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France : Déclaration de l’Elysée Par Bruno Ben Moubamba 20 novembre 2009

Ainsi donc, Monsieur Nicolas Sarkozy, Président de la République Française, vous qui aviez promis en 2007 d’en finir avec la ‘Françafrique’, vous avez choisi de recevoir aujourd’hui Monsieur Ali Bongo Ondimba à l’Elysée. Nous sommes fondés à penser qu’il s’agit d’une erreur politique fondamentale à l’égard de l’Afrique Francophone, tout comme l’a été le fameux discours de Dakar.

Cette erreur jette d’autant plus le trouble dans l’opinion gabonaise qu’en juillet dernier, alors que vous étiez justement à Libreville pour les obsèques d’Omar Bongo, vous avez condamné la répression menée par le pouvoir Iranien et avez apporté votre soutien aux manifestants qui réclamaient la Démocratie. Vous avez par la suite dénoncé « l’ampleur de la fraude » et affirmé que cette fraude en Iran était « proportionnelle à la violence de la réaction » du Peuple Iranien, qui selon vous « mérite autre chose ».

Ce n’est apparemment pas votre avis pour le Peuple Gabonais…Car vous le savez, il s’est passé exactement la même chose au Gabon. Les élections du 30 août 2009 ont été mal préparées, le monde entier sait qu’Ali Bongo Ondimba n’a pas été élu et l’opposition gabonaise dénonce un ‘coup d’Etat électoral’. Aucun de ses arguments n’ont, bien sûr, été retenus par la cour constitutionnelle dans le cadre du contentieux qui a suivi les élections. Il n’en demeure pas moins qu’Ali Bongo reste détenteur d’un pouvoir illégitime et la plupart des grandes démocraties ne l’ont pas félicité.

Chacun sait ce qui a suivi le coup d’Etat du 30 août et sa confirmation par la pseudo cour constitutionnelle : répression, militarisation du pays, arrestations, morts, renvoi des fonctionnaires insuffisamment engagés pour le pouvoir, interdiction de 8 journaux, censure des médias, climat social tendu, intimidations en tous genres, limitation de la liberté de circuler.

Voilà pourquoi nous nous étonnons que la France, malgré les soupçons de collusion, qui pesaient déjà contre son Gouvernement, quant au soutien qu’elle aurait apporté à Mr Ali Bongo, pour son coup de force électoral, reçoive ce dernier sans explication.

Cinquante ans après les indépendances supposées des pays africains, il est légitime que le Peuple Gabonais soit informé du contenu de vos échanges avec Ali Bongo Ondimba.

N’aviez-vous pas promis la fin des ‘officines’, de la ‘diplomatie parallèle’, des relations incestueuses’ entre la France et l’Afrique ?

La France de 1789 est incompatible avec la Françafrique.

Une France digne de son idéal : Liberté, Egalité, Fraternité, et de son héritage de 1789, ne peut plus entretenir des relations avec de pseudo-dirigeants africains, comme s’ils n’étaient que des primates à peine évolués qui viendraient prendre leurs ordres à l’Elysée.

Chacun peut constater que 20 ans après la chute du mur de Berlin le monde a changé et les relations entre la République Française et ses anciennes colonies doivent elles aussi changer.

Ce qu’une génération a fait (Bongo, de Gaulle, Pompidou, Giscard d’Estaing, Chirac, …), une autre peut le défaire. C’est possible, et c’est votre devoir de Président de dépasser la Françafrique, la Corsafrique, la mafia internationale, les pouvoirs et les intérêts privés, pour garantir un avenir commun entre la France et l’Afrique francophone qui soit basée sur le respect mutuel. Se comporter en Afrique comme si on y était chez soi ne fera pas avancer en France des questions comme l’Identité Nationale alors même qu’ici, les enfants d’ascendance africaine ne se sentent pas si Français que cela.

Nous exigeons que notre pays se comporte vis à vis de la France comme une République à part entière dans la quelle les choses se traitent publiquement et où le Président de la République Gabonaise est élu et non pas choisi par des hommes de l’ombre.

Nous rêvons du jour où le Président réellement élu du Gabon, lorsqu’il viendra à Paris, ne se comportera plus comme un Vassal ou comme un Chef d’Etat de 3e catégorie.

L’heure est venue d’inaugurer un nouveau cycle de relations entre la France et l’Afrique qui sera basé sur la Démocratie réelle et la Bonne Gouvernance car nous sommes au regret de le dire : Ali Bongo et ses complices ont ignoré le rêve de liberté que le Peuple Gabonais a fait pendant les quelques mois qui ont séparé le décès d’Omar Bongo et la décision funeste de notre « cour constitutionnelle ». Oui, nous avons aperçu la liberté, elle était à portée de main !

Total, la première entreprise française est riche et prospère, mais à quel prix pour le Peuple Gabonais ? Et avec quelle responsabilité de la famille Bongo ? Qui osera dire à Areva que la manière dont ont été traités les irradiés de Mounana au Gabon n’est pas normale ? De nombreux gabonais sont morts parce que la Françafrique, version nucléaire, ne nous respecte pas.

Votre prospérité, Monsieur Sarkozy, est nourrie de richesses que la famille Bongo et son système totalitaire ont détournées massivement chez nous. Pendant ce temps, des milliers de sans papiers risquent leurs vies pour gagner l’Europe, alors qu’on devrait leur verser une rente au lieu d’un avis d’expulsion, alors qu’ils rêvent pour leur immense majorité de vivre dans leur pays, à condition d’y être libres.

Monsieur le Président de la République française, pendant que vous déjeunerez en paix avec Ali Bongo Ondimba, j’espère qu’entre la « banane et le fromage », vous aurez une pensée pour tous les affamés et les morts de la misère françafricaine au Gabon, comme ailleurs en Afrique francophone.

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