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L’invité: Daniel Mengara – Opposant Gabonais (Interview)

Attention: Cet article découvert aujourd’hui 26 avril 2011 date du 1er septembre 2010.Propos Recueillis par Célestin Ngoa Balla, Intégration No. 007 du 1er au 15 septembre 2010, pp. 8-9 et p. 16. Prendre le fichier PDF Journal Intégration.

Intégration: Dites-nous Daniel Men­gara, est-ce un hasard que le même jour où dans votre pays le Gabon il se déroulait les festivités mar­quant le cinquantenaire de l’indépendance, vous étiez du côté de Washington (USA) à la tête d’un groupe de mani­festants déchainés devant l’ambassade de France ?

Daniel Mengara: Ce n’est point un hasard. En fait, il faut y voir la dichot­omie qui existe aujourd’hui en Afrique entre ceux qui fes­toient sur la misère de leurs peuples, et les autres, c’est-à-dire ces peuples aux prises avec la souffrance et trauma­tisés par 50 années de dictat­ures. Voilà pourquoi justement notre manifestation avait pour thème l’enterrement de la Françafrique. Parce que nous savons la Françafrique respon­sable des maux de l’Afrique, nous avons voulu symbolique­ment enterrer ce système, et avec lui les dictatures que la France a aidé à ériger en terres africaines. Nous sommes fa­tigués d’enterrer les Africains morts des misères causées par la Françafrique. Si les 50 an­nées passées sous le joug de la Françafrique ont été 50 ans de deuils pour nous autres Af­ricains, la génération que nous sommes aspire désormais à mieux. Nous voulons que les 50 années qui viennent soient des années d’éveil, de libéra­tion, mais aussi d’opportunités nouvelles pour l’Afrique.

Intégration: Pourquoi devant l’ambassade de France et non celui du Gabon ?

Daniel Mengara: Nous avons voulu aller à la source du problème. Personne n’ignore, et cela a largement été documenté par les médias français eux-mêmes, qu’Omar Bongo fut un agent des ser­vices secrets français qui avait été positionné par la Françaf­rique pour remplacer le Prési­dent Léon Mba, le vrai père de l’indépendance au Gabon, et ce au moment où celui-ci décéda dans des conditions douteuses à Paris en 1967. Il se trouve également que les Gabonais ont maintes fois vu des hom­mes politiques français ve­nir au Gabon ou recevoir les Bongo en France, sans jamais cacher leur intention de faire du Gabon la chasse gardée des Bongo, qui sont ainsi devenus les gardiens dynastiques d’un territoire français nommé Ga­bon, qui n’est ainsi indépen­dant que de nom. Il y a égale­ment les interventionnismes militaires français au Gabon. A chaque fois que les Gabonais se sont soulevés pour chasser du pouvoir Omar Bongo, ce sont les soldats français qui ont patrouillé les rues pour mainte­nir au pouvoir le dictateur con­tre la volonté du peuple. C’est justement contre ces pratiques –là que nous avons manifesté. Le Gabon n’est pas seul à subir cet état des choses. Au Togo, en Guinée, en Côte d’Ivoire, au Cameroun et un peu partout dans le monde anciennement colonisé par la France, c’est la même chose. Nous sommes fa­tigués de ce genre de paternal­isme qui étouffe le continent et empêche la naissance de vrais états de droit, de démocratie et de progrès en Afrique. Nous ne voulons plus que la France vi­enne en terre africaine décider pour nous qui doit diriger nos pays.

Intégration: Au fait croyez-vous avoir atteint votre objectif ?

