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L’intégralité du débat Barack Obama/John McCain

Question : L’économie donnant des signes de fléchissement, comment les Américains qui prennent leur retraite et les salariés qui perdent leurs revenus, comment les Américains vont-ils pouvoir sortir de ce désastre économique ? Quelle est la solution que vous proposez pour les sortir de cette situation ?

Barack Obama : (…) Je crois que tout le monde sait désormais que nous connaissons la pire crise financière depuis la Grande Dépression, et je crois que beaucoup d’entre vous sont inquiets pour leur emploi, leur retraite, leur prévoyance, leur capacité à envoyer les enfants ou les petits-enfants à l’université. Et je crois que nous avons là un verdict, le constat d’échec des politiques économiques qui ont été menées ces huit dernières années, fortement encouragées par le président Bush et soutenues par le sénateur McCain, qui ont dit en gros qu’il fallait se débarrasser de la réglementation, la protection des consommateurs ; qu’il fallait laisser le marché faire la loi et que la prospérité serait au rendez-vous.
Les choses ne se sont pas passées comme ça, et c’est pour ça que maintenant nous devons prendre des mesures décisives. Alors, la première étape a été ce « paquet » de sauvetage qui a été voté la semaine dernière. Il faut faire en sorte qu’il fonctionne efficacement. Ce qui veut dire : surveillance stricte, faire en sorte que les investisseurs et les contribuables récupèrent leur argent et soient traités comme des investisseurs. Cela veut dire aussi qu’il faut sévir et faire en sorte que les PDG ne retirent pas de ce « paquet » des primes et des parachutes en or. Et nous venons de constater qu’AIG, une compagnie qui a bénéficié d’une mesure de renflouement, s’est vu octroyer une coquette somme de 400 000 dollars, la semaine suivant l’opération de sauvetage. Et, à mon sens, le Trésor doit exiger que cet argent soit rendu et que les dirigeants soient remerciés. Mais, ça, c’est seulement la première étape. Parce que l’Américain moyen a besoin de mesures de sauvetage, et ça veut dire qu’il faut que l’Américain moyen bénéficie de réductions d’impôt ; cela veut dire qu’il faut aider les propriétaires à garder leurs maisons ; cela veut dire aussi qu’il faut aider l’Etat et les collectivités locales à lancer des projets d’infrastructures – des routes, des ponts – qui permettent aux gens de garder leur emploi.
Et puis, à long terme, il faut améliorer le système des soins de santé. Il faut améliorer notre politique énergétique ; l’énergie est un énorme fardeau pour les familles. Il faut que, à Washington, il y ait quelqu’un qui s’intéresse au sort de la classe moyenne et qu’on ne s’en remette pas simplement à des personnes qui peuvent exercer une influence. (…)

John McCain : Les Américains sont en colère. Ils sont déstabilisés et ils ont un peu peur. Il faut que nous réglions ce problème. Or j’ai un plan qui doit permettre de résoudre le problème, qui mise sur l’indépendance énergétique. Il faut en finir avec ces 700 milliards de dollars qu’on envoie chaque année à des pays qui ne nous aiment pas beaucoup. Il ne faut pas élever le taux d’imposition des Américains. Il ne faut pas relever le seuil d’imposition de qui que ce soit dans l’immédiat. Il faut mettre fin à ces dépenses inconsidérées que pratique Washington. Sait-on que nous avons mis sur les épaules des jeunes Américains qui sont avec nous ce soir une dette de 10 000 milliards de dollars, dont 500 milliards de dollars représentent ce que nous devons à la Chine ?
Il faut mettre en place un ensemble de réformes qui débouchera sur la prospérité et la paix dans le monde. Et je crois que ce problème est devenu si grave, comme vous le savez, qu’il va falloir revoir la valeur de nos biens immobiliers. On sait que l’immobilier continue à perdre de sa valeur, et c’est grave pour les retraités qui ne peuvent plus rembourser leurs crédits hypothécaires. Si je suis président des Etats-Unis, Alan, je donnerai l’ordre au secrétaire au Trésor de racheter immédiatement ces mauvaises créances hypothécaires et de renégocier sur la base de la valeur des biens immobiliers, c’est-à-dire que la valeur de ces biens immobiliers ayant diminué, les gens pourront rembourser leurs crédits et donc rester chez eux. Ça va coûter cher, bien sûr. Mais nous savons tous, chers amis, que, sauf à stabiliser les prix de l’immobilier en Amérique, on ne va jamais pouvoir amorcer la reprise, ni créer de l’emploi, ni redonner sa santé à notre économie. Et il faut que l’Amérique retrouve la confiance. (…)

Barack Obama : (…) Vous savez, le sénateur McCain et moi-même avons un désaccord fondamental en matière économique. Et ça commence par cette déclaration qu’a faite le sénateur McCain, comme quoi il estime que les fondamentaux de notre économie sont sains. Le problème réside en partie dans le fait que pour beaucoup d’entre vous, les salaires et les revenus n’augmentent plus. Vous avez de plus en plus de mal à mettre de l’argent de côté, et il faut repousser toujours plus loin l’âge de la retraite. Et c’est pour ça qu’en matière fiscale, par exemple, ce que j’ai l’intention de faire c’est d’offrir une réduction d’impôt à la classe moyenne, c’est-à-dire à 95 % des Américains actifs, à ceux qui ont deux emplois, ceux qui ne peuvent pas passer suffisamment de temps avec leurs enfants parce qu’ils n’arrivent pas à joindre les deux bouts.
Le sénateur McCain a raison quand il dit qu’il faut stabiliser les prix de l’immobilier. Mais le problème sous-jacent, c’est la perte de son emploi et de ses revenus. Et ça, c’est quelque chose sur lequel le prochain secrétaire au Trésor va devoir travailler. (…)

Question : Sénateur, en ces temps de crise économique, la plupart des gens autour de moi passent par des moments difficiles, et je me demande ce qui, dans ce « paquet » de sauvetage va vraiment pouvoir les aider.

