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Gabon: La vie multicellulaire plus ancienne que prévue

Les fossiles vieux de 2,1 milliards d’années étaient visibles à l’oeil nu dans la carrière de grès où ils ont été mis au jour par hasard. Crédits photo : AFP
L’analyse de fossiles découverts au Gabon par un géologue français montre que les organismes multicellulaires seraient apparus 1,5 milliards d’années plus tôt qu’on ne le pensait.

Petit tremblement de terre au sein de la communauté scientifique. Les premiers organismes multicellulaires ne seraient pas apparus il y a 600 millions d’années comme on le pensait jusqu’à maintenant, mais il y a 2,1 milliards d’années ! Cette découverte est si extraordinaire qu’elle faisait jeudi la une de la célèbre revue Nature. Elle est l’œuvre d’un géologue français, Abderrazak El Albani (Université de Poitiers/CNRS) qui a dirigé une équipe internationale de 21 chercheurs. «Nous sommes formels : le curseur datant l’apparition d’une vie complexe multicellulaire doit être déplacé de 1,5 milliards d’années», explique-t-il au figaro.fr avant de prévenir dans la foulée : «Cela bouscule tous les dogmes établis. Notre article va sans aucun doute ouvrir un gigantesque débat dans le monde de la paléontologie.»

A l’origine de ces travaux, de banales recherches géologiques dans une carrière de grès au Gabon. Accompagné par son thésard gabonais, Frantz Ossa Ossa, le géologue découvre un fabuleux gisement de fossiles visibles à l’œil nu (entre 7 millimètres et 12 centimètres). Plus de 250 fossiles, dans un état de conservation remarquable, sont récoltés dans cette formation géologique vielle de plus de 2 milliards d’années. Les premiers paléontologues confrontés aux fossiles supposent d’emblée qu’ils sont liés à des organismes pluricellulaires. Avant qu’on ne leur annonce leur datation. Incrédules, ils ne veulent pas y croire. Beaucoup trop vieux. Deux ans d’analyses biochimiques, géochimiques et morphologiques seront nécessaires pour parvenir à faire publier dans Nature l’incroyable résultat : ce sont bien les traces d’une vie complexe vieille de 2,1 milliards d’années qui viennent d’être identifiées.

Un site géologique unique à protéger

«Nous savions déjà que cette époque correspondait à un léger pic en oxygène puisque la concentration atteignait déjà quelques pourcents de la teneur actuelle, explique El Albani. Or l’oxygène est un élément indispensable au développement d’organismes composés de plusieurs cellules eucaryotes*. C’est également un pic en oxygène, bien plus important, celui de l’explosion cambrienne, qui avait conduit il y a 600 millions d’années à l’apparition des organismes multicellulaires que l’on pensait jusqu’à présent être les plus anciens.»

La teneur en oxygène de l’atmosphère il y a 2 milliards d’années n’était toutefois pas suffisante pour permettre la naissance d’une couche d’ozone protégeant les organismes primitifs sur le sol. Mais il y en avait assez pour qu’il pénètre profondément dans les océans. Les fossiles découverts correspondraient justement à des organismes marins vivant à une trentaine de mètres de profondeur à l’abri du rayonnement ultra-violet. «D’après nos analyses, ces organismes seraient des corps mous, des sortes de petites méduses s’il fallait trouver une image pour les décrire», explique El Albani qui milite désormais avec énergie pour que le site géologique où ont été découverts ces fossiles soit protégé et classé «patrimoine mondial de l’humanité».

*cellules dont l’ADN est contenu dans un noyau et dont le métabolisme, plus complexe que celui des simples bactéries apparues il y a 3,5 milliards d’années, nécessite de l’oxygène.

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