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Gabon: A qui profitera cette alliance ?

C’est certainement la question que l’on peut se poser après la création, en début de semaine, de l’Union nationale, le nouveau parti de l’Opposition aux allures hybrides, et qui comporte déjà à sa création des germes de sa destruction.

Depuis jeudi, certains leaders de l’opposition, Zacharie Myboto, Paulette Missambo, André Mba Obame, Jean Eyéghé et Casimir Oyé Mba, tous transfuges du parti démocratique gabonais (PDG), avec d’autres partis, ont créé l’Union nationale (UN), ancré dans l’opposition.
Un curieux attelage qui ne nous a pas encore expliqué tous les contours des négociations ayant abouti à la formation de cette formation politique aux allures hybrides. Mais l’on remarque que tous ont occupé par le passé des hautes fonctions dans ce pays. Donc, c’est en quelque sorte du déjà vu. Ils devront batailler fort pour vraiment convaincre les populations de leur alliance.

Pour Myboto, Missambo et Oyé Mba, les élections législatives de 2011 seront sans doute leur dernière bataille politique, vu le poids de l’âge. Par contre, pour Mba Obame, Jean Eyéghé, Pierre Claver Zeng Ebome, Bruno Ben Moubamba, ils auront encore de la poigne jusqu’en 2016, année de la prochaine élection présidentielle.

Si certains comme Mba Obame ont laissé le fauteuil de président de l’UN à Myboto, est-ce par stratégie pour mieux contrôler le parti après la dernière véritable bataille de Zacharie en 2011 ? Sinon, pour avoir discuté sur la création d’un nouveau parti au lieu de fusionner avec le Mouvement africain pour le développement (MAD), le Rassemblement National républicain (RBR) ou avec l’Union gabonaise pour la démocratie et le développement (UGDD) ?

La raison est bien simple, il aurait été difficile pour Mba Obame ou Ben Moubamba d’utiliser la tribune de l’UGDD, du MAD et du RNR, qu’ils ont contribuée à créer, pour s’imposer comme leader devant les militants de ces partis au cours d’un congrès devant désigner le porte étendard de ce parti en 2016. Or, en mettant en place un autre parti, chacun peut se focaliser sur la disposition de membre fondateur pour s’exprimer devant le congrès qui pourrait éventuellement se réunir en préliminaire pour désigner un candit à la présidentielle de 2016. Toute chose que les membres ombrageux fondateurs de l’UGDD, du MAD et du RNR ne peuvent autoriser à Jean Eyéghé Ndong ou à Mba Obame. Certains n’hésiteraient pas à décrire ces messieurs comme une sorte de généraux désireux de faire une OPA sur le parti dont ils ignorent les fondements. Ceux qui ont eu l’idée de créer un nouveau parti que d’entrer dans ceux qui existaient ont contourné cette difficulté qui devait se poser.
Avec le recul, ces critiques peuvent faire sourire. Myboto s’est bel et bien exprimé devant les militants de l’UGDD pour faire le bilan du parti et annoncer la dissolution de celui-ci, mais il n’a pas osé dire aux militants que les élections législatives de 2011 seront son véritable dernier combat politique qu’il n’est pas sûr de remporter et qu’en 2016 il ne sera pas candidat.
Pour l’instant l’UN ne s’est pas encore transformé en champ de mines parce qu’on n’est pas encore arrivé en 2016. Mais au regard de cet attelage, on a bon espoir de croire que tout y sera dans l’ordre. Les fans de chaque ténor de l’UN s’en donneront à cœur joie pendant les débats qui ne manqueront pas de s’ouvrir pour donner une lisibilité à leur action en désossant certains articles du texte fondamental de l’UN.
Au-delà de la nouvelle arme que Myboto donne à Mba Obame, maître des entourloupes, Zeng Ebome et Jean Eyéghé Ndong en dissolvant l’UGDD, les militants de l’UGDD n’ont pas encore compris qu’ils ne pourront plus dire non, tenir sur leurs positions et infléchir la volonté des ténors qui vont les diriger après 2011.
Ce n’est pas une question juridique, c’est une question d’état d’esprit. Tous, à l’exception de Myboto, Missambo et Oyé Mba qui n’auront plus de ressources physiques nécessaires en 2016 pour participer aux batailles politiques, rêvent de diriger le Gabon. Alors, qui va donc céder ?
C’est là que le bas blesse et nos réserves sont formelles. La plupart de ces nouveaux leaders de l’opposition ont géré et ont un bilan à défendre. La première chose à faire, pour ces leaders, était de défendre leurs bilans avec l’ancien régime que dirigeait feu Omar Bongo Ondimba.
Ils sont comptables de la gabegie qui a prévalu dans ce pays, voilà pourquoi on est un peu sceptique quant à la sincérité de leurs actions. Pour l’instant, ils se cachent en revêtant l’habit de l’opposition.
Il est difficile de croire que Myboto a oublié les intrigues des rénovateurs qui l’ont poussé vers la sortie en disant que tout va pour le mieux désormais entre Mba Obame et lui. Parce que tout leader est fondamentalement rancunier. Si Paul Mba Abessole parle d’une impossible union de l’opposition, il sait mieux que quiconque les complots et les intrigues qui sont légions dans ce milieu.
Disons que le soubassement de l’UN n’a pas de programme de gouvernement, ceux qui sont à l’origine cet attelage croient avoir là un argument pour drainer les foules vers on ne sait quel chemin…

Par PR BIYAMBOU

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