John McCain : J’ai abandonné ma campagne et décidé de revenir à Washington un temps pour m’assurer que des protections supplémentaires seraient mises en place dans l’intérêt du contribuable sous la forme de mesures de contrôle. Les contribuables devront être remboursés les premiers lorsque l’économie repartira – et elle va repartir –, et il y a un certain nombre d’autres mesures. Mais, vous savez, l’un des vrais catalyseurs, disons l’allumette qui a mis le feu, c’est Fannie Mae et Freddie Mac. Et je suis prêt à parier que vous n’en aviez jamais entendu parler avant la crise.
Mais, vous savez, ce sont eux qui, avec les encouragements du sénateur Obama, de ses amis et de sa clique à Washington, ont consenti ces prêts à haut risque, les ont octroyés à des gens qui n’avaient pas les moyens de les rembourser. Et un certain nombre d’entre nous, il y a deux ans de cela, ont pris la parole. On a déclaré qu’il fallait promulguer des lois pour rectifier cette situation. Il faut mettre fin à cet appât du gain et à tous ces excès. Et pendant ce temps, les démocrates au Sénat et certains… certains membres du Congrès ont défendu les pratiques de Fannie et de Freddie. Ils se sont opposés à tout changement.
Et pendant ce temps-là ils recevaient de l’argent sous la forme de contribution à leur campagne. Le sénateur Obama a été le deuxième bénéficiaire de l’argent de Fannie Mae et de Freddie Mac en terme de sommes reçues, le deuxième dans l’histoire, le deuxième. Alors, ce train de mesures veut dire qu’on va stabiliser les marchés. On va renflouer ces institutions. Mais ça ne suffit pas. Et c’est pour ça qu’il va falloir que nous allions racheter ces créances immobilières douteuses et qu’il va falloir stabiliser la valeur des biens immobiliers. Et c’est comme ça, Alan, que les Américains pourront concrétiser le rêve américain et rester propriétaires de leurs maisons. (…)

Barack Obama : (…) Je vais vous expliquer ce que contient ce train de mesures. A l’heure actuelle, les marchés du crédit sont gelés. Et cela veut dire que concrètement les petites entreprises et même les entreprises de plus grande taille n’arrivent plus à emprunter. Ne pouvant plus emprunter, elles ne peuvent plus payer les salaires. Et si elles ne peuvent plus payer les salaires, cela veut dire que, peut-être, elles vont devoir mettre la clé sous le paillasson et licencier. C’est déjà un problème pour une entreprise. Imaginez ce que cela donne si un million d’entreprises se trouvent dans cette situation sur le territoire national. Et cela peut finalement avoir des répercussions sur tout un chacun, et c’est pour ça qu’il faut agir. Mais on n’aurait pas dû se retrouver dans cette situation.
Et là il faut que je corrige un peu le récit du sénateur McCain. On ne s’en étonnera pas. D’abord, il faut bien comprendre que ce qui est à l’origine de tout ce problème, c’est la déréglementation du système financier. Pas plus tard qu’en mars, le sénateur McCain se targuait du fait qu’il était pour la déréglementation alors qu’il y a deux ans, moi j’ai dit qu’il nous fallait gérer la crise des créances hypothécaires et la résoudre. J’ai écrit au secrétaire Paulson, j’ai écrit au président de la Fed, Ben Bernanke, pour leur dire qu’il fallait nous attaquer au problème, et personne n’a rien fait. Il y a un an, je suis allé à Wall Street pour expliquer qu’il fallait réglementer de nouveau, et rien ne s’est passé. Et pendant tout ce temps, le sénateur McCain disait qu’il fallait continuer à libéraliser parce que c’est comme ça que fonctionne le régime de la libre entreprise.
A propos de Fannie Mae, ce que n’a pas dit le sénateur McCain, c’est que le projet de loi dont il nous parle n’était pas son projet de loi à lui. Il a pris le train en marche un après le dépôt du projet, et la loi n’a jamais été votée. Et je n’ai jamais fait la promotion de Fannie Mae. En fait, c’est la société du président de campagne du sénateur McCain qui faisait du lobbying pour le compte de Fannie Mae ; pas moi.
Bon ! Mais ce qui vous intéresse, ce n’est pas d’entendre des hommes politiques désigner des coupables. Ce qui vous intéresse, n’est-ce pas, c’est de savoir comment ce qui se passe va vous affecter ? On n’est pas à la fin d’un processus ; on n’en est qu’au début. Et c’est pour ça que c’est tellement important pour nous de faire le maximum pour que les propriétaires n’aient pas à vendre leurs maisons. (…) Le problème, c’est que notre cadre réglementaire est un système archaïque. C’est un système du XXe siècle alors que les marchés financiers évoluent dans le XXIe siècle. Il va falloir que nous coordonnions nos efforts avec les autres pays pour que les mesures qui seront prises soient efficaces.
Mais plus important encore, il va falloir aider les familles, la classe moyenne, à rester dans leurs maisons ; à leur permettre de régler leurs factures, à faire face aux soins de santé, au coût de l’énergie. Et il va falloir qu’on change la culture de Washington pour que les groupes de pression et les intérêts particuliers ne se fassent pas entendre plus fort que notre propre voix.

Question : Sénateur McCain, en toute franchise, pensez-vous qu’en matière économique, le pire soit encore à venir ?

John McCain : (…) Ce qu’il faut bien voir, c’est qu’on peut restaurer notre économie. La force de travail des Etats-Unis, c’est la meilleure du monde. C’est l’aspect fondamental de l’économie américaine. C’est la plus innovatrice, c’est la meilleure … nous sommes …, on est les meilleurs exportateurs…, on est les meilleurs importateurs… C’est la force de travail la plus efficace, la meilleure du monde. Et puis il faut qu’on leur donne leur chance, aux travailleurs. Il faut qu’on leur donne une chance de donner le meilleur d’eux-mêmes. Parce qu’ils observent, innocents, la plus grosse crise financière de notre époque et ils n’y sont pour rien. Il faut qu’on y arrive. (…)

Question : Comment peut-on vous confier notre argent en toute sérénité alors que vos deux partis nous ont mis dans cette crise économique mondiale ?

