’hui, tels que le Congo Sassou, le Benin, les Comores,le Niger..

1-Une genèse des fêtes tournantes au gabon

Au Gabon, le président Bongo a initié, l’on s’en souvient, le premier tour des fêtes tournantes de l’indépendance dans les années 1970. Celui-ci avait pris fin après que les 9 provinces eurent, une à une, accueilli le prestigieux défilé ainsi que les investissements qui l’accompagnèrent si heureusement. Fort de cette première expérience, qui a permis à plus d’une province de l’intérieur du pays de connaitre la couleur du macadam, le Chef de l’Etat gabonais décide de relancer la machine en 2002.

Vingt années ont passé, mais l’idée est saluée par les pans populeux de l’arrière pays, qui voient en cette initiative une chance inespérée de pouvoir enfin accéder aux services sociaux de base (santé, éducation, logement), ceux-ci faisant cruellement défaut. Mais l’idée est aussi accueillie avec grand enthousiasme par une autre caste de populations gabonaises, extrêmement réduite, noyautée autour du président. Les caciques du pouvoir voient là une occasion rêvée par les temps qui courent, de faire main basse sur la manne. Bonus’ l’opération se fait à tour de rôle: Chaque province ayant son « doyen politique », il n’y aura pas de jaloux. Il faut dire que le potentiel en jeu est énorme: il se chiffre à… 50.000 millions de FCFA par an, pour les deux provinces visitées, soit 50 milliards.

Ainsi, lancé en 2002 par l’Ogouée Ivindo, berceau de la Vice présidente Geogette KOKO, et la Nyanga natale du DE PADOUE national, le tour d’essai des tournantes a connu son épilogue dans l’Estuaire, bastion d’EYEGHE NDONG, en 2006. Apres un premier cycle complet donc, et au moins 250 milliards FCFA budgetisés et exécutés , le bilan mitigé que reconnait le quotidien gouvernemental L’Union (N° du 25/06/07), donne froid dans le dos. De Makokou à Mouila, en passant par Lambaréné, Oyem, Port Gentil, Tchibanga ou même Franceville, les populations crient au scandale et à l’escroquerie gouvernementale. Les frustrations sont palpables, et la déception totale.

2-Des fêtes tournantes marquées par des malversations

Les premières voix « officielles » au niveau national se sont faites entendre via le quotidien pro-gouvernemental l’Union, qui parle pudiquement d' »énorme gâchis » et de « pesanteurs bureaucratiques » (N° du 25/06/07). Tournure sans doute diplomatique pour évoquer, par exemple, « la disparition » de 13 milliards FCFA dans le budget des fêtes tournantes destiné aux provinces de l’Ougoué-maritime et du Woleu Ntem. Cette information, relayée par le site gabonews.com, avait été révélée quelques jours plus tôt par le premier président de la Cour des Comptes du Gabon, Gilbert Ngoulakia, devant les Sénateurs de la République (source:https://www.gabonews.ga/actualite/actualites_2007.php?Article=156, le 25/08/08). L’on se demande comment 13 milliards CFA peuvent « disparaitre » en plein midi, c’est-à-dire au vu et au su de tous. Ngoulakia souligne en effet que:

« L’examen de l’exécution desdits crédits fait ressortir qu’au 31 décembre 2005, les sommes investies pour la réalisation des projets des fêtes tournantes de la même année n’étaient pas entièrement utilisées »

« Les deux comptes ouverts à cet effet affichaient à cette date, un solde créditeur de 5,496 milliards de FCFA pour le premier et 7,2 milliards de FCFA pour le second »

« La Cour s’interroge (…) sur la destination des soldes créditeurs desdits comptes […] Un audit en cours nous édifiera, dans les jours, les semaines qui suivent »

Gilbert Ngoulakia, Loi des Règlements de l’année 2005 transmis au Sénat, Juin 2007.

On apprendra d’ailleurs quelques années plus tard, en 2008, que les projets « programmés, budgétisés et entamés », mais laissés en rade après les fêtes tournantes du Woleu Ntem de 2005 avaient été « relancés » sur le budget 2008 par Gisèle Laure Eyang Ntoutoume, dans une ville du nord suite à un soulèvement des populations. Les habitants de la commune de Bitam voyant les chantiers observer un inquiétant statu quo, ont haussé le ton, obligeant le gouvernement à réagir, alors que l’on ne sait toujours pas ce qu’il en est advenu des fonds initialement prévus à cet effet en 2005..

