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Gabon : Toujours près de 6% de la population atteinte du Sida

Longtemps paralysés par une prise de conscience tardive de la réalité de l’épidémie, les efforts de lutte contre le VIH/SIDA se sont accélérés ces dernières années au Gabon mais se heurtent encore à de nombreux obstacles, alors que le pays affiche toujours un taux de prévalence de 5,9%. Insuffisance des ressources, interférences politiques, inégalités sociales, autant de facteurs qui retardent encore la traduction dans les faits des efforts déployés par les autorités pour lutter contre le fléau du Sida.

Après un démarrage tardif, le Gabon a fourni d’importants efforts au cours des dernières années pour tenter de rattraper son retard, alors que le Programme national de lutte contre les infections sexuellement transmissibles (PLIST) annonce que près de 8 000 patients reçoivent aujourd’hui des antirétroviraux (ARV), sur les quelque 15 000 qui en auraient besoin.

La fréquentation des centres de dépistage volontaire a également connu une croissance très importante, selon la directrice du PLIST, Christiane Mengue, avec un nombre de visiteurs presque multiplié par six entre 2003 et 2005.

Malgré de réelles avancées, les obstacles restent nombreux. La coordination nationale des efforts est «affaiblie par la concurrence entre organismes parallèles», a estimé un acteur de la lutte contre l’épidémie, qui explique que le PLIST gère tout ce qui relève de la prise en charge du VIH, tandis que le ministère de tutelle est chargé de la prévention, mais sur le terrain les frontières restent floues.

«Le suivi-évaluation est le nœud du problème. (…) Des personnels sont formés, mais quand ils repartent sur le terrain, nous n’avons pas d’outil pour savoir comment les choses se passent», explique encore madame Mengue.

Sur le plan macro-économique, le Gabon est classé dans la catégorie des Pays à revenu intermédiaire «tranche supérieure», mais pour le coordonnateur national du Programme commun des Nations Unies sur le Sida (ONUSIDA), Salvator Niyonzima, cette classification peut s’avérer préjudiciable en «donnant l’impression qu’il y a beaucoup d’argent alors que les ressources [allouées à la lutte contre le] VIH restent modestes».

La contribution de l’Etat à la lutte contre le Sida aurait augmenté de manière continue de 2001 à 2006 pour atteindre 4 milliards de francs CFA en 2006, des fonds diminués notamment par l’inéligibilité du Gabon à certains crédits internationaux du fait de son statut de pays intermédiaire.

Mais «les dépenses affectées par l’Etat à la lutte contre le sida de 2001 à 2006 n’ont jamais excédé 8% des dépenses totales de santé», le budget de la santé ne représentant lui-même, en 2006, que 3,8% du budget total de l’Etat, indique la revue officielle du Plan stratégique nationale 2001-2006.

Sur le plan de la gouvernance, la politisation excessive de la lutte contre le Sida a souvent été dénoncée, en ce qu’elle tendrait à faire de cette lutte une «chasse gardée» des autorités, ces interférences politiques empêchant d’autres acteurs, comme la société civile, de jouer pleinement leur rôle, alors que certaines ONG aux moyens opérationnels ont jours des difficultés à obtenir les autorisations nécessaires.

Le secrétaire exécutif du REGOSIDA, Georges Mpaga, qui fédère une cinquantaine d’organisations de lutte contre le Sida, dénonce enfin le fossé socio économique qui sépare certaines franges de la population, qui amènerait des hommes riches, parfois déjà informés de leur séropositivité, à vouloir convaincre de jeunes filles démunies d’avoir des relations sexuelles non protégées contre de grosses sommes d’argent.

Toutes ces faiblesses expliquent en partie par le fait que le premier plan stratégique national 2001-2006 n’ait pas atteint tous les objectifs qu’il s’était fixés, et la «non réalisation des plans stratégiques provinciaux». Des échecs que les acteurs espèrent pouvoir corriger grâce à l’adoption, en avril 2009, d’un plan opérationnel pour appuyer la mise en œuvre du deuxième plan stratégique 2008-2012.

«Nous sommes toujours dans une zone de turbulence extrêmement dangereuse», a noté monsieur Mpaga, alors que certains intervenants de la lutte craignent aujourd’hui que la disparition en mars dernier de la première dame, Edith Lucie Bongo, très impliquée dans ce combat, ne porte un coup aux efforts déployés jusqu’à présent par le gouvernement.

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