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Gabon : L'opération «ville morte» sans échos à Libreville

Alors que le Front de refus du coup de force électoral a appelé les populations à observer une «ville morte» les 14, 15 et 16 septembre, en hommage aux victimes des émeutes de Port-Gentil et pour dénoncer la fraude électorale, Libreville a fonctionné normalement. Aucune baisse d’activité significative n’était perceptible dans la capitale gabonaise, où les populations dénonçent une coalition tardive de l’opposition et des impératifs professionnels pour subvenir à leurs besoins.

© gaboneco – Les rues de Libreville résonnaient de leurs activités habituelles le 14 septembre 2009

Circulation normale, commerces et administrations ouverts, étals de marchés installés, aucune trace concrète d’une opération «ville morte» ce 14 septembre dans la capitale gabonaise.

Le mot d’ordre lancé par l’opposition pour une grève générale censée paralyser le pays en hommage aux victimes des émeutes post-électorales de Port-Gentil et dénoncer le «coup de force électoral», n’aura pas trouvé l’écho escompté à Libreville, où les populations fustigent notamment une réaction trop tardive de l’opposition.

«Je pense que les opposants ont raison de faire ça. Mais là, c’est quand même un peu difficile que les populations gabonaises suivent leur mouvement car, on avait besoin de cette coalition pendant la période électorale pour une candidature unique», estime Ediba Joe, étudiant en 1ère année de droit à l’Université Omar Bongo de Libreville.

«Aujourd’hui, venir décréter une ville morte et s’attendre à ce que les populations suivent le mouvement ce n’est pas évident parce que les populations attendaient une candidature unique mais s’ils ne l’ont pas fait parce qu’ils n’ont pas pensé à l’intérêt commun mais à l’intérêt personnel», a-t-il poursuivi.

Du côté du centre-ville, monsieur Nzengue, archiviste, s’étonne : «nous sommes dans un Etat de droit, pour quelles raisons les opposants vont demander qu’il y ait une ville morte ? Nous savons tous très bien que lundi, mardi et mercredi sont des jours ouvrables à part quand le ministre du Travail annonce que c’est férié».

Mais la plupart des habitants évoquent surtout des raisons économiques. «Moi j’ai une famille à nourrir sans compter les fournitures scolaires que je dois acheter. J’étais obligé de venir faire mon commerce parce que c’est grâce à lui que je subviens à mes besoins et aux besoins de ma famille», répond Justine, une commerçante.

«On a déjà mal travaillé ces derniers temps, alors on n’a pas les moyens de fermer. La présidente Rogombé a dit qu’il fallait travailler. Elle a raison. Il faut leur dire aux gens de l’opposition, qu’il faut qu’on gagne notre vie», lance une commerçante sous couvert d’anonymat.

«Cette opération ville morte c’est normal. Mais hier dans la nuit, le gouvernement en place a dit qu’il faut aller au travail et voyant ce matin que tout le monde allait au travail, c’est ce qui m’a poussé à venir travailler», explique pour sa part Mireille, coiffeuse dans un quartier Ouest de la capitale gabonaise.

Dès le mot d’ordre lancé par l’opposition, plusieurs leaders syndicaux avaient appelé leurs membres à aller travailler. De son côté, le ministre du Travail, François Engongah Owono, avait invité dès le 12 septembre «la population et les travailleurs de tous les secteurs à ne pas respecter le mot d’ordre de ville morte lancé par les candidats malheureux au scrutin présidentiel du 30 août dernier».

«Si les Gabonais eux-mêmes prennent conscience de l’importance de l’économie dans leur pays, ils ont intérêt à aller au travail, de vaquer à leurs occupations tranquillement», avait lancé le chef de l’Etat, Rose Rogombé le 13 septembre dernier à Port-Gentil, affirmant que «trois jours de ville morte c’est tuer l’économie».

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