« Ces travaux concernent notamment la construction du siège de la préfecture de Mitzic, de l’Assemblée départementale, l’adduction en eau et en électricité dans les principaux quartiers de Bitam, la construction du siège de la mairie, la réfection de la tribune officielle de Bitam, la construction de la résidence du préfet de Bitam, la réhabilitation des voiries ainsi que la construction et la mise en place du centre émetteur de radio et de télévision ».

« Les travaux avaient été interrompus quelques temps après leur lancement en 2005 pour des raisons toujours inconnues »

Article publié par le site gabonéco.com, Février 2008
lien: https://gaboneco.com/show_article.php?IDActu=5828 (le025/08/08)

Au niveau international, les interrogations ont commencé plus tôt. La lettre du Continent (N° du 29/06/2006) rapporte les conclusions d’un « rapport du FMI sur la qualité des fêtes tournantes ». Les effets attendus des 250 milliards d’investissements directs et « intensifs » (310 milliards selon le quotidien l’Union), injectés en cinq ans dans un pays d’à peine 1,4 millions d’habitants, inquiètent la célèbre institution de Bretton Woods.

Bien connu pour son franc parler, le FMI qui ne mâche pas ses mots parle de rentabilité sociale nulle, voire préjudiciable aux populations: « […] le « retour » social des projets réalisés est proche de zéro et même souvent négatif », mais aussi de surfacturation, pour ne pas dire détournement. (source:https://www.gabonews.ga/actualite/actualites_2007.php?Article=156, le 25/08/08). C’est sous ce rapport que le Fonds en vint à recommander la suppression pure et simple des fêtes tournantes (source : La lettre du Continent du 29/06/06), puisque convaincue qu’il ne s’agit là, ni plus ni moins, que d’un nouveau moyen de « dérapages budgétaires ».

3- Le rapport d’audit 2AC: L’une des plus grandes preuves de détournement dans les fetes tournantes de 2002 et 2003

Cependant les conclusions du FMI, et on le sait moins, sont sans doute fondées sur d’autres conclusions, issues celles-là d’un d’audit financier et technique effectué par un cabinet parisien dénommé 2AC. Le rapport déposé par les experts français à la suite de leur difficile mission a fait l’objet de plusieurs contestations. Mais aussi et surtout le document, rendu publique sous la pression du FMI par le Ministere de l’Economie et des Finances, en partie seulement, est sans doute l’une des plus grandes preuves objectives des détournements opérés dans les fêtes tournantes au Gabon. Pour ceux qui en doutaient encore du moins.

En effet, pour le simple lecteur-citoyen curieux qui serait tenté d’en savoir plus sur les conclusions des missions effectuées par les experts français dans les provinces du Gabon, le rapport rendu publique par le Ministere gabonais des Finances et disponible sur son site web officiel à l’adresse https://www.finances.gouv.ga/AuditTFPFF0203.pdf, semble évocateur de la sensibilité de la question. Quelques constats de forme et de fond appellent à des interrogations qui méritent le détour.

Preuve N°1: le rapport rendu publique a été sciemment amputé de sa plus grande partie, la plus incriminante.

Du point de vue de la forme, le lecteur-citoyen le plus inattentif remarquera d’emblée que le sommaire du rapport 2AC « version Ministère des Finances », comporte une introduction, mais pas de conclusion. Ce constat se confirme en scrutant le corps du rapport. On se demande comment des experts auraient pu « introduire sans conclure » un document d’une si haute importance..à moins que la conclusion ait été retirée.

Aussi, le même sommaire du rapport 2AC, dans sa « version Ministère des Finances », annonce 17 pages. Seulement, à la lecture de la 17e page sensée constituer la dernière du document, le lecteur le plus inattentif se rendra compte qu’un paragraphe a été grossièrement interrompu, en plein milieu, et que par conséquent il y’a au moins une page supplémentaire. D’où l’on conclu que le rapport original ne saurait s’achever à la 17e page. Est-ce à dire que le sommaire même du document a été volontairement truqué (raccourci), pour mieux induire en erreur le lecteur-citoyen’

Nos soupçons, qui portent à croire que le document original a subi des amputations, sont confirmés dès le texte introductif des experts. Ceux-ci, en professionnels expérimentés, ont amorcé leur rapport en déclinant les différentes parties qui y seront abordées selon une nomenclature en six (06) points.