Barack Obama : Bon ! Je comprends bien votre amertume et votre cynisme parce que vous, vous avez fait ce que vous aviez à faire comme la plupart des gens ici. Vous avez vos responsabilités. Vous avez un budget familial à gérer. Et quand il y a moins d’argent, il faut faire des choix. Peut-être que vous sortez moins le soir ? Peut-être que vous avez renoncé à acheter une nouvelle voiture ? Alors que ça n’est pas leur problème à Washington, vous avez tout à fait raison. Et on peut leur en tenir rigueur.
Je pense que ce serait une bonne chose de faire un petit retour en arrière dans l’Histoire. Quand George Bush a pris ses fonctions, nous avions des excédents alors que maintenant nous avons un déficit annuel d’un demi-trillion de dollars. Quand George Bush est arrivé, notre dette, la dette nationale, était aux alentours de 5 trillions de dollars ; elle dépasse maintenant les 10 trillions. Elle a presque doublé. Bien sûr, personne n’est complètement innocent. Au cours de ces huit dernières années, nos dépenses se sont creusées, et notre dette nationale n’a jamais été aussi élevée dans notre histoire. Et le sénateur McCain a voté en faveur de quatre sur cinq des budgets de George Bush. Voici ce que je propose. Je vais consacrer de l’argent sur aux problèmes-clés. Peut-être avez-vous constaté que les primes de l’assurance-maladie augmentent. Il faut réformer notre système de soins de santé ; le réformer pour alléger votre budget.
Il faut nous attaquer à la question énergétique parce qu’on ne peut pas continuer à emprunter aux Chinois et envoyer de l’argent à l’Arabie saoudite. On est en train d’hypothéquer l’avenir de nos enfants. Nous avons un autre plan énergétique à proposer. Et puis il faut investir pour ouvrir l’Université au plus grand nombre. Il va falloir investir et il va aussi falloir réduire nos dépenses. Et ce qu’a dit le sénateur McCain, si j’ai bien compris, c’est qu’il nous propose tout un bouquet de dépenses alors que moi je me propose d’économiser plus que ce qu’on dépense, ce qui permettra, en fin de compte, d’obtenir une réduction nette des dépenses. (…)

John McCain : Je comprends bien les raisons de votre cynisme et de votre méfiance. Parce que, à Washington, le système est grippé. Et moi j’ai toujours voulu réformer. (…) J’ai toujours été favorable à l’action concertée. Et la situation d’aujourd’hui appelle l’action des deux partis. Le sénateur Obama n’a jamais cherché à engager les dirigeants de son parti sur quelque dossier que ce soit, et nous avons besoin de réformes.
Alors, revenons sur nos acquis et pas simplement nos discours. Et ça c’est une des raisons de votre méfiance. Il faut peut-être aller voir ce que font ces organisations qui surveillent en permanence tout ce que nous faisons, comme le mouvement des Citoyens contre le gaspillage de l’Etat (Citizens Against Government Waste) ou l’Union nationale des contribuables (National Taxpayers). Je ne vous demande pas d’examiner chacune de leurs décisions. Mais qu’est-ce que vous constateriez ? On n’a jamais tant dépensé au Sénat des Etats-Unis. J’ai lutté contre les abus, les dépenses excessives. Je me suis battu pour limiter les programmes spéciaux et les éliminer.
Savez-vous que le sénateur Obama a voté en faveur de 860 milliards de dollars de nouvelles dépenses ? Savez-vous qu’il a voté pour toutes les augmentations de dépenses que j’ai vu passer au Sénat quand nous étions en train d’essayer d’éliminer cette politique de financement de programmes électoraliste ? Il a voté pour presque un million de dollars destinés au financement de projets spéciaux – »l’assiette au beurre »-, y compris, au passage, trois millions de dollars pour un rétroprojecteur au planétarium de Chicago. Est-ce vraiment bien nécessaire, ce genre de dépenses ? Je pense qu’il faut juger sur pièces : regarder son bilan, regarder mon bilan. Et puis regarder nos propositions économiques, non pas 860 milliards de dollars de nouvelles dépenses mais des réformes qui permettront aux gens de garder leurs emplois, qui permettront à la classe moyenne de retrouver du travail et à notre économie de redémarrer.
Vous allez examiner nos propositions ce soir et dans l’avenir. Prenons par exemple l’indépendance énergétique, entre autres. Les forages en mer et l’énergie nucléaire en sont deux éléments essentiels. Je les ai soutenus, et je sais comment rétablir notre économie, éliminer notre dépendance à l’égard du pétrole étranger pour ne plus avoir à dépenser 700 milliards de dollars par an qui partent à l’étranger. (…)

Question : La réalité économique a changé. Tout le monde ici ce soir et dans tout le pays le sait et comprend qu’il faut faire des choix. Politique de santé, politique énergétique, réforme de la couverture sociale : quelles vont être nos priorités et dans quel ordre ? Quelle va être votre toute première priorité la première année de votre mandat ? Et quelles seront vos autres priorités par la suite ?

John McCain : Je crois qu’on peut travailler sur les trois en même temps. (…) Mes amis, nous ne serons pas en mesure d’assurer les mêmes prestations pour les travailleurs actuels que pour les retraités. Il faut que républicains et démocrates s’assoient autour de la table, comme l’ont fait Ronald Reagan et Tip O’Neill en 1983. Je sais comment faire cela. (…) Nous pouvons travailler sur les centrales nucléaires, en construire toute une série et créer des millions d’emplois. Il faut que nous ayons toutes ces options, énergies alternatives, éolien, marée, solaire, gaz naturel et charbon propre. Ce sont toutes ces choses que nous pourrons faire en tant qu’Américains, nous pouvons nous atteler à cette mission et relever le défi. Mes amis, une partie de ces 700 milliards atterrit dans les mains des organisations terroristes. En ce qui concerne l’assurance-maladie, à l’évidence tous essaient de faire en sorte de pouvoir payer leurs cotisations et d’avoir ainsi accès à une couverture maladie. C’est l’autre question importante. Mais nous pouvons travailler sur tous les fronts de concert, il n’y a pas… et nous devons travailler sur tous les fronts de concert. Les trois sujets que vous avez évoqués sont des nécessités impératives de sécurité nationale. (…)

Barack Obama : Nous allons devoir définir des priorités, tout comme une famille doit le faire. A présent, j’ai mentionné ce qui pour moi doit être en tête de la liste. Nous devons régler le dossier de l’énergie aujourd’hui parce que le prix de l’essence est à 3,80 dollars ici à Nashville et pourrait encore monter. Cela pèse sur le budget familial mais c’est aussi mauvais pour la sécurité nationale car des pays comme la Russie et le Venezuela, et comme vous le savez dans certains cas des pays comme l’Iran, bénéficient de prix du pétrole plus élevés. C’est pourquoi il faut régler cela tout de suite. Aussi ai-je appelé à un investissement de 15 milliards de dollars par an sur dix ans. Notre but devrait être de nous libérer de notre dépendance à l’égard du pétrole du Moyen-Orient d’ici 10 ans. Et c’est possible. Quand JFK disait « nous irons sur la Lune dans dix ans », personne ne savait comment y arriver mais nous comprenions que quand le peuple américain décide de faire quelque chose, il le fait. Cela doit donc être la priorité numéro un. L’assurance-maladie est la deuxième priorité. Parce qu’un mauvais système de santé est dommageable non seulement pour les familles mais aussi rend nos entreprises moins compétitives. Et troisième priorité, il faut régler le dossier de l’éducation pour que nos jeunes puissent être compétitifs dans une économie mondialisée. (…)

Question : Depuis la seconde guerre mondiale, nous n’avons jamais eu à sacrifier quoi que ce soit pour aider notre pays, si ce n’est le sang d’hommes et de femmes héroïques. En tant que président, quels sacrifices attendrez-vous de chaque Américain pour permettre de restaurer le rêve américain et de sortir du marasme économique dans lequel nous sommes actuellement ?

