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Juger Laurent Gbagbo pourrait prendre des années

Il faudra peut-être des années avant de pouvoir juger l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo et ses collaborateurs pour les crimes de guerre et les affaires de corruption dont les accusent leurs adversaires, a déclaré mardi le ministre ivoirien de la Justice à Abidjan.

Les nouvelles autorités ivoiriennes enquêtent sur des accusations de graves violations des droits de l’homme commises entre l’élection présidentielle du 28 novembre dernier et la capture le 11 avril de Laurent Gbagbo, qui refusait de reconnaître la victoire de son rival Alassane Ouattara.

Des investigations sont également en cours sur de possibles détournements de fonds par l’ancien président et ses associés, a précisé le ministre, Jeannot Ahoussou Kouadio, lors d’une conférence de presse.

Début mai, la Suisse a ouvert une enquête pour blanchiment d’argent à la suite d’une plainte déposée par le gouvernement ivoirien contre Gbagbo, sa femme et plusieurs de ses proches. La Suisse a également gelé 70 millions de francs suisses (58 millions d’euros) d’avoirs liés à l’ex-président ivoirien et à ses proches.

Les investigations préliminaires menées par la police sur les crimes économiques sont terminées, a précisé le ministre de la Justice, « mais cette enquête sur le dossier économique peut prendre un an, deux ans ».

Laurent Gbagbo, sa femme Simone et d’anciens responsables de son gouvernement sont en détention depuis avril.

Des groupes de défense des droits de l’homme ont invité les autorités à ne plus tarder pour présenter les charges qui pourraient être retenues contre les détenus, ou alors à les remettre en liberté.

Parmi d’autres crimes économiques, les forces pro-Gbagbo sont accusées d’avoir pillé le siège local de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) en janvier à Abidjan.

LE CHEF DES « JEUNES PATRIOTES » RÉFUGIÉ AU GHANA

Le président Ouattara a demandé par ailleurs à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye d’enquêter sur les allégations de crimes graves commis entre novembre et avril derniers mais a souhaité que Gbagbo et ses collaborateurs soient jugés en Côte d’Ivoire.

La semaine dernière, le procureur de la CPI a laissé jusqu’au 17 juillet aux témoins éventuels, de quelque bord qu’ils soient, pour faire leurs dépositions.

Les autorités ivoiriennes enquêtent aussi sur les allégations selon lesquelles Laurent Gbagbo ou l’un de ses proches auraient ordonné l’opération du 4 avril contre l’hôtel Novotel d’Abidjan, au cours de laquelle des miliciens ont enlevé quatre personnes, dont le directeur français de l’établissement, Stéphane Frantz di Rippel, et un de ses compatriotes, Yves Lambert, président de la société agroalimentaire Sifca.

« Ils ont été enlevés quand M. Gbagbo était au pouvoir. Où ont-ils été conduits ? Ils ont été conduits au palais présidentiel (…) Ils ont été torturés et battus au palais. Nous avons des témoignages. On a arrêté les miliciens qui ont témoigné », a dit le ministre de la Justice.

« Les corps ont été ensuite enveloppés de plastique et jetés dans la lagune. »

Quant à Charles Blé Goudé, qui était le chef des Jeunes Patriotes, une milice pro-Gbagbo, il a pu se réfugier au Ghana. Il est accusé par les autorités d’avoir incité ses hommes et la population à s’en prendre aux étrangers et au personnel des Nations unies.

« L’extradition de Charles Blé Goudé, ça se fera. Il pense arriver à se cacher mais il sera poursuivi », a assuré Kouadio.

Des groupes de défense des droits de l’homme accusent également des partisans d’Alassane Ouattara de crimes graves et demandent qu’ils soient arrêtés.

Kouadio a affirmé que personne n’échapperait à la justice. « Quel que soit le statut social, la justice s’applique à tous », a-t-il dit.

Guy Kerivel pour le service français

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