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Environnement : 15% de la surface forestière mondiale « oubliée » des bilans carbones

Selon une étude internationale à laquelle a participé une équipe du LSCE (CEA-CNRS-UVSQ), les bilans carbones de la planète devraient prendre en compte les forêts anciennes qui accumulent de grandes quantités de carbone au fil des siècles. Or, les forêts anciennes n’avaient pas été incluses dans le protocole de Kyoto.
Dans le cycle du carbone, on sait que les forêts jouent un rôle très important. Elles permettent de ralentir l’augmentation du CO2 atmosphérique en absorbant cet élément, modérant ainsi le changement climatique.

Plus concrètement, elles utilisent le CO2 pour synthétiser les molécules organiques stockées dans les arbres, puis dans la matière organique des sols et des feuilles mortes qui se décompose lentement. La capacité des forêts à fixer du CO2 dépend du bilan entre prélèvements associés à la photosynthèse et émissions liées à la respiration végétale.

Comme le précise un communiqué du CEA (Commissariat à l’énergie atomique), le chercheur américain Eugène Odum avait émis l’hypothèse à la fin des années 60 d’un équilibre entre prélèvements et émissions pour les vieilles forêts, âgées de plus de 150 ans, et donc de leur neutralité pour le bilan du carbone.

Bien que peu étayée par des observations, cette hypothèse fut acceptée par la grande majorité des écologistes comme des “non-écologistes”. Aussi, les vieilles forêts furent-elles ignorées par le protocole de Kyoto.

Une équipe internationale comprenant des chercheurs du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (CEA-CNRS-UVSQ) a compilé une nouvelle base de données, à partir des mesures effectuées par les réseaux d’observatoires « CarboEurope » et « AmeriFlux », dans le but d’une évaluation précise de l’hypothèse d’Odum.

« Les forêts anciennes peuvent continuer à accumuler du carbone, contrairement à l’hypothèse d’Odum qui prédit un équilibre », explique Philippe Ciais, directeur adjoint du LSCE, l’un des auteurs de l’étude.

Plus de 30 % de la surface totale des forêts est constituée de forêts primaires non gérées par l’homme, la moitié étant dans des régions tempérées de l’hémisphère Nord. La base de données établie pour cette étude révèle que ces forêts anciennes séquestrent entre 0,8 et 1,8 milliard de tonnes de carbone par an, et que 15 % de la surface forestière totale jusqu’alors ignorée dans les bilans du carbone est responsable d’au moins 10% de la séquestration totale du carbone.

Selon cette nouvelle étude, les forêts anciennes accumuleraient donc de grandes quantités de carbone au fil des siècles, qui peuvent cependant être libérées en cas de perturbation accidentelle (feux, insectes, maladies, tempêtes, sècheresses extrêmes…). En conclusion de cette étude, les bilans carbone devraient prendre en compte à l’avenir ces vieilles forêts.

source: Enviro2B

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