John McCain : (…) Je vais demander au peuple américain d’essayer de comprendre que certains programmes devront peut-être être mis de côté. J’ai proposé il y a un certain temps d’examiner toutes les agences et toute la bureaucratie gouvernementale, et nous allons devoir éliminer ce qui ne fonctionne pas. J’en connais beaucoup qui ne fonctionnent pas. Parmi elles, les dépenses militaires car je me suis opposé à certains sous-traitants dans ce domaine. J’ai permis aux contribuables d’économiser 6,8 milliards de dollars sur un contrat concernant un ravitailleur de l’Air Force qui avait été négocié de façon trouble (…). Il nous faut dire au peuple américain que les dépenses vont devoir être réduites en Amérique, et je préconise un gel des dépenses qui, à l’exception de la défense, des vétérans et d’autres programmes vitaux, devra s’appliquer à l’ensemble du budget. Certains de ces programmes n’évoluent pas autant que nous le souhaiterions mais nous pourrons définir les priorités dans une totale transparence et au su du peuple américain, en le consultant et non pas derrière des portes closes, et en allouant des fonds à des programmes en pleine nuit, programmes dont nous ne sommes parfois même pas informés avant des mois. (…)

Barack Obama : Vous savez, beaucoup d’entre vous se souviennent de la tragédie du 11-Septembre et où vous étiez ce jour-là, comment le pays tout entier s’est réuni et a décidé d’énormes changements pour que nous soyons non seulement en sécurité mais pour que notre pays soit meilleur et plus uni. Le président Bush a dit certaines choses sensées au début, mais il a laissé passer une opportunité quand il a dit au peuple américain « sortez de chez vous et allez faire des courses ». Ce n’était pas le type de cri de ralliement dont le peuple américain avait besoin. C’est pourquoi il est important de comprendre que, je crois que ce dont le peuple américain a besoin c’est d’un leadership qui s’attaque à ces problèmes, pas seulement au sein du gouvernement mais aussi hors du gouvernement.
Prenons l’exemple de l’énergie (…). Je crois qu’il est nécessaire d’augmenter le production de pétrole. Je crois qu’il va nous falloir explorer de nouveaux moyens de trouver du pétrole, et cela inclut les forages en mer. Cela veut dire aussi signifier aux compagnies pétrolières qui disposent actuellement de 68 millions d’acres inexploitées que si elles ne les utilisent, pas elles les perdront. Nous devons développer la technologie du charbon propre et des techniques sûres de stockage nucléaire. Mais chacun d’entre nous peut d’ores et déjà commencer à réfléchir à la manière de pouvoir économiser l’énergie dans nos maisons et bâtiments. L’une des choses que je me propose de faire, c’est de m’assurer qu’il y ait des incitations à l’achat de voitures plus économes en carburant et qu’elles soient produites ici aux Etats-Unis et non pas au Japon ou en Corée du Sud, que l’on puisse isoler sa maison ou rendre son entreprise plus économe en énergie. Et cela va nécessiter des efforts de chacun d’entre nous. (…)

Question : Comment ferez-vous en tant que président pour rompre avec les mauvaises habitudes telles que des dettes excessives et le crédit trop facile dans tous les domaines pour ce pays non pas seulement au niveau fédéral, mais en terme de modèle pour le reste du pays également ?

Barack Obama : Je crois qu’il faut commencer avec Washington. Nous devons montrer que nous avons de bonnes habitudes, car si nous contractons des dettes de milliers de milliards, dont héritera la génération suivante, beaucoup de gens vont se dire : Vous savez quoi, il y a de l’argent facile disponible. (…) Quand le sénateur McCain propose des réductions d’impôts qui accorderaient aux PDG des 500 meilleurs entreprises américaines des réductions supplémentaires de 700 000 dollars, ça n’est pas une meilleure répartition du fardeau fiscal. Donc une partie du problème à mon avis, pour beaucoup de gens qui nous écoutent ici ce soir, c’est qu’ils n’ont pas le sentiment de partager ce fardeau avec d’autres personnes. Ce que je veux dire par là, c’est qu’il est difficile de demander à un professeur qui gagne 30 000 à 35 000 dollars par an de se serrer la ceinture quand il y a des gens qui gagnent beaucoup plus et qui ont la belle vie.
C’est pourquoi j’estime qu’il est important pour le président de donner le ton et de dire que tous doivent apporter leur pierre à l’édifice, que tous vont devoir faire des sacrifices. Et cela implique que, oui, il va probablement falloir réduire les dépenses ; bien que contrairement au sénateur McCain, je ne sois pas en faveur d’un gel de toutes les dépenses. Voilà un exemple d’une fiscalité injustement répartie. C’est comme si on utilisait une hache pour réduire le budget fédéral ; je veux me servir d’un scalpel pour aider ceux qui ont besoin d’aide et non ceux qui, comme moi-même ou le sénateur McCain, n’en ont pas besoin. (…)

John McCain : Vous savez, pointer du doigt les différentes propositions du sénateur Obama en matière de fiscalité, c’est une tâche impossible. Il y en a déjà cinq ou six et si vous attendez un peu, il y en aura probablement une autre. Mais il veut augmenter les impôts. Mes amis, le dernier président à avoir augmenté les impôts dans des temps économiquement difficiles était Herbert Hoover. Il pratiquait aussi le protectionnisme, ce que certainement nous allons aborder. Vous savez, à cette époque l’année dernière, nous avons perdu 700 000 emplois en Amérique. Le seul côté positif, c’est que plus de 300 000 emplois ont été créés par des petites entreprises.
Ce que le sénateur Obama ne vous dit pas, c’est que ces augmentations d’impôts vont toucher 50 % des revenus des petites entreprises. Dans tout le pays, ces petites entreprises vont devoir supprimer des emplois et verront leurs impôts augmenter, et ne pourront pas embaucher à cause de la politique fiscale du sénateur Obama (…). Je suis partisan de laisser le taux d’imposition tel qu’il est et de réduire le fardeau fiscal qui pèse sur les salaires moyens en doublant l’exonération fiscale pour chaque enfant de 3 500 dollars à 7 000 dollars. Je veux donner à chaque Américain un crédit d’impôt remboursable de 5 000 dollars pour qu’il puisse choisir l’assurance-maladie qu’il désire plutôt que d’imposer des choix directifs et des amendes aux petites entreprises, comme le préconise le plan du sénateur Obama. Créons des emplois et faisons redémarrer notre économie. N’augmentons pas les impôts pour qui que ce soit. (…)

Question : Fixeriez-vous une date au Congrès pour la réforme de la sécurité sociale et du « medicare » dans les deux premières années de votre mandat ? Tout le monde s’accorde à dire, au-delà des clivages politiques, que c’est une bombe à retardement qui nous touchera tous peut-être encore plus que la crise du crédit immobilier.