Daniel Mengara: Dans la mesure où les 50 ans passés sous le joug de la Françafrique se sont révélés être des années perdues pour l’Afrique, il a fallu entonner le chant, si je puis dire, de l’aspiration à une nouvelle in­dépendance pour le continent. Les générations africaines actu­elles ne sont plus prêtes à lais­ser perdurer une situation qui risquerait de compromettre la destinée de l’Afrique pour les 50 prochaines années. Donc, si vous voulez, nous avons at­teint notre objectif, celui qui consistait à dire à la France que les Africains sont fatigués. L’histoire se souviendra peut-être aussi que c’est le 17 août 2010 à Washington que des Gabonais, Africains et amis de l’Afrique ont lancé le vaste mouvement interafricain qui, prenant essor dans la diaspora, aura mis à mal la Françafrique. Déjà, les fruits sont là : des Af­ricains en Afrique, en Europe et aux Amériques s’apprêtent à manifester encore plus fort, et ceci simultanément dans de nombreux pays le 28 septem­bre prochain contre la França­frique. Cette date symbole, par laquelle les Guinéens humil­ièrent De Gaulle en 1958 en votant « non » à son référen­dum portant création d’une Communauté Française qui allait maintenir le monde col­onisé par la France sous joug néocolonial, fut, à mon sens, le vrai et seul point déclench­eur des indépendances afric­aines. Mais cela n’a pas suffi. Nous devons donc en Afrique et dans les diasporas afric­aines raviver l’esprit des Gui­néens de 1958 et revendiquer de nouvelles indépendances, celles-là mêmes qui débarras­seront l’Afrique de ses dictat­ures françafricaines.

Intégration: Qu’entendez-vous par « papa j’ai grandi ? »

Daniel Mengara: « Papa J’ai Grandi », c’est avant tout cette expression bien africaine par laquelle on désigne un pantalon devenu trop court pour un enfant qui a effectivement grandi. Utilisant ce symbole, j’ai décidé de lancer une initiative de rassem­blement et de coordination des efforts des Africains engagés contre la Françafrique en met­tant à leur disposition le site Internet « Papa J’ai Grandi », https://www.papajaigrandi.org, qui est un réseau de Blogs au travers duquel nous pourrons non seulement répertorier les diverses organisations et mul­titudes d’activistes qui travail­lent dans ce sens, mais aussi leur permettre d’échanger, de collaborer et, donc, de mieux affiner leurs luttes et les rendre solidaires. « Papa J’ai Grandi » c’est enfin, sur le plan sym­bolique, l’expression d’un ras-le-bol contre les complicités françaises et africaines qui, depuis les années soixante, complotent contre les peuples africains. En disant « Papa J’ai Grandi », nous disons à la France que nous sommes fatigués de son ingérence pa­ternaliste en Afrique, que nous voulons couper le cordon om­bilical et faire nous-mêmes nos destinées.

Intégration: On se souvient que, en juin dernier, vous dirigiez une autre manifestation tour à tour devant le Départe­ment d’Etat américain et la maison Blanche. Au même motif de « papa j’ai grandit? »

Daniel Mengara: Non, côté américain, il n’y a pas le même type de pater­nalisme vis-à-vis de l’Afrique. Donc, il ne saurait y avoir de réaction « Papa J’ai Grandi » envers l’Amérique, qui n’a rien colonisé en Afrique en tant que tel. L’esprit de « Papa J’ai Grandi » s’adresse en premier lieu à la France et à ses réseaux de dictateurs et de roitelets en Afrique. A l’Amérique, nous reprochions simplement de recevoir en ses démocratiques terres des potentats et despotes qui meurtrissaient leurs peu­ples sans aucune merci. Dès lors, donc, qu’au mois de mars 2010, Hillary Clinton avait reçu l’héritier de la dynastie des Bongo au Gabon, alors même que ce dernier venait de se hisser frauduleusement au pouvoir après avoir hérité ce pouvoir du régime de 42 ans mis en place par son père, il nous fallait rappeler Hillary Clinton à l’ordre et lui dire que le Congrès des Etats-Unis et son propre Département d’Etat avaient de tous temps consid­éré le Gabon comme une dic­tature au sein de laquelle le pe­uple était incapable de choisir ses dirigeants. Il était donc mal indiqué qu’elle reçût un tel personnage en terre améric­aine. Et comme vous avez pu le constater, Obama a renoncé à accueillir les dictateurs afric­ains aux Etats-Unis pour fêter avec eux le 50e anniversaire des indépendances comme il l’avait initialement projeté. A la place, il a préféré recevoir de jeunes leaders africains. Notre manifestation de juillet 2010 fut donc une vraie victoire pour nous et pour l’Afrique car en manifestant contre la venue d’Ali Bongo aux Etats-Unis dans le cadre du cinquan­tenaire, nous avons inspiré Obama qui a donc préféré ne recevoir aucun dictateur. Il faut noter au passage le camouflet fait à Nicolas Sarkozy, le fran­çafriqueur en chef, par Barack Obama. L’américain a préféré s’allier aux jeunes et donc à l’avenir de l’Afrique, alors que Sarkozy, nostalgique du passé colonial français, a choisi de recevoir la vieille garde qui tue le continent depuis 50 ans en complicité avec la France. Cela en dit long sur le rôle in­hibiteur de libertés et de pro­grès que la France continue à jouer en Afrique.

