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Afrique : Vers une «guerre froide» sino américaine

Le «gâteau» africain fait saliver les grandes puissances économiques mondiales, à la recherche de matières premières pour alimenter leurs industries et de nouveaux marchés pour y déverser leurs produits. L’enjeu économique du continent africain entraîne déjà de vifs conflits d’intérêts entre la Chine, considérée comme le nouveau «colon» et les Etats-Unis. Mais que gagne l’Afrique dans la bataille rangée des «grands» sur ses terres ?

Las de l’assistanat paternaliste proposé par les anciens colons, l’Afrique a vite été séduite par le partenaire chinois, ses contrats colossaux et ses valises de cash. Le nouvel «ami chinois» s’est ainsi immiscé sur le pré-carré occidental jusqu’à toucher tous les secteurs aux quatre coins du continent noir.

Devant la vague chinoise qui mouille tous les secteurs de l’économie africaine, les puissances occidentales ont vite fait de crier au scandale. Attitude colonialiste, pillage des richesses, détérioration du patrimoine naturel, rien n’a manqué au réquisitoire des puissances occidentales contre le «nouvel ami» de l’Afrique.

«Les Chinois voient d’énormes possibilités en Afrique. (…) [mais] L’Occident est hostile à la pénétration chinoise en Afrique», explique le professeur Omar Aktouf de HEC Montréal, affirmant même que l’on assisterait à «une première guerre américano-chinoise» en Afrique.

Le sous-secrétaire d’Etat américain aux Affaire étrangères, Johnnie Carson, explique que «la Chine cherche de manière ciblée à acquérir des droits d’exploitation des hydrocarbures et d’autres ressources naturelles pour répondre aux besoins créés par sa croissance économique», et qu’elle «tente également de trouver de nouveaux marchés pour ses exportations. Dans ce contexte, l’Afrique est un continent où les Chinois voient d’énormes possibilités».

Mais l’inquiétude du diplomate américain réside sur la complicité des gouvernements africains au «pillage organisé» des ressources du continent noir. Il insiste à cet effet sur la nécessité d’institutions démocratiques «pour que les voix des populations puissent se faire entendre quant aux conséquences de ces relations avec la Chine».

Sur ce point, un exemple probant reste la renégociation récente du contrat d’exploitation du gisement de fer de Belinga, au Gabon, suite aux pressions de la société civile sur l’impact environnemental et la faible contrepartie économique du premier accord conclu avec la Chine.

Mais pour le professeur Aktouf, l’enjeu n’est pas si charitable que les puissances occidentales ne veulent le laisser penser. «La Chine est aujourd’hui aux portes de l’Europe et menace les intérêts américains au Moyen-Orient. Le Soudan n’est pas loin du Canal de Suez, ce qui est intolérable pour Washington», estime-t-il.

Et face à la marée chinoise qui menace les intérêts occidentaux, le professeur Aktouf met en lumière la portée des conflits qui minent le continent. «Vous avez le Darfour, le grand conflit au Zimbabwe. Le pauvre Mugabe a commis la faute de dire aux Blancs de laisser les terres agricoles et il est devenu le plus grand tyran du monde. Il ne l’était pas auparavant. Toute la région des Grands Lacs, le Rwanda, le Burundi, la RDC… est ciblée. Les Français, les Américains, d’autres puissances veulent limiter l’intrusion de la Chine, qui joue la carte africaine à fond et effraie les puissances occidentales», explique-t-il.

Certains analystes prévoient que la Chine devancerait les Etats-Unis en 2020 pour être la première puissance économique mondiale. Une perspective qui a de quoi effrayer les tout puissants USA, en tout cas suffisamment pour mettre des bâtons dans les roues de la machine économique chinoise.

Pendant ce temps, au milieu de la balance, l’Afrique, qui possède toutes ses richesses encore inexploitées a besoin d’argent pour se développer.

Les Etats-Unis réussiront-ils à bloquer l’avancée chinoise dans une Afrique assoiffée de développement, simplement avec les sirènes démocratiques ?

Cela fait cinquante ans que l’Afrique attendait de la part des puissances occidentales qu’elles accompagnent son développement en vertu des multiples accords signés avec elles. Certes, la Chine ne va pas développer l’Afrique à la place des africains, il appartient aux gouvernements africains de prendre leurs destins en main, ce d’autant qu’ils disposent d’une élite formée dans les meilleures universités occidentales. La lucidité d’un tel projet les invite à bâtir des institutions fortes, acquises à la bonne gouvernance, capables de défendre les intérêts vitaux des Africains.

Comme le suggère enfin le professeur Aktouf, «il faut que l’Etat soit un intervenant économique. Ce qui manque aux pays du Tiers monde, c’est que l’Etat ne joue pas son rôle véritable, notamment en matière d’éducation. C’est grâce à l’éducation que la Chine se trouve là où elle est actuellement». L’Afrique a été victime de la guerre froide russo-américaine, il est temps qu’elle prenne ses responsabilités pour ne pas être victime de celle qui se prépare entre la Chine et le bloc occidental.

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