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WikiLeaks met à mal la Françafrique

Des notes diplomatiques américaines s’interrogent sur l’usage fait de la trentaine de millions d’euros détournés à la Banque des Etats d’Afrique centrale. Selon une de leurs sources, ils auraient permis d’enrichir Omar Bongo et de financer des partis politiques français.
es notes diplomatiques américaines divulguées par WikiLeaks et publiées le 29 décembre sur le site du quotidien espagnol « El Pais », assurent que des dirigeants gabonais, dont Omar Bongo, auraient détourné une trentaine de millions d’euros de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) à leur profit mais aussi pour financer des partis politiques français. On savait que le chef d’Etat français, Nicolas Sarkozy, et surtout son prédécesseur, Jacques Chirac, étaient très proches du président gabonais Omar Bongo. Mais de nouvelles révélations de WikiLeaks viennent alimenter des soupçons coupables sur cette relation entre Paris et Libreville.

En effet, selon des notes diplomatiques en possession de WikiLeaks et visibles depuis le 29 novembre sur le site du quotidien espagnol El País, quatre jours après la mort d’Omar Bongo, un haut fonctionnaire de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) a confié à un diplomate américain que les dirigeants gabonais auraient détourné près 30 millions d’euros. La source précise que les dirigeants gabonais ont utilisé les fonds détournés pour leur enrichissement personnel et, suivant les instructions de Bongo, auraient remis une partie de l’argent à des partis politiques français, y compris en soutien au président français Nicolas Sarkozy.

Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac auraient donc bénéficié de cet argent pour leur activité politique ; le Parti socialiste français aussi. Mais, l’information contenue dans le câble diplomatique révélé par WikiLeaks est à prendre avec des pincettes. Car, la note diplomatique, postée de l’ambassade des États-Unis à Yaoundé (Cameroun) sous le N° 215456, précise que les fonctionnaires américains n’ont pas été en mesure de vérifier si les hommes politiques français avaient bel et bien bénéficié de ces détournements de fonds.

Le patrimoine de la famille Bongo est déjà sous le feu d’une enquête en France, à la suite d’une plainte de l’ONG Transparency International. Le 9 novembre dernier, en effet, la Cour de cassation française a ordonné, contre l’avis du parquet, la reprise d’une instruction concernant les logements de luxe et les avoirs bancaires détenus en France par trois présidents africains, parmi lesquels Omar Bongo Ondimba.

Ce n’est pas la première fois que le Gabon est mentionné dans les révélations de WikiLeaks, le site de Julian Paul Assange. Les occurrences pour le Gabon sont de l’ordre de 300 documents. C’est le cas du télégramme enregistré sous le numéro 1473 début novembre 2009 et censé demeurer secret jusqu’au 3 novembre 2019. Un ambassadeur américain y note ceci: « Pour ce qui est de l’Afrique, la France peine à mettre en pratique la rupture prônée par [Nicolas] Sarkozy. Ceci découle en partie du fait que lorsque des crises liées à la gouvernance ont éclaté dans plusieurs pays francophones, notamment en Mauritanie, au Gabon, à Madagascar, au Niger et en Guinée [Conakry], la France a privilégié de manière expéditive le maintien de l’ordre ancien au détriment des principes plus nobles. »

Le télégramme note qu’en octobre 2009 « Ali Bongo inverse le décompte des voix et se déclare président du Gabon. » Toujours selon WikiLeaks, Mme Clinton a alors conseillé au président américain Barack Obama de ne pas reconnaître celui donné vainqueur à Libreville. Il a fallu attendre que le Gabon assure la présidence du Conseil de sécurité de l’ONU en mars 2010 pour que la situation se normalise.

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