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L'Afrique de Barack Obama face à celle de Nicolas Sarkozy, par Philippe Bernard

Il avait suffi d’un discours, à Dakar, en juillet 2007, pour que Nicolas Sarkozy s’aliène une grande partie des élites africaines. Il a suffi d’un autre discours, à Barack Obama, le 11 juillet à Accra, pour conquérir les coeurs du continent noir. A première vue pourtant, les messages des deux présidents de puissances concurrentes en Afrique paraissent inspirés par la même rhétorique de la responsabilité : « L’Afrique a sa part de responsabilité dans son propre malheur, avait déclaré M. Sarkozy : la colonisation n’est pas responsable des guerres sanglantes que se font les Africains entre eux, (…), du fanatisme, de la corruption. » Pour M. Obama, « il est facile de pointer la responsabilité des autres sur ces problèmes (de l’Afrique) (…). Mais l’Occident n’est pas responsable (…) des guerres où des enfants sont enrôlés comme combattants. » Les deux chefs d’Etat proclament le même souci d’intégrer l’Afrique au monde : « Votre sort est d’abord entre vos mains », avait dit M. Sarkozy, là où M. Obama a proclamé : « Le futur de l’Afrique est l’affaire des Africains. » Enfin, même promesse de soutien à l’égard des Africains qui s’engageront sur la « bonne voie » : « L’Amérique sera à vos côtés à chaque étape du chemin, comme partenaire, comme amie », s’est engagé M. Obama. « Si vous choisissez la démocratie, la liberté, la justice et le droit, alors la France s’associera à vous pour les construire », avait promis M. Sarkozy, posant Paris en « ami indéfectible » de l’Afrique.

Il est tentant de voir dans le contraste entre les sifflets suscités à Dakar et les applaudissements d’Accra l’effet pervers d’une forme de « politiquement correct », voire d’un certain racisme, qui permettrait à M. Obama de se faire mieux entendre grâce à l’invocation de son « sang africain » et de son père kényan. La manière dont les Africains s’identifient au nouveau président américain et se sentent réhabilités par la fierté qu’il personnifie est manifeste. A l’évidence, « Obama l’Africain » peut délivrer des messages désagréables qui sont inacceptables dans la bouche d’un Blanc. M. Obama peut ainsi affirmer que « pour de trop nombreux Africains, le conflit fait partie de la vie, de façon aussi permanente que le soleil ». Alors que la proclamation dakaroise de M. Sarkozy, selon laquelle « l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire », est devenue, à son corps défendant, une sorte de référence en matière de mépris postcolonial. En outre, l’insistance du premier président américain noir à mettre en avant – entre autres – les responsabilités africaines met en lumière le caractère incongru et politicien des « excuses » qu’a cru bon de formuler tardivement Ségolène Royal à propos du discours de Dakar.

L’on pourrait aussi réduire le clivage entre Dakar et Accra à des différences de style : M. Sarkozy a gratifié l’Afrique d’une dissertation anthropologique sur « l’homme africain » et de sentences définitives et grandiloquentes ciselées par son conseiller Henri Guaino ; M. Obama a adressé au continent un message direct de vérité, de confiance et d’espoir rédigé avec ses tripes, sans condescendance.

Mais les différences de forme reflètent des histoires et des réalités actuelles différentes, qui sont autant de distinctions de fond. A Accra, M. Obama n’a pas fait la leçon à l’Afrique ; il lui a proposé quatre pistes pour avancer sur la gouvernance, l’économie, la santé et la résolution des conflits. Il a mis en avant des principes simples et des projets concrets. « L’histoire n’est pas du côté de ceux qui changent les Constitutions pour rester au pouvoir », a-t-il affirmé. Il a annoncé son soutien au développement de l’énergie éolienne et solaire en Afrique. Concernant l’aide, il a annoncé la réduction des budgets engloutis par « les consultants occidentaux et l’administration » au bénéfice des compétences locales. M. Obama a annoncé 63 milliards de dollars pour lutter contre le sida et éradiquer le paludisme, la tuberculose et la polio.

La France qui, en colonisant, a prétendu diffuser ses lumières, continue de prodiguer ses conseils au nom de son « amour de l’Afrique ». Pragmatiques, les Anglo-Saxons, qui n’ont jamais caché leurs intentions mercantiles, appellent les Africains actuels à se lever pour négocier et entreprendre avec eux. Un demi-siècle après les indépendances, sans s’appesantir sur le passé, M. Obama a appelé l’Afrique à se mobiliser pour tenir enfin « les promesses » auxquelles avait cru en vain son père.

Les Africains savent parfaitement que Washington s’intéresse à leur pétrole et à toutes leurs matières premières ; les plus instruits n’ignorent pas la longue liste des régimes tyranniques longtemps soutenus par les Américains pendant la guerre froide. Mais si le discours américain apparaît autrement plus crédible aux Africains que celui de la France, c’est d’abord parce que les Etats-Unis restent largement ouverts à l’immigration africaine. C’est enfin que M. Obama tient un discours clair. « Aucun pays ne crée de richesse si ses dirigeants exploitent l’économie pour leur enrichissement personnel », a-t-il asséné en appelant à « la fin de ce genre de gouvernance ». Au lendemain du discours de Dakar, M. Sarkozy avait rendu au Gabon une « visite d’amitié » à Omar Bongo, mort en juin, archétype de l’indéboulonnable président couvert par la France.