Barack Obama : Eh bien Tom, il va falloir revoir les droits aux prestations et je crois qu’il va falloir faire vite. Il y a beaucoup à faire et je ne peux garantir que nous le ferons dans les deux prochaines années. Mais j’aimerais le faire au cours de mon premier mandat. Je crois qu’il est important de comprendre que nous ne résoudrons pas les problèmes de la sécurité sociale et de « medicare » sans comprendre le reste de notre politique fiscale. Soyons clairs en ce qui concerne mon programme fiscal et celui du sénateur McCain : nous ne pourrons pas régler la question des droits aux prestations sans comprendre sur quelles recettes nous pouvons compter. Je veux accorder une réduction d’impôts à 95 % des Américains, 95 %. Si vous gagnez moins d’un quart de million de dollars par an, vous n’aurez pas un centime de plus d’impôts à payer. Si vous gagnez 200 000 dollars par an, vos impôts diminueront.
Le sénateur McCain parle des petites entreprises. Seule une faible proportion de petites entreprises gagne moins de 250 000 dollars par an, donc une grande majorité d’entre elles bénéficieront d’une réduction d’impôt dans le cadre de mon plan. Nous leur accorderons un crédit d’impôts de 50 % pour qu’elles puissent financer l’assurance-maladie leurs salariés, car j’ai vu énormément de petites entreprises dans tout le pays qui voulaient remplir leurs obligations vis-à-vis de leurs salariés mais qui n’en avaient pas les moyens. Il y a de petits entrepreneurs, beaucoup d’entre eux, qui ne peuvent pas payer leur propre assurance-maladie. A l’inverse, le sénateur McCain veut accorder une réduction d’impôts de 300 milliards de dollars, dont 200 milliards aux plus grandes entreprises, et donc 100 milliards iront dans la poche des PDG de Wall Street. Il veut accorder 700 000 dollars de réduction d’impôts supplémentaires aux 500 plus grandes entreprises américaines. Ce n’est pas équitable et cela ne marche pas. (…)

John McCain : J’en viendrai à « medicare » dans un moment (…). Mes amis, ce que nous devons faire en ce qui concerne « medicare », c’est créer une commission, réunir les plus grands esprits d’Amérique, faire des recommandations et sur cette base faire voter le Congrès sur son montant, à la hausse ou à la baisse. Mais ne les laissons pas continuer à faire ce qu’ils veulent. Il y a trop d’intérêts privés et de lobbyistes à l’œuvre dans ce domaine. Le peuple américain est en droit de dire : C’est à vous de régler ça. Pour en revenir à cet impôt, je reviens sur votre première question sur la rhétorique et la réalité de nos bilans. Le sénateur Obama a voté 94 fois soit pour l’augmentation des impôts, soit contre les réductions d’impôts. Voilà son bilan. (…)

Question : Sénateur McCain, nous avons vu que le Congrès a réagi assez rapidement face à la crise économique. J’aimerais savoir ce que vous feriez aux cours des deux prochaines années pour que le Congrès réagisse sur les questions environnementales, comme le changement climatique et les emplois de l’économie verte.

John McCain : Oui, écoutez, nous vivons une période économique difficile. Nous le savons tous. Il ne faut pas oublier les difficultés que vivent les Américains en ce moment. Mais quand la question est de transmettre à nos enfants et nos petits-enfants une planète abîmée, je me suis clairement opposé à l’administration Bush sur ce sujet. J’ai parcouru le monde avec Joe Lieberman et constaté les effets des émissions des gaz à effet de serre. J’ai présenté une première proposition de loi et nous l’avons soumise au vote. Ça, c’est la bonne nouvelle, chers amis. La mauvaise nouvelle, c’est que nous avons perdu. Nous continuons à alimenter le débat et à informer les Américains sur le danger que représente le changement climatique. Quelle est la meilleure façon de remédier à cela ? l’énergie nucléaire.
Le sénateur Obama dit qu’il faut qu’elle soit sûre ou sans conséquence, quelque chose comme cela. Ecoutez, je me suis trouvé à bord de bâtiments de la marine fonctionnant à l’énergie nucléaire. Cette énergie est sûre et elle est propre. Elle crée des centaines de milliers d’emplois. Je sais que nous pouvons retraiter les combustibles nucléaires. Les Japonais, les Britanniques et les Français le font, nous pouvons le faire aussi. Le sénateur Obama y est opposé. Nous pouvons aller de l’avant et préserver notre climat, et développer les technologies vertes, et les énergies alternatives pour les voitures hybrides ou à pile à combustible ou électriques. (…) Nous, Américains, pouvons le faire car nous sommes les meilleurs en terme d’innovation, les meilleurs producteurs car 95 % de notre marché se trouve en dehors des Etats-Unis. (…)

Barack Obama : C’est un des plus grands défis du siècle et il est absolument essentiel que nous comprenions qu’il ne s’agit pas seulement d’un défi mais d’une occasion à saisir. Si nous créons une nouvelle économie de l’énergie, nous pouvons créer aisément 5 millions d’emplois ici aux Etats-Unis. Il y a là un moteur qui peut nous propulser vers le futur de la même manière que l’ordinateur a stimulé la croissance économique au cours des deux dernières décennies. C’est à notre portée, mais il va falloir investir. Tout comme l’ordinateur a été inventé à l’origine par une poignée de scientifiques au service du gouvernement qui cherchaient un nouveau moyen de communication à des fins militaires, nous devons prendre conscience qu’il s’agit d’une question de sécurité nationale ici aussi.
C’est pourquoi il faut faire des investissements, et j’ai appelé à des investissements dans les domaines du solaire, de l’éolien et de la géothermie. Contrairement à ce que le sénateur McCain persiste à dire, je suis en faveur de l’énergie nucléaire comme l’une des composantes de notre gamme de sources d’énergie. Là encore, je pense qu’il est important de consulter les bilans. Le sénateur McCain et moi-même sommes en fait d’accord sur un point. Il a dit il y a peu que le grand problème avec l’énergie, c’est que pendant trente ans les politiciens de Washington n’ont rien fait. Ce que le sénateur McCain ne précise pas, c’est qu’il a passé vingt-six ans à Washington. Au cours de cette période il a voté à 23 reprises contre les énergies alternatives, à 23 reprises. Il est facile de parler de tout cela au cours d’une campagne, mais il faut bien comprendre que cela nécessitera un effort soutenu de la part du prochain président. Un dernier point que j’aimerais souligner concernant l’énergie : le sénateur McCain parle beaucoup de forages, et certes c’est important, mais nous disposons de 3 % des réserves mondiales alors que nous consommons 25 % de la production mondiale. Ce que cela signifie, c’est que le forage ne suffira pas à régler le problème.
Nous ne règlerons pas les problèmes climatiques si notre seule solution consiste à utiliser les énergies fossiles qui entraînent le réchauffement de la planète. Il va nous falloir trouver d’autres solutions, ce qui implique que le gouvernement des Etats-Unis travaille avec le secteur privé pour financer le type d’innovations que nous pourrons ensuite exporter vers des pays comme la Chine qui ont également besoin d’énergie et mettent en service une centrale électrique au charbon par semaine. Nous devons nous assurer que nous leur fournirons l’énergie dont ils ont besoin ou les aider à produire l’énergie qui leur est nécessaire.

