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Gabon : Quid des pantalons au ras des fesses

Jeans qui tombent sur les chevilles, caleçons apparents, chaussures délacées, dégaine de gangster… une mode étonnante et fâcheuse a envahi les rues des agglomérations urbaines du Gabon depuis quelques années. Elle est promu par des adolescents qui n’en connaissent souvent ni l’origine ni la signification, encore moins les effets qu’elle pourrait induire, notamment l’entrée en prison où cette pratique tire son origine. Coup d’œil sur le phénomène.

Inventés par les Congolais de la Société des ambianceurs et des personnes élégantes (SAPE), les pantalons qui montaient sur la poitrine, ont laissé cours à ceux qui tombent des fesses. De nombreux adolescents de Libreville arborent, dans la rue, ce look qui énerve plus d’un parent. Ceux de ces jeunes gens qui honorent encore l’autorité parentale, sont en alerte permanente lorsqu’ils rabaissent leur pantalon, de manière à le remonter le plus vite possible dès qu’un parent pointe à l’horizon.

Appelés « sagging pants » aux Etats-Unis, cette pratique consiste à mettre un pantalon en dessous de la taille, de manière à rendre visible une partie de ses sous-vêtement. Bien qu’elle ait commencé auprès de la gent masculine, les femmes n’y ont pas résisté au point que nombreuses d’entres elles prennent plaisir à laisser entrevoir leur string, ainsi qu’on le voit de plus en plus à Libreville. Née il y a bientôt deux décennies aux USA, cette mode a envahi d’autres parties du monde et suscite la controverse entre les ados qui affectionnent l’abaissement leur pantalon au ras des fesses et ceux qui ont cette pratique en horreur, estimant qu’il s’agit tout simplement d’indécence publique.

L’origine de ces pantalons au ras des fesses est attribuée à la population carcérale américaine qui n’est pas autorisée à porter une ceinture où des lacets. En prison, la ceinture notamment est une arme pour se suicider ou assassiner d’autres détenus par pendaison ou étranglement. Il en est de même pour les lacets de chaussures. Ces objets étant interdits, les prisonniers filiformes n’ont d’autre choix que de laisser pendre leur pantalon en dessous de la taille. Une fois sortis de prison, certains anciens détenus, si habitués à porter ainsi bas leur pantalon, ont continué. La tendance a reçu un coup de fouet et est devenu un style lorsque certaines stars du Rap ont commencé à les porter dans les années 1990. Les fans de Hip-Hop n’ont donc fait qu’imiter ce qu’ils voyaient dans les shows et vidéoclips de leurs idoles.

Un moyen d’afficher l’homosexualité dans les prisons

De nombreuses thèses affirment qu’il y a des uniformes de toutes les tailles dans les prisons américaines et d’ailleurs que les pantalons des prisonniers y sont munis d’élastique à la taille pour les faires tenir sans ceinture, comme avec les pyjamas. Ainsi, rabaisser son pantalon au milieu des fesses et exhiber la fente de celles-ci est en réalité une manière d’afficher son homosexualité et donc de racoler les preneurs ; un peu comme disait le rappeur Eazy E au sujet des jupes, « For easy access, baby » (Pour un accès facile, baby). Le milieu carcéral est d’ailleurs reconnu comme propagateur des pratiques homosexuelles. Rabaisser son pantalon peut donc être interprété comme une incitation aux avances homosexuelles. Surtout que ce port de pantalon contraint à une démarche de pingouin qui pourrait, dans une certaine mesure, faire penser aux filles qui roulent du postérieur pour une opération de racolage.

On devrait d’ailleurs se demander pourquoi un homme libre, fut-il en pleine crise d’adolescence, voudrait ressembler à un prisonnier. Surtout que nombreux de ceux l’on nomme « gangsta rappers » (rappeurs gangsters) et qui ont popularisé cette manière de s’accoutrer, n’ont jamais été en prison ou ont vraiment peur d’y repartir. L’ironie est que beaucoup d’entre eux, à l’instar de T.I. King of South qui y a passé beaucoup temps, s’habillent de la manière la plus correcte une fois sortis de prison. Ainsi, ceux qui portaient en prison leur pantalon au ras des fesses se sont mis au costume-cravate une fois en liberté et ceux qui souhaitent le moins du monde d’aller en prison en adoptent les codes.

Effets pervers

Le drame avec ce look indécent est que les adolescents qui l’adoptent veulent se donner une image de gangsters, caïds, chef de clan, prisonniers, bagarreurs, durs à cuire, etc. Ce conditionnement vestimentaire entraine ensuite des actes et il peut déboucher sur l’agressivité, les insultes gratuites, le vol, le viol, la consommation et le trafic de stupéfiants. Il s’agit de faire rimer son comportement avec l’image que l’on veut renvoyer et de prouver, par des actes, son appartenance à la catégorie à laquelle on tente ressembler. On disait que l’habit ne fait le moine, mais cela n’est toujours le cas.

Eduquer un enfant c’est le conduire vers l’âge adulte en s’assurant qu’il sera un bon adulte, un adulte responsable, ainsi qu’on aime le dire au Gabon. Car, la vie à des limites et elle aura toujours des limites à respecter. C’est le rôle et la responsabilité des parents que de préparer leurs enfants au respect des limites, des normes de la société et de l’échelle des valeurs cardinales. Ce n’est pas en les laissant se prendre pour des gangsters qu’on y parviendra. Aux USA où cette forme d’expression est née, de nombreuses municipalités ont institué une infraction pour y mettre un terme. Car, il ne faut pas que ce look et l’attitude qu’il induit ramène de nombreux adolescents là où tout à commencé : en prison.

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