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Au Gabon, Nicolas Sarkozy et Ali Bongo s’engagent à enterrer la « Françafrique »

Libreville Envoyé spécial.

Rien ne manquait, mercredi 24 février, à l’accueil réservé par le président Ali Bongo à Nicolas Sarkozy. Ni les bordures de trottoir repeintes de frais, ni les portraits des deux chefs d’Etat barrés du mot « amitié », ni les distributions de tee-shirts et de drapeaux aux femmes disposées sur le parcours. Ni, surtout, aux murs de la salle où furent prononcés les discours, les photos sépia géantes représentant les présidents Bongo, père et fils, aux côtés de tous leurs homologues de la Ve République. Nulle part ailleurs en Afrique un président français n’aurait pu se sentir à ce point chez lui.

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Abonnez-vous au Monde.fr : 6€ par mois + 30 jours offerts Visite éclair au Mali après la libération de Pierre CamatteEntre sa visite à Libreville (Gabon) mercredi 24 février et celle à Kigali (Rwanda) jeudi, Nicolas Sarkozy a fait un « crochet » par Bamako (Mali) dans la soirée de mercredi pour rencontrer Pierre Camatte, l’otage français relâché la veille au Mali par Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), et remercier le président malien Amadou Toumani Touré, qui « a agi avec une grande détermination ». La libération d’islamistes détenus au Mali, qui a permis cette issue, a déclenché les critiques, auxquelles M. Sarkozy a répondu : « Nous ne laisserons tomber aucun de nos compatriotes pris par des terroristes. »

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Mais ce rappel visuel d’une lourde histoire de famille n’a pas empêché les deux chefs d’Etat d’entonner un discours de rupture. « Nous ignorons vous et moi le contenu réel de ce qui est parfois appelé « Françafrique », a lancé M. Bongo. La politique des tutorats, des réseaux, des leçons est révolue. » En écho, M. Sarkozy déclarait : « Je n’appartiens pas à la génération de la colonisation. Je n’en ai pas les réseaux (…), je n’en ai pas non plus les complexes. »

Sur ce socle commun, les deux présidents ont affiché une complicité parfaite pour « refonder une relation privilégiée ». M. Sarkozy donnant du  » mon cher Ali » à son partenaire et prônant « une transparence (…) au centre de notre relation, afin d’en finir avec les clichés, les fantasmes et les procès d’intention ». M. Bongo affirmant vouloir « faire entrer la relation entre nos deux pays dans une nouvelle ère ». L’engagement d’Ali Bongo d’agir afin que « nos manquements ne soient plus imputés à d’autres (les Français), » lui valut un satisfecit de son pair.

M. Sarkozy n’était pas venu les mains vides. Après s’être incliné, à Franceville (est du pays), devant la sépulture d’Omar Bongo qui dirigea le pays pendant quarante-deux ans, le président français a exprimé « du fond du coeur », à Libreville, sa « grande confiance » en Ali Bongo, dont l’élection en octobre 2009 a été contestée, répétant avec insistance qu’il n’avait pas été le candidat de la France. Nouvel accord de défense, maintien de la base militaire française de Libreville, formation des forces de police, aide au développement agricole, à la défense de l’environnement : le panier de M. Sarkozy était garni, en application d' »un nouveau contrat » concrétisant un « partenariat équilibré et transparent ». En contrepartie, la France attend un soutien du Gabon au Conseil de sécurité de l’ONU, où il siège jusqu’à la fin 2011.

A propos de la place déclinante des entreprises françaises au Gabon, le président français a affirmé qu’il était normal que « la France comme le Gabon (aient) diversifié leurs partenaires. Il n’existe plus de pré carré et je ne le regrette pas », a-t-il ajouté, tout en rappelant que les entreprises françaises ont été « les premières à s’intéresser à vous » et en prônant une concurrence « à armes égales « .

L’occasion de cet accueil chaleureux était trop belle. Sortant fréquemment de la version écrite de son discours, M. Sarkozy a tenté de corriger l’interprétation méprisante à l’égard de l’Afrique qui avait été faite de son discours de Dakar de 2007. « J’aime l’Afrique », s’est-il écrié après avoir prolongé les délices d’un bain de foule. Le respect des anciens pratiqué en Afrique « devrait nous inspirer », a-t-il aussi remarqué.

Tout devrait-il changer dans la relation franco-gabonaise pour que rien ne change ? Sur le tarmac de Franceville, Robert Bourgi, homme de confiance d’Omar Bongo et émissaire officieux de Nicolas Sarkozy, que l’Elysée avait invité à la discrétion, l’été dernier, à cause de son soutien trop voyant à Ali Bongo, a refait son apparition. Il se flattait d’être l’artisan de ce regain d' »amitié » entre Paris et Libreville. M. Bourgi exhibait aussi la liste officielle des membres de la délégation de M. Sarkozy sur laquelle il figurait comme « invité personnel ».

Philippe Bernard

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