Question : Pensez-vous que la santé peut être traitée comme une marchandise ?

Barack Obama : Vous savez, lorsque je voyage à travers le pays, c’est une des questions qui revient le plus souvent, celle du système de santé. Elle met en pièces les budgets des ménages. Je ne peux pas vous dire combien de gens j’ai rencontrés qui n’ont aucune assurance-santé. Si vous avez une assurance-santé, la plupart d’entre vous ont vu leurs primes doubler en huit ans. Et vos tickets modérateurs et vos franchises ont augmenté de 30 % rien que cette dernière année. Si vous êtes une PME, c’est un fardeau écrasant. Donc, une des choses que j’ai dites dès le début de cette campagne est que faire quelque chose en ce qui concerne la crise du système de santé à laquelle sont confrontées de nombreuses familles constitue un engagement moral et un impératif économique.
Voici ce que je ferais. Si vous avez déjà une couverture santé, et la majorité d’entre vous en ont sûrement une, vous pouvez conserver votre assurance si elle vous satisfait. Vous pouvez également conserver votre choix de médecin traitant. Nous travaillerons avec vos employeurs afin de réduire vos primes jusqu’à 2 500 dollars par an. Nous ferons cela en investissant dans la prévention. Nous ferons cela en nous assurant que nous utilisons les technologies de l’information afin que les dossiers médicaux soient sur base informatique, afin que vous n’ayez pas à remplir trois fois le même formulaire lorsque vous allez à l’hôpital. Ceci permettra de réduire les erreurs médicales et les coûts. Si vous n’avez pas d’assurance-santé, vous pourrez acheter le même type d’assurance que celui que le sénateur McCain et moi-même avons en tant qu’employés de l’Etat fédéral.
Du fait du grand nombre de cotisants, nous pouvons réduire les coûts, et personne ne sera exclu sur la base d’une maladie préexistante, ce qui constitue un énorme problème. Le sénateur McCain, quant à lui, a une approche différente : il dit qu’il va vous accorder une réduction d’impôt de 5 000 dollars. Ce qu’il ne vous dit pas, c’est qu’il va taxer la partie payée par l’employeur pour la couverture santé – ce serait une première ! Et donc ce qu’une main donne d’un côté, il le reprend de l’autre. Il enlèverait également aux Etats la possibilité de réglementer les compagnies d’assurances afin que vous ne soyez pas exclus pour les maladies préexistantes ou les mammographies, ou la maternité. Ça, c’est fondamentalement la mauvaise manière de procéder. (…) Je ne pense pas que ce soit le type de changement dont nous ayons besoin. (…)

John McCain : (…) Ce qui est en jeu ici dans la question du système de santé, c’est la différence fondamentale entre moi le et sénateur Obama. Comme vous l’avez remarqué, il commence par parler du gouvernement, il commence par dire « le gouvernement fera ceci, le gouvernement fera cela », puis il imposera ses choix directifs. Si vous avez une PME et que nous n’assurez pas vos employés, le sénateur Obama vous imposera une amende. Il vous imposera une amende. C’est remarquable. Si vous êtes parents et que vous vous démenez pour que vos enfants aient une assurance-santé, le sénateur Obama vous infligera une amende.
Je souhaite, quant à moi, donner à chaque Américain un crédit d’impôt remboursable de 5 000 dollars. Ils peuvent le dépenser là où ils l’entendent, dans d’autres Etats. Pourquoi pas ? Est-ce que l’on ne traverse pas la frontière de l’Etat pour aller acheter d’autres choses aux Etats-Unis ? Bien sûr que c’est acceptable de traverser la frontière d’un Etat, parce qu’en Arizona, ils vous offrent peut-être une assurance-santé qui vous convient mieux que celle que l’on vous offre ici dans le Tennessee. Et si vous faites vos calculs, les gens qui bénéficient d’une couverture santé, donc fournie par l’employeur, si vous les taxez et que vous regardez ce qui leur reste, et que vous ajoutez les 5 000 dollars que vous allez recevoir au titre du crédit d’impôt remboursable, faites le calcul : 95 % des Américains auront plus d’argent à leur disposition pour choisir l’assurance-santé qui leur convient, faire jouer la concurrence – toutes ces personnes seront couvertes (…) Mais l’important, c’est de laisser aux gens le choix aux Etats-Unis et de ne pas leur imposer les choses. (…)

Question : La couverture santé aux Etats-Unis est-elle un privilège, un droit ou une responsabilité ?

John McCain : Je crois qu’il s’agit d’une responsabilité, en ce sens que chaque citoyen américain, chaque membre de nos familles devrait avoir une assurance-santé disponible et abordable. Et mon projet propose justement cela. (…)

Barack Obama : Je crois que cela devrait être un droit pour chaque Américain. Dans un pays aussi riche que le nôtre, voir des gens qui font faillite parce qu’ils ne peuvent pas payer leurs soins – que ma mère meure d’un cancer à l’âge de 53 ans et doive passer les derniers mois de sa vie à se battre avec les compagnies d’assurances dans sa chambre d’hôpital parce qu’ils lui disent qu’il est possible qu’il y ait eu une maladie préalable et que, par conséquent, ils ne sont pas obligés de payer son traitement, il y a quelque chose de profondément intolérable. (…) Ma dernière remarque sur cette question de l’ingérence du gouvernement et de ses choix directifs – il est tout à fait vrai que je crois important que le gouvernement fasse la chasse aux compagnies d’assurances qui trompent leurs clients, qui ne vous font pas lire les notes de bas de page et vous pensez que vous payez pour quelque chose et, lorsque vous tombez malade et que vous en avez besoin, vous n’obtenez rien. (…)

Question : En quoi les événements économiques récents vont-ils affecter notre aptitude à agir en tant que force de paix ?

