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Gabon : Marc Ona Essangui nominé pour recevoir le Goldman Environnemental Prize 2009

La polio avait frappé Marc Ona Essangui quand il avait 6 ans. A l’université de Libreville, il a étudié la psychologie, parce que cette faculté disposait du seul bâtiment accessible à son fauteuil roulant. Responsable de l’ONG Brainforest, créée en 1998, ce quadragénaire œuvre aujourd’hui pour la préservation de l’environnement. En août 2002, il s’était rendu au sommet de la terre, à Johannesburg, en Afrique du Sud. Depuis, Marc Ona s’est impliqué dans la préservation de l’environnement et reste un acteur incontournable de la Coalition Publiez ce que vous payez (PCQVP). Son carnet d’adresse a lui aussi pris du volume. Nous l’avons rencontré.

Où en est-on avec le projet belinga ?

Nous savons très bien que les études d’impact environnementales tant clamées par la société civile et surtout les Organisations non gouvernementales, ont été réalisées par le cabinet Poyry Environment spécialisé notamment dans le domaine de l’environnement. C’est ce cabinet qui a réalisé les études d’impacts sur les composantes du projet de Belinga que sont le chemin de fer, le barrage hydroélectrique, le port en eau profonde de Santa clara, au nord de Libreville. Nous attendons la validation de cette étude d’impact environnementale par l’administration compétente, c’est-à-dire le ministère gabonais de l’Environnement. Une fois que cette étude sera validée et soumise à l’appréciation du public, on pourra alors commencer à réfléchir sur le démarrage des activités. C’est une exigence de L’ Eximbank (Export-Import Bank of the United States ). Je rappelle que nous avons adressé une correspondance au mois d’octobre 2008 à Eximbank qui doit financer ce projet pour signifier au directeur de cette banque que nous n’accepterons jamais que les travaux du gisement de fer de Belinga démarre sans que l’accent soit mis sur les aspects environnementaux. Nous sommes à ce stade.

Une commission avait été créée pour le suivi du projet Belinga ?

Il n’ y a pas eu de différend avec une banque chinoise. Nous avons tout simplement exigé que la législation en vigueur au Gabon en matière d’exploitation de ressources et surtout en matière d’environnement soit respectée. On ne peut pas démarrer un projet de cette envergure sans réaliser une étude d’impact environnementale préalable. C’est ce que nous avons exigé. Mais nous étions surpris que les travaux de construction d’une route reliant Mikoula et Koungou ait démarré sans étude d’impact environnementale. C’est ce qui a constitué pour nous une violation flagrante du code de l’environnement. Et nous l’avons dit à haute voix aux Chinois et aux autorités locales, surtout au président de la République. Nous nous sommes rencontrés et nous sommes tombés d’accords sur un certain nombre de points. Une commission gouvernementale a été mise en place pour le suivi et le contrôle du projet belinga. Cette commission n’a pas encore pris ses fonctions. Ce qu’il faut retenir c’est que les ONG et la société civile ne se sont jamais opposés au projet. Au contraire, nous avons d’abord voulu voir clair dans le contrat des études de faisabilité, les études d’impact environnementales. C’est ce qui a constitué un litige car l’administration voulait passer en force. L’autre aspect concernait l’édification du barrage hydro électrique. Mais nous avons pensé que ce qui motive la protection du parc de l’Ivindo, ce sont aussi les chutes de Koungou (Nord-Est) quoi font partie du patrimoine national.

Pourquoi la parc de l’Ivindo suscite-t-il un tel intérêt pour les ONG, pour les Chinois ?

