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Le pouvoir est-il vacant à Libreville ? par Aristote Nkoyi

Que de mystères autour de la santé d’el Hadj Omar Bongo Ondimba. Est-il vivant ou mort ? Faut-il croire la communication officielle de la présidence gabonaise qui le dit, presque, en pleine forme à contrario du ministère des affaires étrangères espagnol pour lequel il est au plus mal ? De fait tout cela importe désormais assez peu face à la situation légale. Le fauteuil présidentiel qu’il a dû laisser libre pour se rendre en soins en Espagne est vacant depuis le 6 mai, date à laquelle on apprenait qu’il décidait de   » suspendre de façon momentanée  » toutes ses activités liées à ses fonctions de Président de la République.

La constitution gabonaise du 26 mars 1991, modifiée par les lois du 18 mars 1994, du 29 septembre 1995 du 22 avril 1997 et du 11 octobre 2000, qui a été rappelons-le forgée et modifiée par et pour lui-même, précise en son ARTICLE 9 – Le Président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct. Il est rééligible une fois. Le papi est pourtant là depuis 41 ans.

Elle dit aussi en son ARTICLE 13 – En cas de vacance de la présidence de la République, pour quelque cause que ce soit, ou d’empêchement définitif de son titulaire constatés par la Cour constitutionnelle saisie par le gouvernement et statuant à la majorité absolue de ses membres, ou à défaut, par les bureaux des deux chambres du Parlement statuant ensemble à la majorité de ses membres, les fonctions du Président de la République, à l’exception de celles prévues aux articles 18, 19 et 116, alinéa 1er, sont provisoirement exercées par le Président de l’Assemblée nationale ou, en cas d’empêchement de celui-ci dûment constaté par la Cour constitutionnelle saisie dans les mêmes conditions que ci-dessus, par le Président du Sénat ou, si ce dernier à son tour est empêché, par le premier vice-Président de l’Assemblée nationale.
L’autorité qui assure l’intérim du Président de la République, dans les conditions du présent article, ne peut se porter candidat à l’élection présidentielle.
En cas de vacance ou lorsque l’empêchement est déclaré définitif par la Cour constitutionnelle, le scrutin pour l’élection du nouveau Président a lieu, sauf cas de force majeure constatée par la Cour constitutionnelle, trente jours au moins et quarante-cinq jours au plus après l’ouverture de la vacance ou de la déclaration du caractère définitif de l’empêchement.
La constitution omet, malheureusement de définir les cas de vacance et le délai de latence avant qu’on puisse considérer cette vacance comme effective.

Nous savons qu’une lutte de succession bien âpre est engagée dans le premier cercle et le successeur, prétendument désigné, Ali Bongo, fils du président Bongo jouit d’une santé précaire, il se trouve en soins au Val de Grâce à Paris. Ce fait laisse la place à de nombreuses convoitises, mais à preuve du contraire la République Gabonaise est une démocratie pluraliste et bien qu’elle semble en présenter bien des caractères, elle n’a pas encore été transformée en monarchie héréditaire. Des élections libres et transparentes devraient donc logiquement être organisées. Ce type de logique est-elle africaine ? On peut en douter quand on voit qui sont ceux qui ont succédé à Laurent Désiré Kabila ou à Gnasimbé Eyadema [1].

Des journalistes de France 24, munis de visas établis en bonne et due forme à Kinshasa, se sont vus refuser l’accès au territoire gabonais où ils désiraient faire un reportage sur les éventuels préparatifs à la succession du Chef. La transparence n’est donc pas le souci premier des autorités. Bongo totalise 41 années de pouvoir ininterrompu, durant lesquelles il a bénéficié d’un soutien inconditionnel de la France, qui rappelons-le possède à Libreville sa plus importante base stratégique de la sous région. Aujourd’hui, paradoxe, l’opinion gabonaise félicite de manière quasi unanime le refoulement des journalistes français. Les uns, la majorité présidentielle, conspuant la République Française de demander à Bongo de se justifier de ses avoirs sur le sol hexagonal ; les autres, l’opposition, la vilipendant pour le soutien qu’elle a apporté par le passé au second président du pays.
Politique fiction

Nous soupçonnons, à tort ou à raison, que Sassou Nguesso espérait, en plaçant sa fille aînée dans la couche du doyen, la voir succéder à son vieux mari. La mort est venue contrarier ce rêve impérial. Le dessin final de Sassou étant de pouvoir, en cas de difficulté politique avec le sud Congo, se préparer la possibilité de décréter la sécession du nord Congo et son unification avec le Gabon qui lui aurait offert un débouché maritime sans passer par le sud Congo.

Edith Lucie Bongo Ondimba, née Sassou Nguesso disparue, le maître de Mpila a-t-il encore un rôle à jouer sur l’échiquier gabonais ?
Une certitude

L’après Bongo sera difficile et il y a fort à parier que bien peu d’individus, sur le million d’habitants que compte ce petit pays, auront la possibilité de faire entendre leur voix.

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