John McCain : Il n’y a pas de doute que l’Histoire nous démontre que des pays qui sont militairement forts pendant une longue période doivent également avoir une économie solide. Et c’est là un défi auquel se trouvent confrontés les Etats-Unis. Et nous entendrons beaucoup de critiques. J’ai entendu beaucoup de critiques contre les Etats-Unis et notre politique de sécurité nationale, et tout le reste, et beaucoup de ces critiques sont justifiées. Mais le fait est que les Etats-Unis sont la plus grande force pour le bien de l’histoire du monde. Mes amis, nous sommes allés aux quatre coins de la Terre et avons déversé du sang américain pour défendre la liberté, le plus souvent des autres, et la nôtre.
Donc, nous faisons la paix et nous la maintenons. Mais le défi est de savoir quand les Etats-Unis peuvent avoir un impact politique sur le dénouement d’une crise. Quand faut-il y aller ou pas. Quand la puissance militaire américaine vaut que nous dépensions ce que nous avons de plus précieux. Seule une personne ayant le savoir et l’expérience de discerner quand non seulement notre sécurité nationale est menacée mais où les Etats-Unis peuvent faire la différence pour empêcher un génocide, empêcher que le terrorisme ne se répande, en d’autres termes, en faisant ce que les Etats-Unis ont toujours fait, pas toujours très bien, mais nous l’avons fait parce que nous sommes une nation du bien. Et je suis convaincu que tout ce que j’ai fait, en remontant à mon opposition à l’envoi de troupes de marines au Liban, en passant par mon appui aux efforts faits au Kosovo et en Bosnie ainsi que lors de la première guerre du Golfe, et je reste fidèle à mes décisions que j’ai prises par le passé. Le sénateur Obama avait tort au sujet de l’Irak et de l’opération « surge » [renfort]. Il avait tort au sujet de la Russie lorsque cette dernière a agressé la Géorgie. Et du haut de sa courte carrière, il ne comprend pas les défis de notre sécurité nationale. Nous n’aurons pas le temps de nous former sur le tas.

Barack Obama : Vous savez, lors du dernier débat et aujourd’hui encore, le sénateur McCain sous-entend que je ne comprends pas. C’est vrai. Il y a des choses que je ne comprends pas. Je ne comprends pas comment nous avons envahi un pays qui n’avait rien à voir avec le 11-Septembre, alors qu’Oussama Ben Laden et Al-Qaida sont en train de mettre en place des camps d’entraînement et des refuges pour que les terroristes nous attaquent. C’était l’opinion du sénateur McCain et c’était la mauvaise. Lorsque le sénateur McCain a encouragé le président à partir en Irak, il a sous-entendu que ce serait rapide et facile, qu’on serait accueillis comme des libérateurs. Son avis était une mauvaise décision et elle nous a coûté cher.
Une des difficultés avec l’Irak, c’est qu’il a mis une pression énorme sur nos troupes, de toute évidence, et ils se sont comportés comme des héros, avec honneur et nous avons une dette extraordinaire envers eux. Mais cela est une contrainte énorme pour notre budget. (…) Nous dépensons 10 milliards de dollars par mois en Irak alors que les Irakiens ont un excédent de 79 milliards de dollars… Et nous aurions besoin de ces 10 milliards de dollars par mois, ici, aux Etats-Unis, pour aider les chômeurs à retrouver un emploi et faire toutes ces choses magnifiques que le sénateur McCain recommande que nous fassions, alors qu’il ne nous a pas encore expliqué comment il allait les financer. Le sénateur McCain et moi-même sommes d’accord sur un point – notre pays est le plus grand pays au monde, nous sommes une force pour le bien dans le monde –, mais il n’y a jamais eu dans l’histoire du monde de nation qui ait vu son économie s’affaiblir tout en maintenant sa supériorité militaire. Et l’affaiblissement de nos alliances de par le monde et le respect à notre égard qui a diminué ces huit dernières années ont réduit notre marge de manœuvre lorsqu’il s’est agi d’agir dans des cas comme le génocide au Darfour, car nous n’avons pas les ressources ou les alliés pour faire tout ce que nous devrions faire. Lorsque je serai président, cela changera. Mais nous ne pouvons le faire que si nous changeons radicalement la politique étrangère du sénateur McCain et de George W. Bush. En effet, cette politique n’a pas souri aux Etats-Unis.

Question : Quelle est la doctrine d’Obama en ce qui concerne l’utilisation de la force par les Etats-Unis lorsque sa sécurité nationale n’est pas en jeu ?

Barack Obama : Notre sécurité nationale ne sera pas en jeu dans tous les cas. Mais cela relève d’une question morale. Si nous avions pu intervenir de manière efficace dans l’Holocauste, qui parmi nous dirait que nous avions l’obligation morale de ne pas y aller ? Si nous avions pu arrêter le génocide au Rwanda, certainement si nous en avions eu la possibilité, c’est quelque chose que nous devrions très sérieusement envisager et faire. Donc, lorsqu’il y a un génocide, lorsqu’il y a un nettoyage ethnique quelque part dans le monde et que nous restons là les bras croisés, nous en ressortons diminués. Par conséquent, je crois que nous devons considérer que cela fait partie de nos intérêts, de nos intérêts nationaux, d’intervenir là où c’est possible.
Mais comprenez bien qu’il y a beaucoup de cruautés de par le monde, nous ne pourrons pas être partout à la fois. C’est pourquoi il est si important que nous puissions travailler de concert avec nos alliés. Penchons-nous un instant sur l’exemple du Darfour. A l’heure actuelle, il y a une force de maintien de la paix qui y a été mise en place et il y a des soldats de l’Union africaine au Darfour pour arrêter un génocide qui a fait des centaines de milliers de morts. Nous pourrions fournir une aide logistique, mettre en place une zone d’exclusion aérienne, tout cela pour un coût relativement faible pour nous. Néanmoins, nous ne pouvons faire cela que si nous aidons la communauté internationale à se mobiliser et que si nous montrons la voie. Et c’est ce que j’ai l’intention de faire quand je serai président. (…)

