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Gabon : Les Myboto contre Ali Bongo ?

Au deuxième jour de sa tournée dans la province du Haut-Ogooué, Ali Bongo Ondimba a trouvé lundi 12 septembre 2011 chaises vides à Mounana. Le député de la Commune, Zacharie Myboto, la Mairesse, Chantale Myboto se sont ostensiblement absentés pour ne pas devoir lui serrer la main et lui présenter les civilités.

Cela pendait au nez ! L’arrivée –par voiture au départ de Moanda à 30km-du chef de l’Etat à Mounana le 12 septembre, au deuxième jour de sa tournée républicaine dans la province du Haut-Ogooué, en prime time du 7ème Conseil des ministres délocalisé qu’il a présidé à Franceville jeudi 15 septembre 2011 à la résidence Savorgan De Brazza servant de résidence au Gouverneur, l’absence délibérée, du député et de la mairesse sentent trop le coup monté par les protagonistes.

Ce vaudeville entre personnes ayant des atomes crochus, doublé d’un coefficient de parentèle élevé et qui va bientôt figurer dans les annales de la «littérature précieuse »,version «défiance au président de la République »mérite plus qu’un simple haussement d’épaules.

Le phénomène, tel qu’on a pu le vivre en direct sur la télévision nationale heurte les convenances des mœurs républicaines, dans une société démocratique. Et l’actuel chef de l’Etat a raison de s’en offusquer, avec des trémolos en abscisse. Car, sans doute y a-t-il dans l’acte des Myboto, père et fille une volonté manifeste de briser un tabou.

Le tollé et la mise en index qu’ils viennent de susciter de la part de la classe politique, des media et de la vox populi, dans une unanimité un peu suspecte, sont mérités. En refusant de venir serrer la main à la première Institution du pays, ils ont pris les dépens d’offrir le dos à tous les pleureurs de la bonne conscience. Tans pis pour eux s’ils reçoivent aujourd’hui une bordée d’effets des manches et des coups des mentons : ils sont devenus le Père Fouettard de la République.

Animosité antique

Mais si Ali Bongo Ondimba a posé les bonnes questions sur le respect des principes républicains, par exemple, il a cependant été très court sur les réponses quand il a semblé vouloir lier la déliquescence de la ville de Mounana à l’unique responsabilité d’un Zacharie Myboto, certes, tout puissant ministre des gouvernements successifs du régime d’Omar Bongo Ondimba.

Le député sortant de la commune de Mounana, comme tous ses congénères qui ont, dans un concert de cupidité mis à sac le pays, demeure néanmoins innocent jusqu’à ce que sa culpabilité soit clairement établie. De ce fait, le lynchage public que le président du Conseil supérieur de la Magistrature a orchestré lundi sur l’esplanade de la Mairie ôte à sa dénonciation l’auréole de la non-violence dont sa fonction le prédestine.

Peut-être faut-il aller chercher dans la complexité des relations entre les Bongo et les Myboto pour en saisir l’essence du spectacle affligeant du meeting de Mounana.

Entre les deux familles, dire qu’elles se tiennent par la barbichette ne sera pas exagéré. Leurs Patriarches, Omar et Zacharie, ont conçu – pour durer ?- le Parti Démocratique Gabonais (PDG),tant dans sa phase de Parti-Etat que dans celle d’ouverture sous contrôle d’après la Conférence nationale.

Un témoin de la répartition des missions entre les deux, affirme, sans rire, que «Zacharie mâchait les phrases et les mettait ensuite dans la bouche d’Omar » qui allait les réciter aux quatre coins du Gabon et du Monde ! Un peu caricatural, sans doute ! La vérité n’est pas loin, cependant.

Car, l’influence, réelle ou supposée que Myboto avait sur son condisciple du Parti Unique ne connaissait pas des limites. Un habitué des Conseils des ministres confesse qu’il « n’était pas bon de prendre la parole après que Monsieur le ministre d’Etat ait parlé. La sanction tombait immédiatement : renvoi du gouvernement dans les minutes qui suivaient la fin du Conseil de ministre ! »

Naturellement, cette hégémonie avait non seulement le don d’agacer tous les jeunes turcs de la galaxie présidentielle- Ali Bongo et André Mba Obame, notamment-mais elle semblait être douée d’une mobilité allant au-delà de la sphère politique.

L’apothéose sera, disent les historiographes, « le mariage à la coutume de Chantale Myboto et d’Omar Bongo »frais émoulu séparé de Joséphine, la mère du président de la République. De cette union est née une fille dont on dit qu’elle serait très liée à son grand frère.

Rancœur

Les Rénovateurs, avatar d’un courant en sein du PDG auront, à l’usure, avantage sur Myboto et ce qu’il représentait de honni dans l’exercice de la chose publique : l’immobilisme. En effet, sous couleur d’insuffler une nouvelle dynamique au régime dont ils ont été d’ailleurs des bras séculiers, Ali Bongo et son compère, Mba Obame tendent un guet-apens politique à Myboto.

Un peu, à leur grand étonnement, celui-ci n’a pas vu la ficelle et tombe, pieds joints, dans le panneau, en démissionnant, convaincu d’avoir été «humilié par les enfants qui ont l’âge de ma fille.»

Déjà à cette époque, Myboto, à la tête du ministère des Travaux publics était rendu coupable de la mauvaise texture des routes gabonaises.

De cette épisode, le supplicié en a gardé une tenace rancœur qui va se traduire par la création d’une formation politique, ancrée dans l’opposition radicale.

A la dernière élection présidentielle, il n’a pas hésité à découdre avec le poulain du PDG. Avant de s’allier, ô surprise, à Mba Obame, en lutte frontale avec son frère de naguère !

Officiellement, Myboto n’a jamais adressé ses félicitations à Ali Bongo Ondimba depuis son élection à la tête du pays, bientôt deux ans, le 16 octobre prochain.

La dissolution en janvier dernier de l’Union nationale(Un) dont Myboto était président ne semble pas avoir cautérisé les blessures narcissiques entre les deux familles.

A Mounana, les Bongo et les Myboto ont continué leurs chamailleries par d’autres moyens : la Politique.

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