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Barack Obama veut dialoguer « avec le reste du monde »

James Jones est le conseiller à la sécurité nationale du président des Etats-Unis. Ancien général du corps des marines, il a été le commandant suprême des forces de l’OTAN en Europe de 2003 à 2006.

De quelle manière les Français peuvent-ils aider M. Obama ?

Les circonstances sont très bonnes entre nos deux pays. Il y a une certaine camaraderie entre Nicolas Sarkozy et Barack Obama, qui se comprennent très bien. Nous avons des quantités de choses en commun, et notamment un même point de vue sur les problèmes en Afghanistan. Au sommet de l’OTAN (les 3 et 4 avril), il y aura l’annonce de la réintégration de la France au sein du commandement intégré de l’Alliance. Cela nous réjouit beaucoup ici, aux Etats-Unis. Les chefs d’Etat vont parler de l’Afghanistan : comment faire pour commencer à travailler plus efficacement en insistant moins sur l’aspect militaire et beaucoup plus sur la reconstruction civile, avec davantage de gendarmes, d’aide à la société et pour lutter contre la drogue.

Alors quels sont vos besoins ?

D’avoir une philosophie commune. C’est ce que nous sommes en train de développer, non seulement au niveau présidentiel, mais aussi entre (les) ministres (des différents pays). Nous avons des discussions presque chaque jour, ça marche très bien.


Bernard Kouchner

a parlé d’« afghanisation ». Cela correspond-il à la stratégie envisagée par les Etats-Unis ?

C’est un élément primordial. Il faut créer une armée afghane capable de défendre le pays ainsi qu’un système judiciaire et policier qui assure la sécurité de la population. C’est cela l’« afghanisation ».

Sur la sécurité, nous avons progressé et nous allons continuer : 17 000 soldats américains supplémentaires vont arriver durant l’été. Sur la reconstruction, nous n’avons pas très bien fait les choses pendant les quatre ou cinq dernières années. L’aide doit être concentrée, coordonnée avec davantage de cohésion internationale. Nous proposons que cet effort soit dirigé par l’ONU. L’ambassadeur (des Nations unies) à Kaboul, Kai Eide, va être chargé de cette montée en puissance sur la reconstruction.

Troisièmement, il faut absolument créer un système judiciaire et combattre la drogue, la criminalité et la corruption.

Qui en sera chargé ?

Nous souhaiterions que le président afghan Hamid Karzaï et le gouvernement aient le courage de le faire. Ce sont des choses qu’ils peuvent et doivent faire.

Il y a quelques jours, Barack Obama a parlé de « stratégie de sortie ». Quels facteurs permettront de l’envisager ?

La fin de la présence de terroristes capables de lancer des attaques contre nos pays. Et un Afghanistan paisiblement gouverné par des responsables politiques capables de diriger leurs affaires.

Il faudra combien d’années ?

On verra. Il faut s’organiser de manière efficace, ce que nous n’avons pas fait jusqu’ici. L’effort consistait principalement en une présence militaire. Le gouvernement afghan doit montrer à la population qu’il peut lui assurer un meilleur avenir et diriger le pays.

La France a proposé que l’Europe assure la formation des gendarmes ? Quels effectifs seront nécessaires ?

C’est un sujet dont nous débattons : quel but ? combien d’hommes, pour combien de temps ? Et combien cela va-t-il coûter ? Ce sont des questions importantes. Notre point de vue sera annoncé avant la réunion de l’OTAN, mais en coordination avec nos alliés.

Sur l’Iran, que pensez-vous de la réaction du guide suprême

Ali Khamenei

à la « main tendue » du président Obama ?

Nous sommes en train d’en parler. Le président a fait un geste. On verra où le chemin nous mènera. Les Iraniens sont invités à la Conférence internationale du 31 mars (sur l’Afghanistan). Je ne sais pas s’ils ont dit « oui ou non ». Nous souhaitons qu’ils disent « oui ». Nous devons discuter avec eux de questions régionales.

Quel est votre bilan après deux mois en fonctions ?

Nous avons bien commencé. Le voyage que le président Obama entreprend en Europe (début avril) est déterminant. Nous ferons une mise au point après. Dans les deux premiers mois, l’essentiel est d’avoir une bonne organisation. Nos émissaires pour l’Afghanistan, le Moyen-Orient, l’Iran, ont déjà commencé leur travail. Les résultats sont bons. Nous attendons la formation du gouvernement israélien. Nous définissons avec nos alliés une nouvelle stratégie pour l’Afghanistan. Mais il y aussi le Pakistan, qui constitue un problème régional de taille.

Comment caractériser la diplomatie de Barack Obama ?

C’est une approche différente. Nous souhaitons avoir un dialogue avec le reste du monde sur les grands sujets auxquels nous devons faire face collectivement. Il s’agit d’une approche qui souligne le respect que nous avons pour tous nos alliés et les pays qui, par leur conduite, s’en montrent dignes. Elle prend en compte le fait que le monde est interdépendant et que les questions d’économie, d’énergie, de climat nous concernent tous. Avec le président Obama, les Etats-Unis souhaiteraient participer au débat en tant que pays qui tient compte de l’opinion des autres.

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