Intégration: Pour certains observa­teurs, il ne fait aucun doute que Daniel Mengara est l’homme qui a amené le président américain Barack Obama à renoncer de re­cevoir les présidents afric­ains à la Maison Blanche pour justement célébrer le cinquantenaire des indépen­dances africaines. Comment vous vous y êtes pris quand on sait que la colonie gabo­naise est très mince sur le sol américain ?

Daniel Mengara: C’est simple, contrairement à la France et à nos dictateurs, les Américains respectent et écoutent les intellectuels. Chez eux, ce n’est pas le nombre, mais l’argument qui importe. Il a donc été très simple et fac­ile de mettre Barack Obama devant ses propres promesses et de lui démontrer comment, en recevant des dictateurs aux Etats-Unis, il risquait de com­promettre toute chance de pro­grès démocratique en Afrique, ce qui serait en totale contradic­tion avec son discours d’Accra. Il avait également été simple de renvoyer Hillary Clinton et Barack Obama aux rapports du Congrès et du Département d’Etat américains eux-mêmes qui, sans tendresse, définis­saient la famille Bongo com­me une famille de criminels, de détrousseurs de nation et de blanchisseurs d’argent. C’est donc la logique qui a triomphé, et Barack Obama a montré qu’il était prêt à écouter les Africains et leurs aspirations, et non définir ces aspirations à leur place comme la France le fait depuis l’époque de l’esclavage. Obama respecte l’Afrique alors que Sarkozy la veut esclave.

Intégration: Comment expliquez-vous que autant Barack Obama se détourne des dirigeants afric­ains, autant il le fait avec leurs opposants politiques ?

Daniel Mengara: Je ne crois pas que Barack Obama se soit jamais détourné des vrais opposants. Il se trouve tout simplement qu’il n’y a pas de vraies oppositions en Afrique. En fait, il faut lire dans le discours d’Obama aux jeunes qu’il a réunis à Wash­ington début août la réponse à donner à cette question. Obama a été clair : il appartient aux Africains et non aux Améric­ains de venir libérer l’Afrique à la place des Africains. Bien au contraire, il a demandé aux Africains d’affirmer concrète­ment et de manière visible leur désir de liberté et à chaque fois qu’ils le feront, l’Amérique sera à leurs côtés. Ce discours, je pense, est celui qui appelle les Africains à la respons­abilité. Aucune liberté ne s’est conquise par le miracle, la pas­sivité ou la résignation. C’est aux Africains eux-mêmes de faire chuter leurs dictateurs et Obama soutiendra ces luttes pour la liberté. Lutter pour la liberté ce n’est pas, à mon sens, le spectacle que nous donnent les oppositions africaines de nos jours. Ces oppositions cor­rompues qui se font complices des pouvoirs en place pour le partage du gâteau. Je pense qu’Obama pense plutôt à ces opposants et à ces peuples qui rechercheront la liberté par tous les moyens possibles et qui n’attendront pas que le miracle du changement et la chute des dictateurs leur vi­ennent de Mars ou du ciel de Dieu le père. Obama dit : Vous voulez la liberté, arrachez-là et nous serons à vos côtés. Il a mis la balle dans notre camp, dans le camp des jeunes générations qui aspirent à mieux.

Intégration: Jusqu’à présent beaucoup se demandent encore pourquoi vous n’avez pas figuré parmi les candidats à la succession de Omar Bongo.

