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Petits problèmes financiers entre amis

La justice vient de saisir les comptes bancaires français du président du Gabon, Omar Bongo. Un coup dur pour celui qui fut le premier chef d’Etat à rendre visite à un certain Nicolas Sarkozy.

Devinette : je suis président de la République, je mesure moins d’un mètre soixante-dix, j’ai épousé une chanteuse, mon fils a un pied-à-terre à Neuilly et je prise le bling-bling. Qui suis-je ? La chanteuse, c’est Patience Dabany, première dame de 1967 à 1985 ; le fils, c’est Jeff ; la République, c’est le Gabon, et la solution de la devinette, c’est… Omar Bongo Ondimba. Malheureusement, le goût du patriarche gabonais pour le clinquant pourrait en avoir pris un coup. Un huissier a procédé, le 13 février dernier, à une saisie-exécution sur ses comptes à la Banque nationale de Paris [BNP] et au Crédit lyonnais. La somme des dépôts concernés s’élèverait à 4 millions d’euros.

Depuis quelques mois, le président Bongo clame à tout journaliste panafricain qui veut l’entendre qu’il est victime d’un acharnement. En mars 2007, puis en juillet 2008, l’ONG Transparency International France et l’association Sherpa [créée par l’avocat William Bourdon, elle lutte notamment contre la criminalité financière] avaient déposé des plaintes contre lui pour « recel de détournements d’argent public », évoquant « les conditions dans lesquelles un très important patrimoine immobilier et mobilier a été acquis en France par Omar Bongo ». Il y était question de trente-trois appartements et maisons, et d’un hôtel particulier, d’une valeur totale supérieure à 150 millions d’euros. Coup d’épée judiciaire dans l’eau, mais retentissement médiatique…

Et il aura fallu une affaire aux relents de fait divers pour que la tirelire française du président gabonais soit menacée de gel. En 1996, le chef d’entreprise René Cardona est emprisonné à Libreville. On lui reproche d’avoir vendu au chef de l’Etat une société de pêche qui s’est révélée moins juteuse que prévu. L’Etat réclame une « caution » de 437 347 euros, à verser sur le compte personnel du président. Le fils Cardona s’exécute. Quelques années plus tard, la cour d’appel de Bordeaux condamne Omar Bongo à rembourser. Le bras de fer est toujours en cassation.
Il en faudrait sans doute plus pour ébranler le doyen des chefs d’Etat africains. Au pouvoir depuis quarante-deux ans, il planifie déjà sa réélection en 2012. Véritable caméléon – le catholique Albert-Bernard est devenu El-Hadj Omar avant de devenir Ondimba –, il doit sa longévité au sous-sol et à la famille. Il règne sur un « émirat » dont le pétrole, l’uranium et le manganèse ne profitent guère aux 1,5 million de Gabonais, mais largement à son clan : la fille, Pascaline Bongo, est directrice du cabinet présidentiel ; le gendre, Paul Toungui, ministre des Affaires étrangères ; le fils, Ali Bongo, ministre de la Défense ; l’autre fils, Jeff Bongo, haut fonctionnaire du ministère de l’Economie et des Finances, etc.

Jean-Marie Bockel, débarqué brutalement du secrétariat d’Etat français à la Coopération, pourrait deviser sur les tentacules « français » – politiques sinon bancaires – d’Omar Bongo, qui fut l’un des tout premiers chefs d’Etat à être invité, en [mai] 2007, par un tout nouveau président de la République mesurant moins d’un mètre soixante-dix, dont le fils logeait à Neuilly, mais qui n’avait pas encore épousé une chanteuse…

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