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Politique / 16 octobre 2009 – 16 octobre 2010: Ali Bongo Ondimba, un an de réformes ambitieuses, de restrictions, mais aussi de mécontents

Investit à la magistrature suprême le 16 octobre 2009 en présence de nombreux chefs d’Etat, à la suite du décès de son père et prédécesseur, Omar Bongo Ondimba, puis d’une élection présidentielle anticipée, amplement discutée, Ali Bongo Ondimba, totalise ce 16 octobre 2010, 365 jours à la Magistrature suprême; trois cent soixante-cinq jours jalonnés de réformes ambitieuses, de grands travaux structurels et infrastructurels, de politique extérieur plus offensive, avec à la clé, une volonté indéniable de transformer le Gabon en véritable pays émergent. Un an, ce n’est pas exhaustif, mais c’est une période, dans un mandat électif, où l’on commence à voir les fondations de l’action menée sortir des entrailles des promesses électoralistes. Ainsi, après plus de de 364 jours passés à la tête de l’Etat gabonais, Ali Bongo Ondimba a imprimé une marque: celle d’une confiance en l’avenir affirmée, fondée sur la perception réelle du façonnement du Gabon en pays émergent.

A ce titre, l’on ne saurait occulter, même si des zones d’ombre demeurent et sont décriées par certaines populations, avec même des mécontents, les réformes tous azimuts qui ont été annoncées au lendemain de sa prise de fonction et qui font désormais tâche d’huile dans la République.

LA REFORME DE LA FONCTION PUBLIQUE ET DE L’ETAT

S’il y a un élément sur lequel Ali Bongo a volontairement axé son magistère, c’est bien la Réforme de l’Etat. Une réforme qui devrait en effet, délivrer l’administration gabonaise du laxisme, du clientélisme, des pesanteurs, des lenteurs ainsi que de la mauvaise foi qui ont, depuis des décennies, grippé le mécanisme de développement du pays et lui redonner ses lettres de noblesse.

Optimiste, sans crainte, mais surtout ambitieux, Ali Bongo Ondimba, n’a pas eu peur de se débarrassé de certains « caciques » qui ont roulé longuement carrosse avec l’ancien doyen des chefs d’Etat du continent. Une première action qui a ouvert la voie à une jeunesse plus offensive, plus tacticienne et dont la vision épouse fondamentalement celle de l’émergence imprimée par le numéro un gabonais.

L’audit de la fonction publique et le recensement des agents de l’Etat gabonais ont constitué l’un des actes forts, si non l’un des signaux majeurs du dessein d’Ali Bongo Ondimba à hisser son pays sur la voie des réformes, porteuses de valeurs ajoutées et de rentabilité pour le Gabon et ses habitants.

Ce sont désormais des milliards économisés avec la réduction de la dépense publique, le décochage des fonctionnaires fantômes, la création des postes budgétaires, la connaissance exacte du nombre de fonctionnaires et leur tâche, au quotidien.

Certes, la mesure n’a pas fait que des adeptes, de reports en reports, d’aucuns estiment déjà que l’attente des résultats de cet audit de la fonction publique accompagnée du recensement des agents de l’Etat, entamés en novembre 2009, est certainement l’annonce d’« un fiasco » et les uns, comme par le passé, essaient de jouer la carte du tripatouillage afin d’aboutir à des trucages qui gonflent, au finish, la note.

DES MESURES ECONOMIQUES D’ENVERGURE

Après l’annonce des réformes, Ali Bongo et son gouvernement se sont réunis en Conseil des ministres décentralisé, le tout premier du genre, en début du mois de mars 2010, à Port-Gentil, la capitale économique, et là aussi, des mesures importantes devant toucher directement le quotidien des Gabonais ont été édictées et d’autres renforcées. De l’interdiction des torchères par des entreprises d’exploitation pétrolière en passant par celle procédant de la vente des grumes non transformés, de l’annonce de la réduction des prix de certains denrées de première nécessité en passant par le recrutement des jeunes pour le renforcement des corps des forces de sécurité et de défense, tout y était passé.

Impopulaire auprès des exploitants forestiers et même parfois des Gabonais qui n’ont pas vu, a priori, l’ombre des mesures d’accompagnement, la décision mettant un terme à l’exportation des grumes aura permis, selon certains observateurs, d’ « inviter » le président français, Nicolas Sarkozy, au Gabon, prompt à défendre les intérêts de l’hexagone et des Français, hors de son périmètre d’action.