Daniel Mengara: L’histoire est trop longue sur ce sujet. Je fus en fait dans le processus de me porter can­didat, mais la Cour constitu­tionnelle a jugé utile de rejeter ma candidature dans le cadre d’une décision que je juge non seulement arbitraire, mais aussi illégale. Mais il semble selon les informations dont je dispose que ce régime craignait la candidature de quelqu’un comme moi, c’est-à-dire un opposant qu’ils ne maîtrisaient pas et dont le discours radical, qui rejoint l’appel à la respon­sabilité de Barack Obama, pouvait mener à une insurrec­tion libératrice au Gabon. Vous comprenez aussi que, étant le fondateur d’un mouvement ap­pelé « Bongo Doit Partir », le régime ne pouvait que redout­er une approche insurrection­nelle dans ma logique de prise de pouvoir dès lors que j’avais annoncé que ce n’est pas par les urnes que le changement arrivera au Gabon, mais dans la rue. Rendez-vous, donc, à 2016, si ce n’est plus tôt. Je n’en dirai donc pas plus sur ce sujet, si vous le permettez.

Intégration: Comment vous expliquez que Ali Bongo ait prit la place de son père ?

Daniel Mengara: Simple : une dictature de 42 ans reposant sur un régime de 42 ans dont la survie ne tournait qu’autour du maintien des Bongo au pouvoir ne pou­vait que mener à une succes­sion dynastique. N’oubliez pas que le parti au pouvoir a tou­jours dépendu de la cagnotte d’argent détourné qu’Omar Bongo gardait dans ses coffres du palais du bord de mer. C’est de là qu’il finançait les cam­pagnes du parti au pouvoir. Sa disparition a tout simplement fait que ce soient ses enfants qui prennent le contrôle de ce pactole, sans lequel le parti au pouvoir n’aurait pu financer sa campagne. La famille Bongo a donc tout simplement fait chanter le régime et pris finan­cièrement en otage le parti, ils n’avaient qu’un seul choix : c’était soit un Bongo, avec tout l’argent laissé par le père dicta­teur, soit rien. Vous comprenez que le régime, qui avait peur de perdre l’élection et de se re­trouver confronté à une chasse aux sorcières si l’opposition gagnait, a simplement choisi la survie sous Bongo le fils. Un mariage d’intérêt, donc. Il y a aussi, en face, l’extrême fai­blesse d’une opposition qui n’a jamais compris que le pouvoir ne se donne pas, il s’arrache. Parce qu’elle manqua cruelle­ment de stratégie de prise de pouvoir, l’opposition gabo­naise ne put vraiment jamais inquiéter le régime. Résultat, le Gabon est désormais un pays à Présidence héréditaire.

Intégration: Vous dites : « Bongo doit partir ». Que dites-vous à ceux qui rétorquent que c’est plus facile à dire qu’à faire.

Daniel Mengara: C’est facile à dire, mais c’est aussi facile à faire. Tout est une question de volonté et de stratégie de prise de pou­voir. J’estime que le régime en place a pu résister, non pas parce qu’il est fort, mais plutôt parce que l’opposition gabonaise est naïve, faible et désorganisée. Je ne crois pas que le régime en place puisse résister plus de deux semaines à l’action concertée d’une op­position visant à une prise de pouvoir immédiate par tous les moyens possibles. Le mal­heur du Gabon c’est d’avoir eu, au pouvoir, une famille qui n’aime pas ce pays et qui s’active à le ruiner, et en face, dans l’opposition, des lead­ers plus enclins à partager le gâteau qu’à prendre le pou­voir. Tout le système politique gabonais, en fin de compte, n’est fait que de bongoïstes qui, dans l’opposition comme au sein du régime, protègent leurs ventres et s’établissent en complices des meurtrissures du peuple. Cela doit changer. Cela va changer.

Intégration: Vous dites aussi que : « le Gabon ne peut changer sans la violence ». N’est-ce pas dan­gereux pour un homme poli­tique de tenir de tels propos ?