Tous les parcs doivent être protégés pas seulement le parc de l’Ivindo. Quand on crée un parc national ce n’est pas pour le déclasser tout de suite. Nous sommes dans cette logique qui voudrait que certaines activités ne soient pas menées dans une aire protégée. Les parcs nationaux ont été créés en 2004 par le gouvernement sous l’impulsion du Chef de l’Etat Omar Bongo. C’est une décision politique. Nous ne le dirons jamais assez mais il faudrait que cette décision politique soit accompagnée des actions des scientifiques, opérateurs économiques. Mais tout cela en respectant la réglementation en vigueur et c’est ce que nous exigeons. Nous n’accepterons pas qu’il y ait des activités illicites à l’intérieur des parcs sinon cela n’aurait servi à rien de dépenser autant d’argent pour la délimitation des parcs nationaux, pour la formation des éco guides si quelques jours plus tard on va tomber dans les travers de l’exploitation des ressources ou de l’exploitation forestière.

Il était question de réduire la superficie du parc à des fins d’exploitation minière…

Oui nous avons pensé que la superficie de 7500 km2 attribuée aux Chinois n’était pas justifiée quand on considère que la mine couvre une superficie de 500 km2. Nous avons exigé que cette superficie soit réduite, ce qui a été fait dans la dernière convention signée. Nous nous réjouissons de cette décision du gouvernement et nous constatons que suite à cela, il y a encore beaucoup de préoccupations au niveau de la durée de l’exonération de taxes. 25 ans sans payer de taxes. C’est inadmissible.

Vous allez certainement recevoir un prix qui couronnera vos efforts entrepris depuis quelques années en matière d’environnement ? Qu’est ce que cela représente pour vous ?

Pour moi, c’est une reconnaissance internationale pour le travail que je fais depuis 1998. Depuis que nous avons créé notre organisation Brainforest, nous n’avons pas pensé recevoir un prix. Celui-ci vient couronner les efforts que nous faisons et le courage qui nous anime. C’est une reconnaissance aussi pour le pays. Mais aussi pour le pays. C’est une bonne chose. Le Goldman Prize, est l’équivalent du Nobel pour l’environnement. Ce prix va récompenser 5 personnes dans les 5 continents et je suis le lauréat africain. Je suis tellement honoré et je remercie toutes les ONG et toutes les personnes qui ont pensé que je pouvais mériter ce prix qui récompense aussi tous mes collègues travaillant au sein de mon ONG et les autres ONG environnementales gabonaises qui se sont mobilisées pour cette cause.

Combien de fois avez-vous été emprisonné. Quelles sont les raisons de vos multiples arrestations ?

J’ai été emprisonné une seule fois. C’était au mois de décembre 2008 et j’ai été empêche de quitter le pays 4 fois. Jusqu’à présent, j’ai une interdiction de sortie du territoire. J’ai été arrêté parce que je suis le coordinateur d’une coalition internationale Publiez ce que vous Payez (PCQVP) et je représente aussi la société civile. C’est autant de casquettes qui me permettent de mener le travail que je fais et de critiquer la mauvaise gouvernance au Gabon et d’être très pointilleux sur les aspects liés à la bonne gouvernance, à la lutte contre la corruption et à la protection de l’environnement. Je le fais en mon âme et conscience. Maintenant, si le gouvernement estime qu’il ne veut pas entendre ces paroles, je dirai que je fais ce travail en mon âme et conscience conformément aux engagements pris par le Gabon sur le plan international. Je me réjouis du travail de terrain que je fais avec mon équipe. Nous dénonçons ce qui est mauvais et cela dérange le gouvernement. On ne peut faire ce genre de travail sans subir des pressions. Et ce n’est pas pour cela que je vais croiser les bras. Au contraire, cela me renforce dans mon idée de poursuivre le combat que je mène.

Disposez-vous d’un passeport ?

Je n’ai pas mon passeport pour le moment. J’ai voulu le renouveler mais aujourd’hui y a des difficultés au sommet de l’Etat pour que mon passeport me soit restitué. Je suis serein et je n’ai rien à me reprocher. Un passeport, c’est une pièce d’identité. S’ils veulent le garder, qu’ils le gardent. Au moins, ils sont responsables de cette décision.

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