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Gabon: Jean Eyéghé Ndong : « Nous observons beaucoup d’amateurisme au pouvoir »

Ancien Premier ministre, vice-président de l’Union nationale, Jean Eyéghé Ndong confie à Jeune Afrique son analyse de la situation politique au gabon et des questions qui se posent au sein de la coalition de l’UN.

JEUNE AFRIQUE : Comment va le Gabon ?

JEAN EYÉGHÉ NDONG : Depuis la mort du président Omar Bongo, le Gabon se cherche. L’élection qui a suivi s’est déroulée dans des conditions déplorables. Le parti au pouvoir a planifié et exécuté un coup de force, en ce sens qu’un groupe de personnes a décidé d’imposer de nouveau son candidat aux Gabonais. Ce candidat a été déclaré élu par la Cour constitutionnelle, mais cette dernière n’a pas dit le droit. C’est pourquoi nous estimons, à l’Union nationale (UN), que ce pouvoir est illégitime.

Pourtant, au quotidien, le pouvoir s’est installé et les Gabonais ont un président…

Oui, mais nous observons beaucoup d’amateurisme. Par exemple, la décision d’interdire l’exportation du bois en grumes sous prétexte qu’il faut le transformer sur place semble précipitée ; des opérateurs sont obligés de licencier… Et que dire de l’achat d’un hôtel particulier à Paris ? [Référence à l’hôtel de Longueuil, acquis en mai pour 70 millions d’euros, afin, selon la présidence, d’y centraliser les services administratifs et diplomatiques liés à l’Europe, NDLR.] Était-ce une dépense prioritaire ?

Vous avez été élu député lors des partielles de juin. Comment comptez-vous influencer le cours des choses ?

Je vais à l’Assemblée en étant déterminé à peser sur les débats. J’attends que le projet de budget 2011 nous soit présenté pour m’assurer qu’il ne comportera pas autant d’erreurs que le budget en cours, largement surestimé avec, notamment, 900 milliards de F CFA [environ 1,4 milliard d’euros, NDLR] consacrés à l’investissement, alors que par le passé on avait du mal à dépasser des budgets d’investissement de 250 milliards de F CFA, qu’il était d’ailleurs difficile d’absorber… Il faut dénoncer cette politique d’effets d’annonce.

Y a-t-il des rivalités entre les leaders de l’UN ?

Pour travailler ensemble, nous avons décidé de mettre nos ego de côté et de privilégier ce qui nous unit. Certes, chacun a sa personnalité et l’exprime, mais, lors des discussions, on recherche le consensus. Ceux qui parlent de division nous reprocheraient l’absence de débats si on bridait nos différentes sensibilités.

Si l’opposition gagnait à l’issue des législatives et que le président nommait un Premier ministre issu de vos rangs, que feriez-vous en priorité ?

Nous étudions notre projet. Mais je puis vous dire à titre personnel que je souhaiterais une redéfinition des attributions du Premier ministre par rapport à la position excessivement prééminente du chef de l’État. Il faudrait accorder au chef du gouvernement assez de pouvoir pour qu’il dirige vraiment son équipe.

Il faut aussi revoir la composition de la Cour constitutionnelle et appliquer la biométrie, ainsi que les lois électorales, pour assurer la transparence des scrutins.

Il s’agira par ailleurs de renforcer le respect des libertés, qui régressent : on ne laisse pas l’opposition s’exprimer dans les médias publics comme le prévoit la loi.

Sur le plan économique, il faut relancer les grands travaux, facteurs de croissance et pourvoyeurs d’emplois. On devra aussi reconsidérer les mesures qui frappent le secteur du bois, redynamiser la filière manganèse et activer tous les leviers de croissance.

Nous donnerons ensuite la priorité aux jeunes et à la protection sociale, à la santé et à l’éducation, qu’elle soit de base ou supérieure.

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