Daniel Mengara: Oui, c’est dangereux en effet quand on a la langue de bois et quand on fait de la poli­tique au rabais, c’est-à-dire une politique animalière, une politique de positionnement, voire parasitaire. Ce que je dis aux Gabonais est que le changement dans la violence est obligatoire. Vous savez, la politique est une science et il ne faut pas avoir un don de voyance pour comprendre qu’un peuple n’a que deux op­tions pour obtenir le change­ment politique dans la paix. La première option pacifique est celle que j’appelle le miracle de Jésus Christ, c’est-à-dire la possibilité que Ali Bongo et tous les membres du régime se lèvent un beau matin tou­chés par la grâce divine pour dire aux Gabonais : allez, nous quittons le pouvoir parce que la vierge Marie nous a rendu visite dans la nuit et nous a demandé de quitter le pouvoir. Mais vous conviendrez avec moi que cette option relève du fantasme le plus grossier. La seconde option pacifique repose sur le libre exercice du vote, c’est-à-dire la possibilité pour les Gabonais de se rendre aux urnes avec la totale confi­ance que c’est bel et bien leur intention qui sortira des urnes. Là encore, les 42 ans de bon­goïsme que le Gabon a traver­sés, et les 20 ans de multipar­tisme sans démocratie que le pays a connu depuis 1990, sont là pour montrer que la possibil­ité d’un changement pacifique par les urnes reste une utopie. Il reste ensuite que même quand le peuple voudra descendre pacifiquement dans la rue pour demander la démocratie, le régime ne manquera pas de s’abattre sur lui avec toute la violence policière qu’il pourra trouver. Dites-moi alors, quand un peuple ne peut pacifique­ment changer ses leaders ni par la voie des urnes ni par des marches pacifiques, et encore moins par le miracle de Jésus Christ, quelle autre solution lui reste-t-il ? Tout ce que je fais donc, c’est éduquer les Gabo­nais à la réalité qu’aucune dictature n’est tombée sans violence. Il leur faut donc s’y préparer car c’est scientifique­ment et mathématiquement inévitable. Le Gabon chang­era dans la violence, qu’on le veuille ou pas. Ce n’est même pas un choix. C’est un passage obligé. Voilà pourquoi je pense que l’opposition, sachant cette réalité, ne doit plus perdre son temps dans des élections per­dues d’avance. Elle doit tout simplement préparer le plan B, c’est-à-dire préparer le changement par la voie insur­rectionnelle, puisqu’il n’y a scientifiquement aucun moyen pacifique d’y parvenir.

Intégration: Invité d’honneur au Ban­quet annuel des haïtiens du New Jersey le 14 aout derni­er, vous avez déclaré, je cite : « le problème du noir est qu’il a trop de vanité et pas assez de fierté ». Pourriez- vous être plus clair ?

Daniel Mengara: Oui. La fierté est ce qui donne à un individu le sens de la dignité. La fierté est ce qui fait que l’on veuille le bien du plus grand nom­bre au sein de la nation. Car l’homme fier comprend qu’il ne peut être fier tout seul et qu’en élevant sa na­tion, il s’élève lui-même. En termes simples, les prési­dents qui s’investissent dans le développement de leur nation recherchent avant tout la fierté de leur pays au sein du concert des nations, pour qu’on en parle avec re­spect et admiration. Et cela passe nécessairement par la mise en valeur de chaque membre de la société. Ces leaders comprennent que la richesse des nations dépend du juste partage des oppor­tunités de s’enrichir. Et c’est la somme de ces enrichisse­ments qui font la richesse des nations. Les personnes animées par la vanité sont totalement l’opposé : elles ne pensent qu’à elles-mêmes, veulent être les plus grands, les plus forts, les plus riches et s’efforcent de priver tous les autres de l’opportunité de s’enrichir. Au final, ces leaders, con­sciemment ou inconsciem­ment, mènent leur nation à un état de dépérissement et de déperdition tellement profond qu’il limite toute possibilité de progrès na­tional. C’est malheureuse­ment à ce type de personnes que nous avons affaire en Afrique, c’est-à-dire ces dic­tateurs qui s’accaparent tout et ne laissent rien aux peu­ples. C’est cela qui explique aussi aujourd’hui la faillite de l’Afrique. La fierté est un trait fondamental pour tout leader qui veut la dig­nité pour son peuple. Voilà pourquoi vous verrez que les dictateurs d’Asie, qui ont un minimum de fierté en eux, arrivent quand-même à développer leurs pays alors que ceux d’Afrique, qui ne sont habités que par une vanité animalière, se satis­font d’être les seuls à prof­iter des richesses nationales. Il nous faut changer cette équation en Afrique. Nous devons trouver des leaders fiers, s’il en existe encore.

Propos Recueillis par Célestin Ngoa Balla, Intégration No. 007 du 1er au 15 septembre 2010, pp. 8-9 et p. 16

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