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En finir pour de bon avec la Françafrique

Le succès électoral d’Ali Bongo a montré qu’il était bien difficile d’échapper à l’influence française. Même si, ici ou là, des dirigeants tentent de s’en débarrasser.

l aura suffi que le doyen d’âge des chefs d’Etat africains, Omar Bongo, disparaisse, en juin 2009, après presque quarante-deux ans de règne, pour que l’Afrique et le monde découvrent que le Gabon était un petit pays où tout le monde voulait devenir président. Outre Ali Ben Bongo – fils du président défunt –, une vingtaine d’autres candidats étaient en lice pour la succession de celui qui aura, à lui tout seul, symbolisé la Françafrique après la mort du président ivoirien Félix Houphouët-Boigny [qui a régné sur la Côte-d’Ivoire de 1960 à 1993]. Parmi eux figuraient d’illustres inconnus et des personnalités comme le père Paul Mba Abessole, Pierre Mamboundou, André Mba Obame, l’ex-Premier ministre Casimir Oye Mba, pour ne citer que ceux-là.

Pour un petit pays d’à peine 1,5 million d’habitants, une vingtaine de candidats, il faut avouer que cela faisait trop. Mais la démocratie, il faut la respecter jusque dans ses moindres principes. Et, quand des opposants à ce qu’ils appellent la « monarchisation » du pouvoir trouvent à redire au nombre d’électeurs dans le fichier électoral plus élevé que celui d’habitants, cela ne peut que donner à réfléchir. Ali Bongo, digne successeur de son père, a gagné la présidentielle du 30 août avec 41,73 % des voix, devant André Mba Obame et Pierre Mamboundou, qui obtiennent respectivement 25,88 % et 25,22 % des suffrages, confirmant de facto les récriminations, les craintes des opposants et les pronostics de longue date. Peu importe comment il a gagné, l’essentiel est qu’il assure par sa présence les intérêts de la France.

Les Africains, dans leur immense majorité, ne se faisaient d’ailleurs pas trop d’illusions sur l’issue, qui paraissait évidente, avec la victoire d’Ali Bongo – à la notable exception des démocrates gabonais et autres rêveurs d’une autre époque qui croyaient dur comme fer en un véritable changement après la mort du père. La violence des émeutes qui ont éclaté à Port-Gentil [capitale économique du Gabon et fief de l’opposition], avec leurs corollaires de morts [deux décès], de blessés et le fait que les émeutiers aient incendié le consulat de France, témoigne du fait que beaucoup de Gabonais voient la main de la France derrière l’élection controversée d’Ali Ben Bongo.

Les Africains ne sont plus dupes. Ils savent que ce n’est ni un Jean-Marie Bockel [ancien secrétaire d’Etat à la coopération] ni un Nicolas Sarkozy qui vont signer l’arrêt de mort de la Françafrique, même après la mort des Félix Houphouët-Boigny, Omar Bongo et consorts. Seuls les Africains ont le devoir de décapiter la Françafrique et de réaliser une véritable indépendance qui implique la gestion souveraine de leurs ressources naturelles en vue d’une indépendance économique, seul gage d’une véritable indépendance politique acquise ou conquise depuis près de cinquante ans, mais qui ne rime à rien.

Très mal perçue par les dirigeants du Niger, d’où elle tire l’essentiel de son uranium, la France ne pouvait pas s’aliéner le Gabon, un autre fournisseur d’uranium, sans être sûr de celui qui prendrait la succession de Bongo. Sans compter que la « fameuse pompe Afrique » n’a jamais arrêté de fonctionner avec Total.

La Françafrique n’est pas morte avec Omar Bongo. Et pour cause, sur ce continent où de nouvelles générations ont grand soif de changement, ils sont de plus en plus nombreux à préférer des régimes comme ceux du président Laurent Gbagbo en Côte-d’Ivoire et, après lui, de Mamadou Tandja au Niger, qui font passer la souveraineté de leur pays tant au plan économique que politique avant même les intérêts de la France ou d’une quelconque puissance occidentale. Peu importe la manière avec laquelle on le fait, pourvu que l’intérêt supérieur de la nation soit sauvegardé. Du reste, les Africains, qui ont payé le prix fort à la fin des années 1980 pour l’avènement de la démocratie dans leur pays, commencent à se demander à quoi cela sert de rester éternellement sous le joug de la France, ce qui est un échec pour l’ancienne puissance coloniale et les nations occidentales en général, qui, sous prétexte de démocratie et de bonne gouvernance, n’ont toujours fait que défendre leurs intérêts en diabolisant, au besoin, les régimes et les dirigeants africains qui leur résistaient, au nom de l’intérêt supérieur de la nation. Dont acte ! Chassez la Françafrique par la porte, elle revient toujours par la fenêtre. Aux Africains donc d’en finir, une bonne fois pour toutes, avec cette bête immonde et importune.