Or, au lieu des six points annoncés, un seul est apparemment présent dans la « version Ministère des Finances », il s’agit uniquement du point « 2-Note de synthèse » à la suite du point « 1-Introduction ». Le lecteur-citoyen est en droit de se demander pourquoi les cinq autres points annoncés par les auteurs du rapport sont visiblement absents de la version rendue publique. D’autant plus que parmi les parties retirées, on compte notamment le point « 5-Audit technique » et « 7-Audit organisationnel, comptable et Financier » des fêtes tournantes. Y’a t-il des vérités qu’on cache au peuple gabonais’

Preuve N°2: Les rétentions d’informations

C’est bien connu. En matière d’audit, l’audité qui n’a rien à se reprocher collabore de façon systématique et constructive à la mission de l’auditeur, en lui fournissant toutes les informations nécessaires à son travail. Par contre l’audité indélicat aura une tendance logique à entraver la mission d’audit, notamment par une stratégie de rétention des données et informations.

Du point de vu du fond du document, les auditeurs français ont eu une bien difficile mission, si l’on en croit leur rapport. En effet malgré le niveau des interlocuteurs rencontrés, du Trésorier Payeur Général aux hauts cadres du Ministère des Finances, en passant par le Secrétariat des Fêtes tournantes, leur mission semble avoir été entravée jusqu’au bout.

D’abord, la mission regrette une « collaboration peu dynamique, voire handicapante de la part du secrétariat permanent [des fêtes tournantes] » qui argue que les précieux documents sollicités pour vérification auraient été égarés au cours d’un déménagement en 2004. Rien que ça.

Perspicaces cependant, les experts français reviennent à la charge et formulent une requête documentaire en 2005 portant sur « l’organisation comptable, financière et budgetaire des opérations financées par le Fonds pour le 17 Aout, la pertinence des procédures de passation des marchés, la qualité du suivi desdites opérations », en vain. Malgré plusieurs relances, dont certaines en réunion de coordination, la honte elle-même n’a pas convaincu les administrateurs gabonais de collaborer. Ils n’ont pas daigné donner suite.

Ensuite, la liste des marchés valorisés pour le Haut-Ogouée était indisponible (« non comuniquée », selon les termes du rapport), tandis que celle de l’Ogouée Lolo était « incomplète et non valorisée ». En des termes simples, on ne sait pas le nombre de marchés qui ont été attribués dans le Haut-Ogoué, ni pour quels montants respectifs, mais on en a une vague idée pour l’Ogouée Lolo. Cinquante (50) milliards FCFA sont en jeu. Et le flou total règne. Autant dire que les ingrédients du détournement dans les règles de l’art sont réunis.

Preuve N°3: Le constat des audits techniques: ouvrages « pitoyables » mais surfacturés

Malgré la machination physique du rapport, et malgré les obstacles qui ont ponctué leur mission, les experts de 2AC ont procédé à des constats que la partie visible du rapport donne à lire: alarmant et révélateur. En effet, les auditeurs établissent clairement, grâce à des vérification sur pièces et sur places, que:

« Concernant la qualité de certains équipements, ce que l’auditeur a pu constater est si mauvais qu’il n’est pas à exclure que des équipements conformes effectivement livrés aient pu être substitués ultérieurement par des équipements d’occasion. »

« Concernant les bâtiments, […], la liste des malfaçons est interminable . Certains ont parfois même été réalisés à partir de matériaux de récupération.»

« Toutes les natures de travaux et projets sont concernés, même certains batiments destinés aux plus hautes autorités de l’Etat (palais présidentiel et résidences de gouverneurs) présentent une qualité de réalisation pitoyable et indigne. »

Cabinet 2AC, Rapport Final « Audit technique et financier des projets financés par le Fonds pour le 17 Aout (exercices 2002 et 2003) », Novembre 2005, p.16

Et pour enfoncer le clou, comme une mise en relief du paradoxe gabonais, les pires ouvrages sont facturés, ou plutôt taxés, au prix fort. Des prix autant le dire, hors du commun, puisqu’on ne les retrouve nulle part ailleurs sur le globe, et qu’ils ne résultent d’aucun calcul orthodoxe connu:

« Ce niveau de prix est élevé, que ce soit par comparaison avec des prix dans les pays limitrophes du Gabon, que ce soit par comparaison (pour les produits importés) avec les prix dans le pays de départ augmentés des frais d’approche (transport, douane) et même, évalués dans le seul contexte gabonais sur la base de sous détails de prix faisant appel aux couts de la matière premiere et de la main d »œuvre du Gabon »

Cabinet 2AC, Rapport Final « Audit technique et financier des projets financés par le Fonds pour le 17 Aout (exercices 2002 et 2003) », Novembre 2005, p.16