Exprimez-vous!

  1. La France est responsable de toute la misère du peuple gabonais,seul le peuple,nous les gabonais pouvons changer cette donne.La france n’est pas prête à arreter de nous imposer les pseudos présidents dictateurs,leurs petits « toutous » pour mieux piller le pays. Moi je suis stupéfais d’une chose,les français qui se rendent au GABON ne prennent meme pas la peine de se présenter au consulat pour les formailités de visas,ce sont des coursiers que se chargent de celles- ci,une insulte de plus quand on sait le nombre de refus de visas au consulat de france à Libreville.
    SI NOUS VOULONS,NOUS GABONAIS UN CHANGEMENT POUR NOTRE PATRIE,IL FAUT QUE NOUS NOUS SEPARIONS DE LA FRANCE, LE BIAFFRA VA ETRE PRESIDENT PARCE QUE LA FRANCE ENCORE UNE FOIS NOUS L’IMPOSE.
    ALORS VAILLANTS GUERRIERS GABONAIS,REVEILLONS-NOUS SI NOUS DEVONT MOURRIR,MOURRONS DANS LA DIGNITE ET NON DANS LA MISERE.
    LA FRANCE ADORE NOTRE SOUS-SOL ET DETESTE NOTRE PEUPLE.
    A NOS MACHETTES TOUS, L’UNION FERA LA FORCE ET NOUS VAINCRONS.
    Un gabonais vivant à paris et prêt à offrir son sang pour la patrie,mais seul c’est mission impossible.
    Et vous qu’êtes vous prêt à faire pour notre patrie?

  2. Moi je ne retiens qu’une chose: ils disent la même chose et c’est ce qui importe. Que ce soit en vers ou enprose, quand ferons-nous face à nos responsabilités ? Quand arrêterons-nous de les fuir ? Certes la colonisation est responsable de pas mal de choses présentes actuellement mais nos dirigeants africains n’ont pas renié cet atavisme de prédateurs qui est leur marque de fabrique et a ruiné leurs pays. Arrêtons de blablater, palabrer , insulter et menacer: mettons-nous au travail ! Retroussons nos manches ! Les élites ne manquent pas : regardez dans tous les gouvernements des états africains, les « masterisés » ne manquent pas ! Ce qui n’a pas empêché d’en être là aujourd’hui une main devant et une autre derrière. Il est vrai qu’il n’y arien de « naturel » mais tout est »mystique ». Est-ce que cette incapacité à construire l’avenir de nos pays, est « naturelle » ou « mystique » ???
    Je pense que l’on doit arrêter de piller nos pays, d’être corruptible à tout instant: assainissons nos comportements, balayons devant nos portes et même dans nos « appartements », et alors je pense que l’on commencera à y voir un peu plus clair. Arrêtons d’être prétentieux mais soyons ambitieux !!!

  3. Mais la différence entre le Président Barak Obama et le Président Nicolas Sarkozy réside dans le fait que la France a colonisé la plupart des pays africains, qu’elle continue à tenir ces pays en laisse en fabriquant, imposant et soutenant des pseudo-présidents « marionnettes-dictateurs » à la tête ses anciennes colonies en Afrique, surtout ceux qui regorgent de richesses dans le but de protéger les intérêts de la France. C’est le cas de feu Président Bongo, fabriqué par le général De Gaulle et M. Foccart qui pendant plus de 41 années s’est attelé à piller le Gabon et financer tous les partis politiques français de la vème République. NOUS SAVONS TOUS MAINTENANT QUE LE PRESIDENT BONGO A AUSSI FINANCE LA CAMPAGNE ELECTORALE DU PRESIDENT NICOLAS SARKOZY LORS DES PRESIDENTIELLES DE 2007. POURQUOI LE PRESIDENT NICOLAS SARKOZY N-A-T-IL PAS REFUSE TOUT SIMPLEMENT LES VALISES D’ARGENT QUE LE PRESIDENT BONGO LUI AVAIT APPORTEES? IL (le Président Nicolas Sarkozy) SE SERAIT DEMARQUE DE SES PREDECESSEURS. Je trouve donc l’attitude du Président Nicolas Sarkozy INACCEPTABLE et je crois que les africains qui ont dénoncé ses propos tenus à Dakar en 2007 ont pensé comme moi. C’est d’ailleurs une des raisons qui fait en sorte que les africains ne puissent pas accepter la moindre remontrance ni la moindre leçon de morale venant d’un homme ou d’une femme politique français. Pour ma part, je conçois qu’on ne doit pas critiquer ou dénoncer une situation qu’on a soi-même créée et qu’on souhaite de tout coeur qu’elle perdure. C’est de la pure hypocrisie et de la pure fourberie. Quant au Président Barak Obama, les africains digèrent mieux son discours quoique presque semblable à celui du Président Nicolas Sarkozy parce que les Etats-Unis ne sont pas directement impliqués dans la fabrication et le maintien des dictateurs au pouvoir en Afrique (Afrique francophone surtout). Que les Médias arrêtent donc de voir une sorte de racisme de la part des africains lorsqu’ils condamnent le discours du Président Sarkozy et acclament celui du Président Barak Obama.

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