Exprimez-vous!

  1. aux prochaines elections vengez-vous soutennez LE-PEN et le FN
    avec pas de francafrique
    peut etre plus de relations du tout en prime
    chacun chez sois
    a vous de voir

  2. —————————–
    L’opposition gabonaise victime de sa stupidité

    Il est étonnant qu’après la disparition d’Ali Bongo en France pendant des semaines après la mort de son père, les leaders de l’opposition gabonaise n’aient pas compris que l’Elysée avait pris le règlement de la succession d’Omar Bongo en mains, et que les Français n’allaient jamais remettre le pouvoir à quiconque d’autre qu’Ali Ben Bongo. Ils acceptaient que la publication des résultats des élections soit faite par le ministre de l’intérieur, un individu bien connu comme un fidèle d’Ali Bongo, au lieu de la commission électorale, au lieu de la cour constitutionnelle en place. Personne parmi eux ne se départ de la logique d’un président de la république roi puisqu’ils veulent devenir chacun roi. Ils trouvent que le statut d’opposant est bon fonds de commerce et s’en contentent.

    Le 7 Juin dernier, après 41 années passées à la tête du Gabon, Omar Bongo est mort à 73 ans, des suites d’un cancer. Après avoir suspendu ses pouvoirs à Libreville le 6 mai, le plus ancien chef d’État africain avait été admis dans une clinique de Barcelone. Son épouse Édith Lucie Bongo, fille du président congolais Denis Sassou Nguesso, venait elle aussi de décéder le 14 mars des suites d’une longue maladie, à Rabat, au Maroc.

    Première remarque. Pendant la période du 6 mai au 7 juin, 2009, Ali Ben Bongo, fils de Omar Bongo et alors ministre de la défense, était lui-même déclaré comme mourant en France. Les services de renseignements français avaient en effet répandu de telles rumeurs, sur instructions de l’Elysée, avançant notamment l’hypothèse d’un cancer, dont serait atteint le fils du président décédé, et qui l’aurait forcé à un bilan médical d’urgence à Paris le 23 mai.

    Tout cela était évidemment faux. La vérité, c’est que Nicolas Sarkozy avait convoqué Ali Ben Bongo une fois son père Omar Bongo était prononcé mourant ou mort, afin de préparer la succession de son père au trône royal de la république du Gabon. C’est depuis lors que les Français avaient analysé tous les scénarii et retenu le passage du pouvoir de manière dynastique, sous les faux habits des élections démocratiques.

    Il est étonnant qu’après une telle disparition d’Ali Bongo en France pendant des semaines, les leaders de l’opposition gabonaise n’aient pas compris que l’Elysée avait pris le règlement de la succession d’Omar Bongo en mains, et que les Français n’allaient jamais remettre le pouvoir à quiconque d’autre qu’Ali Ben Bongo. Mais ces opposants d’un autre genre s’étaient curieusement lancés dans la participation aux élections programmées par l’appareil administratif et institutionnel des Bongo, les yeux fermés, en faisant confiance à tout ce qui leur était présenté.

    Deuxième remarque. Ces leaders dits de l’opposition acceptaient que la publication des résultats des élections soit faite par le ministre de l’intérieur, un individu bien connu comme un fidèle d’Ali Bongo, au lieu de la commission électorale, au lieu de la cour constitutionnelle en place. L’on se demande quelle contrainte ils avaient en tête quand ils espéraient que ce ministre de l’intérieur les prononcerait jamais comme gagnants.

