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Gabon: Déclaration des forces du changement par MR EYEGHE NDONG

Mesdames et messieurs,

Le 17 août, date de l’accession de notre pays à la souveraineté internationale, constitue un moment fort dans la vie de la nation, en ce qu’il doit nous permettre de dresser un bilan d’étape et d’envisager des perspectives d’amélioration du bien être général des populations et du pays. Or, que constatons-nous ? Dans son adresse à la nation du 16 août dernier, à l’occasion de la fête de l’indépendance, Ali BONGO ONDIMBA s’est borné à servir à la population sa propagande qui n’a d’égal que son désir de légitimer son pouvoir usurpé le 30 août 2009. Ali BONGO ONDIMBA n’a pas répondu aux attentes légitimes du peuple gabonais. Ce constat n’est à proprement parlé pas une surprise, car depuis deux ans, nous ne cessons de dénoncer l’amateurisme d’un pouvoir aux allures de dictature.
Mesdames et messieurs,

Nous observons malheureusement qu’Ali BONGO ONDIMBA reste fidèle à lui-même, car son discours du 16 août dernier est loin des réalités que vivent les gabonais. A titre d’exemple, depuis deux ans, le pouvoir d’achat des gabonais ne s’est guère amélioré, ni leur accès aux soins de santé. Les gabonais sont toujours victimes des coupures intempestives d’eau et d’électricité, mieux les couches sociales les plus vulnérables sont confrontées au manque criard d’eau potable.

Les mesures récemment annoncées en faveur des étudiants auraient été satisfaisantes si elles s’inscrivaient dans le cadre d’une politique sociale définie de gratuité de l’enseignement en faveur de tous les élèves. L’augmentation de 10% du taux des bourses aux étudiants gabonais à l’étranger et de 25% pour les étudiants inscrits localement ressemble fort à une mesure électoraliste.
Le problème du logement demeure pour l’ensemble des gabonais une vue de l’esprit. Ce n’est pas la promesse de la mise en place d’un fonds de garantie pour le logement qui les rassurera.

La réforme de l’administration n’aura de sens que lorsqu’elle sera dépolitisée et détribalisée.
Par ailleurs, le pilotage à vue du pouvoir en place, à la recherche effrénée d’une introuvable légitimité conduit Ali BONGO ONDIMBA à vouloir s’approprier un certain nombre de projets initiés et négociés avec les partenaires extérieurs par le président Omar BONGO ONDIMBA. C’est le cas du chantier relatif aux travaux d’élargissement de la route nationale 1 jusqu’à Ntoum, et d’autres projets encore. Le projet de la caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale, initié et mis en place par le dernier gouvernement d’Omar BONGO ONDIMBA qui a abouti à la délivrance des premières cartes aux assurés sociaux en décembre 2008 en est un autre exemple.

Sur le plan financier, les multiples engagements annoncés ne semblent pas tenir compte de la capacité d’endettement du Gabon. La dette publique qui avait été considérablement réduite sous le dernier gouvernement d’Omar BONGO ONDIMBA va, en moins de deux (02) ans, atteindre des niveaux si élevés qu’ils nous conduisent de plein pied dans la catégorie des pays à risque pour les investisseurs étrangers. Les dernières recommandations du Fonds monétaire international en sont un exemple patent.
Par ailleurs, l’écart observé entre le budget adopté par le Parlement et les dépenses hors budget réalisées par le pouvoir entament gravement la crédibilité financière du pays en même temps qu’il remet en cause l’ensemble des politiques sociales, pour laisser la place à des dépenses somptuaires :

– 65 milliards pour un hôtel particulier à Paris ;
– 3,5 milliards pour une résidence à Washington ;
– 17 milliards en deux ans pour les voitures de luxe.

Concernant la coupe d’Afrique des nations de football, Ali BONGO ONDIMBA se rendant pour une fois à l’évidence, nous informe finalement que le stade omnisports président BONGO, prévu dans le cahier des charges de la Caf ne sera pas opérationnel pour cette compétition. En son temps, l’opposition s’était à juste titre interrogée sur la capacité de notre pays à respecter les délais de livraison de ce stade. L’histoire nous donne raison.

Le moment venu, il faudra que le peuple gabonais, amoureux du ballon rond, soit édifié sur le coût réel de cette compétition lorsqu’on connaît la propension de ce régime aux errements financiers.

