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Gabon : Vers la mort de la Santé ?

De la suspension des hospitalisations dans les hôpitaux publics aux difficultés d’approvisionnement en médicaments de ces structures de santé, se dirige-t-on vers l’effritement durable des filets de protection sanitaire ? La banalisation de la grève, l’atonie de la tutelle dans la recherche des solutions de sortie de crise, pourrait conduire à la strangulation du système sanitaire national.

Le 28 juin, les personnels de la santé ont entamé une grève d’un mois, reconduite le 24 juillet pour un trimestre. Fédérés au sein du Syndicat des personnels de la Santé (SYNAPS), les grévistes réclament la satisfaction des principaux points inscrits dans leur cahier des charges des négociations avec le gouvernement signés le 7 mai.

Si le service minimum est observé dans les centres hospitaliers, l’hospitalisation de nouveaux malades est cependant suspendue depuis le 28 juin. Mais, «la grève pourrait se corser fin août», avait averti le SYNAPS, qui menaçait de fermer les maternités et autres services qui fonctionnent jusqu’à la mi-journée. Le gouvernement a certes tenté de désamorcer la grève par le paiement des rappels, mais en vain. La grève perdure depuis trois mois sans que cela n’émeuve grand monde. La situation est préoccupante, l’impact de la grève est bien visible dans les hôpitaux. A l’hôpital de Nkembo, à Libreville, pour ne prendre que ce cas, les antituberculeux font déjà défaut et les malades sont aux abois.

Le système sanitaire tourne au ralenti et les malades sont ballotés au gré des atermoiements du service minimum. Par ailleurs, le principal opérateur de la distribution des médicaments, l’Office pharmaceutique national (OPN), éprouve des difficultés à alimenter les hôpitaux en médicaments et dispositifs médicaux essentiels.

En effet, depuis quelques années, l’OPN est confronté à une baisse tendancielle de son budget qui est passé de 1,166 milliard de francs CFA contre 1,549 milliard en 2009. En 2008 l’inscription budgétaire s’établissait à 1,697 milliard de francs CFA contre 2,07 milliards un an plus tôt.

Selon le directeur de cette structure, Gabriel Malonga Mouelet, «les allocations des formations sanitaires effectuées par l’OPN ne sont que de 22,5 millions de francs CFA par formation alors que les besoins réels exprimés par les formations sanitaires se chiffrent à environ 7 milliards de francs CFA».

Cette crise de trésorerie relativise drastiquement les missions de l’OPN, qui est un outil stratégique du système sanitaire national. En effet, l’OPN approvisionne en médicaments et dispositifs médicaux essentiels 5 centres hospitaliers régionaux, 9 hôpitaux et structures spécialisés, 41 centres médicaux, 24 centres de santé, 14 centres de santé maternelle et infantile, 9 bases épidémiologiques, 5 centres ambulatoires, 418 dispensaires et 81 cases de santé.

Certes, la promotion de la l’assurance maladie à travers la caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS) est une avancée majeure en termes de filet de protection sociale et sanitaire. Or, l’efficacité de la CNAMGS en matière de couverture sanitaire repose en grande partie sur la viabilité du réseau des hôpitaux, lequel dépend étroitement de la bonne santé de l’OPN. C’est un véritable nœud gordien qui, en se resserrant un peu plus chaque jour, conduirait inéluctablement à la strangulation du système sanitaire gabonais.

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