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Espagne : victoire historique de la droite

Le Parti Populaire place 187 députés au Congrès, contre seulement 109 côté socialistes. Un déséquilibre jamais vu en Espagne depuis les années 70.

Le Parti populaire, de droite, a remporté une victoire historique aux élections législatives de dimanche en Espagne, tandis que les socialistes essuyaient une débâcle elle aussi sans précédent, selon des résultats partiels portant sur environ 70% des bulletins de vote.

Le PP obtient 187 députés au Congrès, la chambre basse du Parlement, contre 109 au Parti socialiste, qui dirige le pays depuis 2004. Pour la droite il s’agit du meilleur résultat depuis le retour à la démocratie au milieu des années 70, pour les socialistes du pire.

La droite a été portée au pouvoir par un pays inquiet et sans illusions, qui a choisi de sanctionner le gouvernement socialiste mais se prépare à une nouvelle cure de rigueur.

Les socialistes espagnols, au pouvoir depuis 2004, deviennent ainsi les nouvelle victimes d’une crise qui a déjà balayé les gouvernements grec et italien.

Les indépendantistes basques font leur entrée

La coalition indépendantiste basque Amaiur (gauche), issue de la mouvance Batasuna, bras politique de l’ETA illégal depuis 2003, va entrer au Parlement espagnol. Un mois après l’annonce historique de l’ETA qui a mis fin à 40 ans de violence, cette nouvelle coalition aurait recueilli 6 à 7 sièges.

Depuis environ un an, la gauche indépendantiste, qui a pris ses distances avec la violence, a gagné du terrain sur la scène politique, faisant davantage pression sur l’ETA pour qu’elle mette fin à la lutte armée.

« J’ai voté sans illusions »

La crise économique et les cinq millions de chômeurs étaient justement sur toutes les lèvres dimanche dans les bureaux de vote.

« J’ai voté sans illusions. La crise est mondiale et il n’y a pas de solution », assurait à Barcelone Antonio Donono, concierge âgé de 56 ans, sans vouloir dire sur qui il avait porté son choix.

Pour la première fois de sa vie, mais sans conviction, Octavio Arginano, un ouvrier madrilène à la retraite de 67 ans, a lui choisi la droite.

« Mon fils est au chômage depuis plus d’un an. Ma fille ne gagne que 600 euros par mois en gardant des enfants », confiait cet électeur dans le quartier de Lavapies. « Il faut qu’il y ait un changement, mais je ne suis pas sûr que quelqu’un sache quoi faire pour nous sortir de cette situation. »

Perte de confiance envers les grands partis

La crise a entraîné une perte de confiance envers les grands partis politiques, une partie des électeurs estimant que ni la gauche ni la droite ne sera capable de remettre le pays sur les rails.

Electeur du Parti populaire en 2008, Fernando Javier Alvarez Granero, instituteur de 46 ans, a lui « voté blanc pour la première fois ».

« Tous les partis, de droite et de gauche, reflètent les mêmes idées », disait-il avant de voter à Carabanchel, un quartier populaire de Madrid. Le Parti socialiste « a créé cinq millions de chômeurs et nous a menti sur la crise économique. Et je ne pense pas que Mariano (Rajoy) puisse apporter une solution aux grands problèmes de l’Espagne. »

350 députés et 208 sénateurs ont été élus pour quatre ans au scrutin proportionnel.

Le Parti populaire sera en mesure, si sa majorité absolue se confirme, de gouverner seul le pays, sans alliances avec les partis nationalistes régionaux comme c’est le cas aujourd’hui pour les socialistes.

Rajoy chef du gouvernement

Deux fois candidat malheureux en 2004 et 2008 face au socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, Mariano Rajoy, un homme tenace mais sans charisme, devrait être investi chef du gouvernement à partir du 20 décembre, soit une semaine au moins après l’installation des deux chambres du Parlement le 13.

Surfant sur le mécontentement et la lassitude des électeurs, il n’a cette fois laissé aucune chance à son adversaire socialiste Alfredo Perez Rubalcaba, 60 ans, ancien ministre de l’Intérieur.

Appel de Nicolas Sarkozy

Sous très forte pression des marchés financiers, le nouveau chef du gouvernement devra maintenant agir vite pour tenter de redresser l’économie espagnole, quatrième de la zone euro, menacée de récession et asphyxiée par un chômage record de 21,52%.

Dans une lettre publiée sur le site de l’Elysée, le président de la République a félicité Mariano Rajoy. Il appelle le vainqueur à continuer « lutte commune contre le terrorisme » et à relever les « défis (…) pour bâtir l’avenir de nos peuples, au sein de l’Union européenne ou encore du G20 ».

Avec ce vote « s’achèvera un processus non écrit ni planifié de remplacement de tous les gouvernements des économies européennes considérées comme périphériques : la Grèce, l’Irlande, le Portugal, l’Italie, en plus de l’Espagne », avaient prédit les analystes de Bankinter.

Mesures de rigueur

Les nouvelles mesures de rigueur qui se profilent, dont les grandes lignes devraient être annoncées dans les jours qui viennent, pourraient attiser la grogne sociale qui s’est installée dans le pays.

Le mouvement des « indignés », apparu au mois de mai, s’est mis en sourdine après les grandes manifestations du printemps, mais perdure par exemple en empêchant les expulsions de propriétaires surendettés.

Arrivés au pouvoir en plein miracle économique, alors que la croissance espagnole était portée par le boom de l’immobilier, les socialistes n’auront pas résisté à la crise financière mondiale qui a éclaté à l’automne 2008.

Depuis mai 2010, les Espagnols sont soumis à une politique d’austérité – baisse de 5% du salaire des fonctionnaires, gel des retraites ou recul de l’âge de la retraite de 65 à 67 ans.

Vaincu par la crise, le chef du gouvernement, José Luis Rodriguez Zapatero, s’était finalement résigné à avancer de quatre mois les élections prévues en mars 2012.

Le Nouvel Observateur – AFP

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