Mesdames et messieurs,

En son temps, l’honorable Zacharie Myboto avait dénoncé une mascarade médiatico-politique organisée àla Présidence de la République en vue, pouvait-on croire, de l’introduction des données à caractère personnel dans la confection du fichier électoral. En effet, peu de temps après, il n’en a rien été, car Ali Bongo Ondimba, s’est fondé sur une lecture volontairement tronquée et fausse de l’avis de la CourConstitutionnelle. A entendre Ali Bongo le 16 août dernier, la biométrie ne sera pas prise en compte pour les prochaines élections législatives.

L’ordonnance prise lors du dernier Conseil des Ministres, qui modifie de nombreuses dispositions du Code électoral n’aurait trouvé sa justification que par une application immédiate conformément à l’article 52 de la Constitution. En effet, le droit de légiférer par ordonnance ne s’explique que par l’urgence de la situation. L’urgence ici consiste à organiser les prochaines élections législatives en toute transparence. Or, le pouvoir a décidé du contraire. C’est le lieu de dénoncer le recul démocratique que constitue cette modification par ordonnance des règles du jeu électoral. En autres graves reculs démocratiques, cette ordonnance :

– remet en cause la tradition de consensus politique qui a toujours précédé toute modification du Code électoral ;
– revient sur le principe de la parité dans le processus de prise de décision au sein de la Cenap ;
– ouvre la possibilité de délocaliser le siège de la Commission électorale selon le bon vouloir du pouvoir en place ;
– confisque le débat démocratique par la réduction de la durée des campagnes électorales, laissant le champ libre à la corruption et à l’achat des consciences.
Mesdames, Messieurs,

Si par hypothèse il avait été porté à la tête de l’Etat par la volonté du peuple gabonais comme il le prétend, le détenteur actuel du pouvoir suprême est-il en phase avec sa conscience ? Peut-il regarder les Gabonaises et les Gabonais dans les yeux quand il ose affirmer que « je continuerai à m’inscrire dans l’optique de responsabilité, d’écoute, de concertation et de consensus sans cesse recherché, nécessaire à notre avancée, ainsi qu’à la préservation de la paix civile et sociale dont nous sommes des acteurs essentiels » ?

La paix civile et sociale peut-elle véritablement être préservée tant que le peuple n’aura pas le sentiment de liberté ? Tant que les Gabonais se sentiront étrangers chez eux et qu’ils ne se reconnaîtront pas dans les dirigeants de leur pays ? Tant que le peuple n’aura pas le sentiment d’exercer réellement sa souveraineté, que la liberté de choix de ses dirigeants ne sera pas respectée ?

C’est le cas des élections que le Pouvoir prétend vouloir organiser avant la fin de l’année, sans les éléments nécessaires de transparence tant réclamés par le peuple Gabonais. Si le pouvoir était à l’écoute du peuple, s’il tenait compte de la demande sociale qui pourtant s’exprime, toutes les conditions pouvaient être réunies pour que les élections législatives prochaines ne donnent pas lieu à des contestations et ne débouchent sur une situation de crise. « Pas de biométrie, bonjour les dégâts ! » avait déclaré Ali Bongo lors de cette fameuse concertation qu’il avait lui-même convoqué… Aujourd’hui Ali Bongo a fait le choix des dégâts, il y conduit le pays.

Serions-nous un peuple condamné au tâtonnement permanent, même sur ce qui nous est accessible grâce à notre simple intelligence ?

Mesdames et Messieurs, mes chers compatriotes,

Nous avons tous conscience de la gravité de la situation dans laquelle ce pouvoir veut nous amener, en s’entêtant à vouloir organiser les prochaines élections législatives dans les conditions calamiteuses que nous venons d’évoquer. Nous ne pouvons et ne devons l’accepter.

En responsabilité, nous lançons un appel solennel à l’ensemble des partis politiques de l’opposition, à la société civile et à tous les citoyens épris de paix, de liberté et de démocratie. Nous les invitons à se mobiliser en vue de faire échec aux manœuvres obscures d’Ali Bongo qui n’a d’autre ambition que de se maintenir au pouvoir par tous les moyens.

Au peuple gabonais, nous renouvelons notre appel à la mobilisation et à la vigilance.

Je vous remercie.

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