« Le procès s’est déroulé dans le calme, et nous n’avons aucun reproche à faire à la justice gabonaise. Mais nous étions venues ici chercher des réponses à nos questions, et nous repartons avec les mêmes interrogations. » Après huit heures d’une longue et pesante audience, Karine Dechazal, 37 ans, ne cachait pas sa frustration. Mardi soir, tard, la cour d’assises de Libreville, au Gabon, a finalement condamné à la réclusion criminelle à perpétuité Obame Nguindjioui, 30 ans, pour le meurtre de Loïc Dechazal, son père. Ce médecin militaire, qui avait pris sa retraite en 1994 à Agde (Hérault), avait fait de la politique dans
les rangs du FN.
Il fut même candidat suppléant aux législatives de 2002. Il était ensuite reparti travailler pour une compagnie minière, la Comilog, et avait été retrouvé mort le 2 février 2005 à l’hôtel Méridien de Libreville. Un meurtre qui, selon sa famille, ne serait pas un acte isolé et crapuleux. « L’accusé a répété qu’il avait des dettes, et que l’idée lui était venue d’aller agresser un client du Méridien. Il a frappé à 3 h du matin à la chambre de mon père, et l’a roué de coups », raconte Karine Dechazal, peu convaincue. « Tout le monde était dans l’attente de révélations sur ses complices et ses commanditaires, mais il n’a rien lâché. » Même constat pour l’avocat de la famille Dechazal, Me Blazy. « La justice a été sans pitié pour ce garçon qui s’est pratiquement sacrifié. Nous espérons que quand il aura pris conscience de sa peine, il craquera et se mettra à parler. »
Autre regret pour Karine Dechazal et sa mère Régine : l’absence à l’audience d’un représentant du consulat de France et de la Comilog, l’employeur du Dr Dechazal. « Je trouve ça choquant, d’autant que nous avions été reçues par la cellule Afrique de l’Elysée, et que le président Sarkozy avait écrit à son homologue gabonais. » En revanche, elle n’oubliera pas le vibrant hommage rendu par l’avocat général à son père, qui s’était beaucoup impliqué dans la lutte contre le sida en Afrique.
source: midi libre
