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Gabon : Des accords de défense pas si transparents

Erigés en exemple de transparence et d’émancipation, les accords de défense révisés signés hier à Libreville entre la France et le Gabon pourraient finalement encore révéler de vastes zones d’ombre. Cette cure de jouvence ne concernerait pas en effet les accords militaires «techniques», qui eux ne devraient pas sortir des coulisses du pouvoir, ni des carcans postcoloniaux de 1960.

Que cachent les lucarnes restées opaques des accords de défense liant la France et le Gabon, dont une partie vient de faire l’objet d’une révision afin de les rendre plus transparents et moins paternalistes ?

Promettant «une totale transparence», le président français, Nicolas Sarkozy, a assuré le 24 février à Libreville que «comme tous les accords conclus par la France dans ce domaine, celui-ci sera publié. Ils seront déposés sur les bureaux de nos Parlements. Il n’y aura pas de clauses secrètes».

Position moins radicale au Sénat français, où le président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense, Josselin de Rohan (UMP), affirme que «tous les accords nous seront communiqués, il y a un engagement ferme», mais que «des clauses secrètes, il y en aura peut-être», même si «elles ne sont plus à la mode».

D’ailleurs la loi ne prévoit qu’une «information du Parlement sur la conclusion et les orientations», précise la commission, alors qu’on apprend du député socialiste Bernard Cazeneuve que ce fut une négociation «extrêmement difficile, le gouvernement n’a jamais voulu aller plus loin».

Le nouvel accord de défense signé le 24 février à Libreville par les présidents français et gabonais ne prévoit plus d’intervention automatique de Paris en cas de menace extérieure comme intérieure, un point brandi comme le gage d’une émancipation politique consommée du Gabon par rapport à l’ancien colon.

Mais de l’avis de Raphaël Granvaud de l’association Survie, de nombreux accords militaires dits «techniques» ne sont pas concernés par cette nouvelle transparence et «ils suffisent pour légitimer toute une gamme de moyens militaires permettant de faire pencher la balance du côté souhaité, sans forcément engager des troupes françaises de manière directe et frontale sur le champ de bataille : fourniture de matériels de guerre, de renseignements militaire, de conseillers qui planifient les opérations, interposition entre belligérants et sanctuarisation de sites stratégiques au profit d’un camp ou d’un autre, sous couvert d’évacuation de ressortissants ou d’opération humanitaire, etc.».

Malgré la renégociation des accords de défense, Paris, qui a repris de la main gauche ce qu’il donné de la droite, conserve ainsi toute sa suprématie pour garantir la « stabilité de la son pré carré africain » pour ses propres intérêts stratégiques.

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