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La CPPA : autopsie d’un groupe

Cette semaine, cinq leaders des partis politiques de l’opposition ont signé une charte en vue d’une coalition pour une lutte efficiente vers l’alternance au pouvoir en place. Parmi les partis signataires de cette charte, on compte le CDJ, le MORENA unioniste, le MORENA Originel, le FAR et l’UN.
L’objectif que s’assignent ces opposants paraît une ambition noble et légitime. La voie des urnes pour un changement de pouvoir est la plus indiquée dans un Etat qui tient au respect des lois et surtout aux institutions chargées de maintenir la stabilité du pays. Mais pour y arriver, il faut réunir plusieurs conditions simultanément. La consistance du programme, la maîtrise de l’électorat et la solidarité des membres comptent parmi celles-là.
Le contrôle des électeurs est le principe fondamental pour remporter une élection. Il est indispensable, pour chaque leader, de disposer d’un électorat favorable au sein duquel on trouve des militants acquis ainsi que des populations susceptibles de voter pour le candidat. Ce qui paraît important lorsqu’on se situe dans la logique « d’un homme, une voix’’. Les têtes de proue de l’opposition gabonaise mènent depuis belle lurette une lutte acharnée en multipliant des stratégies d’attaque et de défense pour arriver au pouvoir. La lutte pour l’alternance au pouvoir, oui. Mais avec qui ? Et avec quels moyens ?
A toutes ces questions, les opposants répondent qu’ils parviendront au changement grâce au soutien des citoyens déterminés à déconstruire un système qu’ils qualifient de ‘’sclérosé’’. A la deuxième interrogation, on répondra qu’il faudra envisager des stratégies visant le regroupement des forces. L’union faisant la force, nul n’ignore qu’une coalition permet tout au moins aux forces politiques regroupées d’aller en ordre serré dans une bataille et de disposer ainsi de plus de chance de remporter un scrutin. C’est d’ ailleurs la raison pour laquelle a été mise en place la coalition des partis politiques pour l’alternance (CPPA).
Mais pour mieux apprécier la force ainsi que la représentativité de celle-ci, il est indispensable de faire l’autopsie de cette nouvelle plate-forme politique. Le charisme de ses leaders ainsi que la représentativité de leurs formations politiques respectives suscitent un scepticisme justifié sur les chances de ce conglomérat de partis d’atteindre l’objectif assigné. Il est aisé de constater que sur les six partis qui composent ce rassemblement, seuls trois sont représentés faiblement dans les chambres du Parlement et dans les Collectivités locales.
Cette question de représentativité pose le problème de la capacité de mobilisation et du contrôle de l’électorat des dirigeants des formations politiques signataires de ladite charte. En regardant de près les deux tendances du Mouvement de redressement national (MORENA), l’on note clairement que ces deux partis n’existent que de nom puisqu’ils n’ont aucun élu aussi bien à l’Assemblée nationale qu’au Sénat. Pis, ils ne comptent pas un seul représentant au sein des conseils départementaux et municipaux.
Quant au Forum africain pour la Reconstruction, dont le leader Léon Mbou Yembi a fait lors des dernières élections législatives un curieux retour dans les travées du palais Léon Mba, après une éclipse de cinq ans, ce parti n’a que quelques élus à la mairie de Guiétsou et à l’assemblée départementale de la Mougalaba. Le CDJ de Jules Aristide Bourdès Ogouliguendé ne compte que deux députés à l’Assemblé nationale. Si l’homme jouit d’une notoriété au plan du droit, politiquement il reste peu crédible, car il peine depuis 93 à se faire une réelle place dans l’Ogooué-Maritime, notamment dans le département de Bendjé où il aurait, selon des mauvaises langues, été élu « au forceps », en raison de son impopularité et son arrogance, disent d’autres. En tout cas, il n’a aucune représentation au sein des Collectivités locales.

Le Parti gabonais du progrès (PGP) de Benoît Mouity Nzamba n’est plus que l’ombre de lui-même. Il a fait les frais des dissensions nées du conflit ouvert entre héritiers dits biologiques et légitimes du Me Agondjo-Okawé, le défunt leader charismatique de ce parti naguère fer de lance de l’opposition. Mouity Nzamba, ayant tout fait pour hériter du parti en poussant Ndaot Rembogo à créer le sien, n’a guère pu, depuis lors et même bien avant, revenir à l’Assemblée nationale où il se livrait à une « guérilla parlementaire », selon l’expression consacrée chez les progressistes de Likouala.

Le PGP a été sérieusement vidé de sa substance alors même qu’il comptait au début des années 17 députés à l’Assemblée Nationale. Ainsi on se demande comment le « Castro de Massanga » et quelques rescapés pourront apporter du poids à cette nouvelle coalition dont l’Union Nationale de Zacharie Myboto, reste, au final, l’épine dorsale de cet agrégat de partis. Une certitude au regard du poids des uns et des autres, on n’est bien loin d’avoir enregistré une sérieuse force politique. Ce qui laisse de nombreux observateurs sceptiques sur la capacité de cette nouvelle plate-forme à faire mieux que les anciennes. Mais gardons-nous d’injurier l’avenir, qui vivra verra.

Marinette ENGONGA

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