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Gabon : L’«affaire Dechazal» classée à Libreville

Le procès de l’assassin du docteur Loïc Dechazal qui s’est déroulé le 1er avril dernier au tribunal de Libreville s’est soldé par la condamnation de monsieur Obame Nguindjioui à la réclusion criminelle à perpétuité. La famille qui réfute la thèse du crime crapuleux a exprimé sa déception de voir ce dossier «classé» alors que les principales pistes d’investigation semblent avoir été occultées.

Un peu plus de quatre ans après le meurtre dans la capitale gabonaise du docteur français Loïc Dechazal, la justice gabonaise vient de classer cette affaire au terme du procès qui s’est tenu le 1er avril dernier à Libreville.

Après huit heures d’audience dans une atmosphère plombée par les attentes des plaignants, la cour d’assises de Libreville a finalement condamné à la réclusion criminelle à perpétuité Obame Nguindjioui, 30 ans, pour le meurtre du docteur Loïc Dechazal le 2 février 2005 à l’hôtel Méridien.

La fille de la victime, Karine Dechazal, âgée 37 ans, ne cachait pas sa frustration au sortir de l’audience, concédant que «le procès s’est déroulé dans le calme, et nous n’avons aucun reproche à faire à la justice gabonaise», mais soulignant que «nous étions venus ici chercher des réponses à nos questions, et nous repartons avec les mêmes interrogations».

«L’accusé a répété qu’il avait des dettes, et que l’idée lui était venue d’aller agresser un client du Méridien. Il a frappé à 3 h du matin à la chambre de mon père, et l’a roué de coups», rapporte sans conviction Karine Dechazal.

«Tout le monde était dans l’attente de révélations sur ses complices et ses commanditaires, mais il n’a rien lâché», déplore également l’avocat de la famille Dechazal, maître Blazy.

«La justice a été sans pitié pour ce garçon qui s’est pratiquement sacrifié. Nous espérons que quand il aura pris conscience de sa peine, il craquera et se mettra à parler», a-t-il ajouté.

La famille Dechazal réfute en bloc la thèse du crime crapuleux, qui leur paraît «trop invraisemblable», a expliqué le pénaliste bordelais Pierre Blazy, pointant des «incohérences» dans le scénario qui voudrait qu’un jeune homme «sans un sou vaillant» prenne une chambre dans un palace à 150 000 francs CFA la nuit (225 euros), choisisse sa victime au hasard, que celui-ci lui ouvre la porte à 3 heures du matin sans se méfier et qu’une fois le crime accompli, il quitte l’hôtel en taxi avant d’y revenir un peu plus tard en compagnie d’une prostituée.

«Si le mobile est le vol, pourquoi n’a-t-il pas emporté la gourmette en or et la montre de prix que portait sa victime ? Et comment expliquer que la direction de l’hôtel, alertée pourtant par une cliente qui avait entendu des cris dans la chambre voisine, n’ait rien fait?», s’était interrogé l’avocat de la famille.

Il propose ainsi plusieurs pistes d’investigations pour déterminer les raisons de ce meurtre. La première remonte aux années 1980 où le docteur Dechazal, lieutenant-colonel dans un régiment de parachutistes au Zaïre,, avait été l’un des premiers militaires français à participer aux recherches de Philippe de Dieuleveult, cet animateur de télévision mystérieusement disparu en 1985 lors d’une expédition dans ce pays.

Dix ans plus tard, retraité de l’armée, le docteur Dechazal rentre en France. En 2002, il est tête de liste du Front national aux municipales de 2002 à Cap d’Agde (Hérault). Puis, en 2005, il rempile en Afrique comme médecin de la Compagnie minière de l’Ogooué (COMILOG), une piste sur laquelle maître Blazy demandait également des investigations plus poussées.

« Je pense que mon mari avait découvert quelque chose. Il ne m’en a pas parlé, mais, les quinze jours qui ont précédé sa mort, je l’ai senti préoccupé. Il parlait même de rentrer en France. Aujourd’hui, je regrette de ne pas l’avoir questionné plus avant», avait déclaré Régine Dechazal.

La famille du défunt a également déploré l’absence à l’audience d’un représentant du consulat de France et de la COMILOG, l’employeur du docteur Dechazal.

«Je trouve ça choquant, d’autant que nous avions été reçus par la cellule Afrique de l’Elysée, et que le président Sarkozy avait écrit à son homologue gabonais», a déclaré la veuve Régine Dechazal.

L’avocat général aura tout de même rendu un vibrant hommage au docteur Dechazal qui s’était beaucoup impliqué dans la lutte contre le sida en Afrique.

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