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14 juillet à Paris: « de qui se moque-t-on? », demandent des Africains

Le Béninois Francis Kpatindé a baissé le son de sa télévision, mercredi, quand les soldats de 13 pays africains défilaient à Paris, pour la fête nationale française. « De qui se moque-t-on? », s’est-il demandé, choqué que Paris célèbre ainsi l’indépendance de ses ex-colonies.

« Est-ce qu’on imaginerait que le Royaume-Uni demande au président américain de venir commémorer à Londres l’indépendance des Etats-Unis » (obtenue en 1776)?, interroge M. Kpatindé, ancien rédacteur en chef de l’hebdomadaire Jeune Afrique, né il y a 54 ans au Dahomey, actuel Bénin.

Ce porte-parole d’un organisme international à Dakar, s’exprimant à titre strictement personnel, n’a pas non plus apprécié de voir des chefs d’Etat africains au pouvoir depuis 23 ou 28 ans entourer le président français, à la tribune.

« La plupart des dirigeants africains convoqués à Paris n’incarnent pas l’Afrique de l’espoir, l’Afrique des Lumières, l’Afrique de la démocratie. Plusieurs d’entre eux sont d’anciens officiers ayant troqué l’uniforme militaire contre un costume de chef d’Etat. Où sont les intellectuels, les chercheurs, les artistes africains? », demande-t-il.

A Dakar, le directeur de la radio privée sénégalaise Futurs Medias, Mamoudou Ibra Kane, a aussi senti « l’exaspération » le gagner, au moment de cette « grande parade sur les Champs-Elysées ».

Pour lui, les Sénégalais ne pouvaient pas se reconnaître dans cette cérémonie parisienne. « C’est très difficile de faire passer dans l’opinion qu’il est pertinent pour l’ancienne puissance coloniale de célébrer elle-même, dans sa capitale, les 50 ans d’indépendance de ses anciennes colonies », dit-il.

« Le président Nicolas Sarkozy ne s’est pas déplacé en Afrique pour les célébrations des indépendances, ni au Sénégal ni ailleurs. Et on voit 13 chefs d’Etat africains accourir autour de lui pour le 14 juillet, jour de la fête nationale française… Cela illustre peut-être ce complexe du colonisé que certains gardent encore vis-à-vis de Paris », suggère-t-il.

A Libreville, où le défilé était retransmis en direct par la première chaîne publique de télévision, la presse gabonaise était partagée mercredi, voyant dans cette cérémonie un signe d' »honneur » ou de « mépris ».

« Le Gabon et l’Afrique honorés à Paris », titrait à sa Une Gabon-Matin, édité par l’Agence gabonaise de presse (officielle).

Le quotidien se réjouissait que « des contingents du continent noir » puissent « témoigner, sur le sol où sont tombés des milliers de braves tirailleurs (soldats africains ayant combattu dans l’armée française, ndlr) des progrès réalisés par les pays d’Afrique en matière de défense et de sécurité ».

L’Afrique « n’a pas intérêt à se cabrer contre ses +maîtres+ d’hier. Elle n’a pas non plus intérêt à s’isoler ou à se renfermer sur elle-même à l’ère de la mondialisation », jugeait ce journal.

Mais le bimensuel privé Misamu présentait plutôt comme « un triste jour » ce « 14 juillet 2010 qui ravive le souvenir de tant d’années de colonisation, de domination, de spoliation, d’humiliation, de chosification ».

L’invitation à défiler à Paris « embarque des âmes naïves dans des considérations qui n’ont de sens qu’aux yeux du colonisateur alors que bien d’Africains n’y voient que démagogie et grossier mensonge d’un pays qui n’a guère changé de considération envers ses anciennes

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