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Nette progression d’Internet dans les quartiers sous – intégrés de Libreville, la jeunesse en profite

Depuis peu, de nombreux quartiers, communément appelés sous – intégrés de Libreville, la capitale gabonaise, se dotent progressivement de cybercafés, littéralement pris d’assaut notamment par des jeunes qui profitent aussi bien de cette proximité géographique que des tarifs désormais pratiqués.

De Bellevue II en passant par Avéa, derrière la Prison, Atsibé -Tsos, Akébé-Plaine, les PK- 7, 8, 9, 12 ou Beau-Séjour, la création des cybercafés connait une nette évolution dans ces zones pourtant mal-loties, exposées aux coupures récurrentes d’électricité et à tort ou à raison, infestées de ‘’crapules’’.

CLIENTS DE PLUS EN PLUS JEUNES

 » Le risque était à prendre pour y investir », admet Olivier Demba, informaticien, déflaté d’une entreprise locale et désormais propriétaire d’un espace, ouvert à Bellevue II, dans le 3ème arrondissement, où viennent surfer et solliciter des services (reluire, impressions, formation sur Internet…) des clients de plus en plus jeunes.

 » Au départ, j’ai eu recours à un matériel de seconde main, mais face à l’affluence observée depuis quelques mois, je compte développer mon activité en renforçant le parc d’ordinateurs par l’achat d’outils neufs », s’engage O. D., dont le lancement du cyber remonte à janvier 2011.

De son côté, Maturin Makosso, gérant d’une boite à Atsibe-Tsos, justifie cet engouement par la démocratisation des tarifs dans un environnement où les priorités de la population demeurent la route, l’eau, le courant, la sante, l’école.

 »L’Internet a été désacralisé. Naguère, ici, il fallait débourser au moins 1000 francs CFA voire 2000 pour une connexion d’une heure. Aujourd’hui, nous offrons cette même durée à 300 francs seulement pour un poste fixe; la ligne ADSL et le Wifi disposent néanmoins d’une tarification spécifique », explique-t-il.

Beau-Séjour, 16 heures. Un groupe de vacanciers envahit un cyber. Très vite, ces enfants s’agglutinent autour d’un poste pour consulter diverses pages Web dans le respect des dispositions éditées- sur papier et collées au mur- par la direction :  » Ici, la consultation des images pornographiques est formellement interdite ».

LUTTE CONTRE LA DÉLINQUANCE JUVÉNILE

 » Nous acceptons de les recevoir sous bonne garde. Mieux vaut les avoir dans un cyber pour s’informer sur le monde et découvrir de nouveaux horizons que de les voir arpenter les rues, déambuler ou commettre des actes répréhensibles. Nous luttons, à notre manière, contre la délinquance juvénile dans notre quartier », avoue Jean-Joseph Mondjo, surpris dans son rôle de formateur avec des jeunes filles et garçons, curieux devant le monde virtuel.

Ce n’est un secret pour personne, le Beau-Séjour traine une réputation peu enviable. Des adolescents des deux sexes n’hésitent pas à braver l’autorité parentale par la consommation effrénée d’alcool ou de drogue (chanvre indien). Toute chose qui débouchent parfois sur des braquages audacieusement commis en diurne et naturellement en nocturne.

Des phénomènes amplifiés par l’oisiveté et le manque de divertissement sain, certes, mais aussi, apprend-on, par la distance qui sépare la ville – où le cout des connexions est élevé – des quartiers populaires.

 » Il faut aussi commencer par la démystification de l’Internet par la réduction des tarifs. Nous pouvons, à ce titre, contribuer à canaliser la jeunesse en procurant aux enfants des loisirs sains », clame un usager, la quarantaine, accompagné d’un garçon d’une dizaine d’années fasciné par les jeux.

Dans ce domaine, les dispositions sont claires. Le cybercafé étant une activité commerciale comme tout autre, il est enclin à obéir aux règles en vigueur.

Il est fait obligation à tout tenancier d’afficher le barème des prix fixé par le ministère de l’Economie, de disposer du stick qui autorise les normes admises en République Gabonaise délivré par l’Agence de Régulation des Télécommunications (ARTEL) et de s’attendre à des descentes de l’Association gabonaise des Consommateurs.

Dans ce contexte, les internautes des quartiers sous-intégrés et autres se sentent protégés contre tout dérapage, tout glissement vers une envolée des tarifs avec l’afflux de clients mus par la volonté de s’arrimer aux Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), en plein essor au Gabon.

A l’aube du maillage du territoire national en fibre optique, d’aucuns s’attendent à une forte pénétration des TIC dans les milieux défavorisés et pour ainsi rompre avec l’analphabétisme numérique.

EXPÉRIENCE DE L’ILE MAURICE

Nostalgique, Jacques P, la cinquantaine, enseignant en Informatique dans un Centre de Formation et de Perfectionnement Professionnelle de la capitale gabonaise, suggère que l’apprentissage d’Internet en milieu rural se déroule de « manière itinérante comme à l’époque où des camions circulaient à travers les villages pour projeter des films et distribuer des livres sous forme de bibliothèque ambulante ». Cette expérience est en cours à l’Ile Maurice, pays de l’océan Indien, connu pour être en pointe dans les TIC.

Selon lui, il suffira aux jeunes et même aux personnes âgées de monter dans un bus meublé d’ordinateurs et connectés pour s’initier à l’informatique, à l’image de ce qui se pratique dans les cybercafés, en milieu urbain.

« Il s’agit d’une question de volonté politique », renchérit Yves- Bertrand, un ‘’mordu’’ d’Internet capable de passer une demi-journée, soutient-il, devant son écran.

Il caresse ainsi le secret espoir qu’avec le passage du Gabon à la téléphonie de troisième génération (G3) voire à la quatrième (G4), le fossé numérique sera comblé eu égard à l’accès tous azimuts que cette technologie devrait favoriser.

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