John McCain : ( …) Les Etats-Unis, Tom, sont la plus grande force pour le bien, comme je l’ai dit. Et nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour empêcher les génocides, tout ce qui est en notre pouvoir pour empêcher ces terribles malheurs dont nous avons dit qu’ils ne devraient jamais se reproduire. Mais il faut également tenir compte de notre aptitude à changer la situation en bien, et il faut pour cela quelqu’un qui garde la tête froide. En d’autres termes, il faut quelqu’un qui comprenne quelles sont les limites de nos capacités. Nous sommes allés en Somalie pour y instaurer la paix et nous nous sommes retrouvés en train d’essayer de la maintenir, et nous avons donc dû nous retirer humiliés. Au Liban, je me suis opposé au président Reagan, mon héros, et lui ai dit « Si nous y envoyons des marines, comment pouvons-nous avoir un impact positif sur la situation ? ». Je lui ai dit que nous ne devions pas y aller. Malheureusement, près de 300 jeunes et courageux marines y ont trouvé la mort. Lorsque l’on prend des décisions, il faut bien peser les choses pour voir en quoi on peut avoir un impact positif sur la situation et bien comprendre que c’est ce que les Etats-Unis ont de plus précieux que l’on expose au danger, le sang américain. Et une fois de plus, je connais bien ces situations. (…)

Question : Les Etats-Unis doivent-ils respecter la souveraineté pakistanaise et ne pas pourchasser les terroristes d’Al-Qaida qui y ont des bases ou doit-on, au contraire, ignorer leurs frontières et pourchasser nos ennemis, comme nous l’avons fait au Cambodge pendant la guerre du Vietnam ?

Barack Obama : Nous sommes dans une situation difficile au Pakistan. Je crois, pour commencer, que c’est en partie dû au fait que nous avons pris la mauvaise décision en allant en Irak, alors que nous n’avions pas fini le travail de traque de Ben Laden et d’éradication d’Al-Qaida. Cela nous a distraits de notre but. Nous avons détourné des ressources et, au final, Ben Laden s’est échappé, a monté des camps de base dans les montagnes du Pakistan, dans les provinces du Nord-Ouest. Aujourd’hui, ils attaquent nos troupes en Afghanistan, ce qui déstabilise la situation. Ils sont plus forts aujourd’hui qu’ils ne l’ont jamais été depuis 2001. C’est pourquoi je pense qu’il est important de changer radicalement de cap parce que c’est le front principal du terrorisme. Ils projettent de tuer des Américains en ce moment même.
Comme l’a dit le secrétaire à la défense Gates, la guerre contre le terrorisme a commencé dans cette région et c’est là qu’elle s’achèvera. Donc, une des raisons pour lesquelles je crois qu’il est important que nous mettions fin à la guerre en Irak est que cela nous permettrait d’envoyer plus de troupes en Afghanistan, et donc d’accroître notre pression sur le gouvernement afghan, afin qu’il fasse ce qu’il doit faire : éradiquer une partie du trafic de drogue qui finance le terrorisme. Néanmoins, je pense que nous devons changer nos politiques à l’égard du Pakistan. Nous ne pouvons, comme nous l’avons fait, frayer avec un dictateur, lui donner des milliards de dollars alors qu’il signe des traités de paix avec les talibans et les militants. Ce que j’ai dit, c’est que nous allions encourager la démocratie au Pakistan, étendre notre aide non militaire à ce pays afin de les encourager à travailler avec nous, mais nous devons insister pour qu’il se débarrasse de ces militants. Et si un jour nous avons Oussama Ben Laden dans notre ligne de mire, et que le gouvernement pakistanais n’est pas à même ou n’a pas l’intention de les éliminer, alors je crois que nous devrons agir et nous les éliminerons. Nous tuerons Ben Laden, nous éradiquerons Al-Qaida, il faut que ce soit notre priorité principale en terme de sécurité nationale.

John McCain : Teddy Roosevelt disait « Marche doucement, parle doucement, mais ne sors pas sans bâton ». Le sénateur Obama aime parler fort. D’ailleurs, il a dit qu’il souhaitait annoncer qu’il allait attaquer le Pakistan. C’est remarquable ! (…) Lorsqu’on annonce que l’on va lancer une attaque contre un autre pays, il est évident que cela aura le même effet qu’au Pakistan, à savoir : cela retourne l’opinion publique contre vous. (…) Aujourd’hui, nos relations avec le Pakistan sont fondamentales parce que les zones frontalières sont utilisées comme refuges par les talibans et Al-Qaida, ainsi que par d’autres organisations extrémistes. Et nous avons besoin de l’aide du Pakistan. Le général Petraeus avait une stratégie, la même stratégie – très très différente du fait des conditions et de la situation – mais la même stratégie fondamentalement que celle qui a réussi en Irak. A savoir qu’il s’agit d’obtenir l’appui des gens. Nous devons aider le gouvernement pakistanais à opérer au Waziristan, que j’ai visité, une région très dure, et obtenir l’appui des gens, s’assurer qu’ils travaillent avec nous et qu’ils se retournent contre les cruels talibans et les autres. En coordonnant nos efforts et en travaillant de concert, pas en menaçant de les attaquer mais en travaillant avec eux, et lorsque c’est nécessaire, utiliser la force, mais parler doucement sans jamais oublier le bâton. (…)

Barack Obama : (…) Personne n’a demandé l’invasion du Pakistan. Donc, ce que j’ai dit (…), c’est que si le Pakistan n’est pas à même ou n’a pas l’intention de traquer Ben Laden et de l’éliminer, alors nous devrions le faire. (…) Alors, le sénateur McCain sous-entend que, d’une manière ou d’une autre, je manque d’expérience, que je parle sans réfléchir, alors que lui, il est sérieux et responsable.

John McCain : Merci beaucoup.

Barack Obama : Le sénateur McCain, c’est le même qui a chanté « Bombardons, bombardons, bombardons l’Iran », qui a demandé l’anéantissement de la Corée du Nord. Je ne crois pas qu’il s’agisse là d’un exemple de « parler doucement ». C’est lui-même qui, alors que nous n’en avions même pas terminé avec l’Afghanistan, a dit « Prochain sur la liste : Bagdad ». Je suis d’accord lorsque vous dites qu’il faut parler de manière responsable et agir de manière responsable. Et la raison pour laquelle la cote de popularité de l’Amérique a baissé au Pakistan, c’est que nous appuyions un dictateur, Musharraf, lui accordant 10 milliards de dollars sur sept ans alors qu’il avait suspendu les libertés civiles. Nous ne faisions pas la promotion de la démocratie. C’est ce type de politique qui finit par saper notre aptitude à lutter contre le terrorisme, mais cela changera lorsque je serai président. (…)

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