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Gabon: Crise financière internationale: « Il est temps pour l’Afrique de compter sur ses propres forces, ses valeurs et sa capacité d’innovation », soutient WIlly ONTSIA, Directeur Général de la (BVMAC)

La crise financière qui secoue actuellement le monde laisse difficilement insensibles tous ceux dont la mission est de veiller sur les effets prévisibles de l’onde de choc de la situation , Willy Ontsia, le directeur général de la Bourse des Valeurs mobilières de l’Afrique centrale (BVMAC) livre son analyse.

Les ministres des Finances et les gouverneurs des Banques centrales d’Afrique se sont réunis le 12 novembre 2008 à Tunis, à l’initiative de la Banque africaine de développement (BAD) et de la Commission de l’Union africaine (UA). Ils ont examiné et évalué les effets de la crise financière internationale sur les économies africaines, afin de définir une position commune.

GABONEWS – Quelles pourraient être -selon vous- les conséquences de cette crise financière pour le continent’

Directeur Général BVMAC (DG BVMAC): Cette crise financière internationale exerce un effet domino sur la sphère réelle, elle aura un impact sur le prix des matières premières, le cours du dollar, les investissements directs étrangers et l’aide public au développement. La profondeur et l’étendue de la dépression financière induite par cette crise financière déterminera le degré de son impact sur les économies africaines extraverties.

Par ailleurs, les effets de la crise financière sur la consommation des ménages, l’investissement public et privé peuvent induire des comportements d’anticipation régressive nuisibles pour la croissance de l’activité économique en Afrique.

Cependant, la surliquidité et la solidité du secteur bancaire régional combiné à un policy mix (coordination de la politique économique et monétaire) pro active devraient permettre d’atténuer les effets de l’éclatement de cette bulle spéculative à condition d’agir.

GABONEWS – La BVMAC a-t- elle mis en place des stratégies pour juguler ces effets et de quelle nature sont-elles’

DG BVMAC: La BVMAC est un jeune marché émergent d’une capitalisation boursière de 82 milliards Francs CFA disposant d’une plate forme boursière à la pointe de la technologie.

Pour canaliser la volatilité et limiter la spéculation, nous avons mis en place un système de seuils de variation de titre entre deux séances de bourse. En sus, nos textes réglementaires prévoient la mise en place d’un fonds de garantie des opérations boursières. Ce qui sera le cas lorsque notre marché financier naissant atteindra une taille suffisante. Par ailleurs, nous avons opté pour un marché au comptant interdisant les opérations à découvert source de prise de risques inconsidérés. In fine, il existe sur notre marché une autorité publique de régulation qui veille sur le respect de la déontologie.

GABONEWS – Quelle est la situation actuelle en zone CEMAC et comment la BVMAC envisage-t-elle l’avenir, au regard de la persistance de la crise au niveau mondial’

DG BVMAC: Paradoxalement cette crise financière internationale pourrait booster les activités de la BVMAC. La dépression financière internationale va conduire à un assèchement de la liquidité et à une raréfaction du crédit (crédit crunch) dans les pays développés frappés par la crise. Hors la BVMAC opère en Afrique central en situation de surliquidité financière estimée par la BEAC à plus de 4 000 milliard F.cfa. Cette abondance de liquidité est un terreau favorable au développement de nos activités front to back. En effet, avec la contraction des crédits et la hausse prévisible des taux d’intérêt à l’international, les filiales des entreprises étrangères à capacité de financement externe et les Etats de la zone CEMAC ont tout intérêt à recourir au marché régional pour mobiliser des capitaux.

GABONEWS – Quelle réponse donnez-vous à l’inquiétude croissante des opérateurs économiques de la zone CEMAC, à ceux désirant y investir et aux clients de la BVMAC ?

DG BVMAC: Je pense que les opérateurs économiques doivent rester confiants et optimistes sur la capacité de nos économies à croître même en période de turbulence sur les marchés financiers internationaux.

En sus, les opérateurs économiques doivent savoir qu’il existe désormais une source de financement alternative qui leur permet de mobiliser les fonds dont ils ont besoin pour réaliser leurs investissements productif à moindre coût.
A propos des épargnants, la BVMAC met à leur disposition un outil de diversification de leur portefeuille d’actifs offrant un rendement attractif comparativement au placement bancaire classique.

GABONEWS – Quelle pourrait être la résonance des plans de sauvetage des pays développés sur le volume de l’aide publique au développement ?

DG BVMAC: En période d’euphorie et de croissance, les pays industrialisés ne respect pas leurs engagements en terme d’aide au développement. Par conséquent, que peut-on attendre en période de crise ? Il ne sert à rien d’attendre une aide extérieure significative, il est temps pour l’Afrique de compter sur ses propres forces, ses valeurs et sa capacité d’innovation seul susceptibles de promouvoir un développement durable en Afrique.

GABONEWS – Le président de la Banque Africaine de Développement a relevé le risque, pour un certain nombre de pays à revenus intermédiaires (et d’autres, aspirant à ce statut) de faire face, à la faveur de la crise actuelle, à un renchérissement du coût des fonds qu’ils ont pu récemment lever sur les marchés des capitaux. Du coup, il estime que l’accès auxdits marchés sera difficile Quelle est la situation exacte des pays CEMAC qui sont dans ce cas de figure ?

DG BVMAC: l’essentiel de l’endettement des pays de la CEMAC est une dette bilatérale auprès du Club de Paris, du FMI ou de la Banque Mondiale. Peu d’Etat ont recours aux marchés financiers internationaux pour mobiliser des fonds en raison notamment du rating défavorable. Le Gabon par exemple, a lancé avec réussite un emprunt obligataire international en 2007 de 1,5 milliards de dollars au taux d’intérêt de 7%.

S’il s’agit d’un placement privé et le taux d’intérêt est fixe, l’évolution actuelle n’aura pas d’impact sur le service de la dette de l’émetteur. Il faut noter que la crise financière internationale devrait renforcer le rôle des institutions de Bretton woods (FMI, Banque Mondiale) dont les moyens pourraient être renforcés pour intervenir dans la régulation des crises à l’internationales et les prêts aux pays en développement.

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