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L’Afrique se militarise

Inquiétudes de la résurgence des conflits armés en Afrique ? Spectre d’une nouvelle « race de mercenaires » pour déstabiliser les Etats africains ? Pouvoir de domination ? La crainte du terrorisme international ? Autant d’interrogations pertinentes au moment où le développement, la reconstruction des Etats en situation de post-conflit sont inscrits à l’ordre du jour. L’Afrique compte aujourd’hui quatre noyaux militaires sous-régionaux : Ecomog en Afrique de l’Ouest, Micopax en Afrique centrale, SADC dans l’Afrique australe et maintenant EASBRIG en Afrique de l’Est. L’Afrique est en train de se militariser.

Qu’est-ce qui fait courir les dirigeants africains pour mettre sur pied des structures miliaires avec mission de «prévention et de gestion de conflits » ? La question mérite d’être posée au moment où se multiplient de nombreuses initiatives en vue de favoriser l’intégration régionale.

Certes, la question de «sécurité et de paix » est capitale dans la perspective de la relance d’un développement durable. Ce qui aurait certainement poussé les grandes nations occidentales, aux temps forts de la guerre froide, de disposer des organisations militaires: OTAN et Pacte de Varsovie. Mais avec la fin de la guerre froide, dès lors que le spectre de la confrontation Est-Ouest s’éloignait, d’autres organisations ont vu le jour. Notamment l’Organisation pour le commerce et le développement en Europe, OCDE. Ce qui a conduit à mettre en place la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, BERD.

En Afrique, il y a eu d’abord l’ECOMOG pour la sécurité et la stabilité de la région de l’Afrique de l’Ouest. Devant la multiplication des conflits en Afrique centrale, les pays de cette sous-région viennent de mettre sur pied la « Mission pour la consolidation de la paix, MICOPAX ». Auparavant, la SADC dispose d’un noyau, et lors de l’ agression contre la RDC par l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi, la SADC a envoyé des troupes au Congo-Kinshasa. Il s’est agi des armées régulières du Zimbabwe, de l’Angola, et de la Namibie.

Maintenant, c’est le tour des pays de l’Afrique de l’Est d’approuver la mise en place d’une structure analogue. Cette décision a été rendue publique à l’issue de la 7ème rencontre annuelle des ministres de la Défense de l’Afrique de l’Est qui ont approuvé le projet de la création de la « Brigade d’intervention efficiente, efficace et dynamique pour l’Afrique de l’Est, EASBRIG ». Cette brigade dont le commandement militaire devra être opérationnel incessamment aura à gérer et résoudre les conflits dans les pays membres de cette organisation.

Jusqu’à preuve du contraire, la Communauté de l’Afrique de l’Est est composée de pays suivants : Kenya, Ouganda, Tanzanie, Rwanda et Burundi.

POURQUOI CETTE MILITARISATION ?

Si les problèmes de la défense et de la paix dépassent les frontières nationales, la création de ces structures se justifierait. Mais les derniers conflits armés qui ont émaillé l’Afrique, particulièrement l’Afrique centrale et celle des Grands Lacs, suscitent plusieurs interrogations. Ces conflits armés, disons ces « guerres d’agression » ont eu pour dénominateur commun le «pouvoir de domination et le contrôle des richesses », disons des minérais. Avec en toile de fond des complots visant la balkanisation de certains Etats souverains dans cette supercherie d’élargir des étendues géographiques.

Tel a été le cas également en Afrique de l’Ouest avec la « guerre du cacao ». Et bientôt en Afrique des Grands Lacs et Australe, la « guerre du pétrole » avec la situation à la frontière entre la RDC et l’Ouganda pour le pétrole du Lac Albert et au Darfour.

Mais toutes ces «guerres» ont donné naissance à une nouvelle « génération de mercenaires », prêts à déstabiliser des Etats souverains. Allusion faite à la guerre d’agression contre la RDC où des soldats de plusieurs nationalités africaines y avaient pris part pour soi-disant «libérer» le Congo. Au Tchad, Soudan, en Guinée Bissau et en RCA, l’on a recouru et on recourt à des groupes armés qui ont pris goût à se battre pour de l’argent, de faire la guerre pour la guerre pour des intérêts étrangers. Ainsi sont en train de naître des « forces négatives » qui nuiront à l’Afrique. En militarisant l’Afrique, ces noyaux militaires n’auront de sens que s’ils sont au service des «Etats démocratiques» pour servir de socles aux institutions républicaines. Sinon, ce serait ouvrir des brèches aux trafiquants d’armes de tous bords. C’est le côté dangereux et négatif.

L’UNION AFRICAINE INTERPELLEE

L’Union africaine est interpellée pour songer déjà à une politique commune « de Défense et de sécurité » au niveau continental. Ce serait peut- être très tôt de parler d’une «Armée africaine», mais de voir comment canaliser toutes ces initiatives, créer une certaine coordination entre toutes «brigades militaires» pour qu’ elles ne finissent pas un jour à se rentrer dedans. Ce sera la conflagration au niveau continental.

Il est vrai qu’il existe aujourd’hui, en ce qui concerne la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale, CEEAC, et la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, CIRGL, des «Pactes de non agression»., des dispositifs de prévention et de gestion des conflits entre l’Etats membres. Mais le problème qui se pose maintenant est de savoir comment capitaliser tous ces acquis militaires pour ne pas créer des foyers de tension à l’image de ce qui se passe en Europe avec le Kosovo, l’Ossétie du sud, la Géorgie et l’ Abkhazie. Car cette tendance à la militarisation pourrait affecter les « programmes de développement de l’Afrique ». L’on aura plus à recourir aux roquettes qu’aux tracteurs. Surtout ne soyons pas amnésiques avec la reprise de la course aux armements qui ferait de l’Afrique un terrain fertile aux expériences militaires.

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