La page Bongo n’est pas encore tournée au Gabon. Mais les Gabonais ont visiblement saisi à bras le corps la possibilité qui leur était donnée de désigner le successeur du président qui a régné sans partage pendant quatre décennies avant de disparaître en juin dernier. Tous les observateurs ont ainsi témoigné d’une participation très importante au scrutin de dimanche, qualifiée même de « sans précédent ». En raison de cette affluence, le dépouillement a même débuté avec plusieurs heures de retard dans certains bureaux de vote.

Dans l’immédiat, aucune fraude massive n’a été constatée. Plusieurs incidents ont cependant été signalés : un électeur accusé par la foule d’être ghanéen a failli se faire lyncher dans le bureau de vote d’un quartier populaire de Libreville. Dans le centre de la capitale, le président d’un bureau a été menacé de mort face à une foule inquiète de la régularité des premiers votes.

Les résultats officiels de cette élection ne sont pas attendus avant lundi voire mardi. Mais dès dimanche soir, l’opposant historique Pierre Mamboundou a revendiqué la victoire. Le grand favori de cette élection reste Ali Bongo, le fils de l’ancien président.

Le vote de dimanche été marqué par un dernier coup de théâtre : l’ancien premier ministre, Casimir Oyé Mba, un favori de l’élection présidentielle, a retiré sa candidature au scrutin sans donner de consigne de vote. Vendredi, l’entourage d’un autre candidat également bien placé, l’ex-ministre de l’Intérieur André Mba Obame, avait annoncé le désistement de 11 présidentiables en sa faveur, incluant Casimir Oyé Mba dans la liste des ralliés.

La présidente intérimaire du Gabon, Rose Francine Rogombé, a de toute façon exhorté dimanche tous les candidats à l’élection présidentielle à accepter les résultats du vote quels qu’ils soient, en prônant l’apaisement. « Le Gabon est un pays de paix », a-t-elle insisté alors que des craintes de débordement planent toujours.