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Yannick Jadot, député européen, qualifie Ali Bongo de dictateur

Dans un article de Libération du 16/7/2011, Yannick Jadot, député européen, remet en cause Ali BOngo, le considère dictateur.

Voici l’article:

—–
Contre Eva Joly, le défilé des gros sabots

Libération, le 16/7/2011

RÉCIT

Après sa remise en cause du côté militaire du 14 Juillet, la droite a contesté hier l’enracinement français de la candidate écologiste.
87 réactions

Par NICOLAS CHAPUIS

Eva Joly, sous le feu du tir de critiques de la droite hier. (© AFP Jean-Sebastien Evrard)

En proposant, jeudi, le remplacement du défilé militaire du 14 Juillet par un «défilé citoyen», Eva Joly a lancé un joli pétard. Et elle a, du même coup, appris la définition politique d’une attaque à l’arme lourde. Trois jours après l’élection à la primaire d’Europe Ecologie-les Verts (EE-LV) de l’ex-magistrate franco-norvégienne, les porte-flingues de la droite s’en sont en effet donnés à cœur joie, laissant augurer du ton que va prendre la campagne.

Le débat a rapidement tourné à l’affrontement droite-gauche sur l’identité française de la candidate, et sur la signification du 14 Juillet. Car si beaucoup ont fustigé le fond même de la déclaration, cette déferlante de réactions a surtout souligné l’ambiguïté de la droite face à la binationalité d’Eva Joly. Laquelle persiste et signe (lire ci-contre), et répond sèchement sur Europe 1 : «Je ne descends pas de mon drakkar.»

«Vichy». La Droite populaire, aile droite de l’UMP, a ouvert le feu par la voix de Lionnel Luca, député des Alpes-Maritimes, et porteur d’un projet de limitation de la binationalité aux seuls membres de l’UE (à laquelle la Norvège n’appartient pas) : «Eva Joly fait preuve d’une ignorance crasse sur l’histoire du pays qu’elle aspire à représenter. Mais c’est normal, je ne serais pas apte à parler du rôle de la mer, de la pêche ou du poisson, qui font partie intégrante de la culture norvégienne.» Jamais avare d’un «point Godwin» (1), Lionnel Luca place cette déclaration dans la ligne «de cette gauche pacifiste héritière de Maurras, qui s’est retrouvée à Vichy, avec le slogan « la terre ne ment pas ».» Dans la catégorie «France du Maréchal», Guy Teissier, député des Bouches-du-Rhône, s’étonne qu’il «puisse encore exister des anti-France». Et Jacques Myard, député-maire de Maisons-Laffitte, s’est fendu d’un communiqué intitulé «Eva, souviens-toi de Narvik», en référence à la première victoire des alliés venus prêter main-forte aux Norvégiens pendant la Seconde Guerre mondiale.

Dans la catégorie hors-sujet, Marine le Pen s’est distinguée, se demandant si, dans le «défilé citoyen» d’Eva Joly, «il y aura des stands pour fumer le chichon aussi ?» Enfin, nouveau «point Godwin» atteint haut la main, avec Yannick Jadot, porte-parole d’Eva Joly : «Si je voulais être méchant, je dirais qu’au début des années 40, certains membres de la Droite populaire auraient été plus proches des politiques de Vichy que de celle de la Résistance.»

Au-delà des déclarations chocs, la question de la binationalité d’Eva Joly semble froisser à droite, jusqu’au Premier ministre. En visite à Abidjan, François Fillon a déclaré : «Je pense que cette dame n’a pas une culture très ancienne des traditions françaises, des valeurs françaises, de l’histoire française.»

Le PS qui, jusque-là, avait critiqué la proposition d’Eva Joly, en a profité pour renverser le débat. «Cette remarque de François Fillon est blessante, a réagi François Hollande. Non pas pour Eva Joly seulement, mais pour tous les Français qui ont acquis la nationalité depuis peu, voire pour certains depuis bien longtemps.» Harlem Désir estime de son côté «indigne, de la part d’un Premier ministre, de mettre en cause l’identité française d’un responsable politique et de le faire, de surcroît, depuis l’étranger».

A l’origine de la controverse, deux visions du 14 Juillet. Car la suggestion du défilé citoyen n’est pas nouvelle, les Verts l’avaient formalisée, en 2010, dans un vœu au conseil de Paris, qui avait été rejeté. Le statut de candidate à la présidentielle de Joly a donné de l’ampleur à la proposition.

«Pisse-vinaigre». Le symbole d’une armée paradant sur les Champs-Elysées dérange les écologistes. «Quand on ferme les yeux une seconde et qu’on imagine un défilé militaire dans un autre pays, on pense immédiatement à une dictature», explique Yannick Jadot. Il rappelle au passage que les défilés de 2008 et 2009 se sont faits «devant Bachar al-Assad, ou devant des dictateurs africains comme Ali Bongo. Faire défiler nos armées devant des personnes qui massacrent leurs peuples, ce n’est pas un signal très positif envoyé à la République».

Cette remise en cause du défilé militaire trouve un écho particulier alors que la France a perdu sept soldats ces derniers jours en Afghanistan. Une raison pour laquelle de nombreux dirigeants socialistes ont pris leurs distances avec les Verts. Ségolène Royal, partisane de l’intervention de l’armée dans les établissements scolaires en difficulté, a glissé une pique à la candidate d’EE-LV : «Je dirai simplement qu’Eva Joly est plus douée pour lutter contre la corruption que pour improviser des déclarations.»

Martine Aubry, en visite au forum Libération à Avignon, a écarté la proposition : «J’ai entendu ce qu’a dit Eva Joly. Bien évidemment, ce n’est pas acceptable, ça n’a même pas de sens.» Cette journée fertile en propos corsés – Jean-Luc Mélenchon fustigeant pour sa part «l’excitation de tous ces pisse-vinaigre» – aura eu au moins le mérite de tracer les lignes de front autour de la candidate écolo.

(1) Point atteint dans une conversation où les opposants se traitent de nazis rendant stérile tout débat.

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