A cet effet, Ali Bongo Ondimba a tenu bon. Même si avec l’arrivée du chef de l’Etat français et la signature de certaines conventions entre les deux pays, en février 2010, la population y voyait la volonté inavouée de la puissance colonisatrice de récupérer d’une main ce qu’on lui prenait de l’autre, il ressort finalement qu’en mi-mai dernier, cette décision a été mise en application, tout comme celle interdisant l’utilisation des sachets plastiques non biodégradables.

LA ROUTE AVANCE…ET LA ZONE ECONOMIQUE SPECIAL EST NEE

Hors mis ce qui précède, la méthode Ali Bongo a embrassé plusieurs chantiers à la fois. Chantiers devant répondre à trois pôles de développement du pays dont le Gabon vert, le Gabon des services et le Gabon industriel. Et pour y arriver, le chef de l’Etat a opté pour la relance des grands chantiers dans tous ces domaines. Santé, sport, éducation, agriculture, infrastructure, etc.

Aujourd’hui, l’axe routier reliant l’hinterland, notamment la région sud est en plein travaux et là, ce ne sont plus les mêmes entreprises qui y opèrent, comme par le passé. La coopération gagnant-gagnant est désormais effectivement mise en branle et les Français tout comme les Chinois, les Espagnoles etc. sont mis à contribution pour pourvoir aux nécessités. « Plus d’exclusivité dans les relations », c’est une phrase qui a meublé, ces derniers temps, le verbe de certains hauts cadres de la République.

D’autres parts, pour atteindre la Zone économique spéciale de Nkok, déployée à 27 kilomètres de Libreville, la nationale 1, exiguë en son temps est sur la voie de l’agrandissement. Toute chose qui ne s’opère pas sans difficultés, car, les personnes devant bénéficier des dédommagements sont parfois oubliées dans le puzzle.

La Zone économique spéciale de Nkok sera donc, ce centre industriel d’envergure, regroupant les entreprises de diverses natures, allégé de certaines taxes offrant ainsi des allègements.

UNE DIPLOMATIE OFFENSIVE ET PARTICIPATIVE

Une peu de temps, le président Ali Bongo Ondimba a arpenté les salles de conférences des pays du monde lorsqu’il s’est agi de réunion internationale pour défendre les positions du Gabon devant la diversité du monde.

Ainsi, à Copenhague en décembre 2009, Ali Bongo a présenté la position du Gabon quant à la protection de la Nature et par ricochet de la réduction du réchauffement climatique.

Vu le déroulement des négociations qui achoppaient indubitablement sur des positions divergentes, à Copenhague, le président gabonais, n’était pas allé en mâchant ses mots : « avec ou sans accord, le peuple gabonais, par ma voix, vous dit qu’il continuera à remplir sa part de devoir », avait-il affirmé, pour montrer en réalité, que in fine, il ne s’agit pas d’être une puissance pour comprendre la nécessité d’une lutte commune.

A la FAO aussi, à la tribune du sommet sur la sécurité alimentaire mondiale qui s’était ouvert en novembre à Rome (Italie), le chef de l’Etat gabonais, avait prononcé un discours marqué par l’annonce de l’entrée effective du « Programme national de sécurité alimentaire » et son appel à lutter contre la faim qui « reste un des plus grands défis du monde moderne ».

Ali Bongo Ondimba, à l’instar de plusieurs de ses homologues venus du monde entier, en septembre dernier, a prononcé, devant la 65ème Assemblée générale de l’ONU, un autre discours dans lequel il a abordé de « réelles avancées » enregistrées notamment au Gabon dans la mise en œuvre des objectifs du millénaire pour le développement (ODM) mais aussi a lancé un autre appel pour la mobilisation des ressources suffisantes avant l’échéance de 2015, qui, pour « beaucoup de pays, dont le Gabon, demeure un défi difficile à relever dans un environnement économique et financier défavorable ».

En France, c’est plusieurs fois que le chef de l’Etat gabonais a devisé avec son homologue Nicolas Sarkozy, tout comme sur le continent africain, il a rendu visite à de nombreux présidents du nord comme du centre, entre autres en honorant de sa personne les diverses festivités qui ont eu lieu dans ces pays.
A ce niveau, d’aucuns en sont arrivés à conclure que Ali Bongo Ondimba, « reste plus hors du pays que dans le pays ». Et d’autres répondre que « si le Gabon a envie de jouer un rôle majeur dans ce monde, avec ses 80% de forêt, ses dirigeants devraient être capables de déployer une diplomatie plus offensive et participative afin d’inscrire plus de points à sa note ».

SANTE, EDUCATION, SPORT

Après un an au pouvoir, avec un gouvernement prompt au dialogue, au regard des consultations et des rencontres qui ont souvent eu lieu avec tous les représentants des couches sociales, ainsi que des travailleurs, et le patronat en vue de négocier, parfois dans le cadre d’un désamorce d’une grève, d’une crise, l’on s’accorde à dire que l’équipe dirigeante actuelle est celle du dialogue apaisé.

