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Françafrique: Colères gabonaises

Un vent délétère souffle sur Libreville. Celui des fins de règne maussades plombées par le dépit. Seul maître à bord du rafiot gabonais depuis plus de quarante ans, le président Omar Bongo se sent trahi, lâché par des parrains français dont l’ingratitude le déroute, lui le bienfaiteur de tant d’aventures électorales tricolores.

La preuve? Cette affaire de « biens mal acquis ». « Avec Jacques – entendez Chirac – maugrée-t-il en boucle à ses confidents, ça ne se serait jamais passé ainsi. » En clair, on aurait étouffé l’enquête dans l’oeuf. Amer, incrédule, le doyen des chefs d’Etat d’Afrique dénonce l' »acharnement » dont il serait la cible, sinon le complot relayé par une presse aux ordres. N’est-ce pas le 20 heures de France2, « télévision d’Etat », qui contribua, avec d’autres médias, à sortir de l’ombre son patrimoine parisien?
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« Les temps ont changé, arguë-t-on à l’Elysée. Le rapport de forces entre pouvoir, médias et justice aussi. Nos amis africains le savent, mais nous reprochent de les priver, eux et leurs rejetons en goguette, des traitements de faveur hier en vigueur. »

Vient l’énigme à 100 millions de francs CFA: y a-t-il un lien entre la revue de détail du parc immobilier du clan Bongo et les mésaventures de Bernard Kouchner? Probable. « Seule une source gabonaise a pu fournir à Pierre Péan certains documents qu’il évoque », avance un homme du sérail.

A Libreville, on en veut au patron du Quai d’Orsay, hier gratifié de contrats de consultant, d’avoir laissé enfler une « campagne hostile ». Voilà peu, un pilier du système Bongo affichait sa certitude de « tenir un ministre en vue par les c… ».

Représailles, menaces? Le procédé n’aurait rien d’inédit. Qu’on se souvienne du dossier Elf: chaque fois que la justice française lui mordille les mollets, le « doyen » réplique à coups de mises en garde plus ou moins subliminales. Et Dieu sait que ce fin connaisseur des arrières-cuisines de la politique hexagonale en a sous la talonnette.

Une nuance pourtant: l’assaut peut venir cette fois, non de la présidence, mais de l’une des coteries en lice dans la guerre de succession. Car à 73 ans, « le Vieux », dont la santé vacille, fait son âge. De l’aveu de familiers du palais, il rechigne à trancher entre son fils Ali, ministre de la Défense, et son gendre Paul Toungui, époux à la ville de l’influente Pascaline, directrice de cabinet et héritière préférée.

En plaçant trois fidèles à des postes clefs de la hiérarchie militaire, le premier nommé a marqué des points. Quant au second, il sait que son passage des Finances aux Affaires étrangères n’a rien d’une promotion. « Le pataquès des biens mal acquis n’arrange personne, souligne une initiée. Car il éclabousse tous les prétendants, qui ripostent en ordre dispersé, l’oeil rivé sur l’après-Omar. » Chacun pour soi et Dieu pour tous? A ceci près que Dieu, au Gabon, a perdu la main.

Par Vincent Hugeux

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