    Troisième remarque. Permettre aux journalistes de connaître et de publier les résultats partiels des bureaux de vote, sur la base des procès-verbaux signés par les représentants de tous les candidats, n’est pas fait juste pour satisfaire la curiosité des journalistes, mais plutôt pour garantir que le processus électoral est transparent et juste. C’est pour cela que les pays avec une longue expérience des élections laissent les journalistes libres de publier les résultats partiels et définitifs. Mais ces leaders d’opposition ont accepté que toute publication des résultats ne soit faite que par un ministre de l’intérieur au service de la famille Bongo, à l’exclusion des média.

    Quatrième remarque. Les leaders de l’opposition ont accepté que la commission électorale dite indépendante n’ait pas le pouvoir de rejeter un procès-verbal des résultats d’un bureau de vote. Malgré le manque d’un tel pouvoir, qui n’était accordé qu’à la cour constitutionnel n’intervenant qu’en cas d’appel – c’est-à-dire quand un Président est déjà proclamé comme élu et au pouvoir -, cette commission était pourtant autorisée d’adopter des résultats électoraux et de les transmettre pour proclamation par le ministre de l’intérieur. Ces leaders de l’opposition n’ont pas trouvé un tel processus électoral comme essentiellement piégé et ne l’ont pas dénoncé et rejeté. Ils l’ont accepté en participant à ces élections truquées d’avance.

    L’on a la nette impression que les leaders de l’opposition des pays de la françafrique se plaisent à se présenter comme des gens stupides, qu’ils ne sont pas en réalité. Il semble que beaucoup d’individus se satisfont du titre d’opposant, s’engagent dans des élections qu’ils savent d’avance truquées, étant bien convaincus qu’ils n’ont aucune chance de gagner si la France ne les accepte pas. C’est assurément le cas de ces perdants des élections gabonaises, qui auront malgré tout laissé leurs militants naïfs aller se faire tuer et brutaliser par les forces armées du pouvoir Bongo.

    Cinquième remarque et les plus importante. Une analyse attentive du pouvoir en Afrique montre que les conflits éclatent parce que les protagonistes disputent un pour royal de président. Ceci parce que le « président de la république » africain est un véritable roi investi de tous les pouvoirs divins que l’on puisse imaginer. Le poste de président tout puissant est la source de tous les conflits violents de pouvoir en Afrique.

    Malgré ce constat, personne parmi les leaders dits de l’opposition en Afrique ne se présente devant les populations pour dire qu’il mettra fin à ces superpouvoirs qui sont le véritable problème. Personne ne se départ de la logique d’un président de la république roi. Personne ne voit le pouvoir autrement qu’individualisé et individualiste.

    Malgré les sentiments et réactions tribalistes que provoquent l’érection des présidents tout puissants, malgré tous les dangers d’embrasement des conflits tribaux, les politiciens africains ne trouvent pas que la solution soit d’en finir avec les dirigeants tout puissants, en adoptant tout simplement les solutions communautaristes africaines où la solution se trouve toujours dans le partage.

    Car la solution se trouve dans la direction collégiale des institutions de l’Etat, le dirigeant tout puissant devant être rejeté comme un archaïsme qui ne parvient pas à se départir de l’ordre royal. Dans un tel Etat africain nouveau, le leader apparaîtra plus comme un facilitateur qui résout les problèmes, que comme un commandant devant qui tout le monde se courbe.

    Malheureusement, la mentalité des pouvoirs absolus colonise tous les esprits. La preuve en est que, même pour ceux qui sont en exil loin des régimes qu’ils ont fui, chacun cherche toujours à se ménager des espaces de pouvoir absolu. C’est ainsi que beaucoup ont trouvé un fonds de commerce à manifester devant les chancelleries occidentales contre les dictatures africaines, à se faire remarquer par les interventions dans les médias là où la rue africaine demande désespérément leur soutien concret, même quand ils savent très bien que leurs efforts laissent les soutiens de ces dictatures, comme l’Elysée, tout simplement insensibles, et que par conséquent leurs efforts sont vains.

    C’est dans cette logique des fonds de commerce politiques qu’évoluent les leaders gabonais perdants des dernières élections. Tout ce qu’ils font en réalité, c’est de prolonger l’agonie d’un peuple qu’ils connaissent comme impatient, assoiffé de leaders du Changement véritable qu’ils attendent.

    Source : http://www.africanindependent.com
    —————————–

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