Au niveau de l’éducation nationale, les grèves sont légions, le taux de d’échecs élevé et les infrastructures insuffisantes. Dès lors, conscient de tous ces faits, le chef de l’Etat, à sa prise de fonction, a donné des orientations pour l’élévation d’une école gabonaise efficace, qui allie les besoins d’enseignement à ceux de l’adéquation emploi et renforce également ses capacités.

Les états généraux de l’éducation sont donc venus confirmer cette volonté, en mai dernier, et le commun des Gabonais attend une application stricte des « bonnes mesures » qui ont été prises lors de ces travaux.

Quant aux structures sanitaires, même si des signaux sont donnés, beaucoup reste à faire. Peu sont des structures qui répondent en effet aux normes et en plus de cela, les grèves des personnels de santé contribuent davantage à gripper ce secteur.

Seul véritable hôpital, celui d’instruction des Armées Omar Bongo Ondimba à Libreville, mais lorsque vous y envoyez un Gabonais, il vous répond que « les soins y coûtent trop chers ».

Le centre hospitalier de Libreville (CHL) est quant à lui en chantier en prélude à la Coupe d’Afrique des Nation (CAN) 2012 que le Gabon et la Guinée Equatoriale co-organisent. Et de nombreux patients se détournent désormais dans des centres de santé de fortune, ou même dans des cliniques qui poussent, dans les coins du pays, comme des champignons avec parfois des médecins « douteux ».

Concernant le sport et les loisirs, là aussi, tout est mis en œuvre pour favoriser l’éclosion de nouveaux talents dans le pays.

La CAN 2012 est, à n’en pas douter, un motif qui oblige le Gabon à un dépassement de soi. D’abord titubant, le projet qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive est devenu l’un des dossiers favori du président Ali Bongo Ondimba. Il a même visité l’avancée des travaux sur les chantiers tout en exhortant les entreprises à respecter les délais prescrits par la Confédération africaine de football (CAF).

C’est d’ailleurs dans ce contexte que le chef de l’exécutif gabonais qui fête ce 16 octobre son premier anniversaire au pouvoir, avait promis aux Gabonais, leur CAN. Et pour l’illustrer, la place de la CAN a été construite dans un carrefour, au nord de la Capitale gabonaise. Des stades et les chantiers sont désormais bien avancés, le réseau routier retravaillé notamment grâce à la célébration du cinquantenaire de l’indépendance.

Par ailleurs, tout est fait pour que différents sports soient pratiqués dans le pays. L’on a vu la nomination des directeurs techniques nationaux qui devraient, en principe, participer pleinement à leur développement.

ENFIN, LES MECONTENTS SONT AUSSI DE LA PARTIE

Avec toutes ces mesures, les mécontents sont aussi nés dans tous les secteurs: exemple, les abonnés de Caisse nationale de maladie et de garanti social (CNAMGS) qui ne comprennent pas toujours comment leurs factures sont refusées dans des pharmacies, ou autres structures sanitaires ou encore les abonnés de la seule et unique société et d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) qui n’ont que leurs yeux pour pleurer les désagréments causés par les délestages, à tout va.

En attendant en effet que l’audit qui avait été diligenté pour mieux comprendre le fonctionnement de cette entreprise ne soit rendu public, il ne se passe aucun jour sans que les habitants de la capitale et des autres régions du pays ne décrient des coupures d’eau ou de courant.

Dans ce contexte encore, l’habitant de Kinguélé, dans le troisième arrondissement de Libreville, victime de cette coupure quatre à cinq jours sur sept, dans la semaine, estime que « l’émergence est loin de produire des fruits ».

« Avec la venue du président et de la première dame ainsi que du premier ministre dans ce quartier, on s’attendait à mieux », a déclaré un riverain de Kinguélé, « mais ça va de mal en pire. Pas de route, d’électricité et d’eau, c’est triste ! », a-t-il lancé.

Quoi qu’il en soit les motifs d’insatisfaction des Gabonais sont aussi énormes que les avancées qui ont été réalisées en une année par le nouveau régime.

In fine, comme l’a reconnu le chef de l’Etat lui-même, il « y a eu des erreurs de casting », cependant, a-t-il indiqué, « ce qu’il faut retenir, c’est qu’il y a eu plus d’aspects positifs dans tout ce que nous avons fait. Souvent, il faut reconnaître ses erreurs; le tout est de les corriger, apporter des changements si cela s’avère nécessaire ».

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