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Gabon : Pierre Mamboundou, «factotum» ?

La rumeur enfle depuis son retour, le 21 novembre 2010, de France où il avait longuement séjourné pour des raisons de santé : Pierre Mamboundou, le président de l’Union du peuple gabonais (UPG), devrait faire son entrée au poste de Vice-président de la République. Les choses semblent se préciser et la matérialisation de la nomination serait imminente, ainsi qu’en témoignent les derniers développements de l’actualité.

Lors du conseil des ministres délocalisé à Makokou, le 30 mars dernier, une rumeur s’est répandue dans la salle polyvalente où l’on attendait que le président Ali Bongo vienne présenter à la presse les principales décisions du conseil des ministres : le bouche à oreille annonçait la nomination, ce jour là, de Pierre Mamboundou, leader de l’Union du peuple gabonais (UPG), au poste de Vice-président de la République. Au terme de l’annonce du président de la République et de la lecture du communiqué final du conseil des ministres, il n’en a pourtant rien été.

Toutefois, dans le brouhaha ayant suivi la fin de la cérémonie à Makokou, des sources dignes de foi ont rectifié la rumeur en laissant entendre que cette nomination devait intervenir à la fin du mois d’avril courant à l’occasion d’un nouveau remaniement gouvernemental. Le cabinet Biyoghé Mba, selon les mêmes sources, allait enregistrer l’entrée de quelques personnes issues de l’UPG et de l’Alliance pour le changement et la restauration (ACR), coalition de partis qui s’étaient regroupés autour de la candidature de Mamboundou lors de la dernière présidentielle.

De nombreux observateurs ont pensé que l’absence au Gabon de Pierre Mamboundou au moment du conseil des ministres de Makokou avait contribué à retarder sa nomination. Le leader de l’UPG séjournait effectivement en France depuis le 18 mars pour un contrôle médical. Il a regagné Libreville fin mars et a été signalé à Awendjé, siège de sa formation politique, le 2 avril dernier lors de la traditionnelle réunion du conseil exécutif de l’UPG. La rhétorique du communiqué final de cette réunion du conseil exécutif n’a pourtant pas vraiment laissé transparaitre le repositionnement politique en cours de l’UPG.

Rhétorique quasi intacte

En effet, la formation politique de Pierre Mamboundou dénonce, au sujet du prochain délogement des habitants de Nkembo, «le fait que ces populations soient déguerpies, sans zones de relogement viabilisées au préalable, en ne percevant qu’une modique indemnisation de nature à amplifier la précarité dans laquelle vivent déjà ces compatriotes.» Fort de la décision du conseil des ministres de commettre un audit du secteur pétrolier, l’UPG demande des explications sur «la faiblesse de la quote-part du Gabon dans le PIB issu du pétrole». Tout en suggérant «le relèvement de cette quote-part au niveau des autres pays producteurs de pétrole», l’UPG voudrait que soit expliqué «au peuple gabonais la valeur de la plus value pétrolière issue du renchérissement du prix du Brent, de l’ordre de 105 dollars, alors que le budget de l’Etat a été élaboré sur une base de 70 dollars.» Une opposition « responsable » tel que l’a toujours souhaité le peuple et la classe politique gabonaises.

Dans le même ordre d’idée, Awendjé, qui se montre solidaire du pessimisme «justifié» de la majorité des Gabonais, invite le gouvernement «à donner sans fioriture une position claire et définitive sur la capacité de notre pays à organiser effectivement la CAN 2012» et annonce sa visite très prochaine des chantiers de la CAN à Libreville. Ceci traduit pourtant la prise en compte, par l’UPG, de nouvelles prérogatives. Une telle démarche est, au Gabon, une chimère : quel conducteur de travaux, quelle entreprise peut permettre à l’opposition une visite de chantier public pouvant déboucher sur une critique ? Signe des temps…

Négociations

Pierre Mamboundou n’a pas caché, ces derniers temps, qu’il était en négociation avec le pouvoir. Il l’a laissé entendre lors des récentes causeries effectuées avec ses militants dans différents quartiers de Libreville. Le 17 février dernier, au cours d’un meeting au quartier Kinguélé dans le 3è arrondissement de Libreville, le leader de l’UPG et de l’ACR a déclaré : «Nous ne pouvons pas entrer au gouvernement si nous ne sommes pas tombés d’accord sur un certain nombre des préalables.»

De bonnes sources indiquent que ces préalables portaient notamment sur un embellissement des attributs et prérogatives de la fonction de Vice-président de la République. Les mêmes sources indiquent que tout a déjà été scellé et qu’en dehors du fauteuil de Vice-président, dix postes ministériels seraient réservés à l’ACR dans le prochain gouvernement. L’UPG devrait se tailler la part du lion en s’arrogeant cinq de ces portefeuilles.

Pour mémoire, lors de sa création par Omar Bongo Ondimba en mai 1997, Mamboundou avait taxé le poste de Vice-président de «factotum» du chef de l’État. Le dictionnaire de la langue française renseigne qu’un factotum est un «Employé subalterne, sans fonction précise, qui assume des charges multiples et variées.» Quels avantages ou nouvelles prérogatives le pouvoir a-t-il concédé au leader de l’UPG ? Pierre Mamboundou factotum ? En tous cas, l’expectative demeure.

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