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Gabon : Marc Ona Essangui remporte le Goldman Environnemental Prize 2009

Le Goldman Environnemental Prize, l’équivalent du Prix Nobel mais pour la défense de l’Environnement, a été attribué samedi au Gabonais Marc Ona Essangui.

N’ayant pu se rendre à Londres pour réceptionner son prix —les autorités gabonaises ne lui ayant pas restitué son passeport dont il avait demandé une prorogation—, Marc Ona Essangui s’est contenté d’apprendre la nouvelle à Libreville. En fait, depuis quelques jours, il espérait bien recevoir ce prix.

Ona Essangui faisait partie des nominés pour ce prix parmi les représentants africains. Opposé à l’exploitation de la gigantesque mine de fer de Belinga (Nord-Est du Gabon) dans un parc national et à la construction d’un aéroport au nord de Libreville, dans la forêt protégée de la Mondah , son inlassable combat n’a pas été vain.

Cloué dans un fauteuil depuis l’âge de 6 ans, il œuvre depuis 1998 pour la protection de l’Environnement.

Interrogé sur l’importance que revêt pour lui le projet Belinga, il a répondu : « nous savons très bien que les études d’impact environnementales tant clamées par la société civile et surtout les Organisations non gouvernementales, ont été réalisées par le cabinet Poyry Environment spécialisé notamment dans le domaine de l’environnement ».

« C’est ce cabinet qui a réalisé les études d’impacts sur les composantes du projet de Belinga que sont le chemin de fer, le barrage hydroélectrique, le port en eau profonde de Santa clara, au nord de Libreville. Nous attendons la validation de cette étude d’impact environnementale par l’administration compétente, c’est-à-dire le ministère gabonais de l’Environnement. Une fois que cette étude sera validée et soumise à l’appréciation du public, on pourra alors commencer à réfléchir sur le démarrage des activités. C’est une exigence de l’ Eximbank (Export-Import Bank of the United States ) », a-t-il expliqué.

Dans sa longue lute de dénonciation des activités chinoises autour de Belinga , il révèle que « nous avons tout simplement exigé que la législation en vigueur au Gabon en matière d’exploitation de ressources et surtout en matière d’environnement soit respectée. On ne peut pas démarrer un projet de cette envergure sans réaliser une étude d’impact environnementale préalable. C’est ce que nous avons exigé ».

« Mais nous étions surpris que les travaux de construction d’une route reliant Mikoula et Koungou ait démarré sans étude d’impact environnementale. C’est ce qui a constitué pour nous une violation flagrante du code de l’environnement. Et nous l’avons dit à haute voix aux Chinois et aux autorités locales, surtout au président de la République. Nous nous sommes rencontrés et nous sommes tombés d’accords sur un certain nombre

Mais cette commission n’a pas encore pris ses fonctions, déplore Ona Essangui.

« Ce qu’il faut retenir c’est que les ONG et la société civile ne se sont jamais opposés au projet. Au contraire, nous avons d’abord voulu voir clair dans le contrat des études de faisabilité, les études d’impact environnementales. C’est ce qui a constitué un litige car l’administration voulait passer en force. L’autre aspect concernait l’édification du barrage hydro électrique. Mais nous avons pensé que ce qui motive la protection du parc de l’Ivindo, ce sont aussi les chutes de Koungou (Nord-Est) quoi font partie du patrimoine national », a-t-il dit.

A la question de savoir pourquoi le combat pour la protection du Parc national de l’Invindo, où se trouve le gisement de fer, lui a valu des démêlés avec l’Etat, il répond que « tous les parcs doivent être protégés pas seulement le parc de l’Ivindo. Quand on crée un parc national ce n’est pas pour le déclasser tout de suite. Nous sommes dans cette logique qui voudrait que certaines activités ne soient pas menées dans une aire protégée. Les parcs nationaux ont été créés en 2004 par le gouvernement sous l’impulsion du Chef de l’Etat Omar Bongo. C’est une décision politique. Nous ne le dirons jamais assez mais il faudrait que cette décision politique soit accompagnée des actions des scientifiques, opérateurs économiques ».

« Nous n’accepterons pas qu’il y ait des activités illicites à l’intérieur des parcs sinon cela n’aurait servi à rien de dépenser autant d’argent pour la délimitation des parcs nationaux, pour la formation des éco guides si quelques jours plus tard on va tomber dans les travers de l’exploitation des ressources ou de l’exploitation forestière », a déclaré Marc Ona.

Pour Marc Ona, « le Gabon n’est pas en manque de ressources, de revenus, de potentialités minières ou pétrolières. Tout cela peut résoudre les problèmes des Gabonais. Le mal réel au Gabon est la mauvaise gouvernance, la mauvaise redistribution de l’argent issu de l’exploitation forestière, minière, pétrolière ».

« On peut se passer d’exploiter le fer de Belinga. On peut laisser cette richesse pour les générations futures. Aujourd’hui, les fonds pour les générations futures sont hypothéqués parce que c’est un fond qui n’est pas alimenté. A mon avis, le Gabon n’a pas besoin de l’argent qui proviendrait de l’exploitation du fer de Belinga. Nous n’avions pas besoin de nous presser pour exploiter cette mine. Il ne faudrait pas que des opérateurs économiques extérieurs viennent dicter leur loi à nos hommes politiques qui ensuite ne respectent pas nos lois et notre législation. Nous le refusons », a-t-il martelé.

Abordant avec lui les raisons de son emprisonnement en compagnie d’autres collègues en décembre dernier, il a expliqué : « j’ai été emprisonné une seule fois. C’était au mois de décembre 2008 et j’ai été empêché de quitter le pays 4 fois. Jusqu’à présent, j’ai une interdiction de sortie du territoire. J’ai été arrêté parce que je suis le coordinateur d’une coalition internationale Publiez ce que vous Payez (PCQVP) et je représente aussi la société civile. Je ne cesse de dénoncer et de critiquer la mauvaise gouvernance au Gabon et d’être très pointilleux sur les aspects liés à la bonne gouvernance, à la lutte contre la corruption et à la protection de l’environnement. Je le fais en mon âme et conscience ».

« Maintenant, si le gouvernement estime qu’il ne veut pas entendre ces paroles, je dirai que je fais ce travail conformément aux engagements pris par le Gabon sur le plan international. Je me réjouis du travail de terrain que je fais avec mon équipe. Nous dénonçons ce qui est mauvais et cela dérange le gouvernement. On ne peut faire ce genre de travail sans subir des pressions. Le prix qui nous a été attribué permettra au gouvernement de reculer sans doute et de réfléchir avant de détruire l’environnement », a ajouté Marc Ona.

On rappelle que l’année dernière, le Goldman Prize pour l’Environnement avait été attribué au Mozambicain Feliciano dos Santos.

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