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Cinquantenaire des Indépendances : un anniversaire pour rien ?

Le gouvernement français a finalement annoncé, le 1er avril, un budget de 16,3 millions d’euros pour fêter le cinquantenaire des Indépendances de ses 14 anciennes colonies africaines : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Centrafrique, Congo-Brazzaville, Côte d’Ivoire, Gabon, Madagascar, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad et Togo. «Y a-t-il vraiment quoi que ce soit à commémorer ou faut-il au contraire tout reprendre ?» La très pertinente question, posée par l’intellectuel camerounais Achille Mbembé, ne semble pas avoir fait beaucoup réfléchir à Paris.

RTR25NWZ_Comp Le budget, pas énorme, servira à financer 250 manifestations culturelles et sportives en France et en Afrique, mais le clou du spectacle sera le défilé militaire du 14 juillet. Les armées des anciennes colonies défileront sur les Champs Elysées, quel que soit leur récent tableau de chasse (500 morts au Togo après les élections contestées de 2005, 100 morts au Cameroun pendant les émeutes de la faim de 2008, un conflit larvé depuis 1982 en Casamance, région du sud du Sénégal). Les seuls à ne pas défiler seront les Ivoiriens, dont l’armée avait bombardé une position française à Bouaké en 2004, mais qui avait quand même été invitée. «La Côte d’Ivoire entend célébrer seule ce cinquantenaire dans le cadre de sa politique nationale de refondation, a expliqué Jacques Toubon, ancien ministre de la Culture et de la francophonie, secrétaire général du cinquantenaire des Indépendances. C’est son choix souverain.»

Voulue par le président Sarkozy, «la grande fête africaine en hommage aux tirailleurs», le 14 juillet, prend le risque de rendre hommage au passé colonial, plutôt qu’à l’indépendance. Pour le reste, la France va faire comme d’habitude : un sommet franco-africain réunira à Nice, les 31 juin et 1er juin, des chefs d’Etat de toute l’Afrique qui se verront à huis-clos, pour parler du secteur privé et négocier des contrats, en présence de 150 entreprises africaine et 50 entreprises françaises. Egalement à l’ordre du jour du sommet de Nice, de grands dossiers diplomatiques, tels que la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies et la place de l’Afrique dans les processus de Cancun (traitement spécial et différencié dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce) et de Copenhague (changement climatique).

La France a par ailleurs l’intention «d’expliquer», selon une source proche de l’Elysée, la révision de son dispositif militaire en Afrique. Laurent Gbagbo, le président ivoirien, a là encore décliné, de même que Pedro Pires, le président du Cap-Vert. Tout le monde n’a pas été invité : Omar el-Béchir, le président du Soudan, sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) et Robert Mugabe, du Zimbabwe, ont reçu une lettre de Nicolas Sarkozy leur demandant d’envoyer des émissaires. N’ayant pas été reconnus par la France, les représentants de la nouvelle junte au pouvoir au Niger et les dirigeants de Madasgacar, un pays en crise depuis la déposition du président Marc Ravalomana, en 2009, ne seront pas non plus de la partie. Quant à Nicolas Sarkozy, il a décliné toutes les invitations à assister aux cérémonies qui se dérouleront en Afrique.

Par Sabine Cessou

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