Faut-il le rappeler, la surfacturation est l’une des plus vieilles méthodes de détournement de deniers publics. C’est pour lutter contre ce phénomène que des dispositifs juridiques encadrent les procédures de passation de marchés publiques au Gabon, notamment par la sélection du mieux disant, qui entend non seulement prendre en compte un prix avantageux mais aussi confronter ce prix aux éléments de qualité de l’offre. Or les conclusions des experts français sont aux antipodes de ces règles élémentaires d’orthodoxie financière. Le comble, c’est que même les bâtiments présidentiels ne sont pas épargnés.
Preuve N°4: Les constats de l’audit financier et comptables: liste des marché attribués « incertaine » mais dépassements budgétaires avérés

La dernière preuve de détournement, et non des moindres, que l’on peut tirer du rapport 2AC tient à un flou entretenu sur la liste des marchés attribués pour les éditions 2002 et 2003. Comment comprendre en effet, qu’environ 100 milliards de FCFA qui sons sensés servir à la construction et au développement d’infrastructures, par attribution de marchés aux sociétés légalement constituées, ne soient pas « traçables »? En d’autres termes, on ignore à ce jour le nombre de projets qui ont été financés, et pour quels montants, lors des éditions 2002 et 2003 des fêtes tournantes… Ça donne le tournis. D’autant plus que:

« Cette liste est affectée d’incertitudes dont l’ampleur est difficile à évaluer; ces incertitudes concernent i) la valeur des marchés, ii) l’incidence de la TVA sur ces marchés, iii) l’exhaustivité de la liste et des opérations rattachables aux fêtes tournantes »

Cabinet 2AC, Rapport Final « Audit technique et financier des projets financés par le Fonds pour le 17 Aout (exercices 2002 et 2003) », Novembre 2005, p.17

Comment comprendre aussi d’autre part que, malgré la forte enveloppe consentie par l’Etat, il ai été enregistré des « dépassements budgétaires » avérés, d’après les auditeurs de 2AC, malgré les nuances apportées par l’administration gabonaise? Comment comprendre qu’il ait été en effet dépensé plus d’argent que prévu, alors même que les ouvrages, les rares qui aient vu le jour dans la période couverte par le rapport, sont de piètre qualité? Dans la même lancée, comment ont été financés ces dépassements non-budgétisés, donc non prévus’

4-La responsabilité de BONGO dans les détournements des fêtes tournantes

Dans cette affaire de fête tournante, quoi qu’on dise, la bonne foi du Président Bongo ne peut pas souffrir d’un malentendu. Malheureusement, cette bonne foi s’arrête à mi-chemin. En effet celui qui a pourtant juré de faire la chasse à l’impunité et aux roitelets dans son « Discours des 40 ans », semble cautionner par un silence complice, les nombreuses malversations et irrégularités commises par ses acolytes, et qui ne font même plus l’objet d’aucun doute. Si l’on en croit les révélations de la Cour des Comptes, et les rapports du cabinet 2AC, entre autres sources crédibles, le Procureur de la République devrait se saisir immédiatement de ces dossiers et ouvrir une enquête, sous la houlette de Bongo en personne. Pour mémoire, le président gabonais promettait lui-même devant le monde entier:

« Un Gouvernement en phase avec le Premier Ministre et moi-même, capable de concrétiser mes orientations et mes directives sur le terrain, notamment dans les domaines prioritaires que sont la route, le logement, l’assurance maladie et la lutte contre la corruption, l’impunité et l’injustice sociale. »

Omar Bongo Ondimba, Extrait du « Discours des 40ans », Décembre 2007

Ainsi, le fait que Bongo continue d’autoriser le décaissement de sommes faramineuses qui prennent aussitôt la direction des poches de ses ministres et de ses laudateurs, sous son contrôle, prouve que sa promesse de changer de méthode de gouvernance n’était comme à l’accoutumée, que du sel de mer jeté aux yeux des pauvres gabonais des mapannes. Ce d’autant plus qu’au Gabon, l’arrestation et la condamnation ferme d’un haut dignitaire pour détournements demeurent toujours du domaine du rêve.

C’est pour cette raison que la jeunesse gabonaise supplie le président de la république, S.E. El Hadj Omar Bongo ONDIMBA, de bien vouloir la mettre à l’aise, à S – 227 semaines de la CAN 2012, en se déclarant ouvertement NON-CANDIDAT à l’élection présidentielle de 2012 et en ré-instituant la limite des mandats présidentiels à deux mandats consécutifs.

Pour soutenir cette action de la jeunesse gabonaise qui dit « NON », rejoignez les milliers de citoyens gabonais et amis du Gabon qui ont déjà signé la « PETITION POUR LA NON-CANDIDATURE DE BONGO EN 2012 (SNCB 2012) ».

source: Fred NTOUTOUME

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